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y a pour la foi un développement progressif et continu qui s'opère dans cette vie et qui a pour condition une lutte constante. Pour lui, la foi diffère absolument de tous les dons naturels que possèdent indistinctement tous les hommes; elle leur est infiniment supérieure, elle porte en elle une puissance divine; cependant elle a toujours à lutter contre des influences contraires et funestes, contre toutes les sollicitations de la chair et de l'homme naturel. De là naissent pour la foi des tentations de diverse nature auxquelles peut toujours s'appliquer le - précepte de Jaques. Mais ici il est principalement question des difficultés que rencontre la foi dans les circonstances extérieures et qui doivent servir à montrer si c'est une foi vraie, une foi qui plonge ses racines dans le fond même de la vie, et qui par la puissance divine qui l'anime soit capable de vaincre le monde. C'est à cette foi inébranlable que Jésus-Christ oppose le terrain rocailleux où la semence de la parole de Dieu lève promptement mais sèche presque aussitôt, parce qu'elle n'a pas de sève; image d'une conviction sans profondeur, sans racines, qui fait défaut au temps de la tentation. (Luc VIII, 6, 13.) Mais lorsque la foi demeure victorieuse dans ces luttes, lorsqu'elle résiste aux attaques du monde, elle prouve par là sa force divine; l'épreuve de la foi devient sa confirmation, elle sort de la lutte retrempée, affermie et a pour fruit la fermeté et la patience. C'est dans la tribulation seulement que l'homme apprend à faire le compte exact de ce qui est réellement à lui,

Mais Jaques, sachant bien que dans les églises auxquelles il s'adresse, la foi était exposée à être mal comprise, s'efforce constamment de combattre cette tendance funeste à isoler et à réduire en formalisme les manifestations de la foi. Aussi ajoute-t-il qu'alors même que la foi se serait montrée invincible dans les luttes qu'elle a à soutenir contre ses ennemis extérieurs, la vie chrétienne ne saurait se contenter de ce fruit isolé; la foi doit pénétrer toutes les sphères de la vie et se montrer partout agissante. Aussi s'empresse-t-il d'ajouter: « que la patience soit parfaite ! » Par cette «patience parfaite» on entend généralement une infatigable constance à supporter jusqu'au bout les persécutions; mais le rapprochement des deux parties de ce verset et toute la teneur de l'Epître nous engagent à adopter plutôt le sens suivant : « Il ne suffit pas que la foi se soit montrée ferme ; il faut encore qu'à cette fermeté se joignent toutes les autres œuvres qui sont la manifestation de la foi.» L'on comprend alors que Jaques, se basant sur cette union nécessaire entre une foi persévérante et l'ensemble d'une vraie vie chrétienne, ajoute aussitôt: « afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans qu'il vous manque rien.

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La perfection dont parle l'apôtre n'est pas une perfection absolue, telle qu'on ne la rencontre nulle part sur la terre; il est question dans ce passage, ainsi qu'en plusieurs autres endroits de l'Ecriture, de tout ce qui sert à l'accroissement de la vie chrétienne, de tout ce

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qui contribue à la maturité du chrétien complet, de l'homme fait, comme l'appelle saint Paul. (1 Cor. XIII, 11.) Le chrétien accompli est celui de la vie duquel se trouve banni tout ce qui menace de troubler la vie chrétienne.

Jaques termine ces vœux en souhaitant qu'il ne leur manque rien, c'est-à-dire qu'ils possèdent l'ensemble des qualités, vertus et dispositions morales, qui sont le fruit de la foi chrétienne, lorsque celle-ci a pénétré, comme un levain efficace, l'être humain tout entier.

1 Voyez note 8.

§ II.

LA PRIÈRE.

(Chap. I, 5-8.)

5 Si quelqu'un d'entre vous manque de sagesse, qu'il s'adresse à Dieu qui donne à tous simplement, sans faire de reproches, et il lui sera donné; 6 mais qu'il demande dans la foi, sans douter; car l'homme qui doute est semblable au flot de la mer agité par le vent et ballotté çà et là; 7 or que cet homme-là ne s'attende pas à recevoir quoi que ce soit du Seigneur; 8 un homme dont le cœur est partagé est inconstant dans toutes ses voies.

Si parmi ses lecteurs il s'en trouve qui se sentent encore éloignés du but qu'il vient d'indiquer, Jaques les rassure en joignant à ses exhortations un motif de confiance. Il leur montre ce qu'ils ont à faire de leur côté, afin de devenir des chrétiens accomplis.

· Le même moyen qu'il indique dans le cas actuel, il l'eût également recommandé pour tous les genres de dons spirituels dont ces chrétiens pouvaient avoir besoin; ce n'est donc point une exhortation qui se borne exclusivement à la circonstance présente, comme il pourrait sembler à première vue; seulement, fidèle à sa coutume de préférer les applications particulières aux maximes générales, Jaques s'arrête sur le don spécial dont les églises auxquelles il s'adresse devaient surtout sentir alors la privation.

La vraie sagesse, telle est la première condition pour que la vie entière porte le cachet du royaume de Dieu. Le terme original traduit ici par « sagesse » l'est quel

quefois par « prudence, » ces deux vertus pouvant se ramener à la même disposition chrétienne, puisque la prudence évangélique est un fruit de la sagesse, et lui sert d'organe. En effet la prudence que recommande si souvent le Seigneur et à laquelle il attache tant de prix, c'est la prudence qui est propre à la vraie sagesse, la prudence de l'amour chrétien. Mais ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer, ces églises où régnait un esprit judaïque étaient malheureusement portées à une fausse sagesse, tout extérieure, et disposées à accorder trop d'estime au pur savoir, ce qui entretenait dans leur sein une vanité et une présomption funestes. Il fallait donc avant tout leur rappeler que la vraie sagesse ne peut se baser que sur l'humilité, et qu'on en recueille les leçons non dans les écoles des scribes, mais uniquement à la source de l'éternelle lumière. Aussi Jaques ajoute-t-il « Si quelqu'un d'entre vous manque de sagesse, qu'il s'adresse à Dieu qui donne à tous simplement, sans faire de reproches, et il lui sera donné. » Les lecteurs de l'Epître sont exhortés, s'ils ont conscience de ce qui leur manque, à s'adresser à Dieu par la prière, à ce Dieu «< qui donne simplement, » c'est-à-dire >> par pur amour, qui donne pour donner; cette simplicité est opposée à une générosité limitée et circonscrite qui hésite, marchande avec elle-même, et cherche à économiser ses dons. Dieu ne reproche à personne ses libéralités; il ne demande qu'à donner, partout où il trouve un cœur disposé à recevoir ses bienfaits. Qu'ils n'aillent donc

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