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dignes d'un égal honneur. Ce sont là les « pensées iniques » dont parle Jaques au verset quatrième, lorsqu'il dit: « Vous êtes des juges à pensées iniques. »

Avant d'abandonner ce sujet, il jette un coup d'œil sur la propagation du christianisme à cette époque, et prouve à ses lecteurs, par des exemples vivants, que leur manière de juger est, de tous points, opposée à l'esprit chrétien. A qui est échue principalement la gloire immense de la vocation chrétienne? A qui les insondables trésors de la foi ont-ils été d'abord ouverts? A qui l'héritage du royaume des cieux a-t-il été accordé? Précisément aux pauvres de ce monde. Et ces pauvres que Dieu a souverainement élevés, en les appelant à la connaissance de l'Evangile, les riches osent les mépriser! << Ecou« tez, mes frères bien-aimés: Dieu n'a-t-il pas choisi les « pauvres du monde qui sont riches en foi et héritiers du « royaume qu'il a promis à ceux qui l'aiment? Mais vous, « vous avez méprisé le pauvre. » Lorsque Jaques déclare que le royaume de Dieu est promis à ceux qui l'aiment, il est évident qu'il ne parle pas d'un amour de Dieu indépendant de la foi chrétienne; il ne peut vouloir parler que de l'amour chrétien; or celui-ci a pour condition nécessaire la connaissance des miséricordes divines qui ont été révélées en Christ notre Rédempteur et dont nous avons fait nous-mêmes, par le Saint-Esprit, l'expérience intérieure.

En face de ces pauvres parmi lesquels l'Evangile a surtout trouvé accès, Jaques place les riches, leurs op

presseurs, qui les traînent devant les tribunaux, sinon pour motif de foi, du moins afin d'exercer contre eux leurs exactions, et qui outragent le nom sacré de Chrétiens qu'ils se glorifient de porter: « Ne sont-ce pas eux qui « blasphèment le beau nom dont vous avez été appelés? » Nous pensons que les riches dont il est question ici, étaient des ennemis déclarés du christianisme. Jaques profite, pour appuyer ses exhortations, de ce fait qu'enseignait l'expérience de tous les jours, savoir, que les riches persécutaient ouvertement les chrétiens et le christianisme, tandis que les pauvres étaient ouverts à son influence. Il ne serait cependant pas impossible qu'il s'agisse ici de riches qui, tout en portant le nom de chrétiens, outragent le nom de Christ par leur conduite. Mais la première interprétation convient mieux au contexte, en ce que l'opposition établie entre les deux classes que Jaques met en présence est plus tranchée.

§ VIII.

LA LOI ROYALE.

(Chap. II, 8-13.)

8 Si réellement vous accomplissez la loi royale, selon cette parole: «<tu aimeras ton prochain comme toi-même,» vous faites bien; 9 mais si vous faites des acceptions de personnes, vous commettez un péché et vous êtes condamnés par la loi comme transgresseurs. 10 En effet, quiconque après avoir gardé toute la loi, faillira en un seul commandement, devient coupable de tous; 11 car celui qui a dit: «tu ne commettras point adultère » a dit aussi «tu ne tueras point; >> si donc tu ne commets point adultère, mais que tu tues, tu es un transgresseur de la loi. 12 Parlez et agissez comme devant être jugés par une loi de liberté; 13 car le jugement est sans miséricorde sur qui n'exerce pas miséricorde; mais la miséricorde brave le jugement.

Après avoir reproché à ses lecteurs leur partialité en faveur des riches et des puissants, Jaques leur montre combien ce principe est opposé à l'essence même de la loi divine, savoir, à l'amour, qui est pour Jaques, comme pour Paul, l'accomplissement de la loi, la loi royale: «Si « réellement vous accomplissez la loi royale, selon cette pa« role: « Tu aimeras ton prochain comme toi-même, » « vous faites bien; mais si vous faites des acceptions de « personnes, vous commettez un péché, et vous êtes condam« nés par la loi comme transgresseurs. » Mais il ne faut pas oublier qu'il avait affaire à des hommes nouvellement convertis du judaïsme à l'Evangile, qui, n'ayant pas compris le caractère intérieur de la loi divine, étaient constamment exposés à tomber dans le formalisme, soit en pratique, soit en théorie. Ils portaient cette tendance

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funeste jusque dans l'appréciation des infractions à la loi n'ayant point appris à la considérer comme un ensemble plein de majesté, de grandeur et d'une sainte sévérité, ils s'étaient habitués à apprécier les péchés moins par leur nature intime que par leur nombre; cette règle tout extérieure une fois trouvée, ils n'avaient pas de peine, en se l'appliquant à eux-mêmes, à se mettre la conscience à l'aise vis-à-vis de la loi.

Entre autres, ils ne trouvaient pas très condamnable cet égoïsme que Jaques vient de blâmer, et qui se manifestait par leur estime pour les riches et leur mépris des pauvres. Il fallait donc les rendre attentifs à la nature même de la loi, qui, étant un tout organique et indivisible, dans lequel se révèle la volonté et la sainteté divine, réclame aussi une obéissance absolue, de telle sorte que dans chaque infraction de détail c'est la loi tout entière qui est enfreinte : « En effet, quiconque « après avoir gardé toute la loi, faillira en un seul com« mandement, devient coupable de tous; car celui qui a « dit : « Tu ne commettras point adultère,» a dit aussi : « Tu ne tueras point; » si donc tu ne commets point adul«tère, mais que tu tues, tu es un transgresseur de la loi,» Jaques établit ici une règle générale dont l'application particulière au cas actuel est celle-ci : L'homme qui s'est laissé déterminer, fût-ce même dans cette occasion unique, par le principe égoïste contraire à la loi de l'amour, celui-là a transgressé toute la loi. Il l'a transgressée d'abord quant à son contenu, puisque cette loi étant la ré

vélation de la volonté de Dieu, tous ses détails doivent avoir une égale importance; ensuite, quant à lui-même, puisque l'égoïsme l'a emporté en lui sur l'amour. Jaques veut-il dire par là que dans l'appréciation des péchés ou des pécheurs on ne puisse admettre aucun degré, aucune nuance? Assurément non; il faut seulement distinguer soigneusement deux points de vue, celui du principe absolu et celui des faits. S'agit-il du principe dans ses exigences rigoureuses: tous sont obligés de se reconnaître coupables devant la loi; s'agit-il des faits, c'est-à-dire de l'obéissance réelle que lui rendent les hommes : il existe alors des degrés entre eux; tantôt leur nature su périeure brise ses entraves et triomphe; tantôt c'est l'égoïsme qui l'emporte; l'appréciation des actions humaines dépend de la prédominance de l'un ou de l'autre de ces deux éléments. Même parmi les chrétiens, il n'est personne qui ait parfaitement accompli la loi; Jaques le savait bien, et telle n'a pas été sa pensée; il avait trop bien compris la grandeur et la sainteté de la loi, trop vivement combattu le formalisme de ces Eglises qui, dans leur appréciation des péchés, ne regardaient qu'à l'extérieur, aux détails des transgressions; Jaques avait une trop haute idée de la perfection morale, pour pouvoir l'admettre même chez les chrétiens. Du reste, la suite le prouve clairement. Jaques part du principe que, si différentes que soient les actions des hommes, tous sont néanmoins coupables devant la loi. Mais de même que le Christ nous a enseigné cette prière : « Remets

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