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dances cachées du cœur l'odieux péché qui, parvenu plus tard à sa pleine consommation, excitera l'horreur universelle. C'est pourquoi Jésus-Christ, afin de s'opposer à ceux qui comprenaient la loi de Moïse dans un sens matériel et littéral, déclare que quiconque se met en colère contre son frère sera passible « du jugement c'est-à-dire de la condamnation (Matt. V, 22), et saint Jean affirme « que celui qui hait son frère est un meurtrier » (1 Jean III, 15).

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Mais Jaques ne se borne pas à blâmer ses lecteurs ; il a soin de leur indiquer aussi, comme il l'a déjà fait au commencement de son épître, la source véritable de tout bien; c'est là qu'il les invite à puiser de quoi combler tous leurs désirs, satisfaire tous leurs besoins. S'ils se consument en efforts impuissants, sans jamais atteindre leur but, si le choc de leurs intérêts égoïstes les jette dans des rivalités et des contestations incessantes, c'est uniquement parce qu'ils veulent se procurer par euxmêmes des avantages qu'ils devraient chercher en Dieu seul, dans un esprit d'humilité et d'abandon à sa volonté; ils négligent la prière qui peut seule faire descendre la bénédiction sur leur travail; c'est à cette lacune que Jaques attribue la stérilité de tout leur labeur et leurs funestes dissensions.

En même temps, il devait se trouver dans ces congrégations un grand nombre de personnes qui, tout en bornant leur piété à quelques actes extérieurs de religion, unissaient à ce formalisme, et toujours par esprit de

formalisme, une certaine habitude de prière. Mais cette prière, Jaques déclare qu'elle ne pouvait produire aucun fruit, parce qu'elle ne sortait pas du cœur. Loin d'être l'expression d'un véritable désir de l'âme vers Dieu, ces prières n'étaient inspirées que par des convoitises terrestres qui cherchaient à mettre la puissance de Dieu au service du péché; les grâces qui lui étaient demandées ne l'étaient qu'au bénéfice des plus mauvaises passions : «Vous luttez et vous combattez; vous ne possédez pas, parce que vous ne demandez pas. Vous demandez et ne recevez pas, parce que vous demandez mal, dans le but de fournir à vos voluptés.» Il en revient toujours au mal qui est la racine de tous les autres et contre lequel il s'est déjà plus d'une fois élevé : l'absence d'unité religieuse dans l'âme et dans la vie, le mélange impur d'une foule de pratiques pieuses avec des désirs encore entièrement tournés vers le monde; tout l'être doit dépendre de Dieu seul, et ce sentiment suprême marquer de son cachet la vie entière, dans toutes ses directions. Cette union du peuple de Dieu avec son créateur étant représentée dans l'Ancien Testament sous l'image d'une alliance, et sa rébellion contre lui sous l'image d'un adultère, Jaques appelle «< adultères >> ces hommes et ces femmes qui associent le service de Dieu avec l'amour du monde. Il les rend attentifs à la sainte jalousie de Dieu qui demande le cœur tout entier de l'homme et ne souffre point qu'il reste partagé entre lui et le monde ; il faut que le principe dominant de la vie soit ou l'amour pour Dieu, ou l'amour pour le mon

de; aussi quiconque prend le monde pour but de ses efforts et se dévoue à lui, quiconque cherche dans le monde le bien suprême, entre par cela même dans une voie d'inimitié contre Dieu; c'est dans le même sens que Jésus-Christ lui-même a dit que l'on ne peut servir Dieu et Mammon (Matt. VI, 24). « Hommes adultères et femmes adultères! ne savez-vous pas que l'amitié du monde est ennemie de Dieu? Donc, quiconque veut être ami du monde se pose en ennemi de Dieu.» Jaques rappelle, d'une manière générale, les déclarations de l'Ecriture sainte qui représente partout ces deux tendances comme absolument inconciliables. « Ou bien, dit-il, vous figurez-vous que l'Ecriture parle en vain? L'esprit qui demeure en vous est un esprit jaloux; » c'est-à-dire que cet esprit ne peut supporter aucun rival; pour qu'il se développe dans un cœur il faut nécessairement que l'amour du monde en soit d'abord banni 1. «Mais au contraire, ajoute-t-il, comme une consolation à la suite de son avertissement sévère, il accorde une grâce plus excellente » que celle dont il a déjà fait part; partout où Dieu rencontre un cœur qui s'abandonne pleinement à Lui et reçoit ses dons avec humilité, il déclare cette condition suffisante et accorde des grâces plus abondantes. Le passage que Jaques cite à l'appui de ces exhortations est tiré des Proverbes (III, 34): « C'est pourquoi l'Ecriture dit : « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles. » Bien que

1 Voyez note 21.

les chrétiens auxquels s'adresse cette Epître fussent à l'abri de l'arrogance dédaigneuse qui accompagne l'incrédulité, cependant l'humilité n'était pas encore devenue le caractère dominant de leur vie; ils ne vivaient pas dans une dépendance entière de Dieu; la conviction. profonde et perpétuelle qu'ils n'étaient rien et ne pouvaient rien sans Lui, leur faisait trop souvent défaut. Ce qui servait entre autres à le prouver, c'est la confiance qu'ils plaçaient dans les biens terrestres et les moyens humains. Au fond de l'esprit mondain il y a toujours un manque d'humilité. Aussi Jaques leur fait-il remarquer que Dieu retire aux orgueilleux ses grâces et son secours, parce qu'ils manquent de la condition essentielle que Dieu exige de la part de l'homme pour avoir. part à ses dons; au contraire, l'humilité ouvre les voies à toutes les grâces divines. (Comparez 1 Pierre V, 5 et Prov. XXIX, 23.)

§ XIII.

L'HUMILITÉ SOURCE D'ÉLÉVATION.

(Chap. IV, 7-12.)

7 Soumettez-vous donc à Dieu; résistez au diable, et il s'enfuira de vous; 8 approchez-vous de Dieu, et il s'approchera de vous; nettoyez vos mains, pécheurs, et purifiez vos âmes, hommes partagés de cœurs! 9 Affligez-vous, et lamentez-vous, et pleurez; que votre rire se change en lamentation, et votre joie en abattement. 10 Humiliezvous devant le Seigneur; et il vous élèvera. 11 Ne parlez point les uns contre les autres, mes frères; celui qui parle contre son frère et qui juge son frère, parle contre la loi et juge la loi; or si tu juges la loi, tu n'es pas observateur de la loi, mais juge. 12 Il n'y a qu'un senl législateur et juge: celui qui peut sauver et perdre ; mais toi qui es-tu pour juger autrui ?

Pour s'excuser de commettre les péchés que Jaques vient de blâmer, plusieurs prétextaient tantôt l'impossibilité de résister aux tentations de Satan, tantôt le manque de secours de la part de Dieu. Jaques leur montre que ce n'est ni la puissance du mal qui les entraîne malgré eux, ni la grâce divine qui leur fait défaut; mais que c'est en eux-mêmes, nulle part ailleurs, qu'il faut chercher la cause de ces péchés (voyez chap. I, v. 14); « tout dépend de votre volonté propre, leur dit-il, il suffit de vous humilier devant Dieu, de vous adresser à lui dans le sentiment de votre faiblesse profonde; il suffit de résister au mal qui n'a d'empire que sur celui qui se livre à son pouvoir, pour que Dieu, de son côté, vous vienne en aide, et que le joug du mal

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