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soit brisé : « Soumettez-vous à Dieu, résistez au diable, et il s'enfuira de vous; approchez-vous de Dieu, et il s'approchera de vous. » Mais il faut que les actes extérieurs répondent à la disposition intérieure; de cette double marque de piété, Jaques n'en fait qu'une; la pureté d'un cœur qui s'est dégagé de toutes les souillures du monde, doit se manifester par la pureté de la conduite; au lieu de dire : la conduite, Jaques, qui aime toujours à parler aux yeux, choisit son symbole, les mains, organes de l'activité; «< vos mains, ditil, servent d'instrument au péché. >> D'un autre côté, une conduite extérieurement pure doit reposer sur la pureté intérieure du cœur. « Nettoyez vos mains, pécheurs, et purifiez vos âmes, hommes partagés de cœur. » L'expression originale désigne cet état moral que nous avons déjà eu occasion de décrire (§ 2), dans lequel l'homme se trouve avoir comme deux âmes, parce que, ne rattachant pas toute sa vie à Dieu, il se voit dans l'impossibilité absolue de lui imprimer une direction une, suivie, harmonique, et oscille perpétuellement entre Dieu et le monde. Cette disposition est précisément l'opposé de la sanctification du cœur que l'Evangile demande du chrétien; en effet, celle-ci suppose que l'homme n'a qu'une âme, parce que l'amour de Dieu est devenu le principe vivifiant de tout son être et de toute sa conduite. C'est pourquoi Jaques cherche, avant tout, à montrer à ces malheureux, plongés dans les passions du monde, quelle est la vanité de leurs

joies et la profondeur de leur misère. Il veut faire naître en eux la tristesse selon Dieu, la douleur du repentir, seule base du véritable bonheur, de ce bonheur qui vient de Dieu et que goûtent tous ceux qui, morts au monde, ne vivent plus que pour Lui. C'est ainsi que dans le sermon sur la montagne dont nous retrouvons si fréquemment l'écho dans notre Epître, Jésus-Christ avait dit «< Heureux ceux qui pleurent car ce seront eux qui seront consolés. » (Matth. V, 4.) « Affligez-vous (c'est-à-dire sentez votre misère), et lamentez-vous, et pleurez, que votre rire se change en lamentation et votre joie en abattement. Humiliez-vous devant le Seigneur et il vous élèvera. »

Jaques résume donc ce qu'il vient de dire par une exhortation à l'humilité devant Dieu, source de toute élévation véritable, laquelle ne vient que de Dieu seul. Jésus-Christ avait dit dans le même sens : « Quiconque s'élèvera sera abaissé, et quiconque s'abaissera sera élevé. » (Matth. XXIII, 12.) La disposition d'âme dont il est question ici est toute intérieure; il ne s'agit d'aucun acte qui tombe sous les sens, bien que cette disposition doive marquer de son cachet toute la vie. Aussi Jaques insiste-t-il sur ce que c'est devant Dieu et à ses yeux qu'il faut s'humilier; l'humilité est toute entière entre l'homme et Dieu. Il suit aussi de là que la position prise par le chrétien vis-à-vis de Dieu, il ne peut la prendre vis-à-vis d'aucune créature, quelle qu'elle soit. L'homme qui vit avec Dieu dans ces rapports de

soumission et dont l'âme est entièrement dominée par lui, sera par là-même préservé de voir d'autres hommes exercer sur lui une influence semblable ou même analogue. Ce sentiment d'une dépendance absolue de Dieu qui est le fond de sa vie, devient pour le chrétien la plus puissante garantie contre tout esclavage humain.

Du défaut d'humilité était née dans ces églises une funeste tendance à porter des jugements sur autrui, et Jaques indique aussitôt une double conséquence de ce péché. Quant à la loi, c'est ne pas s'humilier devant ses saintes exigences, c'est ne pas comparer sa vie avec les obligations qu'elle impose, c'est ne pas reconnaître le profond abîme qui sépare ses divins préceptes de l'obéissance que nous leur rendons; par conséquent, c'est s'élever soi-même en législateur, en juge de la loi, au lieu de la consulter humblement et de s'appliquer à la suivre; parler contre son frère, c'est parler contre la loi, car c'est donner un démenti au blâme positif qu'elle prononce contre celui qui juge autrui. Quant à Dieu, c'est manquer également d'humilité, car celui qui juge son frère, oublie que devant Dieu, il est sur le même rang que lui, et qu'il dépend, comme lui, du Juge suprême qui seul décide du bonheur ou de la perdition de chacun; c'est usurper la place de ce souverain Juge, et audacieusement anticiper sur son jugement final: « Ne parlez point les uns contre les autres, mes frères; celui qui parle contre son

frère et qui juge son frère, parle contre la loi et juge la loi; or, si tu juges la loi, tu n'es pas observateur de la loi, mais juge. Il n'y a qu'un seul législateur et juge : celui qui peut sauver et perdre; mais toi, qui es-tu pour juger autrui? »

LA FAUSSE CONFIANCE.

(Chap. IV, 13-17.)

13 A vous maintenant qui dites: Aujourd'hui ou demain nous nous rendrons dans telle ou telle ville, et y passerons une année, et y trafiquerons, et y ferons fortune, 14 (vous qui ne savez pas ce que sera le lendemain ! Car qu'est-ce que votre vie? certes, elle est une vapeur qui paraît pour un peu de temps, mais qui disparaît ensuite); 15 au lieu de dire: «< Si le Seigneur le veut et que nous soyons en vie, alors nous ferons telle ou telle chose.» 16 Mais au contraire, vous vous enorgueillissez dans vos vanteries; tout orgueil de cette sorte est mauvais. 17 Si donc quelqu'un sait faire le bien et ne le fait pas, il y a du péché en lui.

Après avoir, comme point de départ, opposé à l'esprit vaniteux et arrogant du monde l'humilité véritable, et avoir énergiquement blâmé, dans ces églises, plusieurs déviations à ce principe évangélique, Jaques combat encore une tendance qui n'est guère qu'une nouvelle forme de ce même esprit présomptueux, savoir une sécurité fausse, une confiance charnelle. On croyait pouvoir compter sur le lendemain, sans songer un seul instant à l'instabilité de la vie humaine; on projetait des accroissements de fortune, comme si l'on était déjà en pleine possession de l'avenir. C'est à ces hommes, entièrement plongés dans des préoccupations terrestres, que Jaques rappelle et l'incertitude de toutes les choses de ce monde et la condition même de la vie qui est toute entière soumise à la volonté de Dieu et dépend de sa seule direction: « A vous maintenant qui dites: aujourd'hui ou demain nous nous rendrons dans telle ou telle ville, et y passerons une année, et y trafiquerons, et y ferons

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