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Augustin, au 4o livre, à Boniface, chap. iv: Christ seul a soutenu la peine pour nous sans aucun mauvais mérite, afin que par lui nous acquérions sans bons mérites la grâce qui ne nous est pas due (1). Et au chapitre ix du livre de la Grâce et du libre arbitre : Afin que nous entendions que Dieu nous amène à la vie non point par nos mérites, mais par sa miséricorde (2).

Jérôme, sur Ezechiel, chap. xlvi, dit que tout homme est mis en possession de la pleine perfection par grâce, et non par son mérite (5). On pourrait amener des piles de semblables passages.

Quant à l'Ecriture sainte, qui est la seule règle de notre foi, il n'y est fait aucune mention de mérites. Elle enseigne que nous sommes tous pécheurs, et par conséquent méritant punition. Qui plus est, elle dit que, quand nous aurons fait tout ce qui nous est commandé, nous sommes des serviteurs inutiles (Luc, xvii, 10); et que nos bonnes œuvres n'apportent à Dieu aucun profit; et que nous ne faisons aucune bonne œuvre que par sa grâce tout cela est contraire aux mérites.

Bien est vrai qu'en la Bible vulgaire, seule autorisée par le concile de Trente, il y a deux passages qui parlent

les futuri sumus ejus dono; non quales sumus nostro merito. (1) Solus pro nobis suscepit sine malis meritis pœnam, ut nos per illum sine bonis meritis consequeremur gratiam.

(2) Ut hinc intelligeremus non pro meritis nostris Deum nos ad æternam vitam, sed pro suâ miseratione, perducere.

(3) Omnem hominem plenam perfectionem ex gratiâ, non ex merito, possidere.

de mérites: L'un est au xvi chapitre du livre de l'Ecclésiastique, que l'Eglise romaine tient pour canonique; au 15° verset, en ces mots : Omnis misericordia faciet locum unicuique secundum meritum operum suorum (Toute miséricorde fera place à chacun selon le MÉRITE de ses œuvres). Mais ce passage est faussement traduit; car au grec, qui est l'original, il y a seulement, selon ses œuvres (1), et non, selon le mérite de ses œuvres. L'autre passage est au xiii chapitre de l'Epître aux Hébreux, vers. 16, où il y a en la version latine vulgaire : Talibus hostiis promeretur Deus (Par telles hosties on mérite envers Dieu). Mais il y a selon le grec : Dieu prend plaisir à tels sacrifices (2).

Comment nos prières mériteraient-elles le salut, vu que par icelles nous demandons pardon, et confessons avoir mérité d'être punis? Quel bien font à Dieu nos aumônes? et quelle proportion d'icelles avec un royaume éternel? Comment par nos jeûnes mériterions-nous la vie éternelle, vu qu'en nous humiliant par jeûnes, nous nous confessons indignes de la vie corporelle? Si nous n'avons mangé que du poisson, Dieu nous en a-t-il de l'obligation? Bref, S. Paul appelle la vie éternelle un don et une grâce (Ephés., ii, 8; Rom., vi, 25; 2 Timoth., i, 9). Ce n'est donc pas une acquisition par nos mérites.

(1) Κατὰ τὰ ἔργα αὐτοῦ.

(2) Τοιαύταις γὰρ θυσίαις εὐαρεςεῖται ὁ Θεός.

CHAPITRE VIII.

Des oraisons secrètes qui se disent en la messe.

Cette oraison dont a été traité au précédent chapitre, se doit dire tout bas, par un murmure sourd, et qui approche du silence, et non-seulement cette oraison, mais aussi une grande partie de la messe, notamment les paroles qu'on appelle consacrantes. On présume pieusement que le prêtre prononce ces paroles tout bas; car personne ne les oit. Que si le prêtre se tait et passe ces paroles sans les prononcer, on ne peut le reprendre, et n'y a point de moyen de le convaincre. Ce n'était pas assez de dire la messe en langue non entendue; il a fallu pour la couvrir davantage, et éloigner les assistants de l'intelligence de ce qui s'y dit, la murmurer si bas, que la voix du prêtre ne soit point ouïe.

Le concile de Trente, au 9° canon de la session xxii, approuve cette coutume, et dénonce anathème à ceux qui en médisent et la reprennent. Cette coutume est nouvelle, et appuyée sur des fables absurdes. Le pape Innocent III, au 3 livre des Mystères de la messe, chap. ie, dit que cela a été ainsi ordonné, de peur que les sacre-saintes paroles ne vinssent à mépris; et qu'avant que cette coutume fùt introduite, certains bergers se mirent à chanter ces paroles aux champs, dont ils furent frappés de punition divine. Durand, au 4o livre du Rational, chap. xxxv, et Gabriel Biel, en la quinzième leçon sur le Canon, ajoutent que ces bergers, ayant mis leur pain sur une pierre, prononcèrent sur leur pain

les paroles de la messe, dont ce pain fut subitement changé en chair; mais Dieu lança le feu du ciel qui les frappa. Bellarmin, au 2 livre de la Messe, chapitre xii, récite la même chose, mais y apporte quelque diversité. Là même il dit que ce silence du prêtre est une imitation de Jésus-Christ, qui a été trois heures en croix sans parler. Il ajoute qu'on baptise les sourds et les insensés.

Cette coutume est nouvelle. En premier lieu nous avons l'exemple de Jésus-Christ, qui a célébré ce sacrement en parlant intelligiblement, et ne faut douter que les apôtres n'aient suivi son exemple. Dont aussi S. Paul veut que tout ce qui se dit en l'Eglise se dise en langue intelligible (1).

Nos adversaires confessent qu'en l'ancienne Eglise tout se disait avec voix intelligible; après la prière du prêtre le peuple répondait Amen. Comme dit S. Jérôme, en sa préface sur l'Epître aux Galates, qu'à Rome l'Amen du peuple retentit comme un céleste tonnerre (2). Bellarmin le reconnaît au chapitre susallégué, en ces mots : Nous ne nions pas qu'en l'Eglise orientale la coutume n'ait été de prononcer à haute voix les paroles de la consécration. Salmeron, jésuite, au treizième tome dit le même : En l'Eglise grecque, dit-il, le prêtre a accoutumé de prononcer tout haut les paroles de consécration, comme on voit dans les Liturgies de Jacques, de Basile et de Chrysostome; et le peuple répondait à ces paroles à haute

(1) 1 Corinthiens, chap. xiv.

(2) Ad similitudinem cœlestis tonitrui, Amen reboat.

voix, Amen. Justin le martyr, Ambroise, Augustin, Léon, disent le même (1). Les Eglises éthiopiques, grecques, syriennes, arméniennes : bref, toutes celles qui ne sont point sujettes au pontife romain, gardent la même coutume ancienne, et n'ont point d'oraisons secrètes.

Nous avons là-dessus une loi de l'Empereur Justinien, en la novelle cxxiii, aux éditions grecques, en ces mots Nous commandons que tous évêques et prétres célèbrent la sainte oblation et les prières ajou tées au saint baptême, non à basse voix, mais à voix claire qui soit entendue par le peuple fidèle, etc. Cette loi est environ de l'année du Seigneur 550.

L'Eglise romaine en ce point, comme en plusieurs autres, s'est départie de l'ancienne Eglise. Au reste, je ne puis comprendre pourquoi le prêtre prononce à haute voix les derniers mots des oraisons secrètes, s'écriant tout à coup, comme s'il se réveillait d'un sommeil, Per omnia sæcula sæculorum (2).

(1) Salmeron, tomo 15, tertiâ parte, disp. 2, pag. 185 : In Ecclesiâ Græcâ verba consecrationis alte sacerdos pronuntiare solet, ut habes in Liturgiis Jacobi, Basilii et Chrysostomi; et populus ad illa verba altè respondebat, Amen. Idem tradunt Justinus martyr, Ambrosius, Augustinus, Leo.

(2) Bellarmin, lib. 2 de Missa, cap. xii, § Secundò: Secretas orationes concludimus, vocem attollendo in illis verbis, Per omnia sæcula sæculorum.

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