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Les registres de la maison indiquent qu'en 1803 la maison a reçu 10,737 prisonniers; en 1814, 12,659; en 1815, 14,414; en 1816, 17,649; en 1817, 18,132; en 1818, 14,547; et ainsi de suite en progression croissante; en 1831, vingt mille individus ont déjà passé par ce guichet; et pourquoi faire? On dirait que le nombre des écroués s'accroît, en raison directe des pages du Bulletin des lois.

A la nuit, les guichetiers procèdent, en corps, au recensement de leurs administrés; ils visitent les pistoles, font leur ronde dans les corridors, invitent les pailleux à se coucher, essaient à coups de marteau les barres de fer des fenêtres, et s'assurent, par le son qu'ils rendent, que nul barreau n'a été entamé par la lime ou la scie; ils enferment aux doubles verroux, ils bouclent, et vont dormir en travers de la porte du guichet. Anciennement ils se faisaient accompagner, dans leur ronde, par de gros chiens dogues, qui étaient dressés de manière à se jeter sur tout prisonnier qu'ils ne trouvaient pas au lit ou qui faisait mine de s'évader. Le chien, à cette époque, avait privilége de gendarme, et procédait sans mandat d'arrêt; il était officier de justice, et empoignait à coups de dents. Cet usage existe encore en province; et il n'y a pas très-long-temps que la justice a dérogé à son unité, sous ce rapport, en supprimant la

charge des limiers de ce genre, dans la juridiction du département de la Seine: Nogaret, qui écrivait sur les prisons, en 1797, cite un de ces chiens devenu fameux à la Conciergerie sous le nom de Ravage : un prisonnier parvint un jour à le tromper; le lendemain on trouva le dogue portant à la queue une inscription qui proclamait la corruptibilité de ce magistrat quadrupède, en ces termes : On peut corrompre RAVAGE avec un assignat de cent sous, et un paquet de pieds de mouton. Au moyen âge un chien coupable de semblable forfaiture aurait été jugé et puni, aussi sévèrement que tout autre de ses confrères messieurs les guichetiers. Par suite du progrès de notre législation, on ne torture plus aujourd'hui les animaux.

Adieu, madame, j'entends vociférer mon nom; la voiture de fer m'attend à la porte; je pars pour aller je ne sais où; je vous dirai demain dans quel lieu le mandat d'arrêt aura élu pour moi domicile; et je serai en état de vous apprendre si l'on voyage commodément aux frais du gouvernement...... Permettez-moi de vous prendre à témoin que je n'ai pas dit gouvernement du roi; et pourtant toute justice émane du roi; or la voiture de fer qui m'attend fait partie de l'attirail, ou si vous voulez de l'arsenal de la justice; et puis rappelezvous que, lorsque l'on portait dans un sac un pauvre prisonnier pour aller le jeter à l'eau, l'auto

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rité s'écriait Laissez passer la justice du roi, C'est dans un sac doublé de fer que l'autorité me porte de l'autre côté de l'eau; la justice du roi a gagné en solidité depuis cette époque.

FIN DU PREMIER VOLUME.

VIe LETTRE 1er février 1831. Instruction judiciaire au
sujet de ces événemens; tableau de la prison; ce qu'au-
raient dit les vrais coupables à la place des accusés; ac-
quittement des accusés....

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