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Toujours le même, & toujours fur un ton,
Il fût contraint d'enfiler la venelle :
Dans les enfers encore en change-t-on ;
L'autre peine eft, à mon fens plus cruelle.
Je voudrois voir quelques gens y durer.
Ello eût à Job fait tourner la cervelle.

De tout ceci que prétens-je inférer ?
Premiérement je ne fais pire chofe,
Que de changer fon logis en prison.
En fecond lieu, fi par quelque raison
Votre afcendant à l'hymen vous expose,
N'époufez point d'Honesta, s'il fe peut:
N'a pas pourtant une Honefta qui veut.

FABLE XXXII.

Le Juge Arbitre, l'Hofpitalier, & le Solitaire.

TROIS Saints, également jaloux de leur falut,

Portés d'un même esprit, tendoient au même

but.

Ils s'y prirent tous trois par des routes diverses. Tous chemins vont à Rome: ainfi nos concurrens

Crurent pouvoir choisir des fentiers différens. L'un, touché des foucis, des longueurs, des traverles

Qu'en appanage on voit aux procès attachés,
S'offrit de les juger fans récompense aucune,
Peu foigneux d'établir ici-bas fa fortune.
Depuis qu'il eft des loix, l'homme, pour fes
péchés,

Se condamne à plaider la moitié de la vie.
La moitié? Les trois quarts, & bien fouvent

le tout.

Le Conciliateur crut qu'il viendroit à bout
De guérir cette folle & déteftable envie.
Le fecond de nos Saints choisit les hôpitaux.
Je le loue; & le foin de foulager les maux
Eft une charité que je préfere aux autres.
Les malades d'alors étant tels que les nôtres,
Donnoient de l'exercice au pauvre Hospitalier;
Chagrins, impatiens, & fe plaignant fans ceffe:
Il a pour tels & tels un soin particulier,

Ce font fes amis: Il nous laiffe.

Ces plaintes n'étoient rien aux prix de l'embar

ras,

Où se trouva réduit l'Appointeur de débats.
Aucun n'étoit content; la sentence arbitrale
A nul des deux ne convenoit :

Jamais le Juge ne tenoit

A leur gré la balance égale.

De femblables difcours rebutoient l'Appointeur.

Il court aux hôpitaux, va voir leur directeur. Tous deux ne recueillant que plainte & que

murmure,

Affligés, & contraints de quitter ces emplois,
Vont confier leur peine au filence des bois.
Là, fous d'âpres rochers, près d'une fource
pure,

Lieu refpecté des vents, ignoré du soleil,
Ils trouvent l'autre Saint, lui demandent con-
feil.

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Il faut dit leur ami, le prendre de foi-même. Qui mieux que vous fait vos besoins? Apprendre à fe connoître eft le premier des

foins

Qu'impose à tous mortels la majesté suprême. Vous êtes vous connus dans le monde habité? L'on ne le peut qu'aux lieux pleins de tranquillité :

Chercher ailleurs ce bien eft une erreur ex

trême.

Troublez l'eau vous y voyez-vous?

Agitez celle-ci; comment nous verrions-nous? La vafe eft un épais nuage

Qu'aux effets du crystal nous venons d'oppofer. Mes Freres, dit le Saint, laiffez-la reposer, Vous verrez alors votre image.

Four vous mieux contempler; demeurez au défert.

Ainfi parla le Solitaire.

Tome II.

A a

Il fut cru, l'on fuivit ce confeil falutaire. Ce n'eft pas qu'un emploi ne doive être fouffert.

Puifqu'on plaide, & qu'on meurt, & qu'on devient malade,

Il faut des Médecins, il faut des Avocats.
Ces fecours, grace à Dieu, ne nous manqueront

pas

Les honneurs & le gain, tout me le perfuade. Cependant on s'oublie en ces communs besoins. O vous ! dont le Public emporte tous les foins, Magiftrats, Princes, & Ministres,

Vous, que doivent troubler mille accidens finiftres,

Que le malheur abat, que le bonheur corrompt, Vous ne vous voyez point, vous ne voyez perfonne.

Si quelque bon moment à ces pensers vous donne,

Quelque flatteur vous interrompt.

Cette leçon fera la fin de ces Ouvrages:
Puiffe-t-elle être utile aux fiecles à venir !
Je la préfente aux Rois, je la propofe aux Sages:
Par où faurois-je mieux finir ?

Fin du douzieme & dernier Livre.

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