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CHAPITRE XIX.

De la lecture de l'Evangile.

Après ces proses, dans les messes solennelles, le prêtre ou évêque parle derechef à l'encens, et lui dit : Sois bénit par celui en l'honneur duquel tu seras brûlé.

Puis le diacre fait une prière, par laquelle il demande à Dieu qu'il lui purifie les lèvres avec un caillou ardent, pour dignement annoncer l'Evangile. Or ce n'est point annoncer l'Evangile que de lire un chapitre en latin. Cette oraison a été mise en la messe lorsque le peuple entendait la lecture; en laquelle on a mis un caillou au lieu d'un charbon ardent : car ces mots sont pris du vic chapitre d'Esaïe, vers. 6. Lors le diacre se tournant vers le prêtre, lui demande la bénédiction, disant, Jube Domine benedicere; qui sont mots qui n'ont point de sens. Et notez que celui qui chante messe ne bénit point le sous-diacré avant qu'il lise l'épître; mais il bénít le diacre avant qu'il lise l'évangile : dont je ne sais la raison. Lors le diacre baise la main de l'évêque ou du prêtre, et avec le pouce fait un signe de croix sur le commencement de l'Evangile dont je ne puis comprendre la raison, si ce n'est pour sanctifier l'Evangile, ou pour le défendre contre les efforts de l'esprit malin. Cela fait, il fait un signe de croix sur son front, un sur sa bouche, un sur sa poitrine, pour être muni et à couvert de tous côtés.

Innocent III dit que le diacre baise la main droite de l'évêque, parce qu'il est écrit au Cantique, Sa main

droite m'embrassera (1). Mais si le pape célèbre la messe en personne, le diacre lui baise le pied, parce qu'il est le vicaire de celui auquel une femme de mauvaise vie a baisé les pieds (Luc, vii, 38); et parce qu'il est écrit, Adorez l'escabeau de ses pieds. Ce dit Innocent III, au livre 2, chapitre xxxii qui est un passage corrompu. Il y a au Psaume xcix, Adorez vers l'escabeau de ses pieds.

Lors le peuple vient faire ses offrandes, lesquelles le peuple met aux pieds du pape, parce qu'il est écrit, au ive chapitre des Actes des apôtres, que les disciples apportaient aux pieds des apôtres le prix de ce qu'ils avaient vendu; comme dit le même Innocent, au même livre, au xxxvii chapitre. Et au xxxviii chap., il dit que le diacre voulant lire, demande la bénédiction à l'évêque, parce qu'il est écrit, Comment précheront-ils s'ils ne sont envoyés (Rom., x, 15)? Et au xxxix chapitre, il dit que l'Evangile se prend de dessus l'autel, parce qu'il est écrit, que la loi sortira de Sion, et la parole de Dieu de Jérusalem (Esaïe, ii, 3). Et au chapitre xl, il dit que deux acolytes marchent devant le diacre allant lire, parce que Jésus-Christ a envoyé ses disciples deux à deux devant lui; et que les cierges sont odoriférants, parce qu'il est écrit, Nous sommes la bonne odeur de Christ (2 Corinth., ii, 15).

(1) Innocent. III, lib. 2 de Mysteriis missæ, cap. xxxvi et xxxvii.

CHAPITRE XX.

Du Symbole de Nicée.

Après la lecture de l'évangile se lit le Symbole de Nicée, sur lequel il y a deux choses à remarquer : L'une que l'Eglise romaine a mieux aimé lire en la messe le symbole de Nicée, que le symbole des apôtres; auquel symbole de Nicée l'article de la descente aux enfers ne se trouve point. L'autre point à remarquer, est que, suivant la puissance qui est attribuée à l'Eglise romaine et au pape en la dernière session du concile de Florence, de pouvoir ajouter au symbole, ce symbole est augmenté en la messe. Et il y a des clauses ajoutées que le concile de Nicée n'y a pas mis; savoir, Qui ex Patre Filioque procedit; Qui cum Patre et Filio simul adoratur et conglorificatur. C'est ce que dit Thomas d'Aquin : Une nouvelle édition du Symbole appartient à l'autorité du seul pontife (1). Par cela, le lecteur comprendra pourquoi en la messe on a mieux aimé insérer le symbole de Nicée, que celui des apôtres; car le symbole de Nicée tel qu'il est couché en la messe, sert grandement à exalter la grandeur du pape, et est une preuve de sa puissance à donner au peuple de nouveaux articles de foi.

Ce symbole se chante, contre toute bienséance, de faire sa confession de foi en chantant.

(1) Thom. Aquin. tom. 2, parte 2, quæst. 1, art. 10: Ad solam auctoritatem summi pontificis pertinet nova editio Symboli.

CHAPITRE XXI.

De l'Offertoire.

L'Offertoire est une partie de la messe des plus considérables, et qui sert à reconnaître la vérité, et entendre le langage des anciens, et découvrir l'origine du mal. Il est composé de cinq oraisons, desquelles Bellarmin, cardinal-jésuite, parle ainsi, au 2 livre de la Messe, chapitre xvii Ces cinq oraisons ne sont pas fort anciennes, et ne se disaient point en l'Eglise romaine avant cinq cents ans; et dit que le pape Innocent III n'en fait aucune mention, lequel écrivait environ l'an 1212.

Pour entendre cela, il faut savoir que la coutume de l'ancienne Eglise avant que recevoir le peuple à la communion, était que ceux qui voulaient participer au sacrement venaient à l'offrande, c'est-à-dire, offraient du pain, du vin, de l'huile, des fruits, etc. Lesquels présents étaient reçus par les diacres, et posés sur la table sacrée; desquelles offrandes le pasteur de l'église en mettait à part autant qu'il en fallait pour communier toute l'assemblée sous les deux espèces; et faisait sur ces offrandes des prières, les offrant à Dieu en sacrifice de louange, et priant Dieu qu'il y étendît sa bénédiction. Par ces prières se faisait la consécration, comme nous avons prouvé au 1er livre, chapitre xiv. Ce qui restait de ces offrandes était pour les pauvres; mais, par le laps de temps, les prêtres se les sont appropriées.

Ces offrandes ou oblations du peuple étaient appelées sacrifices. Irénée, aux chap. xxxii et xxxiv du 4o livre, dit

que Nous offrons à Dieu en sacrifice des prémices de ses créatures; sur lesquels passages Bellarmin, au 1er livre de la Messe, chap. xxvii, dit : Irénée dit que l'Eglise offre à Dieu un sacrifice de ses créatures, c'est-à-dire, du pain et du vin (1). Cyprien, en l'épître 34, appelle ces offrandes sportulas; et, au livre de l'OEuvre et des Aumônes, il tanse une femme qui n'avait point apporté de sacrifice, et mangeait sa part des sacrifices que les pauvres avaient offerts: Tu es, dit-il, riche et opulente, et penses célébrer la Cène du Seigneur, toi qui ne regardes aucunement le tronc des aumônes, toi qui viens en l'église du Seigneur sans sacrifice, et prends ta part du sacrifice que le pauvre a offert (2). Théodoret, au livre 5, chapitre xvii: Quand l'heure fut venue de présenter les dons sur la table sacrée (3). Le second concile de Mâcon, environ l'an 587, au 4o canon: Nous ordonnons qu'à tous les dimanches l'oblation de l'autel soit apportée par tous, tant hommes que femmes (4). Raban Maur, au 1er livre de l'Institution des clercs, chap. vii et viii: Que les sous-diacres reçoivent des fidèles les oblations au temple de Dieu, et les donnent aux diacres pour les

(1) S Deindè Irenæus (lib. 4, cap. xxxii) dicit Ecclesiam offerre Deo sacrificium ex creaturis, id est, pane et vino.

(2) Locuples et dives es, et Dominicum celebrare te credis, quæ corbonam omninò non respicis, et quæ in Dominicum sine sacrificio venis, quæ partem de sacrificio quod pauper obtulit sumis. (5) Επειδὰν δὲ ὁ καιρὸς ἑ καίλει τῇ ἱερᾷ τραπέζυτα δῶρα προσενέγκειν.

(4) Decernimus ut omnibus dominicis diebus altaris oblatio ab omnibus viris et mulieribus offeratur.

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