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quée est parvenue à préciser leur emploi, à le soumettre à des règles systématiques. Peut-être, cependant, pour y renoncer, suffirait-il de se souvenir que l'ancienne langue grecque ne les connaissait pas, et que

Aristophanes de Bysance les introduisit au temps de så décadence (1), quand les traditions de sa prononciation primitive étaient probablement perdues. Mais d'autres raisons plus graves proscrivent leur usage: ils marquent l'élévation et l'abaissement de la voix; ce sont les notes imparfaites d'une prononciation factice; ils affaiblissent l'accent intellectuel, rendent moins sensible la déclamation oratoire, et attaquent la versification jusque dans son principe (2). Ces déplorables conséquences n'ont seulement pas un spécieux pédantisme à donner pour prétexte; les accents sont les mêmes dans tous les dialectes; dans tous ils sont subordonnés aux mêmes règles, et les partisans de l'accentuation reconnaissent

(1) Aristophanes Bysantinus προσω Stav sive accentus excogitavit.Non quod ad illam usque aetatem Graeca lingua accentibus et spiritibus caruerit: nulla enim potest lingua sine accentu et spiritibus pronuntiari. Sed quod ille ca quae usus magister invexerat ad certas normas et regulas deduxerit, signa et formas invenerit, quo loco essent constituendi accentus docuerit; Montfaucon, Palaeographia Graeca, p. 53. La même opinion a été avancée par Saumaise, Vossius, Huet, etc.; mais nous ne lui connaissons aucun fondement

dans les anciens écrivains. Aristophanes vivait, d'après Suidas, dans la 145 Olympiade, environ deux cents ans avant l'ère vulgaire; Vitruve, De Architectura, lib. VII, préf., le place sous Ptolémée Philadelphe.

(2) Les vers accentués (versus politici) ont suffisamment prouvé qu'ils sont en contradiction avec la mesure, et qu'a moins d'être inutiles, ils rendent la pro

sodie impossible. On était conséquent à
sait Homère en vers trochaïques; nous
la doctrine des accents quand on refai-
citerons les trois premiers de la version
imprimée à Venise en 1540 :

Tǹv ¿pynv àdē, zai Xe'ye,
Ω θεα' μου Καλλιόπη,
Τοῦ Ρηλέιδου Αχιλλέως.

On voit par les marques de la quantité accentuée combien elle est contraire à la quantité prosodique. Presque tous les vers de Tzetzes sont composés dans le même esprit; les accents ont même faussé la quantité des mots latins dérivés du grec; Ausone a fait des dactyles didola d' εἴδωλα, et d'Eremus d'ἔρημος. Déum igitur, vírum, méum, tuum, priore licet brevi pronuntiabant; nunquam nisi in versu deúm, virúm, meum, tuúm; Bentley, De metris Terentianis, p. XVIU.

que

les dialectes attique (1) et éolique (2) avaient, chacun, une prononciation particulière (3), différente de celle des autres. Quant aux esprits, leur valeur est réelle; comme notre cédille et l'égné espagnol, ils changent la nature des lettres; ils indiquent une aspiration. Les grammairiens les ont, à la vérité, prodigués sans nécessité; l'esprit rude était inutile sur l'r, puisqu'il est toujours aspiré au commencement des mots, et l'esprit doux ne nous semble que l'absence de l'autre ; mais nous n'avons point cru devoir nous permettre une innovation dont on n'avait aucun avantage à attendre, et nous les avons marqués tous les deux sur toutes les voyelles initiales (4).

Malgré un usage qui semble accrédité en France, nous n'avons point accentué le vieux français : c'est supposer sa prononciation sans raison; la langue est tout entière dans les manuscrits, et nous n'en connaissons pas un seul où les accents soient marqués (5). Quant à la ponctuation, comme elle tient beaucoup

(1) Το δε έλεξ Αττικοι δασύνου σιν· οἱ δε λοιποι παντες ψιλουσιν· οἱ γαρ Αττικοί δασυνται εἰσιν, ἀμφε λίσσειν και ἀμφεχειν και παθείργειν λεγοντες; και δε αὖθις, και λισφοι, και τα όμοια, ὡς και το άμαξα ἡ δε κοινη διαλεκτος και το άμαξα ψιλοί, καθώς Δωρις και Αιολις, και Ιωνις ; Tzetzes, Εξηρησις εἰς τα έργα Kaιtas nμepas TOV Hoodov; p. 109, éd. de Heinsius, 1605. Voyez aussi Henri Estienne, Thesaurus linguae graecae, append. De Dialecto Altico, p. 192, 193, 194, etc.

(2) Ιδίως δε ούτοι, όσα παρ ήμιν δασύνεται ἡ ὀξυτονείται, ψιλως λεyouci zαι Bapuτoves; Philoponos,

Περιδιαλέκτων, app. Lascaris; Επει τομή των όκτω του λόγου.

(3) Les Athéniens disaient speùs, ἐγώ, et les Eoliens ιερευς, ἔγω, etc.

(4) Comme la plupart des philologues modernes, nous ne les avons point mardiquée par des règles qui ne souffrent qués sur le P; sa prononciation est inpresque aucune exception ; il ne prend Tesprit rude qu'au commencement des syllabes, lorsqu'il n'est point précédé dans le même mot d'une syllabe commençant par une lettre aspirée.

(5) Le nombre des syllabes de chaque vers n'était pas fixé d'une manière assez rigoureuse, et l'on se contentait d'une assonance trop imparfaite pour que nous ayons séparé les voyelles par des

tribuer deux sons distincts a de vér accents ou des trémas; nous aurions pu tables diphthongues.

plus aux idées qu'à la langue, et ajoute quelque clarté à des textes souvent fort obscurs, nous avons cru devoir suppléer à celle qui manque dans les manuscrits; la même raison nous a fait indiquer l'élision des voyelles par des apostrophes.

Nous n'avons point marqué non plus les accents et les voyelles ponctuées de l'arabe et du persan. Les unes sont étrangères à la langue, et n'ont été inventées que pour la rendre plus facile à apprendre. Les autres ont une importance plus véritable, mais ils n'en ont que pour le son, dont nous n'avions pas à nous occuper, et les poëtes eux-mêmes n'en tiennent quelquefois aucun compte (1). Les points massoréthiques ont été également négligés ; Cappel (2) et Masclef (3) ont si complétement démontré leur vanité, qu'on s'étonnerait de l'insistance des savants à les conserver, si l'on ne connaissait la puissance de l'habitude, et la valeur que l'étymologie voudrait accorder aux sons.

Il nous resterait à indiquer les écrivains dont les travaux nous ont été le plus utiles; mais il n'est peut-être aucun ouvrage important sur le moyen âge auquel ce livre ne doive beaucoup. La nécessité de parler dans un ouvrage aussi peu volumineux de toute la littérature européenne ne permettait pas de s'étendre sur aucune de ses branches; il nous fallait préférer à des faits nouveaux, dont la preuve eût demandé quelque espace, ceux que des recherches antérieures avaient établis, et rattacher nos conséquences à des idées qu'on ne contestait plus. Il

(1) Le teschdid surtout est supprimé quand la rime le demande : ainsi Dscha_ mi a écrit dans Jussuf et Suleicha,

pour; quelquefois on changeait aussi les voyelles longues en

brèves; les poëtes disaient o' au lieu

.etc ,راه de

(2) Arcanum punctuationis revelatum, Leyde, 1624.

(3) Grammatica Hebraica, a punclis aliisque inventis Massorethicis libera, Paris, 1716.

y a cependant quelques savants auxquels nous sommes trop redevables pour ne pas faire une mention spéciale de nos obligations. Sans le Sagabibliothek de Müller, la connaissance des manuscrits islandais nous eût entièrement manqué, et nous n'aurions point osé aborder une étude dont de nouvelles publications auraient pu démentir les résultats. Nous citerons également M. Finn Magnussen, qui a réuni d'immenses matériaux pour l'intelligence de la mythologie et des antiquités scandinaves; MM. Grimm, dont on retrouve les travaux dans toutes les recherches que l'on veut entreprendre sur le moyen âge; MM. Rask, Geijer, Diez, Lachmann, van der Hagen, Mone, Hoffmann von Fallersleben, Sanchez et Kemble. Parmi nos compatriotes, il y aurait plus que de l'injustice à ne point nommer M. Raynouard, qui a pour ainsi dire créé la littérature provençale; M. de La Rue, à qui nous devons la connaissance d'une foule de manuscrits conservés dans les bibliothèques d'Angleterre, et MM. Roquefort, Paris et Michel, dont les nombreuses publications ont rendu les noms inséparables de notre vieille littérature (1).

(1) Le désir de connaître différents ouvrages qui doivent paraître très prochainement (une histoire de la langue et de la littérature islandaise par M. Marmier, l'histoire des origines de la litté

rature française par M. Ampère, une nouvelle édition annotée du Skalda par M. Egilson, etc.) nous a fait retarder l'impression du livre dont nous publions les Prolégomènes.

DE LA

POÉSIE SCANDINAVE.

PROLEGOMÈNES.

DES POEMES SCANDINAVES.

Les plus anciens poëmes scandinaves qui nous soient parvenus composent un recueil, appelé l'Edda (1), que l'on

(1) Edda signifie la science ou la sagesse [hébreu y, sanscrit

विद्र,

siw, arabe, latin video, russe BBдamь, islandais vita (il prend l'E dans plusieurs flexions), gothique vilan, anglo-saxon wita, anglais wit, vieil allemand wizan, allemand wissen ]; c'est le Vedas des Indous, et l'Eod (par métathèse) des Irlandais; Vallancey, Collectanea de rebus Hibernicis, t. IV, p. 29. On donne le même nom à une compilation en prose attribuée générale

ment à Olaf Thordson, mais à laquelle participa probablement Snorri Sturlason, né en 1178, et mort assassiné en 1240 ou 1241. La seule partie que l'on ait connue pendant long-temps contenait aussi une exposition des croyances mythologiques des anciens Scandinaves, et l'on désigna par un titre commun deux ouvrages dont le sujet paraissait identique. Peut-être s'eston beaucoup exagéré la valeur de l'Edda en prose; de nombreuses contradictions, des lacunes et des répétitions indiquent un jeu de l'imagination de

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