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sons (1). Leurs toits sont également couverts d'or (2) et surmontés d'un aigle (3); tous deux sont distincts du ciel et divisés en habitations différentes (4). Les morts entraient seuls dans le Valhalla; l'île d'Avallon était l'ancienne sépulture des rois bretons (5), et on la croyait éloignée de la terre des vivants (6) et habitée par des morts (7). Celui-ci ne s'ouvrait que pour les élus de la religion scandinave, celle-là s'appelait aussi Mont-Salvaez (8); l'un était la demeure des Dieux, et l'autre celle des puissances supérieures à l'Humanité (9); le premier était plus exclusivement ré

p. 306); on avait même gravé sur son tombeau :

Hic jacet Arturus, rex quondam, rexque futurus.

Peut-être le géant Einheer (ap. Aventin,
Bairische Chronik, p. 285), que les en-
nemis prenaient pour le Diable en per-
sonne, doit-il son nom moins à sa signi-
fication (une armée) qu'au souvenir des
Einheriar. Il ne serait cependant pas
impossible que la tradition classique ait
eu quelque part dans ces idées; le peu-
ple d'Athènes ne croyait pas non plus à
la mort d'Harmodius; voyez la scolie de
sa chanson, ap. Athenaeus, Deipnoso-
phistae, 1. XV, c. 15.

(1) Voyez ci-dessus, p. 101.
(2) Glads-heimr heitir enn fimti,
þars hin gullbiarta
Valhaull vid of prumir.

Grimnis-mal, st. VIII, v. 1.
Ades reluit com fournaise embrasee;
Ni avoit pierre ne fust a or fondee;

La couverture fu a or tregetee.
Romans de Guillaume au Cor Nes, ap.
Le Roux de Lincy, Livre des Légendes,
p. 248.

(3) Ok drupir aurn yfir.

Grimnis-mal, st. X, v. 6. Sus.j.pomnel fu l'aygle d'or fermee. Romans de Guillaume, loc. cit. (4) Le prudheimr, l'Y-dalir, le Valaskialf, etc.; Grimnis-mal, st. IV, V, VI, etc. :

A Avallon, nostre cite vaillant,

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Cent liues est outre l'arbre qui fant.
Od li s'en vait en Avalon,

E nus n'en oi plus parler.
Lais de Lanval, v. 635.
La fée qui conduit Thomas le Rimeur
dans le pays des fées lui dit :

Tak thy leve, Thomas, at sone, and
mone,

At gresse, and at every tre,
This twelmonth sall you with me gone,
Medyl erth you sall not se.

Romance of Thomas the Rýmer, ap. Scott,
Minstrelsy, t. III, p. 183.

(7) Je suis Artus dont on a tant parle,
Renoart frere, ce sont la gent fae,
Qui sont du siecle venus et trespasse.
Romans de Guillaume au Cor Nes.

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servé à Odin (1), et une partie d'Avallon s'appelait Odierne, qui signifie en islandais le foyer d'Odin (2). C'est Artus qui en fait les honneurs (3), et on voit aussi des Einheriar recevoir les guerriers dans le Valhalla (4). Les héros s'y battaient ensemble (5), leurs blessures y étaient merveilleusement guėries (6), et aussitôt son arrivée à Avallon, Renaut se bat avec Kapalu (7) dont le nom vient certainement de l'islandais Kappi, héros, et les murailles sont bâties de pierres dont le simple contact guérit toutes les blessures (8). A ces analogies, trop nombreuses pour ne pas être des imitations, se joint un autre fait qu'on attribuerait difficilement au hasard: Artus est conduit à Avallon par The Quene of North galys (9); on n'y arrivait ainsi que sur un vaisseau du Nord, et c'est une indication de son origine qui nous paraît irrėcusable un des caractères de la poésie populaire est d'exprimer les idées par des faits, et les faits par des métaphores.

:

La tradition d'Ogier nous semble ainsi venir primitivement du Nord; mais elle ne put acquérir une aussi grande popularité en France sans se rattacher à l'histoire (10), et l'on ne doit point s'étonner d'y trouver, mêlés à l'ancienne fable, les souvenirs d'une foule d'événements réels (11).

(1) Opins tun, Vafþrudnis mal, st. XLI, v. 2; Grimnis-mal, st. IX et X. (2) Arn, foyer, habitation; le même mot se retrouve dans Loquiferne (voyez note 2, p. 283), l'habitation de Loki.

(3) Le roy Artus est contre lui ale.

Romans de Guillaume au Cor Nes.

(4) Dans l'Eirik-drapa, Sigmund et Sinfictli reçoivent Eirik dans le Valhalla; ap. Müller, Sagabibliothek, t. II, p. 375.

(5) Hauggvaz hveriann dag.

Vafprudnis-mal, st. XLI, v. 3. (6) Vaf þrudnis-mal, st. XLI; Snorra-Edda, fab. XXXV.

(7) Romans de Guillaume au Cor Nes; ap. Le Roux de Lincy, p. 251 255. (8) Li mur en sont d'une grant pierre lee, Il n'est nus hons, tant ait la char

navree,

Si cele pierre pooist fere adesee, Qu'ele ne fust tout maintenant sanee. Romans de Guillaume au Cor Nes. (9) Dans le Morte Arthur, de Caxton. (10) Ogier eut Meurvin de la fée Morgane; Meurvin fut père d'Oriant. Hélias, fils d'Oriant, a été chanté par les poëtes sous le nom du Chevalier du Cygne, et Ida, fille d'Hélias, épousa Eustache, comte de Boulogne, et fut mère de Godefroid de Bouillon.

(11) M. W. Grimm est allé lui-même beaucoup trop loin, en disant, Ruolandes Liet, p.cxIX: Geht Monin zu weit wenn er bei Ogier und Olivier Zusammenhang mit geschichtlichen Personen nachzuweisen sucht. Il y a, dans l'explication de la poésie comme dans celle de la mythologie, une lutte entre le mythe et l'histoire; la vérité nous semble dans leur conciliation, dans l'expression de l'idée par un fait approprié à sa destination.

Ogier est dans les romans un des adversaires les plus dangereux de Charlemagne, et nous savons qu'un de ses guerriers, nommé Ogerius (1), se retira à la cour de Desiderius, avec la veuve et les enfants de Carloman, et prit une part active à la guerre des Lombards avec les Franks. C'est bien l'Ogier des romans, car Raymbert fait marcher son héros à la tête des soldats de Desijer, roi des Lombards, contre son ancien Empereur (2). Il délivre Rome du joug des payens (3), et dans un poëme de Metellus, qui vivait vers 1160, Occarius, l'Ogier des romanciers (4), en chasse les Barbares (5). Les romans nous disent que sa tante (matertera) avait épousé le roi des Bavarois (6), et l'Occarius que nous citions tout à l'heure était de haute famille, Bourguignon par son père et Bavarois par sa mère (7). Le fils d'Ogier est tué par un des enfants de Charlemagne, irrité d'avoir été battu aux échecs (8), et l'histoire raconte que pour le même

(1) Otgarius ou Autkarius. Karlomanus... defunctus est Salmontiaco; uxor ejus cum duobus filiis et Otgario marchione ad Desiderium regem, patrem suum, confugit; Annales Lobienses, ap. Pertz, t. II, p. 195; voyez aussi Chronicon Moissiacense, ap. Pertz, t. I, p. 295; Monachus Sangallensis, Gesta Caroli, ap Pertz, t. II, p. 759; Albericus Trium Fontium, Chronicon, P. 1, p. 107, et Mabillon, Annales Ordinis S. Ben., 1. II, p. 221.

(2) Dans son Romans des Enfances Ogier, B. R., nos 2709-7608, et fonds de La Vallière, no 78.

(3) Dans le roman en prose française, c. XII et XIII; il est même intitulé : Histoire d'Ogier te Dannois, Duc de Dannemarche, qui fut l'un des douze Pers de France; lequel, avec le secours et ayde du roy Charlemaigne, chassa les payens hors de Rome et remit le Pape en son siège.

(4) Quem gens illa canens prisca vocat nunc Quirinalia, ap.Canisius, Lectionis Antiquae Osigerum. Tomus III, P. II.

(5) Ibidem.

(6) Les historiens eux-mêmes le disent: Gerbaldus, tricesimus quartus E

piscopus, et quintus Leodiensis, fuit vir nobilis, filius regis Bavariae. Mater erat matertera Ogeri, ducis de Danamarchia; Chronicum magnum Belgicum, ap. Pontoppidanus, Gesta et Vestigia Danorum, t. I, p. 348.

Principes Noricorum, Albertus et Oc(7) Extiterunt duo fratres nobilissimi, karius, alto sanguine progeniti, patre Burgundi et matre Bavari; Fragmen-tum (anonyme), ap. Canisius, t. IV, p. 751, éd. de Basnage.

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(8) Cele nuit fu Baudoin engendre,
Li plus beaux effes de la crestiente,
Droit a Laon fu au Perron tue,
Karlot l'ocit d'un eschequier quarre,
Parmi le chief l'en donna un cop tel,
Qu'en deux les yeulx li feist vouler.
Mort l'abati on (sic) pavement liste.
Raymbert, Romans des Enfances Ogier,
Ms. B. R., fonds de La Vallière, no 78,
p. 174 bis, verso, col. B, v. 15.

Carlotto amava il giuco degli scacchi, e Baldovino (le fils d'Ogier), che lo sapeva per eccelenza, faceva sovente seto era vivamente adirato per aver percolui una partita. Un giorno che Carlotduto tre partite, Baldovino fece un lesi alza furioso, prende il pesante scacgier sorriso. Nello stesso punto Carlotto chiere d'oro, gli dà un colpo terribile

motif un des fils de Pépin tua également le fils d'Occarius (1). Il n'est pas jusqu'à sa disparition de la terre qui ne s'explique par la renonciation au monde d'un Otkarius, célèbre capitaine de Charlemagne, qui se fit moine à Meaux, dans le Monastère de Saint-Faron (2). Mais aucune de ces circonstances ne tient à l'essence de la tradition; il n'en est pas une seule qui ne se grossisse de quelques allusions historiques, et les accessoires que les préoccupations de chaque génération lui font ajouter à ses récits ne peuvent rien prouver contre leur origine.

DE L'ORIGINE

DE LA TRADITION DES NIBELUNG (3).

Une tradition ne devient populaire que parce qu'elle remue l'imagination de tout un peuple, et un fait matériel n'a ja

sulla testa, e lo getta morto sul suolo; Il Fiore della Cavalleria, ap. Ferrario, t. III, p. 302. Le roman en prose française raconte le même événement dans le chap. XVI.

(1)

Nempe tener filius extitit, Urbanosque sales intra genus tum puer imbibit. Huic ludo tabulae Regis erat filius obvius Donec doctior hic obtinuit promptius aleam. Rixam victus agit corde partis forte potentius Et Rocho jaculans mortifere... (vulnus) adegerat Sublatum puerum consequitur mors properantior. Metellus, Quirinalia, ap. Canisius, t. III, P. II, p. 134, éd. de Basnage. Le même fait est également rapporté dans le fragment que nous avons déjà cité, n. 7, p. 587.

(2) Sa conversion (profession) est racontée dans un Ms. (B. R., fonds de S. Germain latin, no 1007) que Mabillon a publiée; Acta Sanctorum Ord. S.

:

Bened., siècle IV, P. 1. A la fin du 138 siècle, les historiens le confondaient déjà avec l'Ogier des romans. Après avoir parlé de la défaite de Roncevaux, et de tous les paladins qui avaient été tués, Albericus Trium Fontium dit : Apud Belinum Olyverus, Gandeboldus, Ogerus... et alii multi positi sunt; modo vero Ogerus dicitur esse in Abbatia Pharouis Meldis; Chronicon, P. 1, p. 149.

(3) Elle se trouvé dans l'Edda et dans un poëme islandais bien postérieur, le Gunnars-slagr (Edda, t. II, p. 1000); Saxo Grammaticus en parle dans le 13a livre de son Histoire; plusieurs ballades danoises en ont conservé le souvenir pendant le moyen âge (Danske Viser, t. I, p. 96, 109-138), et le peuple des îles Féroë la chante encore de nos jours; ap. Lyngbie, Færöiske Qvæder om Sigurd Fofnersbane og hans Aet. Mone a publié un fragment d'un poëme néerlandais qui appartient au même cycle (Quellen und Forschungen, t. I, p. 148-154), et plusieurs passages du Beowulf et de la chanson anglo-saxonne du Voyageur

mais cette puissance. Il est trop local, trop individuel, et demande un trop long temps pour que l'on comprenne les conséquences qu'il renferme et qui en sortiront un jour. Toute tradition contient ainsi nécessairement une idée assez profonde pour être générale, et assez claire pour être, sinon comprise, au moins pressentie. Les noms ne sont que des mots sans autre valeur que celle qu'elle leur donne, et les faits ne servent qu'à la mettre en scène. Mais en passant d'une génération à une autre, elle se grossit d'une foule de circonstances qui ont fixé l'attention du peuple et

semblent aussi s'y rattacher. On a im-
primé à Upsal, en 1836, un poëme sué
dois sur la même tradition, Sigurd och
Brynhilda, dont nous ne connaissons
pas l'auteur. La version allemande qui
nous est parvenue a été rédigée pro-
bablement de 1180 à 1220. Bodmer
l'a attribuée à Marner, un minnesin-
ger qui n'était certainement pas un
poëte populaire; Adelung à Kuonrad von
Würzeburc, qui ne vivait qu'à la fin du
15e siècle, et l'on a des manuscrits plus
anciens. Selon Müller (l'historien), l'au-
teur serait Wolfram von Eschenbach, et
il y a dans ses poëmes des allusions en-
vieuses au Nibelunge Not; M. Zeune
suppose que c'est Klingsor, parce qu'il
était Hongrois et pouvait connaître mieux
que personne les lieux où le poëme se
dénoue; mais rien n'indique que Kling-
sor ait jamais écrit pour le peuple, et
l'opinion de MM. de Schlegel ne s'appuie
pas sur de plus fortes présomptions.
Quoique Henrich von Afterdingen soit
un poëte illustre dont on ne connaît
aucun ouvrage, et le Nibelunge Not un
poëme célèbre dont l'auteur est resté
inconnu,
ce n'est pas une raison pour
attribuer le Nibelunge à Heinrich von
Afterdingen. Pour qui l'examine sans
préventions nationales, tout décèle de
vieilles ballades corrompues et rema-
niées par des rhapsodes de différents
siècles et de pays différents, puis ré-
unies en un seul ouvrage par un arran-
geur plus érudit en poésie que grand
poëte. Le poëme débute par indiquer
comme sa source de vieilles histoires
(alte mære, st. I), et ce n'est pas une fic-
tion, ainsi que d'autres indications sem-

blables, comme nous le verrons tout à l'heure; on retrouve même les traces de la poésie populaire dans la brusquerie des débuts et des transitions, qui suppose une connaissance générale du sujet. Il serait facile de montrer une foule de répétitions sans nécessité, et sinon des contradictions positives, au moins des différences d'esprit, de mœurs et d'expression, qui ne permettent d'admettre l'unité du poëme que sur un témoignage formel et décisif; et l'on ne saurait en alléguer un seul, si vague et si hasardé qu'il puisse être (voyez Lachmann, Ueber die ursprungliche Gestalt von der Nibelunge Not). Ainsi l'action, qui languit au commencement, devient rapide à la fin; les caractères changent; à une langue assez pauvre succède un style coloré et nerveux; ici les héros se tutoient grossièrement, là ils se parlent avec toute les formes de la courtoisie chevaleresque. Dans la première partie, le nom de Nibelung est donnée à des Nains, et dans la seconde aux Burgund. Le poëte dit, dans la seconde strophe, que Kriemhilt était une belle femme pour qui beaucoup de braves guerriers perdirent la vie, et s'il eût chanté sa vengeance, cette indication eût été inutile et maladroite: elle affaiblissait la sympathie et la pitié qu'inspiraient ses malheurs. Le Klage, qui est au moins aussi ancien et s'appuie sur la même tradition, reconnaît lui-même qu'elle avait été déjà rédigée :

Ditze alte mære bat ein tihtære an ein buoch

V. 10.

schriben.

et il y a de nouvelles reprises en sous

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