Obrazy na stronie
PDF
ePub

lent, sont fausses et supposées, comme j'ai prouvé ailleurs (1).

Durand, au 4o livre du Rational, chap. viii, dit que l'encens est mis en une navicule ou gondole, pour signifier que nous flottons sur la mer de ce monde pour surgir en la patrie céleste. Et le pape Innocent III, au 2 livre des Mystères de la messe, chap. xvii, dit que l'encensoir doit avoir trois chainons pour figurer la triple union en la personne de Jésus-Christ.

CHAPITRE XIII.

De la lecture de quelques passages de l'Ecriture en la messe.

Ensuite se lit quelque passage de l'Ecriture; et cela est une trace de l'ancienne coutume: car il n'y a point d'occupation plus sainte et plus nécessaire que d'ouïr et entendre Dieu parlant à nous. Mais cette sainte coutume s'est corrompue en l'Eglise romaine : Premièrement, on n'y lit que fort peu de passages en toute l'année; et ce qu'on lit, se lit en langue étrangère, où le peuple n'entend rien; et ce en voix qui est un demi-chant, et un son confus, pour rendre la lecture encore moins intelligible. Bellarmin dit que l'Evangile se chante (2). Tellement que Dieu parle à nous en chantant.

(1) Au livre de la Nouveauté du papisme, livre 2, chap. iv, v, vi, vii et viii.

(2) Bellarmin, lib. 2 de Missa, cap. xvi, § Cur autem ; et lib. 2

C'est peu de chose que des passages des prophètes sont appelés l'Epître; mais le grand mal est de ne vouloir pas que le peuple entende ce que Dieu nous dit : car en ces passages qu'on lit sont contenues plusieurs paroles dans lesquelles Dieu parle aux hommes. Certainement Dieu parle à nous, afin que nous l'entendions. Il ne nous instruit pas en paroles que nous ne puissions entendre. Par ce moyen Dieu est devenu barbare aux hommes; et est accomplie la menace que Dieu fait à un peuple contre lequel il est irrité, disant, Je parlerai à ce peuple par des gens d'une autre langue, et par des lèvres étrangères; et ainsi ils ne m'entendront point. S. Paul ajoute que les langues étrangères ne sont point pour les croyants, mais pour les infidèles (1).

Contre cet abus l'apôtre S. Paul emploie le chap. xiv de la 1 aux Corinthiens quasi tout entier : Si, dit-il, la trompette rend un son qu'on n'entend pas, qui est-ce qui se préparera à la bataille? De même, si vous ne prononcez dans votre langage une parole qui puisse être entendue, comment entendra-t-on ce qui se dit? car vous parlerez en l'air. Et peu après : Si je ne sais point ce qu'on veut signifier par la parole, je serai barbare à celui qui parle; et celui qui parle, me sera barbare. Et peu après: Si tu bénis d'esprit, comment celui qui est du simple peuple, dira-t-il Amen, à ton action de grâces; puisqu'il ne sait ce

de Verbo Dei, cap. xv : Prohibetur ne in publico Scripturæ legantur aut canentur vulgaribus linguis.

(1) Esaïe, xxviii, 11; 1 Corinthiens, xiv, 21, 22.

que tu dis? Il est bien vrai que tu rends grâces; mais un autre n'en est pas édifié. Dont il conclut : J'aime mieux prononcer dans l'Eglise cinq paroles d'une manière à être entendu, afin que j'instruise aussi les autres, que dix mille paroles en une langue inconnue. Notez que S. Paul parle de paroles par lesquelles le pasteur bénit le peuple, en disant, Si tu bénis d'esprit; et des actions de grâces, en disant, Comment le peuple dira-t-il Amen, à ton action de grâces? et des paroles par lesquelles Dieu parle à nous, puisque Dieu met cela entre ses malédictions, de parler à un peuple en langue qu'il n'entend pas afin qu'on ne dise point que l'Apôtre parle seulement de quelques hymnes ecstatiques. L'Eglise romaine pèche contre tout cela car on y lit la Parole de Dieu en langue non entendue, le prêtre bénit le peuple et rend action de grâces en langue non intelli-` gible dont aussi le peuple ne dit plus Amen à son action de grâces.

Le concile de Latran tenu sous Innocent III, en l'an 1215, au neuvième chapitre, condamne cet abus, en ces mots : Parce qu'en la plupart des lieux, en une même ville ou diocèse, les peuples de diverses langues sont mêlés, ayant sous une même foi diverses cérémonies et coutumes, nous commandons étroitement que les évêques de telles villes ou diocèses les pourvoient d'hommes propres, lesquels leur célèbrent l'office divin selon la diversité des cérémonies et des langues, et administrent les sacrements de l'Eglise, les instruisant par parole et par exemple.

Est grandement remarquable qu'encore aujourd'hui l'ordre de lecteur se confère par l'évêque, par ces pa

roles: Etudiez-vous à prononcer les paroles de Dieu, c'est à savoir, les lectures sacrées, distinctement et clairement, afin que les fidèles l'entendent et en soient édifiés; comme on peut voir au Pontifical, au chapitre de l'Ordination des lecteurs.

Est certain que sous l'Ancien Testament toutes les paroles, et bénédictions, et prières du service public se disaient en langue vulgaire. David a composé ses Psaumes en langue usitée parmi le peuple; Jésus-Christ, instituant la sainte Cène, a parlé en langue vulgaire; et les apôtres et leurs disciples ont ensuivi son exemple.

Quand donc le concile de Trente, au 9° canon de la xxii session, parle ainsi : Si quelqu'un dit que la messe ne doit être célébrée qu'en langue vulgaire, qu'il soit anathème (1), je dis que ce vénérable concile excommunic Jésus-Christ et les apôtres, et enveloppe en cet anathème toute l'ancienne Eglise, et les Eglises éthiopiennes, syriennes, grecques, lesquelles encore aujourd'hui ont le service divin en leur langue, et l'ont toujours eu.

Mais le pape soutient le langage romain, pour accoutumer les hommes à la religion romaine. Cette langue est une des marques de son empire. Joint qu'un langage non entendu sert à entretenir le peuple en ignorance, et à l'éloigner de la connaissance des mystères.

Ne doit être omis que quasi tous les passages tant du Vieux que du Nouveau Testament, qui se lisent en la messe, commencent par In diebus illis, et In illo

(1) Si quis dixerit linguâ tantùm vulgari missam celebrari debere, anathema sit.

tempore; comme pour

dire que cela était bon pour ce

temps-là. Car pourquoi ajoutent-ils quasi partout ces mots, qui ne se trouvent qu'en fort peu de passages?

CHAPITRE XIV.

Du Kyrie eleison et Christe eleison.

A cette lecture s'ajoute une kyrielle de Kyrie eleïson, qui sont mots grecs qui signifient, Seigneur, aie pitié. Les Grecs, en leur liturgie, n'ont point d'oraison latine; mais les Latins ont diverses oraisons grecques en la leur preuve évidente que les Latins ont reçu des Grecs la religion chrétienne, et ont été leurs disciples; comme cela appert par l'histoire des Actes des apòtres, où on voit que la religion chrétienne est passée de Syrie en Grèce, et de Grèce en Italie, et à Rome. De là vient que la plupart des mots usités en la religion parmi les chrétiens occidentaux sont grecs, comme les mots de Christ, d'Eglise, d'Apôtre, d'Evangile, de Baptême, d'Eucharistie, d'Evêque, de Prêtre, Diacre, Exorciste, Acolyte, Moine, Litanie, Antiphone, Chrême, etc. Tous ces mots sont passés de l'Eglise grecque en la romaine.

Sur ce Kyrie eleison, deux choses sont à remarquer : L'une, qu'il se répète neuf fois, qui sont trois fois trois; on trouve en ce nombre de la vertu. Durand dit que: c'est à cause des neuf ordres des anges (1). L'autre, que

(1) Durand, lib. 4 Rationalis, cap. xii.

T. II.

16

« PoprzedniaDalej »