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non écrite laquelle tradition est contraire à l'Ecriture. Voici encore un autre changement : C'est que JésusChrist a dit: Ceci est mon sang, le sang du nouveau testament, qui est répandu pour plusieurs, en rémission des péchés (1). Le Seigneur parle au présent, qui est répandu, et non pas au futur, qui sera répandu, comme dit le prêtre en la messe, disant, effundetur. Est important de garder les paroles de l'Evangile; car Jésus-Christ a eu égard à l'effusion sacramentelle qui se faisait présentement, laquelle était respective à l'effusion de son sang en la croix, laquelle se devait faire le lendemain. La Glose du canon Si quotiescunque, en la deuxième distinction de la Consécration, donne cette exposition: EFFUNDETUR id est effundi significatur. Cette glose sent l'hérésie, comme si elle avait été faite à Genève.

Sur quoi nos adversaires s'embrouillent fort, et ne s'entendent pas eux-mêmes. Car ils disent que le sang de Jésus-Christ s'épand en la messe, et cependant ils appellent la messe un sacrifice non sanglant. Ils disent que ce sang s'épand en la messe, et cependant qu'il ne sort point des veines. Ils reconnaissent que toute effusion est un mouvement, et cependant disent que le sang de Jésus-Christ s'épand en la messe sans mouvement; ils disent qu'il s'épand sous les espèces, et cependant ne bouge sous les espèces : qui sont conceptions chimériques et qui s'entrebattent. Le pape Innocent III, au 4 livre des Mystères de la messe, chapitre xxx, meut

(1) Τοῦτο γάρ ἐςι τὸ αἷμά μου, τὸ τῆς καινῆς διαθήκης, τὸ περὶ πολλῶν ἐκχυνόμενον εἰς ἄφεσιν ἁμαρτιῶν.

une question; savoir, si le sang de Jésus-Christ sorti de son côté est rentré en son corps en la résurrection; et n'ose rien définir là-dessus : car il dit que le prépuce de Jésus-Christ est gardé à Saint-Jean de Latran de Rome, lequel Jésus-Christ n'a point repris en sa résurrection. Mais, d'autre part, l'Eglise romaine s'oblige à croire que ce sang est rentré en son corps, puisqu'elle croit qu'en l'eucharistie on prend réellement le sang qui a été répandu pour nous, lequel est dans le corps, et n'en sort point.

En ces mêmes paroles le prêtre reconnaît que JésusChrist a dit, Buvez-en tous; et cependant ne présente le calice à personne : car le peuple en est exclu. Le cardinal du Perron, en son livre contre le roi de la GrandeBretagne, au Traité de la Communion sous les deux espèces, dit franchement que l'Eglise a jugé que ce commandement était dispensable, et que l'Eglise y pouvait apporter du changement. Et le jésuite Vasquez, au troisième tome, sur la troisième partie de Thomas, en la dispute 216, parlant de ce commandement du Seigneur, Buvez-en tous, dit : Quand même nous accorderions que ç'a été un commandement de l'Apôtre, toutefois l'Eglise et le souverain pontife ont pu l'abolir pour justes causes. Au concile de Constance, en la session treizième, deux hommes abominables, Henri de Piro et Jean de Scribanis, promoteurs du concile, forment une grande plainte contre ceux qui, par une couTUME PERVERSE, communiaient le peuple sous les deux espèces. Le vénérable concile y eut égard, comme à une proposition juste et raisonnable, et fit là-dessus cet impie décret; par lequel il reconnaît que Jésus-Christ a institué

ce saint sacrement sous les deux espèces, et qu'en l'ancienne Eglise le peuple participait au calice. Ce néanmoins, ce concile ose dire, qu'en quelques parties du monde quelques-uns osent affirmer témérairement que le peuple chrétien doit prendre l'eucharistie sous les deux espèces; et déclare hérétiques et grièvement punissables ceux qui veulent se conformer à l'institution de Jésus-Christ et à l'exemple de l'ancienne Eglise. Car tous nos adversaires, d'un accord, reconnaissent qu'en l'ancienne Eglise, hommes, femmes et enfants participaient au calice.

Ceux-là se crèvent les yeux exprès qui disent que le commandement, Buvez-en tous, n'est fait qu'aux prêtres car ces deux commandements, Mangez, et Buvez, sont faits aux mêmes personnes. Et l'apôtre S. Paul, au chapitre xi de la 1re aux Corinthiens, parlant au peuple de Corinthe, dit, Que l'homme s'éprouve soi-même, et qu'il mange de ce pain, et boive de ce calice; et, au x chapitre, Nous participons tous d'un même pain, et d'un même calice, selon la version de l'Eglise romaine.

De ces paroles du Seigneur, Faites ceci en mémoire de moi, sur lesquelles le concile de Trente fonde le sacrifice de la messe, et fulmine un anathème contre tous ceux qui prétendront que Jésus-Christ par ces paroles n'a point institué des sacrificateurs de son corps, a été parlé amplement au premier livre, au chapitre xxxii et suivants. C'est se jouer de l'Ecriture avec une licence prodigieuse, que de donner à ces mots, Faites ceci, cette interprétation Sacrifiez-moi en sacrifice réel et propitiatoire pour les vivants et pour les morts. Ces

mêmes mots, Faites ceci en mémoire de moi, réfutent cette interprétation: car comme on ne sacrifie point un agneau en mémoire de cet agneau, aussi est-il impossible de sacrifier Jésus-Christ en mémoire de Jésus-Christ. Le mémorial d'une chose ne peut être la chose même.

Ne doit être omis que le prêtre verse de l'eau dans le calice, laquelle se mêle avec le vin cette eau se convertit en vin, pour signifier la conversion des gentils, comme dit Gabriel Biel, en la 35o leçon sur le Canon de la messe. Par ce moyen l'eau est convertie premièrement en vin, et puis en sang. Et les règlements portent qu'il n'est loisible de verser dans le calice de l'eau rose, ni d'avoir un calice de bois, ni se servir de verres. Jérôme, en l'épître à Rusticus, loue Exupérius de ce qu'il portait le sacrement du corps du Seigneur en un panier, et le sang en un verre.

CHAPITRE XXXV.

Suite du Canon.

Le prêtre ajoute, qu'il offre à Dieu de ses dons et choses données une hostie pure et immaculée : par lesquels dons et choses données il entend, ou doit entendre, le pain et le vin; car Jésus-Christ ne peut être appelé des dons et choses données. Ce qui confirme ce que j'ai dit ci-dessus, que les oraisons du Canon de la messe ont été premièrement composées pour être dites sur les offrandes et aumônes du peuple posées sur la

table. Ce qui paraît encore plus clairement, par ce que le prêtre ajoute :

Sur lesquelles choses daigne regarder d'un visage propice et serein, et les avoir acceptables, comme tu as daigné avoir acceptables les présents d'Abel, ton juste enfant, et le sacrifice de notre patriarche Abraham, et le saint sacrifice et hostie immaculée que Melchisedec, ton souverain sacrificateur, t'a offert.

Ces paroles ont été mises en la messe lorsqu'on ne croyait point la transsubstantiation; et était une bonne prière lorsqu'elle était dite sur les offrandes et aumônes que le peuple offrait sur la table sacrée. Le prêtre demandait que Dieu eût ces offrandes agréables, en même façon que jadis il a eu agréable le sacrifice qu'Abel lui offrait, lequel a offert à Dieu un veau, ou un agneau en sacrifice cette prière est bonne. Mais maintenant elle est devenue impie, et injurieuse contre Jésus-Christ, puisque le prêtre, prétendant de sacrifier Jésus-Christ, demande au Père qu'il ait le sacrifice par lequel JésusChrist est sacrifié et offert à Dieu, aussi agréable que jadis il a eu agréable le veau ou l'agneau qu'Abel lui a offert. Car notez que, dans les paroles du prêtre, la comparaison n'est pas faite entre la dévotion d'Abel, et la dévotion du prêtre ou du peuple, mais entre les présents et offrandes d'Abel, et l'offrande que le prêtre prétend faire, laquelle il dit être le corps de Christ. Il demande qu'il reçoive de nos mains Jésus-Christ, avec autant de gré et faveur qu'il a reçu le veau d'Abel.

Cette prière donc devrait être dite sur les offrandes du peuple, et non sur Jésus-Christ. Ce qui appert par les premiers mots de cette oraison, SUPER QUÆ (sur les

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