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en Europe; le royaume de Chypre porta souvent d'utiles secours aux colonies chrétiennes d'Orient, et lorsque ces colonies furent dispersées par les Sarrasins, il recueillit leurs débris. Ce royaume, conquis par Richard, et gouverné par une longue suite de rois, conserva, longtemps après les Croisades, les lois que Godefroi de Bouillon et ses successeurs avaient faites pour la ville sainte, et transmit aux âges suivants le plus précieux monument de la législation de ces temps reculés. » (1)

L'année 1195 allait expirer, quand Richard abandonna les rivages de la Palestine, et tandis que ce héros restait emprisonné dans un château de l'Allemagne, qu'il voulut traverser incognito à la suite d'un naufrage qui l'avait jeté sur les côtes d'Italie, son rival, Saladin, mourut à Damas. « Avant d'expirer, il ordonna à un de ses émirs de porter son drap mortuaire dans les rues de la ville, en répétant à haute voix : « voilà ce que Saladin, vainqueur de l'Orient, emporte de ses conquêtes. » (2)

ÉVÉNEMENTS DE LA GUERRE SAINTE JUSQU'A LA CROISAde

DE SAINT LOUIS.

La faiblesse du royaume de Jérusalem, après le départ de Richard, allait augmentant de jour en jour, par l'effet des discordes qui s'élevaient entre ceux-là mêmes qui devaient le défendre. A la vue de ce douloureux spectacle, et quoique l'Europe se montrât peu disposée à se sacrifier pour la terre sainte, le pape Célestin III fit les plus grands efforts pour ranimer l'esprit belliqueux de la chrétienté en faveur de Jérusalem. L'empereur d'Allemagne, Henri VI, répondit à cet appel; mais ce prince, qui avait été excommunié à cause de l'emprisonnement du roi d'Angleterre,

(4) Michaud, ibid.

(2) Michaud, livre VIII. A la mort de Saladin, Jérusalem vint en la possession de son fils Afdal, et un peu plus tard de son autre fils Aziz. Celui-ci la céda à son oncle Malek-Adel, qui la transmit à son fils Moadan.

n'accueillit et ne prêcha lui-même la Croisade que pour se rapprocher du chef de l'Église, et surtout pour achever à l'ombre de la guerre sainte, et grâce aux préparatifs qu'il faisait en apparence pour elle, la conquête qu'il avait commencée des royaumes de Naples et de Sicile. C'est en effet avec une armée de Croisés qu'il se rendit maître de ces pays, et c'est seulement après avoir terminé cette expédition, qu'il envoya en Syrie quelques troupes de pèlerins, sous les ordres de l'évêque Conrad, chancelier de l'empire. Du reste, lorsque Conrad arriva en Palestine, il avait déjà été précédé de deux autres armées allemandes, commandées, la première, par les ducs de Saxe et de Brabant, la seconde, par l'évêque de Mayence et par Valeran, comte de Limbourg.

Dès l'arrivée du premier corps d'Allemands, de graves dissentiments avaient éclaté entre eux et les chrétiens du pays, sur la question de savoir si l'on devait respecter la trève conclue au temps de Richard. Le mal s'accrut par la mort inopinée et tragique du roi de Jérusalem, qui tomba d'une fenêtre de son palais, de sorte que chaque parti ne voulait reconnaître que des chefs déterminés, dont aucun n'avait l'autorité nécessaire pour retenir et diriger les autres. Ils eurent néanmoins le bonheur de vaincre en différentes rencontres les musulmans, alors commandés par Malek-Adel, frère de Saladin, et s'il ne leur fut pas possible de reculer les limites de ce misérable royaume, ils le maintinrent au moins dans l'état où l'avait laissé le roi d'Angleterre.

Par la mort d'Henri de Champagne, le titre de roi de Jérusalem retomba sur la tête d'Amauri, successeur de Gui de Lusignan en Chypre, mais la mort de l'empereur Henri VI étant aussi survenue, les Allemands ne songèrent plus qu'à quitter la Palestine; et c'est là qu'aboutit cette Croisade, dans laquelle échouèrent les forces de l'empire germanique sans que le royaume de Jérusalem gagnàt un pouce de terrain.

En dépit de tous ces échecs, et luttant contre l'indifférence avec laquelle étaient envisagées ces entreprises, le génie du souverain pontife Innocent III, admirablement secondé par un prêtre de Neuilli-sur-Marne, sut faire surgir du sol, en 1202, une nouvelle armée de Croisés, à la tête de laquelle se placèrent un grand nombre de seigneurs français, conduits par Thibaut, comte de Champagne, et après sa mort, par Boniface, marquis de Montferrat. Les troupes expéditionnaires étaient près de mettre à la voile à Venise, lorsque arriva, pour solliciter leurs secours, le fils d'Isaac l'Ange, empereur de Constantinople, qui avait été détrôné par son frère Alexis, privé de la vue et enfermé dans un cachot. Cette circonstance grave, jointe aux pensées d'ambition qui ne tardèrent pas à s'éveiller chez les principaux chefs et au désir de venger d'anciennes injures, fit que la Croisade, au lieu d'être dirigée contre les musulmans de terre sainte, le fut, nonobstant les plaintes et les menaces du souverain pontife, contre l'empire de Constantinople. On commença par replacer sur le trône Isaac l'Ange et son fils, et l'on finit par détruire l'empire des Grecs, pour élever sur le trône de Bysance un prince latin, Baudouin, comte de Flandre et de Hainaut.

Cette conquête de l'empire grec était bien tardive, et c'est pourquoi elle ne pouvait pas être plus avantageuse au royaume de Jérusalem qu'elle ne pouvait être durable. Dans l'état où se trouvaient les choses, il fallait songer à soutenir le nouvel empire de Bysance comme à défendre la Palestine: les deux pays réclamaient également les secours de l'Europe, et il était inévitable que l'un ou l'autre ou les deux à la fois fussent à la fin négligés et condamnés à succomber; terme fatal auquel le cours des temps fit malheureusement aboutir.

Mais laissant de côté comme étrangers à cette histoire les événements qui eurent lieu dans le nouvel empire

bysantin, rentrons dans notre sujet en disant que les chrétiens de la Palestine eurent à pleurer la perte de leur roi Amauri, que suivit bientôt celle de la reine Isabelle. Par leur mort, l'héritière naturelle du trône était une jeune princesse, que la même Isabelle avait eue de son mariage avec Conrad. Dans ces circonstances, l'évêque de Ptolémaïs et Aimar, seigneur de Césarée, s'adressèrent à Philippe-Auguste, roi de France, et le sollicitèrent de leur donner un chevalier ou un baron, qui, en obtenant la main et la couronne de la jeune Isabelle, fût capable de sauver ce qui restait de ce malheureux royaume de Jérusalem, si menacé de toutes parts. Jean de Brienne, déjà célèbre par sa valeur et par une activité infatigable, candidat désigné par le roi, se rendit bientôt en Palestine avec trois cents chevaliers, faible troupe assurément pour intimider les ennemis, malgré toutes les brillantes qualités dont son chef était orné. Aussi Jean de Brienne fut à peine à la tête du gouvernement, qu'il dut implorer le secours de l'Europe, afin de tenter quelque entreprise importante, et d'affermir le trône chancelant sur lequel il venait de monter.

Le pape Innocent III fit les efforts les plus extraordinaires pour seconder les intentions du nouveau roi de Jérusalem (1), mais la mort l'arrêta dans la carrière, et il fut réservé à son successeur Honoré III de continuer à prendre cette suite non interrompue de mesures les plus énergiques, par lesquelles, au milieu de la lassitude qu'avaient produite ces entreprises, le siége apostolique tâchait d'entretenir dans toute son ardeur le feu de la guerre sainte. Parmi les princes qui prirent la croix en cette occasion, on distinguait André II, roi de Hongrie, qui se dirigea par mer vers Ptolémaïs, accompagné de

(4) C'est sous son pontificat, en 1242, qu'eut lieu le départ de ces cinquante mille enfants, qui se croisèrent en France et en Allemagne. Ce fait n'est certainement pas un des moins curieux de l'histoire des Croisades. (Note du traducteur).

beaucoup de nobles Allemands, et ayant sous ses ordres une puissante armée. Malheureusement ce prince oublia bien vite le serment qu'il avait fait de combattre en faveur de la cause du christianisme; car, après trois mois de séjour en Palestine, et sans que ses armes eussent, durant ce temps là, rendu aucun service extraordinaire, il retourna dans ses États, et se contenta, pour ne pas paraître déserter la cause de Jésus-Christ, de laisser la moitié de ses troupes au roi de Jérusalem.

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Le roi de Chypre, Lusignan, était aussi accouru, sur ces entrefaites, avec quelques recrues et peu à peu on avait également vu arriver un assez grand nombre de pèlerins, partis des ports de la Hollande, de la France, de l'Italie, de l'Allemagne, de manière que le roi de Jérusalem, encouragé par un renfort si considérable, résolut de rouvrir les hostilités et de porter la guerre en Egypte pour détruire, d'un seul coup, le foyer qui alimentait la force des ennemis. Lorsque tous les grands apprêts qu'exigeait une expédition si importante et à la fois si décisive furent terminés, l'armée chrétienne s'embarqua à Ptolémaïs au mois de mai de l'année 1218, et se présenta devant Damiette (1), ville très-forte, bâtie sur la rive droite du Nil, à un mille de l'embouchure du fleuve. Le calife du Caire s'y était rendu de son côté, avec toutes ses troupes; à cet effet, après avoir démoli les fortifications de toutes les villes qu'il possédait en Palestine, même de Jérusalem, il en avait appelé les garnisons, afin de pouvoir repousser cette formidable invasion chrétienne, qui plaçait son empire dans un danger si imminent. Ce qui était arrivé à une autre époque pour Ptolémaïs, se reproduisait alors au pied des murs de Damiette toutes les forces de la chrétienté et de l'islamisme se trouvaient de front, pour se disputer une ville de la possession de laquelle paraissait dépendre le sort de l'Egypte. Cette ap

(4) L'ancienne Damiatis.

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