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posé de vers, lui fait-il dire, maintenant j'y prends A l'intelligence et saisir ce qu'il y a de plus subtil goût, et tant qu'il me durera, je vous enverrai au- et de plus obscur dans l'art et les écrits des rhétant de vers qu'il y a d'hommes distingués en leurs. France. Ce n'est point Gerbert qui s'exprime ainsi, mais Otton III, son disciple, alors roi de Germanie et depuis empereur. La lettre citée, qui est la cent cinquante-troisième entre celles de Gerbert, en fait la preuve complète. Otton y prie ce cher maître, alors archevêque de Reims, de lui apprendre à fond l'arithmétique et le grec, et s'engage, dans l'ardeur qu'il se sentait pour la versification, à lui envoyer autant de vers qu'il y avait alors d'hommes en France. Expression hyperbolique, à la vérité, mais à laquelle il faut laisser toute son étendue, sans la restreindre par le terme d'hommes distingués qui lui prescrit des limites extrêmement étroites et qui ne B se lit point dans le texte original.

Quant aux autres pièces de vers de la façon de Gerbert, nous n'en connaissons que quatre, qui sont autant d'épitaphes, chacune de quatre grands vers. Elles ont été faites pour orner les tombeaux de l'empereur Otton II, de Lothaire, roi de France; d'un duc, nommé Frédéric, et du scolastique Adalbert. Elles sont imprimées parmi les lettres de l'auteur, et y tiennent la place de la soixanteseixième et des trois suivantes. Ces épitaphes, au reste, n'ont rien au-dessus des autres poésies du temps que le laconisme ordinaire aux autres écrits de Gerbert.

11. De ses poésies il faut passer à ses proses, on séquences, qui ont beaucoup d'affinité ensemble. C Un auteur de l'Ilistoire des papes, qui écrivait sur la fin du XII siècle, dont le manuscrit, qui se trouve à l'abbaye de Zwetlen, assure que la prose ad celebres, Rex cæli, etc., en l'honneur des anges, est de la façon de Gerbert (PEz, ib., t. I, par. 11, p. 380, 381). Alberic de Trois-Fontaines, qui avait peutêtre puisé ce fait dans l'auteur précédent, atteste la même chose (ALB. chr., par. 1, p. 36). Nous ignorons, après tout, si cette prose existe encore quelque part. Elle ne se trouve point dans la collection de Josse Clichtoüe qui en a recueilli tant d'autres.

12. On n'a pas plus de certitude sur l'existence du Traité de rhétorique, que Gerbert composa, comme il nous l'apprend lui-même dans une de ses lettres à Pernard, moine d'Aurillac (Gerb., ep. 92). Il paraît, par ce qu'il en dit, que ce fut le premier, ou au moins un des premiers écrits qu'il publia après son retour d'Italie en France, et aussitôt qu'il se vit chargé de la direction des écoles de Reims. C'était un volume d'une juste grosseur, puisqu'il contenait vingt-six feuilles, ou membranes, comme on parlait alors; et l'idée que l'auteur nous donne de son mérite doit nous en faire regretter la perte. Gerbert apporta tant de soin à la composition de cet ouvrage, qu'il se flattait que les plus habiles lui feraient un accueil admirable, et qu'il serait d'une grande utilité aux étudiants, pour entrer dans

13. Jusqu'ici l'on avait regardé l'écrit anonyme sur l'Eucharistie, publié par le P. Cellot, comme un ouvrage d'Hériger, abbé de Laubes, vers la fin du xe siècle et les premières années du suivant. Dom Mabillon, auteur de ce sentiment, semblait l'avoir établi d'une manière aussi solide que modeste (Act. ben., t. VI pr., n. 47, 48; An.,l. LII, n. 99). Mais les plus savants hommes ne sont jamais infaillibles dans leur critique. Il peut aisément échapper à leur sagacité des découvertes dans lesquelles d'autres seront plus heureux. C'est ce qui est arrivé au sujet du véritable auteur de l'écrit en question.

Dom Bernard Pez, l'ayant recouvré sous le nom de Gerbert, qui fut depuis pape, dans un manuscrit de l'abbaye de Gotveich en Autriche, du même temps que celui qui l'attribue à Hériger, a entrepris de le restituer au premier de ces deux écrivains (Anec. diss. p. 69, n. 2; t. I, par. 11, p. 132). Et il faut avouer que le titre, écrit en minium de la même main que le corps de l'ouvrage, est déjà une forte preuve en faveur de Gerbert. Preuve qui, jointe à l'identité de style entre cet écrit et les autres du même auteur, est au-dessus de tous les raisonnements de dom Mabillon. En l'abandonnant toutefois sur ce point, ou ne lui conteste pas qu'llériger n'ait aussi écrit sur l'Eucharistie.

L'ouvrage dont il s'agit ici est intitulé: Traité du corps et du sang du Seigneur. Gerbert paraît avoir été déterminé à l'entreprendre par deux motifs prin. cipaux l'un, de montrer que ceux qui, comme Pascase Radbert, soutenaient que le corps de JésusChrist dans l'Eucharistie est le même que celui qui, étant né de la Vierge, est mort et ressuscité, et que les autres qui, comme Raban de Mayence et Ratramne de Corbie, prétendaient le contraire, n'ont point eu de différents sentiments sur le fonds du mystère. L'autre motif, qui fit prendre la plume à notre écrivain, fut de faire voir l'absurdité de l'erreur imaginaire des Stercoranistes. On voit par-là qu'encore sur la fin du x siècle on agitait ces questions sur l'Eucharistie. Sur ce plan, Gerbert a divisé son Décrit en deux parties. La première, qui est la plus prolixe, il l'emploie à prouver le premier point de son dessein, par un grand nombre de passages tirés des Pères grecs et latins, presque tous fort bien choisis. I fortifie ces preuves par divers raisonnements pris de l'arithmétique, de la dialectique, de la géométrie, et appuyés de figures, dont on a omis la première dans la dernière édition de l'ouvrage. Manière de raisonner qui découvre Gerbert à ne le pas méconnaître. Dans tout ce qu'il dit de Pascase, il ne parle de lui et de son ouvrage qu'avec de grands éloges. De même, toute cette première partie est remplie de preuves invincibles de la présence réelle de Jésus-Christ dans l'Eucharistie.

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charité. La critique aussi aigre que vive qu'il a faite de ses actes est sans doute ce qui a détourné les collecteurs des conciles de leur donner place dans leurs recueils. On les trouve cependant imprimés non seulement dans les Centuriateurs de Magdebourg, mais encore séparément en un volume in-12, qui parut à Francfort en 1600 chez les héritiers d'André Wechel avec ce titre: Synodus Ecclesiæ Gallicanæ habita Durocorti Remorum sub Hugone A. et Roberto Francorum rege. L'on y a ajouté une apologie de ce même concile, qui ne consiste qu'en quelques lettres curieuses de Gerbert. Les du Chesne ont aussi inséré la plus grande partie de ces actes parmi leurs Historiens de France (du Chesn. t. IV, p. 101-114).

Gerbert est fort succinct dans la seconde partie. A d'une manière qui blesse également la politesse et la Il s'y arrête particulièrement à faire sentir les inepties, comme il les qualifie lui-même, de ceux qui, pour appuyer l'opinion du Stercoranisme, abusaient de ces paroles de l'Evangile, au verset 17 du chapitre xv de S. Matthieu : Tout ce qui entre dans la bouche, descend, etc Il en prend occasion de rappeler le blasphème de quelques hérétiques qui prétendaient, à ce sujet, que Jésus-Christ avait ignoré la physique. Gerbert y fait aussi lui-même un peu le phy sicien, en expliquant la digestion. Il conclut enfin qu'il est absurde qu'un aliment spirituel, tel qu'est le corps de Jésus-Christ dans l'Eucharistie, soit sujet à la digestion et à ses suites. C'est, par conséquent, ditil, une nourriture pour l'homme intérieur. Que si elle influe dans l'homme extérieur, il est de la piété iš de croire que c'est pour être le germe de sa résurrection au dernier jour. L'auteur fait paraître dans ce petit traité beaucoup de justesse et de solidité d'esprit. On n'y découvre rien, au reste, qui puisse faire juger si ce fut avant ou après son épiscopat qu'il y mit la main.

Nous en avons deux éditions. La première est due aux soins du P. Cellot, qui a publié l'écrit sans nom d'auteur, dans l'Appendice à son histoire de Gothescalc, avec un très-ample commentaire de sa façon. Au bout de près de quatre-vingts ans, dom Bernard Pez (ibid., p. 131-146) l'a fait réimprimer sur le manuscrit dont on a parlé, qui le donne à Gerbert comme à son véritable auteur.

14. On ne sait point non plus en quel temps notre écrivain composa un cantique sur le SaintEsprit, qui avec son commentaire faisait autrefois partie des manuscrits de Thomas Bodlei, sous le nombre de 1406-10 (Cat. ms. Ang., t. I, part. 4, p. 124, 1). L'inscription, à la vérité, lui donne le titre de pape; mais cette circonstance est équivoque, et ne suffit pas pour fixer le temps de l'écrit. Il n'y a, an reste, que ceux qui l'ont entre les mains qui puissent nous en donner une plus ample notice, et nous dire si ce cantique roule sur la procession du Saint-Esprit, sa divinité, ou ses opérations divines.

15. On compte au nombre des écrits de Gerbert les actes du fameux concile tenu à Saint-Basle en 991, pour la déposition d'Arnoult, archevêque de Reims. Ce fut effectivement Gerbert qui les rédigea par écrit en qualité de secrétaire de l'assemblée. Il ne parait point d'ailleurs qu'il y ait eu d'autre part que d'y avoir donné le style, qui est beaucoup au-dessus de celui de quantité d'autres écrits du même temps. On n'a pas cependant laissé de l'accuser d'y avoir inséré plusieurs choses de son chef. Mais c'est ce qu'il serait très-difficile de prouver, vu l'attention qu'on apportait dans cette sorte d'assemblées à en faire recueillir les actes dans leur intégrité. Baronius a néanmoins supposé (An. t. X, p. 863, 374, 881) que Gerbert s'était donné beaucoup de licence dans ceux dontil est question. C'est ce qui l'a mis en si mauvaise humeur contre lui, jusqu'à le maltraiter PATROL. CXXXIX;

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16 Il y a de Gerbert (Conc. t. IX, p. 747-749) un discours qu'il prononça au concile de Mouson en 995, et dont il laissa copic à l'abbé Léon, légat du pape. On a dit qu'il s'agissait dans cette assemblée de la déposition de Gerbert, qui occupait alors le siége de Reims, et du rétablissement d'Arnoul. Le discours est une apologie éloquente et bien écrite, dans laquelle Gerbert expose de quelle manière et par quels motifs il avait accepté le gouvernement de cette Eglise, auquel il avait, dit-il, été destiné à la mort de l'archevêque Adalberon, et dont Arnoul l'avait dès lors exclu, en se servant de la voie de simonie.

Il est tout à fait surprenant que M. Cave (p. 512) ait douté que cet écrit existe quelque part. Nous en avons au moins quatre éditions dans autant de recueils. Baronius lui a donné place dans ses Annales (ad an. 995, p. 893-895). Abraham Bzovius (Bzov. Vit. Silv. c. 21, p. 76-78) l'a fait entrer dans la Vie de notre pape, dom Marlot dans son Histoire de l'Eglise de Reims (t. II, 1. 1, c. 16), et le P. Labbe dans la Collection générale des conciles (Conc. ib).

17° Au discours précédent on joint un dialogue. ou conférence de Gerbert avec le légat Léon au même concile. On en parle (CAVE, ib.; Rom. pont. Vit. t. I, p. 757.; DU PIN, Xe siècle, p. 148), peutêtre sans l'avoir vu, comme d'un fort bel écrit, différent du discours qui n'est point en forme de dialogue. Il y aurait eu par conséquent de la part de Gerbert deux écrits divers au sujet du concile de Mouson; et il paraft par les caractères qu'on attache à celui dont il s'agit ici, qu'on ne peut raisonnablement en douter. Hugues de Fleuri, écrivaia du x siècle (DU CHESN. t. IV, p. 143), a eu connaissance de ce dialogue de Gerbert, qu'il qualifie dispute, et dit qu'il se trouvait en entier parmi les gestes des archevêques de Reims. Trois autres auteurs (ID. t. III, p. 353; Conc. ib., p. 750; Spic. t. 11, p. 755), qui ont suivi de près lugues de Fleuri, et l'ont peut être copié: un chroniqueur du même siècle, le continuateur d'Aimoin, et Clarius, moine de Saint Pierre le Vif à Sens, attestent la même chose et ajoutent que cette dispute pouvait être d'une grande utilité, valde utilem. Mais il y a toute

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apparence qu'elle est perdue, aussi bien que cette A touchés pour le temps. Gerbert y a fait entrer une

partie de l'histoire des archevêques de Reims, dans laquelle elle se trouvait insérée, ce qui est une double perte.

Avant de terminer cet article, le lecteur ne sera pas fâché d'y voir un exemple de ces fautes frappantes dans lesquelles sont capables de tomber les plus savants hommes, lorsqu'ils négligent de faire usage de toute leur attention. L'on sait de quoi il était question au concile de Mouson entre Gerbert et le légat du saint-siége. Néanmoins M. du Pin n'a pas laissé d'avancer, que le sujet de leur conférence était la composition de l'astrolable. Assurément ils avaient des affaires tout autrement intéressantes à démêler. L'erreur de ce savant bibliographe est vraisemblablement venue de ce qu'il n'avait lu sur ces B deux différents écrits de Gerbert que ce qu'en dit M. Cave. Celui-ci en les annonçant ensemble, conjointement avec deux autres, sous le même article, aura donné lieu à la confusion. Voici la manière dont il en parle et qui justifiera notre conjecture : Dialogus pulcherrimus inter ipsum et Leonem nuncium apostolicum; De compositione astrolabii liber; De rhetorica lib. 1; Oratio in synodo Mosomensi, etc.

18. On attribue à Gerbert (Bib. Bodl. part. II, p. 163 2; OUD. Script. supp. p. 313) une autre dispute qui se passa à Rome, et qui a été imprimée dans la même ville l'an 1544 en un volume in-4°. Cet ouvrage qui porte pour titre Dispute des chrétiens et des juifs, Disputatio Christianorum et judæorum Romæ habita, paraît très-rare, et il ne pous a pas été possible de le voir par nous-mêmes. Nous sommes donc hors d'état d'en donner une notice plus étendue, et de dire même si l'auteur était déjà pape lorsqu'il fit cet écrit, ou s'il le composa dans quel→ qu'un de ses voyages de Rome avant son pontificat.

19. Il y a presque le même doute par rapport au temps que Gerbert composa le traité on discours de l'idée ou Portrait des évêques, De informatione episcoporum. Il est clair par toute la suite de l'écrit, que l'auteur était alors revêtu de l'épiscopat. Mais on n'y découvre rien qui montre qu'il fût déjà sur le saint-siége. Ce qu'il y dit convient également à un simple archevêque comme à un pape. Gerbert le prononça d'abord de vive voix dans une assemblée d'évêques, soit en concile ou autrement (MAB. Annal. t. II, p. 210): In gremio sacerdotum positus, dit-il, ipsos alloquar sacerdotes. Après tout, en quelque qualité qu'il ait fait cet écrit, soit comme archevêque de Reims ou de Ravenne, soit comme pape, on ne le reut regarder que comme un monument respectable de son zèle pour voir l'ordre épiscopal tout brillant des vertus convenables à son caractère.

L'auteur s'y propose deux objets. Il y montre d'abord l'excellence de l'épiscopat et y établit ensuite l'obligation qu'ont ceux qui en sont revêtus de mener une vie qui réponde à cette haute dignité. Tout roule sur ces deux points, qui sont assez bien

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courte mais belle exposition des caractères que saint Paul dans sa première Epître à Timothée attache à l'épiscopat. Après quoi il fait une vive sortie sur la simonie, qui était alors si commune, et qu'il compare à la lèpre de Giézi. La manière dont il la combat est d'autant plus capable de faire impression qu'elle est plus naïve et mieux circonstanciée. En rehaussant la dignité épiscopale, il dit que tous les évêques ont reçu avec saint Pierre la charge de paître les brebis dont parle Jésus-Christ au dernier chapitre de l'Evangile de saint Jean. L'endroit est remarquable, si l'auteur était dès lors pape. Il finit ce beau discours par une courte prière où il conjure le Saint-Esprit de venir au secours de tous les évêques, afin qu'ils mettent en pratique ce qu'il lui a inspiré de leur dire.

Ce qui contribue à donner encore une idée avantageuse de cet écrit et de son auteur, c'est de voir qu'on y a découvert tant de beautés, qu'on en a voulu faire honneur à saint Ambroise, le plus poli et le plus éloquent des Pères latins. Dès le siècle même où mourut Gerbert, le cardinal Humbert, ignorant le véritable auteur de cet opuscule, en copia sous le nom de ce Père un fort long fragment, qui forme le seizième chapitre de son premier livre contre les simoniaques (HUMB. in Sim. 1. 1, c. 16). De même, Giles Charlier, dans sa réplique à Nicolas Thaborite au concile de Bâle, cite encore cet écrit sous le nom de saint Ambroise (MART. am. Coll. t. VIH, p. 460).

C'est sur l'autorité de ces écrivains, et des autres qui les ont suivis en ce point, que l'opuscule se trouve porter le nom de ce saint docteur dans plusieurs manuscrits, et qu'en conséquence il a été imprimé parmi ses œuvres, où il porte divers titres (AMB. t. II, app. p. 357-364.). Dom Martène (Anec. t. V, pr. p. 2) dit l'y avoir cherché inutilement; mais c'est qu'il ne l'y cherchait que sous le titre De vita et ordinatione episcoporum, le même sous lequel Humbert en rapporte le morceau dont on a parlé. Il l'y aurait trouvé sous le titre De dignitate sacerdotali, comn e il est inscrit dans le IVe tome de l'édition de Paris 1642, ou De informatione episcoporum, comme il est D intitulé dans l'appendice de la dernière édition. On l'a ainsi rangé parmi les ouvrages supposés à saint Ambroise, depuis que dom Mabillon l'a rendu à Gerbert son véritable auteur, sur la foi d'un ancien manuscrit de Saint-Martial de Limoges (MAE. ib., p. 215). C'est sur ce même manuscrit qu'il l'a fait réimprimer au second volume de ses Analectes. Il y a cependant plusieurs variantes entre le texte de cette édition et celui du même écrit tel qu'il se lit parmi les œuvres de saint Ambroise. Outre les inscriptions que nous en avons déjà marquées, il porte encore dans divers manuscrits celle de Pastoral; et c'est de la sorte qu'Alger et Giles Charlier le citent.

réponse.

20. Le plus intéressant des ouvrages de Gerbert A clarer avec quel esprit il s'était porté à faire cette est sans difficulté le recueil de ses lettres. Jean le Masson, archidiacre de Caen dans l'Eglise de Bayeux, en publia cent soixante, avec celles de Jean de Salisbéri et d'Etienne de Tournai, le tout en un volume in-4°, qui parut à Paris chez Macé Ruette l'an 1611. Cet éditeur les donna sur le manuscrit de Papire le Masson, avocat au parlement de Paris, son frère, qui avait dirigé cette édition, et qui est auteur de la Vie de Gerbert qui se trouve à la suite de ses lettres. On les fit passer bientôt après dans les différentes collections des Pères.

Ces deux lettres pleines de vivacité, rapprochées d'une autre (ep. 75) qui ne respire que la tendresse, montrent que Gerbert savait accommoder son style aux différents sujets qu'il entreprenait de toucher. Celle-ci est au nom d'Emma, reine de France, sur la mort du roi Lothaire, son mari, à l'Impératrice Adelaïde. Une des plus intéressantes commé des plus longues (5) de la première partie du recueil (ep.159), est celle que Gerbert adresse à une autre Adelaïde, reine de France, femme de Hugues Capet, et à tous les suffragants de l'Eglise de Reims. L'auteur y défend son ordination en qualité d'archevêque de cette métropole, d'où l'on pensait alors à l'expulser pour

En 1636, André du Chesne en imprima un recueil beaucoup plus ample, à la fin du second volume de ses Historiens de France (t. II, p. 789-844). Il y est divisé en deux parties. La première, qui ne contient By rétablir Arnoul. Il y discute les motifs qu'on qu'une lettre de plus que le recueil de le Masson,

a été revue sur un manuscrit, à la faveur duquel le nouvel éditeur a corrigé plusieurs fautes qui s'étaient glissées dans la première édition, nommément dans la lettre 134. La seconde partie a été tirée d'un manuscrit du P. Sirmond, et comprend cinquantecinq lettres, qui n'avaient jamais vu le jour. C'est cette édition de du Chesne qu'on aurait dû prendre pour modèle lorsqu'on a entrepris d'incorporer les lettres de Gerbert dans les bibliothèques des Pères, qui ont paru depuis 1636. Mais c'est ce qu'on a même négligé de faire à l'égard de celle de Lyon, qu'on a voulu cependant rendre plus parfaite comme plus ample que les précédentes.

On n'y a imprimé de ces lettres que ce qu'en avait publié le Masson (Bib. PP. 1. XVII, p. 669-691).

Dans l'une et l'autre partie de ce recueil de lettres on n'a gardé aucun ordre chronologique entre elles. Pour l'ordre des matières, il n'était pas possible d'y en établir aucun, tant les sujets sont variés et quelquefois multipliés dans les mêmes lettres. La plupart sont fort courtes et rarement intéressantes, quoiqu'on ne laisse pas d'y trouver des traits historiques et littéraires qui servent à éclaircir ce qui se passait alors dans l'Etat et quelquefois dans l'Eglise, et la culture des lettres. Il y en a d'autres qui contiennent d'excellents avis et de sages conseils; mais le caractère dominant du plus grand nombre est un génie de politique et d'intrigues. Aussi plusieurs sontelles adressées aux papes, aux empereurs, aux rois, aux impératrices et autres princesses, à des archevêques qui avaient beaucoup de part aux affaires publiques; ou écrites au nom de ces mêmes puissances, qui employaient souvent la plume de Gerbert. Il y en a une un peu vive au nom de Thierri, évêque de Metz, au prince Charles, frère du roi Lothaire (ep. 31), et une autre (ep. 52) encore plus vive, au nom de Charles, en réponse au prélat. Elles firent apparemment du bruit, puisque Gerbert se crut obligé d'écrire à Thierri (ep. 33) pour lui dé

(5) Cette lettre est aussi imprimée dans la Collection générale des Conciles (p. 745-747), mais avec une fausse inscription, suivant laquelle elle

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croyait en avoir, suivant ce qu'il en avait appris du bruit public.

Les lettres de la seconde partie nous instruisent particulièrement de ce qui se passa en conséquence de l'élection d'Arnoul et de celle de Gerbert en sa place. On y voit les actes de cette double élection avec la profession de foi de Gerbert. Il y en a quelques-unes écrites au nom d'Arnoul; mais la plupart sont au nom de Gerbert, comme archevêque de Reims, quoiqu'il n'en prenne pas la qualité, et rarement celle d'évêque en général. Les deux dernières (ep. 54, 55), qu'on a insérées dans la Collection des conciles (t. IX, p. 777-779), ne furent écrites que lorsqu'il était pape. Nous avons déjà donné une idée de la dernière, par laquelle Silvestre confirme le rétablissement d'Arnoul, en quoi elle est remarquable. La pénultième, que le Masson avait déjà publiée à la tête de son recueil, mais hors du corps de l'ouvrage, est écrite à Azelin ou Ascelin, le même qu'Adalberon évêque de Laon. Elle est fort vive et chargée de grand nombre de reproches. Après quoi Silvestre cite ce prélat à Rome, pour y être jugé dans un grand concile qui s'y devait tenir dans la semaine de Pâques.

En général Gerbert prend rarement quelque qualité à la tête de ses lettres. Celles qu'on y lit quelquefois, sont les titres de Scolastique et d'abbé écolâtre, Scholaris abbas (ep. 7, 12, 142, 148, 161).

Il ne s'y qualifie qu'une seule fois abbé de Bobio (ep. 14); quoiqu'il ait retenu cette abbaye jusqu'à son pontificat.

Deux choses concourent particulièrement à rendre ses lettres obscures, et empêchent qu'on en tire tout le, secours qu'on pourrait en tirer le laconisme avec lequel elles sont écrites, et le défaut d'inscription à la tête d'un grand nombre. D'autres fois les noms des personnes à qui elles sont adressées ou dont elles parlent n'y sont designés que par les initiales. Tout cela montre le besoin qu'on aurait de bonnes notes pour les éclaircir. Les remarques qu'a faites dom Ma

est adressée à l'Impératrice Adelaïde, au lieu qu'elle est écrite à la reine de France de même nom..

billon sur plusieurs de ces lettres y répandent une A précédente, est celle qu'il écrivit à Vildebolde, évêgrande lumière (An. 1. XLIX, n. 63).

On n'a pas fait entrer dans le recueil, dont nous venons de rendre compte, toutes cele; qui appartiennent à Gerbert. Il y en a grand nombre d'autres qui se trouvent di persées dans divers recueils et dont il importe de donner une notice.

La première de cette classe qui se présente est celle que Gerbert écrivit à Séguin, archevêque de Sens, qui avait assisté au concile de Saint-Basle, où fut arrêtée la déposition d'Arnoul (Conc., ib. p. 744, 745). Elle paraît écrite aussitôt après qu'on ent appris en France ce que le Pape Jean XV avait fait en faveur de ce prélat deposé, et contre l'élection de Gerbert. Ainsi elle peut être de l'année 993. Comme ce pontife interdit tous les évêques qui avaient eu part à cette grande affaire, Séguin craiguit d'être enveloppé dans cette censure, quoiqu'il eût refusé constamment de consentir à la dépositon d'Arnoul. Gerbert dans sa lettre entreprend de lui montrer par plusieurs raisons que sa crainte était vaine et mal fondée. Supposant, ce qu'il aurait peut-être fallu prouver, que le jugement rendu à Saint-Basle par les évêques était canonique, et par conséquent le jugement de Dieu même, il soutient que celui du pape ne peut être plus grand. Il cite à ce sujet l'endroit des Actes des apôtres où il est dit qu'il faut plutôt obéir à Dieu qu'aux hommes, et le huitième verset du premier chapitre de l'Epître aux Galates. lly joint quelques maximes de S. Léon et de S. Grégoire le Grand; et après avoir posé pour autres principes de son système, que la loi commune de F'Eglise est l'Evangile, les écrits des apôtres et des prophètes, les canons dictés par le Saint-Esprit, et consacrés par le respect de tout l'univers, et enfin les décrets du saint-siége qui y sont conformes, il conclut que quiconque se sera écarté de ces lois par mépris, doit être jugé suivant ces lois. Mais que pour ceux qui les observent, ils doivent être toujours en paix. Que Séguin doit donc se garder de s'abstenir des saints mystères, autrement ce se rait se rendre coupable.

Gerbert ne s'attendait pas à être pape lorsqu'il écrivit cette lettre, qui combat de front les prétentions modernes de la cour de Rome, qui avaient dès lors jeté de profondes racines. C'est pourquoi Baronius s'est mis beaucoup en frais pour la réfuter, et ne la rapporte dans ses Annales qu'à ce dessein (BAR. An. 992, p. 882-884). Elle avait été déjà imprimée à la suite des actes du concile tenu à Saint-Basle, dans l'édition de Francfort dont on a parlé (Rem. Conc., p. 143-145). Depuis, les PP. Labbe et Cossart lui ont donné place dans leur collection générale des Conciles (Conc., ib., p. 744, 745).

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Une autre lettre de Gerbert, quine se trouve point dans le recueil de du Chesne, et qui suit de près la

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que de Strasbourg (Rem. Conc., p. 113-118). Ce prélat, qui était ami de Gerbert, l'avait prié de l'instruire de sa grande affaire. Gerbert le fit par cette lettre, qui est fort prolixe, et peut-être la plus intéressante de toutes les siennes. Il y discute deux points, l'un historique ou de fait, l'autre dogmatique ou de droit. Après avoir fait l'histoire d'Arnoul, son concurrent, et rapporté ce qui précé la et suivit son ordination, il entreprend de répondre à ce que quelques-uns disaient qu'on avait fait injure au pape en déposant ce prélat sans l'autorité du saint-siége. Gerbert parle ici en canoniste, et traite la matière qui concerne la différence des crimes et l'ordre judiciaire.

Gerbert, en finissant sa lettre (MART. am. Coll. t. I, p. 352), tâche de persuader qu'il n'était pas possible qu'un homme sans naissance, sans biens, étranger dans le pays, tel qu'il était, eût été préféré à tant d'autres qui étaient puissants dans le monde et distingués par leurs grandes alliances, pour remplir le siége de Reims; qu'il fallait done que ce fut par une disposition particulière de celui qui élève de la poussière le pauvre, pour le faire asseoir entre les princes de son peuple. Il prie ensuite Vildebolde d'ètre l'interprète de son innocence et de le justifier auprès du roi et des prélats de sa connaissance des calomnies dont on le chargeait comme ayant usurpé le siége de Reims, et fait prendre Arnoul. Enfin il termine cette longue lettre par se plaindre du tris'e état dans lequel le procédé de Rome avait jeté l'Eglise Gallicane. Rome, dit-il, a été regardée jusqu'ici comme la mère de toutes les Eglises. Maintenant elle passe pour donner des malédictions aux gens de bien, et des bénédictions aux méchants. ‣

Cette lestre, étant fort peu connue, demandait qu'on en donnât une notice suffisante. Du Chesne en avait publié le commencement (t. IV., p. 114), que dem Marlot a fait depuis réimprimer d'après lui (Hist. Rem. 1. 11, 1.1, c. 16, p. 51, 52). Dans la suite dom Martène (6), l'ayant trouvée plus ample parmi les papiers de dom Mabillon, l'a insérée dans sa grande Collection (t. I, p. 551, 552) d'anciens monuments, croyant la donner entière. Mais il s'en faut de plus des trois D quarts. Ce qu'il en a public de plus que les deux autres ne contient presque que la fin de la lettre. Encore y manque-t-il les deux ou trois dernières lignes. De sorte qu'on n'a cette rare pièce en entier qu'à la suite des actes du concile de Saint-Basle avec la lettre à Séguin (Rem. Conc. ib.).

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(6) Cet éditeur renvoie jusqu'en 995 la date de la lettre de Gerbert à Vildebolde; mais il est hors de contestation, qu'elle fut écrite dès 993 au plus tard.

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