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cessive dans le détail de sa conduite, et que sur des motifs vains et futiles il regarde comme précepte ce qui n'est que conseil, et comme péché ce qui ne l'est point au jugement des ames sages et timorées (1); 2o quand il consulte souvent, mais ordinairement sans tranquillité, sans docilité et sans fruit; qu'il ne peut se déterminer à rien et revient toujours sur les mêmes demandes ; 3o lorsque par légèreté d'esprit il change facilement d'opinion et forme de nouveaux jugements sur la plus légère apparence, et qu'il se laisse conduire plutôt par les sens que par la raison, cherchant toujours une plus grande sécurité; 4o quand il est long en confession, accusant des circonstances inutiles, répétant plusieurs fois la même chose, pensant toujours ou qu'il s'est mal expliqué ou que le confesseur ne l'a pas compris; qu'il est inquiet sur des confessions ou communions passées, quoiqu'il y ait apporté toute l'exactitude qu'il devait y apporter et que son confesseur l'ait rassuré à cet égard; 5o lorsqu'il répète ses prières, ses pénitences, son bréviaire; qu'il n'approche de la table sainte qu'avec trouble et inquiétude, ou qu'il s'en éloigne contre l'avis de son confesseur; 6o enfin, lorsqu'il ne se rapporte pas au jugement d'un sage directeur, et qu'il montre beaucoup d'attache à son propre sens. A ces traits on reconnaît combien le scrupule est un mal dangereux si le scrupuleux est mal conduit ou s'il

(4) Fides, castitas, detractionum auditio, correctio fraterna et aliquandò injustitia, præcipua sunt circà quæ exercet se scrupulosa conscientia. Theol. pract.

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est indocile, son scrupule peut avoir des suites bien funestes: combien de scrupuleux sont tombés dans le découragement et dans une espèce de désespoir! combien ont abandonné les sacrements et se sont ensuite livrés aux plus grands désordres! La diminution de l'esprit et de la vigueur de l'ame, la ruine de la santé, des manières bizarres et ridicules, des talents enfouis, une incapacité pour des fonctions quelconques, ne sont-ils pas encore souvent les funestes effets du scrupule? Il suit de là qu'une personne scrupuleuse est tenue en conscience de ne rien oublier pour se guérir de cette maladie qui l'empêche de servir Dieu avec paix et tranquillité.

2o Les auteurs distinguent deux sources ou causes des scrupules, l'une intrinsèque et l'autre extrinsèque. La première vient de notre propre fonds, d'un carac tère méticuleux, qui subtilise, qui chicane sur tout; d'une complexion mélancolique, faible, timide; de la faiblesse et de l'inconstance de l'esprit (cause plus fréquente chez les femmes que chez les hommes), qui se trompe facilement, qui voit comme mal ce qui est indifférent, comme de précepte ce qui n'est que de conseil; de l'ignorance, qui jette dans la même erreur; de la subtilité de l'esprit, qui invente des raisons de douter et qui ne peut les résoudre; de la vivacité de l'imagination, qui saisit trop vivement les objets, qui les grossit et les change; des austérités ou abstinences ¡mmodérées, qui affaiblissent la tête et la raison; enfin, de l'orgueil, qui fait qu'on s'attache à son propre sens et qu'on méprise le sentiment des autres.

Les causes extrinsèques des scrupules peuvent être, 1o la fréquentation des personnes scrupuleuses auxquelles on devient semblable, quand on a quelque penchant au scrupule; 2o la lecture des livres qui renferment les décisions des cas de conscience, pour une personne qui n'est pas assez instruite et qui est incapable de faire un juste discernement ou qui prend tout à l'extrême; 3° la direction d'un confesseur scrupuleux cependant un confesseur qui n'est scrupuleux que par rapport à lui-même ou à sa conduite personnelle, est quelquefois très capable de bien conduire une ame scrupuleuse; 4o le démon, cet esprit malin est la cause du scrupule, quand le scrupuleux vit dans le péché ou qu'il se refroidit dans le bien, ou qu'il est tenté de désespérer de son salut : acharné à la perte de l'homme, cet esprit infernal observe l'état de sa conscience et examine si elle est trop large ou trop serrée, afin d'attaquer l'ame par le côté faible et de la surprendre comme à l'imprévu; quelquefois il lui inspirera des craintes sur des choses indifférentes ou qui ne sont que de conseil, et la laissera croupir dans des omissions criminelles. D'autres fois il fera croire à tel pénitent qu'il n'est point réconcilié avec Dieu, qu'il est encore l'objet de sa haine, et tâchera de lui inspirer du découragement et de le plonger dans l'abîme du désespoir; pour cela il lui grossira, exagèrera la difficulté des devoirs, des préceptes et même de la persévérance, et mettra tout en œuvre pour affaiblir en lui la confiance en Dieu; 5o enfin, Dieu est quelquefois, et même assez souvent, la cause du scrupule, non pas qu'il soit l'auteur

des illusions ou des erreurs dans lesquelles tombe le pénitent, mais parce qu'il lui refuse les lumières qui les dissiperaient; et s'il permet que cette ame soit livrée aux scrupules, c'est quelquefois pour la punir de sa hardiesse, de sa présomption ou de sa tiédeur: alors elle sent mieux sa pauvreté et ses misères. D'autres fois il éprouvera ainsi certaines personnes qui se recherchent dans la dévotion, pour perfectionner leur vertu, les détacher d'elles-mêmes et les attacher à lui seul. Il y en a même qu'il éprouve par de grands scrupules, pour les purifier de plus en plus, leur accorder ensuite des graces extraordinaires et les élever à une haute sainteté ; c'est de cette manière que plusieurs saints ont été éprouvés. On connaît que Dieu est l'auteur des scrupules, lorsqu'ils inspirent une plus grande horreur du péché et qu'ils portent le pénitent à devenir plus humble, plus fervent, plus soumis à la volonté de Dieu et plus docile aux avis du confesseur,

3o Pour les remèdes au scrupule, il faut d'abord qu'un confesseur s'applique à gagner la confiance du scrupuleux sans cela ses soins et ses instructions lui seront inutiles. Il faut ensuite qu'il le convainque qu'il connaît parfaitement son état et ses peines; qu'il l'instruise et lui fasse comprendre clairement qu'il est atteint de la maladie du scrupule (1); qu'il doit

(1) Multos confessarios in hoc deficere mihi visum est. Difficilè qui nescit experientiâ morbum adeò pertinacem, illi medelam convenientem applicat. Non potest intelligere quæ sunt

mépriser ses peines comme de vaines illusions et se regarder comme un malade qui ne doit point se conduire lui-même, mais bien se laisser conduire par le médecin. Il faut également persuader au pénitent scrupuleux qu'il ne se connaît point, qu'il se conduit plutôt par les sens que par la raison, et qu'il ne peut regarder dans la pratique comme péché ce dont il doute, puisqu'il doute des choses qui certainement ne sont pas péché, et qu'en conséquence, il ne doit regarder comme péché mortel que ce qui lui paraît évidemment tel; en sorte que, s'il le fallait, il pût faire serment que la chose est ainsi. Si le pénitent réplique qu'il ne voudrait pas faire au moment de la mort ce qu'il croit maintenant être péché, le confesseur peut lui répondre que les scrupuleux peuvent alors faire ou éviter beaucoup de choses inutiles, et que vouloir ne pas suivre dans la pratique les règles indiquées ci-dessus, c'est présomption de sa part.

Mais ce à quoi le confesseur doit surtout travailler, c'est à convaincre le scrupuleux de la nécessité de l'obéissance. « Les docteurs assignent plusieurs règles pour la conduite des scrupuleux, dit saint Liguori ; mais il est certain qu'après la prière, le meilleur et même l'unique remède pour les guérir, c'est l'obéissance au confesseur. C'est pourquoi le directeur doit avant tout bien inculquer au scrupuleux deux maximes

alterius de se ipso. Non sint scrupulosi scrupulosorum confessarii; sed si fuerint, meliùs curabunt similes ægrotos. Alii verò, juvante gratiâ et attentione studioque, curabunt similiter eos; nec de hoc unquàm desperandum. Theol. pract..

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