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si est-ce que l'adorant nous élevons nos yeux au ciel, parce que là il manifeste plus évidemment sa gloire et sa majesté divine.

CHAPITRE XXXII.

De l'élévation de l'hostie.

Le pape Innocent III est celui qui le premier a fait passer le mot de transsubstantiation en article de concile. Cela s'est fait au concile de Latran, en l'an du Seigneur 1214. A ce pape a succédé Honoré III, premier fondateur des ordres des cordeliers et dominicains. Icelui, suivant les traces d'Innocent, a fait une décrétale, qui se trouve au 3 livre des Décrétales, titre 41, au chapitre Sane cùm, par laquelle il ordonne que quand on élève l'hostie le prêtre fasse une humble révérence. La glose des docteurs canonistes ajoute, qu'avant que d'élever l'hostie le prêtre doit dire: Ces choses soient transsubstantiées au corps et au sang du Seigneur. Ce qui ne se dit plus.

Cette élévation d'hostie qui se fait au son d'une clochette, n'a point été pratiquée par Jésus-Christ, ni par les apôtres, ni par l'ancienne Eglise; laquelle adorait voirement Jésus-Christ en la célébration du sacrement, mais n'adorait point le sacrement; elle élevait son cœur en haut vers Jésus-Christ assis à la droite de Dieu : dont aussi elle disait, Sursum corda (Elevez les cœurs en haut), lorsqu'elle recevait le peuple à la communion.

Nous apprenons de la troisième homélie de Chrysostome sur l'Epître aux Ephésiens, qu'en la célébration de la sainte Cène il y avait un rideau tendu devant la table sacrée, lequel rideau se tirait lorsque le peuple était invité et reçu à la communion: Quand, dit-il, tu verras tirer les doubles rideaux, alors pense que le ciel s'élargit (1). Par ce tirement de rideaux le pain et le vin consacrés étaient exposés à la vue du peuple. C'est le découvrement dont parle Denis, auteur de la Hiérarchie ecclésiastique, disant : Le pontife découvre et met en vue les choses célébrées par les SIGNES saintement proposés (2). De ce même découvrement parle S. Basile, au xxvii chapitre du livre du Saint-Esprit. Mais d'élever une hostie par-dessus la tête du prêtre, non plus que de l'adoration du sacrement, et du son de la clochette, il ne s'en trouve aucune trace en toute l'antiquité, comme j'ai montré, au 1er livre, chap. xvi. Peut bien être qu'en quelques Eglises, le pasteur, invitant le peuple à la communion, prenait à deux mains le plat où était le pain sacré, et l'élevait un peu, en le montrant au peuple, et ayant le visage tourné vers le peuple; mais ce n'était rien approchant de ce qui se fait aujourd'hui.

(1) Ὅταν ἴδης ἀνελκόμενα τὰ ἀμφίθυρα, τότε νόμισον διαςέλλεσ θαι τὸν οὐρανὸν.

(2) Επ' ὄψιν ἄγει τὰ ὑμνόμενα διὰ τῶν ἱερῶς προκειμένων συμ

βόλων.

CHAPITRE XXXIII.

Des signes de croix sur Jésus-Christ.

Faut aussi dire un mot touchant les signes de croix que le prêtre, en divers endroits du Canon, fait sur l'hostie consacrée et sur le calice. C'est chose dont nous sommes d'accord, que Jésus-Christ n'a fait aucun signe de croix sur le pain consacré, ni sur le calice. C'a été chose fort ancienne entre les chrétiens de faire le signe de la croix sur le front: car, pour témoigner qu'ils n'étaient point honteux de la croix de Christ, mais s'en glorifiaient, ils faisaient ce signe sur la partie la plus honorable et plus apparente de leur corps (1). Tertullien, lequel écrivait deux cents ans après la naissance du Seigneur, en parle au iii chapitre du livre de la Couronne du soldat (2).

De là on est passé plus outre; car on a commencé à faire le signe de la croix sur les viandes, les herbes, et fruits de la terre. Grégoire Ier, au 1er livre de ses Dialogues, récite qu'une fille avala un diable dans une laitue; et que ce pauvre diable disait: Moi, qu'ai-je fait ? J'étais là assis sur une laitue, elle est venue et m'a

(1) Augustinus, libro 17 Sermonum, serm. 15: Humilitatis signum in fronte defigit, jàm gloriatio in cruce fit Christi. Et ibid. Noli erubescere de cruce Christi. Ideò in fronte tanquàm in sede pudoris, etc.

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(2) Tertullianus, libro de Corond militis, cap. iii: Ad omnem progressum atque promotum, etc., frontem crucis signaculo terimus.

T. II.

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mordu (1). Ce diable était entré au corps de cette fille, parce qu'elle avait cueilli et mangé la laitue sans faire le signe de croix dessus. J'estime que si elle eût trempé la laitue au vinaigre avant que la manger, le diable se fût bientôt déniché. Tels contes à dormir debout, dont on entretenait le pauvre peuple, servent à montrer quelle était la coutume de ce temps-là.

Mais, quant à faire des signes de croix réitérés sur Jésus-Christ qu'on dit être en l'hostie, je ne puis comprendre la fin, ni le fruit qui en peut revenir. Le prêtre, par des signes de croix sur Jésus-Christ, prétend-il rendre Jésus-Christ plus saint, ou le consacrer? Ou fait-il ces signes de croix sur Jésus-Christ pour défendre JésusChrist contre le diable? Ce secours vient fort à propos à Jésus-Christ; et sans doute il a de l'obligation au prêtre. Ce que je dis, parce que je trouve ces mots au lviii chapitre du 2 livre des Mystères de la messe, du pape Innocent III: Il fait sur ces choses le signe de la croix, afin que, par la vertu de la croix, il échappe tous les efforts de la malignité diabolique, de peur qu'elle ne prévale en quelque façon contre le prêtre, ou contre le sacrifice: par lequel sacrifice il est nécessaire qu'il entende, ou Jésus-Christ qui est sacrifié, ou la messe en laquelle on tient que Jésus-Christ est sacrifié. Le prêtre donc fait des signes de croix sur JésusChrist, de peur que le diable ne prévale sur Jésus-Christ, ou de peur qu'il ne prévale sur la messe où Jésus-Christ est offert.

(1) Ego quid feci? Sedebam ibi super lactucam, venit illa et momordit me.

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CHAPITRE XXXIV.

Des paroles par lesquelles le prêtre consacre le calice.

Du pain le prêtre passe au calice, et récite ainsi les paroles du Seigneur :

',

Semblablement après souper, prenant aussi en ses saintes et vénérables mains cet excellent calice; te rendant aussi grâces, le bénit †, et le donna à ses disciples, disant: Prenez, et en buvez tous; car c'est ici le calice de mon sang du nouveau et éternel testament, mystère de la foi, qui sera répandu pour vous et pour plusieurs en rémission des péchés. Toutes et quantes fois que vous ferez ces choses, vous les ferez en mémoire de moi.

Lors il élève le calice à deux mains, le montre au peuple par-dessus sa fête; au son d'une clochette chacun se met à genoux et adore ce calice.

De ces mots par lesquels le prêtre consacre le calice, la plupart sont ajoutés à l'Ecriture sainte, et ne se trouvent point en l'institution du Seigneur, laquelle nous avons au xxvic chapitre de S. Matthieu, et au xive chapitre de S. Marc, et au xxii chapitre de S. Luc, et au chapitre xi de la 1 Epître aux Corinthiens. Quiconque voudra consulter ces passages, n'y trouvera point ces mots, C'est ici le calice de mon sang du nouveau et éternel testament, mystère de la foi lesquelles paroles sont faussement attribuées à Jésus-Christ. Le pape Innocent III, au chapitre Cùm Martha, de Celebratione missarum, dit que l'Eglise tient cela de la tradition

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