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Français contre leur volonté. S. Augustin, au xx chap. du 1er livre contre l'adversaire de la loi et des prophètes, appelle la sainte Cène un sacrifice de louange, et le mot d'eucharistie signifie action de grâces.

Outre la rédemption des âmes, le prêtre dit que ce sacrifice est offert pour la santé ou incolumité des of frants; et, comme dit Innocent III, au vii chapitre du 3 livre, pro salute mentis et incolumitate corporis (pour le salut de l'entendement, et pour la santé du corps). Nous ne condamnons pas les prières qui se font pour obtenir de Dieu des bénédictions temporelles; mais c'est un abus de sacrifier Jésus-Christ pour cela, ou croire que ce soit là une des fins pour lesquelles la sainte Cène a été instituée. Jésus-Christ donnant la coupe, disait, que c'est le sang du nouveau testament, épandu pour la rémission des péchés; mais non pour la santé du corps, moins encore pour la guérison des chevaux ou des brebis, ou pour garantir les vignes de la gelée blanche, comme il se fait en l'Eglise romaine : car de la messe on a fait un emplâtre à tous maux, afin d'attirer le gain de tous côtés.

CHAPITRE XXVIII.

Troisième oraison du Canon de la messe, où la Vierge Marie est préférée à Jésus-Christ.

Vient ensuite une oraison qui fait frémir tout homme qui aime Jésus-Christ, par laquelle le prêtre dit : Communiant, et vénérant la mémoire, EN PREMIER

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LIEU de la glorieuse Marie toujours vierge, mère de Dieu, et de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Pourrait-on trouver une plus grande dépravation de la sainte Cène, ou un plus grand mépris de Jésus-Christ, que de dire que ce saint sacrement se célèbre pour faire commémoration, EN PREMIER LIEU de la Vierge Marie, mettant Jésus-Christ, qui est Dieu, et Fils éternel de Dieu, et le seul Rédempteur de l'Eglise, en un rang inférieur? Jésus-Christ instituant sa sainte Cène, a dit : Faites ceci en commémoration de moi. Il n'a pas dit: Faites commémoration de ma mère en premier lieu, et de moi en second lieu. Et notez que cet EN PREMIER LIEU a tant plu à l'Eglise romaine, qu'il est inséré en la plupart des préfaces qui se disent aux fètes solennelles, où nul autre saint n'est nommé. Ce que je remarque exprès, afin qu'on ne dise pas, que par ces mots, IN PRIMIS, la Vierge est seulement préférée aux saints.

Gabriel Biel, en la leçon 32 sur le Canon de la messe, rend la raison pourquoi en l'eucharistie on vénère en premier lieu et principalement la mémoire de la Vierge Marie; savoir, parce qu'elle est notre refuge et asile très-assuré en nos afflictions, et parce qu'elle a été singulière ministre et dispensatrice très-libérale de ce sacrifice. Puis il ajoute, qu'elle a été faite toutes choses à tous, a ouvert à tous le sein de miséricorde, afin que tous prennent de sa plénitude; qu'elle est la rédemption des captifs, et la guérison des malades; qu'elle donne la rémission aux pécheurs, la grâce aux justes, tellement que rien ne se cache de sa chaleur. Et dit, après Bernard: Elle est ma principale confiance, et toute la raison de mon espérance. On l'ap

pelle l'inventrice de grâce, et celle qui a brisé la tête du serpent. Dont aussi, au Missel de Paris, on lui dit : Jure matris impera Redemptori (Commande à ton Fils par droit de mère) (1). Ce même docteur, en la leçon 80, a ces mots Nous avons notre refuge premièrement à la beatissime Vierge, reine des cieux, à laquelle le Roi des rois, le Père céleste, a donné la moitié de son royaume. Ce qui a été signifié en la reine Ester, laquelle étant venue pour apaiser le roi Assuérus, le roi lui dit : Quand tu me demanderais la moitié de mon royaume, je te la donnerais. Ainsi le Père céleste, ayant la justice et la miséricorde comme les principaux biens de son royaume, s'étant réservé la justice, a quitté la miséricorde à la mère Vierge. S. Bonaventure a composé un Psautier en l'honneur de la Vierge, lequel n'est autre chose que les cent cinquante Psaumes de David, auxquels on a ôté le nom de Dieu, et mis le nom de la Vierge en la place. Elle a en l'Eglise romaine beaucoup plus de temples et de fètes que JésusChrist Notre-Seigneur.

On dit pour excuse, qu'on lui donne ces titres, parce qu'elle a enfanté Jésus-Christ, qui est le Rédempteur et le salut du monde. C'est comme si je disais que la mère de David a tué Goliath, parce qu'elle a enfanté celui qui a tué Goliath; et que la mère de Virgile a composé l'Enéide.

Bref, ne faut s'ébahir si en l'Eglise romaine on parle de la Vierge Marie avec autant, voire plus de respect

(1) O felix puerpera! jure matris impera Redemptori.

que de Jésus-Christ, puisqu'en la messe même elle est préférée à Jésus-Christ chose nouvelle, et qui ne se trouve dans les Offices et Liturgies anciennes. De la sainte et bienheureuse Vierge on a fait une idole; on veut qu'elle ait été transportée en corps au ciel, et couronnée Reine des cieux et Dame du monde : qui est une fable forgée témérairement, inconnue à toute l'antiquité. Car le sermon de l'Assomption de la Vierge, qui se trouve au neuvième tome de S. Augustin, est une fausse pièce et supposée. Bellarmin, au livre des Ecrivains ecclésiastiques, a mis ce sermon entre les pièces douteuses et d'auteur incertain. Possidius a fait un Index ou Catalogue de tous les écrits d'Augustin, auquel ce sermon ne se trouve point.

Ensuite le prêtre fait un dénombrement de saints jusques au nombre de vingt-quatre, entre lesquels il y a cinq papes : c'est là la fin pour laquelle tant de saints sont nommés, afin que les papes aient part à cet honneur; et est à noter qu'en ce lieu Lin est mis le premier, comme premier successeur de Pierre, en l'épiscopat de la ville de Rome; et cela contre le témoignage de Tertullien, au xxxii chapitre du livre des Prescriptions, et de S. Jérôme, au 1er livre contre Jovinien, et sur le lii chapitre d'Esaïe, qui mettent Clément immédiatement après S. Pierre. Notez que les anciens appellent l'évêque de Rome, et celui d'Antioche, successeurs de S. Pierre, non pas en l'apostolat, ni en la primauté sur l'Eglise de tout le monde, mais en l'épiscopat de la ville de Rome, et de la ville d'Antioche.

Cependant en cette longue énumération de saints, nous avons une trace de l'ancienne coutume de faire en l'eu

charistie commémoration des saints trépassés, patriarches, prophètes, apôtres, martyrs, etc.; mais non pas de nommer tels et tels, pour lesquels on a payé, afin de les tirer de purgatoire.

Quant à ce que le prêtre ajoute, Par les mérites et prières desquels saints nous te prions qu'en toutes choses nous soyons munis du secours de ta protection, il en a été traité ci-dessus, au ix chapitre, où nous avons montré que nul ne peut mériter le salut et la grâce de Dieu pour soi, moins encore pour autrui. Comme nul ne peut être homme de bien pour un Jautre, aussi ne peut-on mériter le salut pour un autre.

CHAPITRE XXIX.

Quatrième oraison du Canon.

Le prêtre ajoute :

Nous te prions donc, Seigneur, qu'étant apaisé tu reçoives cette oblation de notre servitude, mais aussi de toute ta famille, et que tu disposes nos jours en ta paix, et que tu commandes que nous soyons tirés de la damnation éternelle, et que nous soyons comptés au troupeau de tes élus.

Ces mots de Notre servitude, pour dire, Nous tes serviteurs, font connaître que cette prière a été ajoutée à la messe en un siècle barbare, auquel on disait : Placuit nostræ mediocritati subtiliter intimare vestram fraternitatem. Desquelles phrases sont cousues les épitres

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