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3. Quand l'homme commence à se relâcher, un travail léger lui fait de la peine, et il reçoit volontiers les consolations extérieures. Mais, lorsqu'il commence à se vaincre parfaitement soi-même, et à marcher courageusement dans la voie de Dieu, il trouve léger ce qui lui paraissait auparavant un poids insupportable.

PRATIQUE.

LA pureté du cœur consiste dans le détachement de tout ce qui peut le souiller. Une infidélité volontaire, une faute contre la vue, un détour de Dieu, imprime à l'âme une tache qui en ternit la beauté, et qui la défigure aux yeux de son Dieu. Heureux, dit J.-C, ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. Ils le connaîtront par une foi vive et expérimentale en cette vie, qui leur fera, ainsi qu'il est dit de Moïse, soutenir l'invisible comme s'ils le voyaient de leurs yeux, et ils le verront dans l'autre vie par la lumière de gloire. Il faut donc sur ce point se déterminer à ne faire, autant qu'on peut, aucun péché, ou du moins de n'en point contracter l'habitude, qui ternit la pureté d'une âme, la rend esclave de son amour-propre, l'attache au plaisir de ses sens, et la rend incapable de s'élever vers Dieu. Il faut encore, pour obtenir cette pureté de cœur, la demander incessamment à Dieu, fui disant avec le Prophète-Roi: Créez en moi, Seineur, un cœur pur, et renouvelez dans le fond de mon âme la droiture de l'esprit, ou l'intention pure qui ne cherche qu'à vous plaire en toutes choses et sur toutes choses. Il faut enfin ne s'attacher à rien qu'à Dieu et à son plaisir; car toute attaché à la créature souille une âme, et la rend incapable et indigne d'être unie à son Dieu.

PRIÈRE.

Donnez-moi, Seigneur, cette simplicité de l'esprit, et cette pureté du cœur, qui nous rendent dignes de

votre amour

LIVRE II. CHAP. V.

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puisque vous nous avez tant recommandé, dans votre Evangile, de devenir humbles, simples et petits comme des enfans, si nous voulons entrer dans le Ciel, et que cette enfance sainte et spirituelle, qui consiste dans la droiture et dans le détachement, est nécessaire au salut de tous les Chrétiens. Ainsi soit-il.

CHAPITRE V.

DE LA CONSIDÉRATION DE SOI-MÊME.

Nous ne devons pas trop nous fier à nous-mêmes, parce que souvent nous manquons d'intelligence et de grâce.

Nous avons peu de lumière, et ce peu même se perd bientôt par notre négligence.

Souvent aussi nous ne nous apercevons pas de l'aveuglement de notre âme. Souvent nous faisons mal, et nous nous en excusons encore plus mal.

C'est quelquefois la passion qui nous fait agir, et nous croyons que c'est un bon zèle.

Nous reprenons de petites fautes dans les autres, et nous en passons en nous de beaucoup plus grandes.

Nous sommes assez prompts à ressentir

peser ce que nous endurons des autres; mais nous ne prenons pas garde à ce que les autres souffrent de nous.

Quiconque examinerait avec droiture

ses propres défauts, n'aurait pas sujet de juger désavantageusement d'autrui.

2. L'homme intérieur préfère le soin de soi-même à tout autre soin; et celui qui est appliqué à veiller sur soi, s'abstient aisément de parler des autres.

Vous ne serez jamais intérieur et dévot, si vous ne gardez le silence sur tout ce qui regarde votre prochain. pour n'avoir d'autre attention que sur vous-même.

Si vous ne vous occupez que de Dieu et de vous-même, vous serez peu touché de tout ce qui vous vient d'ailleurs.

Où êtes-vous, quand vous n'êtes pas présent à vous? Et quand vous aurez parcouru tout le reste, qu'en retirerez-vous, si vous vous négligez vous-même?

Pour jouir de la paix et d'une véritable union avec Dieu, il faut que vous vous regardiez seul, et que vous comptiez pour rien tout le reste.

3. Ainsi vous avancerez beaucoup, si vous vous tenez désoccupé de tout soin temporel. Vous reculerez beaucoup, au contraire, si vous faites quelque cas des choses de la terre.

Qu'il n'y ait rien pour vous de grand, d'élevé, d'agréable ou d'avantageux, si ce n'est purement Dieu, ou ce qui est de Dieu.

Regardez comme vaines toutes les consolations que vous présenteront les créa

tures.

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Une âme qui aime Dieu méprise tout ce qui est au-dessous de Dieu.

Dieu seul est éternel et immense; il remplit toutes choses, et il est la consolation de l'âme et la vraie joie du cœur. PRATIQUE.

LES réflexions inutiles sur soi-même et sur les objets extérieurs, nous font perdre beaucoup de temps, de grâces et de mérites. Si nous tâchions de substituer le souvenir respectueux de Dieu à la place du souvenir vain ou incommode de nous et des créatures, nous serions toujours saintement occupés. Regarder Dieu en soi, et se regarder en Dieu; vivre sous les yeux de J.-C. par le recueillement, entre ses mains par la résignation, et à ses pieds par l'humilité et le sincère aveu de nos misères; voilà ce que nous devons faire pour vivre en véritables Chrétiens, qui ne sont tout ce qu'ils sont que par l'attachement à J.-C. Pourquoi donc s'occuper si fort et si souvent de nouvelles, de curiosités, de vanités, et s'appliquer si peu et si rarement à son Dieu, à ses devoirs et à son salut? C'est qu'on est indifférent pour les choses de l'éternité, et trop attaché aux choses du temps. Commençons donc d'être ce que nous serons un jour; c'est-à-dire, occupés uniquement de Dieu, pour Dieu et en Dieu.

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PRIÈRE.

Otez-moi, Seigneur, ces oisivetés d'un esprit qui perd son temps et qui ne s'occupe de rien, et cette inutilité de pensées qu me dérobent et le bonheur de votre présence et l'attention à mes prières; ou, si je ne puis pas, en priant, toujours penser à vous, faites que mes distractions, étant involontaires, en détournant de vous mon esprit, n'en détournent point mon cœur. Comme ce qui me rend si distrait en vous priant, est que mon coeur n'applique point mon esprit à ma prière, je vous prie, mon Dieu! de toucher et de remplir mon cœur d'un mouvement vif et ardent de vous plaire, afin que durant ma

CHAPITRE VI.

DE LA JOIE D'UNE BONNE CONSCIENCE.

LA gloire d'un homme de bien est le bon témoignage que lui rend sa conscience. Ayez cette bonne conscience, et • vous aurez une joie continuelle. La bonne conscience peut supporter beaucoup de choses, et goûte une grande joie au milieu des adversités. La mauvaise conscience est toujours timide et inquiète.

Vous jouirez d'un agréable repos, si votre intérieur ne vous reproche rien. Ne vous réjouissez jamais que quand vous avez bien fait.

Les méchans n'ont jamais de joie véritable, et ne sentent point la paix intérieure, parce qu'il n'y a point de paix pour les impies, dit le Seigneur. (Is. 57. 21.)

Quand ils diraient : Nous sommes en paix, les maux ne viendront point sur nous; qui est-ce qui osera nous nuire ? ne les croyez pas; car la colère de Dieu s'élevera tout d'un coup, et leurs actions seront anéanties, et leurs pensées se dissiperont.

2. Il n'est pas difficile à celui qui aime de se glorifier dans la tribulation

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