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Ainsi com li vens fet la paille,
Les fet fuir par devant lui.

Ne (5) ne veut jouster a nului (6)
Fors que du pie fors de l'estrier (7) :
S'abat (8) cheval et chevalier,

Et sovent le crieve par force :

Fer, ne fust (9), platine (10), n'escorce (11)

Ne puet contre ses cops durer;

Et puet tant le hiaume endurer
Qu'a dormir ne a sommeiller
Ne li covient autre oreiller.
Ne ne demande autre dragies
Que pointes d'espees brisies,
Et fers de glaive a la moustarde :
C'est un mes qui forment (12) lie tarde
Et haubers desmaillies (13), au poivre ;
Et veut la grant poudriere (14) boivre
Avec l'aleine (15) des chevaus;
Et chace par mons et par vaus

Peut-être cuider ou quider vient-il de l'islandais queda, dire, qui change son E en I dans plusieurs flexions. Dire et penser sont encore synonymes dans quelques phrases, et plusieurs philologues donnent aussi à cuider la signification de dire; queden l'avait également en vieil allemand, ap. Oberlin, col. 1252. Une étymologie latine, cogitare, nous semble plus probable; voyez ci-dessus, p. 266. (1) Saute par dessus, traverse.

(2) Conquérir, gagner. Abentheure si gnifiait en vieil allemand un danger que l'on courait volontairement (Scherz, Glossarium Germanicum medii aevi), et aventure avait le même sens dans le vieux français. (3) Si explétif. Mont-Jura. Et.

(6) Avec personne, de nullus.
(7) Sinon le pied hors de l'étrier.
(8) Si explétif.

(9) Bois, de fustum, fustis; en provençal fust, fusta.

(10) Plaque de métal, de l'islandais plata.

(11) Cuir, du verbe écorcher. (12) Qui fortement lui tarde, qu'il désire beaucoup.

(13) Dont les mailles avaient été brisées. Du gothique mal, ou de l'islandais mali, contribution, on a fait l'expression de monnaie, signum et forma monetae, Wachter, s. v°, et l'on a appelé colte de mailles une tunique de petites pièces de métal de la forme de la monnaie. (14) Tourbillon de poussière, de l'islandais pudr, poussière.

(15) Souffle, sueur.

Ours et lions et cers de ruit (1)
Tout a pie; ce sont si reduit (2).

LA BLANCA NIÑA (3).

Tu es plus blanche, ô ma maîtresse, que la lumière du soleil; ne puis-je dormir cette nuit, désarmé et sans inquiétude? Voici déjà sept ans, sept ans que je ne me suis désarmé; ma chair est plus noire qu'un charbon éteint.-Dormez, dormez, mon Seigneur; désarmez-vous sans crainte, le Comte est allé à sa maison des montagnes de Léon. Que la rage tue ses chiens, et l'aigle ses faucons! que de son autre maison à celle-ci il porte la montagne sur ses épaules!

Ils en étaient là quand son mari arriva : Que faites-vous là, blanche Dame, fille d'un père traître?— Je peigne mes cheveux, Monsieur; je les peigne, toute triste que vous me laissiez seule pour vous en aller aux montagnes. Il y a,

la Belle, de la trahison dans ces paroles. A qui le cheval qui hennit sous vos fenêtres? Monsieur, il était à mon père, et il vient de vous l'envoyer. A qui les armes qui sont dans la galerie? Monsieur, elles appartenaient à mon frère, et il vous les a envoyées aujourd'hui. — A qui cette lance que j'aperçois d'ici? Prenez-la, Comte, et tuezmoi à l'instant, car j'ai bien mérité mourir de votre main (4).

(1) En rut; peut-être ce mot vient-il plutôt de l'islandais hrut, bélier, que du latin ruere, d'où les étymologistes le font venir.

(2) Réduire signifiait autrefois déduire; peut-être réduit avait-il aussi la même signification que déduit; nous serions cependant tenté de croire à une faute d'impression; nous ne nous rappelons pas avoir vu ailleurs réduit employé dans ce sens.

(3) Blanca sois, Señora mia,

Mas que no el rayo del sol, etc.

Romancero de Amberés, p. 289. Nous n'avons traduit les deux petites pièces suivantes que pour montrer par une nouvelle preuve, que nous croyons sans réplique, la liaison littéraire des populations européennes pendant le moyen âge.

(4) Le même sujet a été traité de la même manière dans une ballade danoise, Det hurtige Svar, ap. Danske Viser fra Middelalderen, t. IV, p. 228 ( il en exi

EDWARD (1).

Pourquoi le sang dégoutte-t-il ainsi de ton épée, Edouard, Edouard ?

Pourquoi le sang dégoutte-t-il ainsi de ton épée Et marches-tu si sombre ?

Oh! j'ai tué mon bon faucon,

Ma mère, ma mère ;

Oh! j'ai tué mon bon faucon,

Et maintenant je n'en ai plus.

Jamais le sang de ton faucon ne fut si rouge,

Edouard, Edouard;

Jamais le sang de ton faucon ne fut si rouge,
Mon cher enfant, je te le dis.

Oh! j'ai tué mon cheval aux crins rouges,

Ma mère, ma mère;

Oh! j'ai tué mon cheval aux crins rouges,
Celui qui était si vif et si beau.

stait même plusieurs versions, ap. Id., p. 362 et 363); une suédoise, Den grymma Brodern, ap. Svenska Folk-Visor, t. III, p. 107, et une écossaise, ap. Scotish songs, Londres, 1794, t. I, p. 231. M. Duran, Coleccion de Romances castellanos, t. IV, p. 13, cite les cinq premiers vers d'une chanson sur le même sujet, que le peuple chantait encore dans le 18 siècle :

Mañanita de San Juan,
Antes de salir el sol,
Me echaron una enramada
De cogollos de limon.

Que don, que don, que don don don. (1) Quby dois zour brand sae drop wi' bluid, Edward, Edward ? Quhy dois zour brand sae drop wi' bluid?

And quhy sae sad gang zee, O?
O, I hae killed my hauke sae guid;
Mither, mither

Percy,

O, I hae killed my hauke sae guid; And I had nae mair bot hee, O, etc. Reliques of ancient poetry, t. I, p. 60. La rime ee se reproduit dans toute la pièce. Nous n'avons pas cru devoir traduire l'O qui termine chaque quatrain; on ajoutait assez souvent, en Ecosse, cette exclamation en chantant, et nous croyons qu'elle appartient ici plutôt au musicien qu'au poëte; sir Patrick Spers, Border's Minstrelsy, t. I, p. 7, et un couplet cité t. 3, p. 79, en offrent deux autres exemples. On trouve un refrain musical du même genre dans une chanson de Thibaut, comte de Champagne : Pour conforter ma pesance Fais un son, Bon iert, se il m'en avance, Car Jason,

C'il qui conquist la toisone,

N'ot pas si grief penitence e e e e.

Poésies du Roi de Navarre, t. II, p. 20.

Ton cheval était vieux, et il t'en reste d'autres,
Edouard, Edouard;

Ton cheval était vieux, et il t'en reste d'autres;
Ce n'est pas le malheur qui t'a frappé.

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Et quelle pénitence feras-tu pour cela,

Edouard, Edouard?

Et quelle pénitence feras-tu pour cela ?
Mon cher enfant, dis-le-moi.
Je monterai dans le bateau qui est là-bas,
Ma mère, ma mère;

Je monterai dans le bateau qui est là-bas,
́Et je m'en irai sur la mer.

Et que feras-tu de tes tours et de ton château,
Edouard, Edouard ?

Et que feras-tu de tes tours et de ton château,
Qui sont si beaux à voir ?

Je les laisserai debout jusqu'à ce qu'ils tombent en ruines,
Ma mère, ma mère;

Je les laisserai debout jusqu'à ce qu'ils tombent en ruines, Car je ne reviendrai jamais ici.

Et que donneras-tu à tes enfants et à ta femme,

Edouard, Edouard?

Et que donneras-tu à tes enfants et à ta femme,
Quand tu t'en iras sur la mer?
Le monde est grand, qu'ils y mendient leur pain,
Ma mère, ma mère,

Le monde est grand, qu'ils y mendient leur pain,
Car je ne les verrai plus jamais.

Et que donneras-tu à ta chère mère,

Edouard, Edouard ?

Et que donneras-tu à ta chère mère ?

Mon cher enfant, dis-le-moi.

De moi vous recevrez la malédiction de l'Enfer,
Ma mère, ma mère;

De moi vous recevrez la malédiction de l'Enfer,

Pour les conseils que vous m'avez donnés (1).

DES TRADITIONS ÉPIQUES

PENDANT LE MOYEN AGE.

Tous les peuples aiment à conserver dans des chants les souvenirs glorieux de leur histoire (2), et les répètent pour s'exciter à ne pas démériter de leurs ancêtres (3). Un orgueil si légitime et de pareils souvenirs sont trop naturels pour

(1) Il existe sur le même sujet une ballade suédoise, Sven i Rosengard, ap. Svenska Folk-Visor, t. III, p. 3:

Hvar har du varit så lange
Du Sven'i Rosengård?
Jag har varit i stallet,

Kära Möder vår!

I vänten mig sent; men jag kommer

aldrig. une finnoise, Werinen Pojka, ap. von Schröter, Finnische Runen, p. 124, qui est probablement plus récente

Mistäs tulet? Mistäs tulet?
Minum poikain iloinen!
Meren rannalt', meren rannalt',
Muori kultasein!

on voit que la versification finnoise est basée sur l'allitération); et une seconde version écossaise, The twa Brothers, ap. Jamieson, Popular Ballads, t. I, p. 59, et Grimm, Drei altschottische Lieder, p. 4, qui se rapproche beaucoup plus des ballades étrangères.

(2) Ces récits populaires existaient en Perse dès le 6 siècle ap. Macan, Shah nameh, préf. persanne, p. 11); on en a retrouvé jusque dans les îles de la mer du Sud (Ellis, Polynesian Researches), et dans les montagnes de la Circassie (Tausch, On the Circassians, ap. Journal of the Asiatic Society, t. I, p. 98);

mais ils semblent n'avoir été nulle part plus répandus que dans les Gaules. Aux autorités que nous avons déjà citées p. 281, nous ajouterons la définition que Festus donne des bardes: Bardus gallice appellatur qui virorum fortiorum laudes canit, et un passage de Lucain, l. I, v. 447:

Vos quoque qui fortes animas belloque peremptas Laudibus in longum, Vates, dimittitis aevum, Plurima securi fudistis carmina Bardi.

(3) Un passage de Diodore de Sicile est positif : Εν δε τοις πολέμοις προς ρυθμους ἐμβαινουσι, και παιανας άδουσιν, όταν ἐπιωσι τοις ἀντιτεταγ μένοις, et l'empereur Léon en parle aussi dans sa Tactique: Пapaxλntopas, oi dia hoyor SiEYELPONTES TOV OTATOV προς τους αγωνας, ούς οἱ προ ἡμων νεωτεροι, και των ἀλλων τακτικο Papaioti Kavtatopas éxalovv; voyez c. 12, $ 71, 72. On connaît le passage si souvent cité de Tacite : Sunt illis haec quoque carmina quorum relatu, quem barritum vocant, accendunt animos; Germania, c. 3.

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