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tion et le travail, et que vous ne craindriez plus les austérités. Mais, parce que ces objets ne vont pas jusqu'à notre cœur, et que nous aimons encore ce qui nous flatte, nous demeurons toujours trèsfroids et très-négligens.

6. C'est souvent manque d'esprit intérieur que notre misérable corps se plaint si aisément. Priez donc Dieu avec humilité qu'il vous donne l'esprit de componction, et dites-lui avec le Prophète Seigneur, nourrissez-moi du pair des larmes, abreuvez-moi de pleurs en abondance. (Ps. 79. 6. )

PRATIQUE.

PEUT-ON sentir ses misères sans les déplorer, sanss'en humilier devant Dieu, et sans recourir incessamment à lui pour qu'il nous soutienne et nous empêche de l'offenser? Et c'est ce sentiment plein d'humilité et ce recours à Dieu, plein de confiance, qui fait l'esprit de componction dont l'Auteur parle en ce chapitre. Comment peut-on goûter un moment de joie dans cette vie, où l'on souffre toujours, où toujours on péche, où l'on est toujours exilé du Paradis? Ah! que S. Augustin avait raison de dire, qu'un vrai Chrétien souffre la vie, et soupire après la mort, qui mettra en lui fin au péché, et qui l'assujétira pour jamais à son Dieu. Qu'il est triste de sc sentir toujours porté à offenser Dieu, et d'être toujours en danger de se perdre! O vie! que vous êtes à charge à une âme qui aime vraiment son Dieu, et qui a peine à se voir éloignée de lui, et comme exilée du Paradis! O mort! que vous êtes douce à une âme qui ne respire que Dieu, et qui ne peut plus vivre sans le posséder!

PRIÈRE.

toutes choses, et tout recueilli en vous ne goûte aucun plaisir que celui de vous aimer, d'agir et de souffrir pour vous. Ainsi je consens volontiers au partage que vous me proposez: que je fasse votre plaisir dans le temps, en recevant de bon cœur toutes les peines que vous m'envoyez; et que vous ferez mon plaisir dans l'éternité, en me faisant entrer dans la possession et dans la joie de votre cœur. Que ne doiton pas faire et souffrir à ce prix! Soutenez-moi, Seigneur, dans le désir que vous m'inspirez de ne rien épargner pour mériter ce bonheur. Ainsi soit-il.

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CHAPITRE XXII.

DE LA CONSIDÉRATION DES MISÈRES DE CETTE VIE.

Vous serez toujours misérable, en quelque lieu que vous soyez, et de quelque côté que vous vous tourniez, si vous ne vous tournez pas du côté de Dieu.

Pourquoi vous troublez-vous de ce que les choses ne vont pas au gré de votre inclination et de vos désirs? Quel est celui à qui tout succède selon qu'il le souhaite? Ce n'est ni vous, ni moi, ni qui que ce soit sur la terre. Il n'y a personne en ce monde, fût-il ou Roi, ou Pape, qui n'ait quelque affliction et quelque traverse..

Qui est le plus heureux? C'est celui-là sans doute qui peut souffrir quelque chose pour Dieu.

2. On entend dire à des personnes faibles et imparfaites: Que cet homme mène une vie heureuse! qu'il est riche! qu'il

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est grand! qu'il est puissant! qu'il est élevé dans le monde!

Mais considérez les biens du Ciel, et vous verrez que tous ces biens de la terre ne sont rien; qu'ils sont au moins fort incertains et bien à charge, puisqu'on ne les possède jamais sans inquiétude et sans crainte.

Le bonheur de l'homme ne consiste pas à avoir des biens temporels en abondance, il lui suffit d'en avoir médiocrement.

C'est donc une véritable misère que de vivre sur la terre. Et plus un homme veut vivre selon l'esprit, plus la vie présente lui devient amère, parce qu'il ressent mieux, et qu'il voit plus clairement les défauts de cet état de corruption.

Car manger, boire, veiller, dormir, se reposer, travailler et se voir sujet aux autres nécessités de la nature, est certainement une grande misère et une vraie affliction pour un homme pieux, qui voudrait bien ne dépendre en rien de la chair, et être libre de la servitude du péché.

3. En effet, ces nécessités du corps sont bien à charge à l'homme intérieur qui vit en ce monde. C'est pourquoi le Prophète demandait à Dieu avec instance d'en être dégagé, lorsqu'il lui disait: Seigneur, délivrez-moi de mes nécessités. (Psal. 24. 17.)

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Mais malheur à ceux qui ne connaissent pas leur misère! et malheur encore plus à ceux qui aiment cette vie misérable et corruptible!

Car il s'en trouve dont l'attachement est si grand pour cette vie, que, bien qu'ils aient à peine le nécessaire par le moyen de leur travail ou des aumônes, s'ils pouvaient toujours vivre en ce monde, ils ne se mettraient point en peine du royaume de Dieu.

4. O hommes insensés et infidèles de cœur, dont l'âme est tellement ensevelie dans les choses de la terre, qu'ils n'ont de goût que pour ce qui est charnel!

Mais, hélas! ils reconnaîtront enfin, à leur malheur, la bassesse et le néant des choses qu'ils ont aimées.

Les Saints et les fidèles amis de J.-C. ne se sont point arrêtés à ce qui plaisait aux sens, ni à ce qui était florissant dans le monde; mais toute leur espérance et tous leurs soupirs tendaient vers les biens éternels. Ils portaient tous leurs désirs en haut, vers les biens durables et invisibles, de peur que l'amour des biens visibles ne les entraînât vers la terre.

Ne perdez point, mon frère, l'espérance de vous avancer dans la vie spirituelle; vous avez encore le temps, et voici le moment d'y travailler.

5. Pourquoi différez-vous à exécuter

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cez dès ce moment, et dites: Voici le temps d'agir, voici le temps de combattre, voici le temps propre pour se corriger.

Quand vous avez des afflictions et des disgrâces, c'est alors le temps de mériter. Il faut que vous passiez par le feu et par l'eau, avant que d'entrer dans le rafraîchissement. (Ps. 65. 12.)

Si vous ne vous faites violence, vous ne pourrez surmonter vos vices.

Tant que nous portons ce corps fragile, nous ne saurions être sans péché, ni vivre sans ennui et sans douleur.

Nous voudrions bien être délivrés de toutes nos misères; mais, parce que nous avons perdu l'innocence par notre péché, nous avons aussi perdu la véritable félicité.

Il faut donc que nous ayons patience, et que nous attendions la miséricorde de Dieu, jusqu'à ce que cette iniquité passe, et que ce qu'il y a de mortel en nous soit comme absorbé par la vie. (Ps. 56. II. Cor. 5. 4.)

6. O combien est grande la fragilité humaine, qui a toujours du penchant au vice!

Vous confessez aujourd'hui vos péchés, et demain vous commettrez de nouveau ceux dont vous vous étiez confessé. Vous vous proposez dans le moment d'être sur vos gardes, et une heure après vous agis

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