plus vénérable de toute persécution théologique; et maintenant, elle demande compte à la religion, du sang répandu, des injustices bénies, des tortures infligées au génie, des ténèbres condensées sur le monde Tandis que s'agite ce grand procès qui va décider de l'avenir de l'humanité, ce serait un crime que de rester à l'écart sans prendre la parole, sans se passionner pour le parti du progrès, Quand la raison et l'autorité, quand la vérité et l'erreur, quand le bien et le mal se trouvent en présence, il faut se ranger d'un côté ou bien de l'autre. Il n'y a pas ici de juste milieu ; celui qui refuse sa coopération au triomphe de la bonne cause, se rend complice de la mauvaise; celui qui n'est pas avec la raison, est contre elle. Il ne faut pas regarder ces combats de la pensée comme des idéologies stériles et n'ayant aucune utilité pratique ni aucune influence sur le bien être social. Toute révolution qui n'est pas précédée par l'émancipation intellectuelle et morale des masses, doit inévitablement tomber par défaut de base: la triste expérience d'un si grand nombre d'années devrait nous l'enseigner! La puissance des idées sur les faits, des doctrines sur les évènements, a été prouvée d'une manière éclatante par le libre examen protestant, dont le développement produisit les négations philosophiques du XVIIIe siècle, lesquelles, à leur tour, enfantèrent la révolution française. Et si ce triomphe de la liberté eut une si courte durée, ce fut précisément parce que la régénération intellectuelle dont il dérivait, n'avait été ni complète ni universelle. Il est bon de le répéter sans cesse, puisqu'il parait qu'on ne veut pas le comprendre la cause permanente de tout privilége, de toute iniquité, de toute tyrannie, c'est le droit divin, c'est-à-dire l'autorité infaillible d'un homme ou d'un code inspiré, qui opprime les consciences. Profondément convaincus des vérités que nous venons de constater, nous avons jugé qu'il était utile de publier une critique radicale et populaire de la Révélation. En combattant la superstition, nous n'avons fait qu'attaquer indirectement, mais dans leur base, les injustices politiques et sociales. Désireux avant tout de contribuer, dans la mesure de nos chétives forces, à la destruction du mal, nous avons essayé de mettre, pour ainsi dire, la hache aux racines mêmes de l'arbre; de manière que, si nos coups sont destinés à avoir quelque efficacité, les conséquences en seront peut-être décisives. Nous n'avons pas voulu écrire pour les érudits; l'Italie, n'a pénurie ni de savants ni de philosophes : ce qui lui manque, ce sont des vulgarisateurs, c'est-àdire des hommes qui savent se résigner à la modeste, mais très-utile mission de mettre les principes scientifiques à la portée des intelligences peu instruites. Ce saint apostolat est notre unique ambition. Dans notre travail, la question religieuse est envisagée d'un point de vue accessible à toute personne, tandis qu'en même temps elle y est discutée et développée sommairement dans chaque détail, de manière qu'il en résulte un manuel complet de rationalisme, savoir un résumé de toutes les objections historiques, logiques et morales que la philosophie a entassées contre les systèmes religieux. Après avoir démontré que l'idée générale d'une révélation divine ne peut pas se soutenir, nous examinons la Bible et nous prouvons son caractère faillible et partant opposé à la perfection qu'on a l'habitude d'exiger dans ce qui se présente comme divin. Ensuite, nous constatons l'absurdité du système que Jésus dériva du mosaïsme, et les modifications successives du dogme chrétien dans l'Eglise apostolique et dans l'Eglise catholique, -modifications qui contredisent l'infaillibilité et l'imuabilité que le christianisme s'attribue. Finalement, après avoir réfuté la doctrine catholique, en démontrant qu'elle est diametralement opposée au bon sens et à la morale, nous terminons en combattant aussi le protestantisme, qui fut un essai incomplet de rationalisme, utile dans le XVIe siècle, mais nuisible aujourd'hui. Ainsi, le champ dans lequel nous à vons renfermé notre discussion, est celui de la critique des systèmes religieux soi-disant révélés; c'est là que tous les libres-penseurs, à quelque système et à quelque école que d'ailleurs ils se rallient, doivent se serrer la main en frères, s'ils ne veulent pas imiter illogiquement l'intolérance des théologiens. Nous nous abstenons, par conséquent, de toute polémique sur les théories des causes premières, parce que nous préférons au terrain glissant et mobile des conjectures, celui plus ferme de l'évidence pure, comine disait Cicéron (1). Au lieu de réjouir uos communs ennemis du spectacle peu sérieux de nos dissensions, occupons-nous de ce qui importe, c'est-à-dire de combattre sans cesse la superstition. N'oublions pas que, tandis que les philosophes gaspillent un temps précieux en escarmouchant dans les régions nuageuses de la métaphysique, la grande majorité du peuple, ne pouvant rien comprendre à leur jargon abstrus, se livre aux prétres, qui abrutissent son intelligence. Pour ce qui est de la méthode littéraire que nous avons suivie, nous dirons seulement que, tout en nous abstenant d'un luxe inutile d'érudition, nous avons làché de profiter des résultats obtenus dans les dernières années par la critique religieuse; de manière que nous nous flattons que notre livre pourra offrir quelque intérêt aux personnes qui ont étudié les ouvrages de De Potter, Ausonio Franchi, Strauss, Miron, Larroque, Renan, Stap, etc.; tandis que, d'un autre côté, nous espérons que le style facile et la simplicité des démonstrations en rendront la lecture aisée pour tous. (1) De la Nature des Dieux, liv. I. Carouge. Impr. RATIONALISTE de DUCOMMUN. 11 Juin 1865. 4 Année. N° 50 LE RATIONALISTE JOURNAL DES LIBRES PENSEURS Homme, que cherches-tu? La vérité! Consulte ta raisou! Le Rationaliste paraît régulièrement toutes les semaines, au prix de : 6 fr. par an; 3 fr. pour six mois; — 1 fr. 50 pour trois mois. - A l'étranger, le prix de l'abonnement doit être augmenté des frais de poste. S'abonner et adresser les communications à l'imprimerie rationaliste de DUCOMMUN, rue Saint-Joseph, à Carouge, près Genève. Le numéro séparé se vend au prix de 15 centimes, à Genève : chez M. Chebulicz, rue de la Cité; - chez M. Georg, rue de la Comaterie; - chez M. Muller-Da.ier, place du Molard; - a la Librairie étrangère, quai des Bergues: chez M. Rosset-Janin, rue de la Croix-d'Or et place du Mont-Blanc. -- A l'étranger, il se vend 20 centimes, savoir à Paris, chez M. Sansset, galerie de l'Odéon; - Lyon, chez M. Heine, rue Bombon, no 4; - à Bruxelles, chez M. Claassen, libraire, rue Cantersteen, no 2. SOMMAIRE: 1o Etudes sur le Deutéronome: Bénédictions et malédictions. - 20 Simple avis d'une femme sur la Bible de l'Ilumanité, de M. Michelet, par Léon B.othier. — 3o Chronique. - Etudes sur le Deutéronome BENEDICTIONS ET MALEDICTIONS Nous prions nos lecteurs de lire, avec la plus grande attention, le chapitre XXVIII du Deuteronome, que nous leur donnons aujourd'hui, malgré sa longueur excessive. Il en est peu qui soient plus propres à faire connaitre à fond le mosaïsme, en tant qu'il admet un Dieu intervenant miraculeusement dans le détail des affaires de ce monde, en même temps qu'il exclut l'existence: d'une autre vie au-delà du tombeau. a (1) Or il arrivera que, si tu obéis exactement à la voix de l'Eternel, ton Dieu, et que tu prennes garde de faire tous ses commandements que je te prescris aujourd'hui, l'Eternel, ton Dieu, te rendra haut élevé par dessus toutes les nations de la terre. (2) Et toutes ces bénédictions-ci viendront sur toi et t'atteindront, quand tu obéiras à la voix del Eternel, ton Dieu. (5) Tu seras béni dans la ville; tu seras aussi béni aux champs. (4) Le fruit de ton ventre sera béni, et le fruit de ta terre, et le fruit de ton bétail, les portées de tes vaches et les brebis de ton troupeau. (5) Ta corbeille sera bénie, et ta huche aussi. (6) Tu seras béni en ton entrée, et tu seras aussi béni en la sortie. (7) L'Eternel fera que tes ennemis qui s'élèveront contre toi, seront battus devant toi; ils sortiront contre toi par un chemin, et ils s'enfuiront devant toi par sept chemins. (8) L Eternel commandera à la bénédiction qu'elle soit avec toi, dans tes greniers et dans tout ce à quoi tu mettras la main; et il te bénira au pays que l'Eternel, ton Dieu, te danne. (9) L'Eternel, ton Dieu, l'établira pour lui ètre un peuple saint, selon qu'il te l'a juré, quand tu garderas les commandements de l'Eternel, ton Dien, et que tu marcheras dans ses voies. (10) Et tous les peuples de la terre verront que le nom de l'Eternel est réclamé sur toi, et ils auront peur de toi. (11) Et l'Eternel, ton Dieu, te fera abonder en biens, multipliant le fruit de ton ventre et le fruit de tes bèles et le fruit de ta terre, sur la terre que l'EterDel a juré à tes pères de te donner. (12) L'Eternel t'ouvrira son bon trésor, savoir, les cieux, pour donner la pluie telle qu'il faut à ta terre en sa saison, et pour bénir tout le travail de tes mains; et tu prèteras à beaucoup de nations, et tu n'emprunteras point. (15) L'Eternel te mettra à la tête, et non à la queue; et tu seras seulement au-dessus, et non point au-dessous, quand tu obéiras aux commandements de l'Eternel, ton Dieu, que je le prescris aujourd'hui, afin que tu prennes garde |