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qu'a chacun de conserver sa vie et ses biens matériels. De même donc qu'on se garderait bien d'autoriser ceut qui professeraient de pareils principes, de les répandre parmi les hommes et de se faire des adeptes, de même on ne devrait pas souffrir plus longtemps que ceux qui regardent comme des vérités divines les révoltantes dé cisions de l'encyclique, puissent les répandre cu toute liberté, et même avec une autorité extraordinaire, du haut d'une chaire réputée sacrée, dans un lieu qui passe pour être la maison de Dieu, et avec le titre de ministres infaillibles de ce Dicu.

Nous savons bien que le principe sacré de la liberté des cultes protè, e l'enseignement de ces funestes doctrines, d'autant plus qu'elles ne sont pas nouvelles et qu'elles font corps avec beaucoup d'autres qu'on est dans l'habitude de regarder, bien à tort, selon nous, comme éminemment salutaires. Mais, s'il n'est pas possible de fermer la bouche à ceux qui les prèchent, si même on est obligé de les laisser infecter librement de leurs erreurs de nombreuses intelligences incapables de s'en défendre, c'est au moins un devoir pour les gouvernements de placer, à côté de ces sources empoisonnées, des sources pures, où chacun soit sur de puiser la vraie lumière des àmes. Ce devoir est d'autant plus impérieux pour eux, qu'ils n'ont aucun effort à faire pour le remplir; le moyen qu'ils ont à employer, n'est pas à chercher; il est tout créé, il existe sous leur main; ils n'ont qu'à lai permettre de fonctionner en toute liberté.

Je veux parler du corps enseignant. Il est évident qu'il possède toutes les qualités désirables pour donner aux populations toutes les instructions dont elles ont besoin pour se diriger convenablement dans les voies de la vie. Il a la science, une science complète, une science de bon aloi, qui ne s'autorise pas d'une prétendue révélation divine, mais qui se fonde sur l'observa

tion de la nature et sur des réflexions approfondies. Il ne transforme point en dogmes de pures hypothèses : il donne comme certain ce qu'il trou e appuyé de preuves péremptoires, et comme douteux ce qui n'a pas l'assentiment unanime. Aussi, ce qu'il enseigne, est admis par tout le monde et ne froisse la conscience de personne. Il ne forme ni schisme ni hérésie : toutes les sectes religieuses, quelles qu'elles soient, peuvent aller recevoir ses doctrines, sans manquer à leur foi particulière. Il peut done parfaitement réaliser ce rêve vainement poursuivi par toutes les Eglises, de réunir toutes les âmes par le lien spirituel d'une croyance commune, d'où résulte nécessairement la fraternité universelle, non seulement parmi les enfants d'une même patric, mais encore parmi tous les habitants de notre globe.

Pour mettre le corps enseignant dans le cas de remplir une si nolle tâche, il n'est aucunement née ssaire de lui créer de no velles conditions d'existence, encore moins de lui accorder des priviléges extraordinaires; il suffit de le débarrasser de certaines entraves qui lui ont été imposées sous l'influence de ses adversaires.

Ainsi, en premier lieu, les Eglises se sont fait donner une bante surveillance sur le corps enseignam; elles s'introduisent dans les écoles pour voir si tout s'y passe à leur gré, elles donnent leur avis sur la moralité des maitres, elles ferment les bouches qui osent prononcer quelques mots contraires à une orthodoxic rigoureuse : tous ces droits doivent leur être enlevés complètement et pour toujours. Le corps enseignant ne peut relever que de lui-même et de l'Etat. C'est une situation contre nature, que ce qui est fondé sur le roc de la certitude, soit réputé inférieur à ce qui n'est appuyé que sur le sable mouvant de l'hypothèse. Si l'un des deux doit être subordoné à l'autre, c'est l'Eglise au corps enseignant, et non le corps enseignant à Eglise

En second lieu, dans les cas où la science. et la foi sont

en contradiction flagrante, les Eglises exigent que les données de la science soient altérées par les décisions de la foi. Le corps enseignant doit être délivré de l'obligation de mentir à sa conscience. Lorsqu'il veut expliquer la constitution de l'univers, la formation de notre globe, la nature de la vie dins les différents ètres qui en jouissent, les commencements du genre humain, les évènements qui ont décidé de ses destinées jusqu'à nos jours, il faut qu'il s'inspire uniquement de l'astronomic, de la géologie, de l'archéologie, de la biologie et de T'histoire, et qu'il ne soit pas forcé de fausser ce qu'il sait avec certitude, pour se conformer aux récits de la Genèse et aux ergoteries des théologiens.

En troisième lieu, les Eglises ont revendiqué l'enseignement de la morale comme formant pour elles une sorte de patrimoine, une propriété intransmissible. Cette prétention doit être réduite à néant. La morale est une science dans toute la rigueur de l'expression: elle est fondée sur la nature physiologique et psychologique de l'homme, et elle résulte de l'observation, comme toutes les autres sciences biologiques. A ce titre, elle appartient au corps enseignant, et n'appartient qu'à lui. Seul il peut l'établir sur sa véritable base, lui tracer son vrai caractère, la renfermer dans ses justes limites, et, par conséquent, la présenter avec une autorité suffsante pour la faire accepter. Les Eglises, en lui donnant pour fondement des dogmes que l'on ne croit plus, lui ôtent toute sa force, et sont la véritable cause de la perturbation qu'elles sont les premières à signaler dans les mœurs contemporaines. On peut donc être certain qu'en faisant passer l'enseignement de la morale des ministres de la foi aux ministres de la science, on le remettra où il doit être, et qu'au lieu d'amener le débordement des vices, on préparera un prompt retour à la vertu,

Il n'est pas besoin de longues réflexions pour comprendre que le corps enseignant, établi dans ces condi

tions d'existence, peut parfaitement remplacer les Eglises dans les services qu'elles ont la prétention de rendre aux populations. Il forme, comme elles, une hiérarchie complète, qui répond à tous les besoins des âmes; il renferme des degrés de savoir aussi nombreux que les catégories d'intelligences qui aspirent à la lumière. Qu'on le mette à l'œuvre, et l'on verra si, sous sa direction, la société ne marche pas fermement et allègrement vers le but où elle doit tendre.

Que les gouvernements n'hésitent donc pas à lui dɔnner la place que les Eglises ont occupée jusqu'à présent dans la formation morale et intellectuelle de l'humanité: il a tout ce qu'il faut pour la rendre digne de ses destinées, tandis que les Eglises, forcément asservies à des idées d'un autre àge, ne peuvent que l'entraver dans ses progrès. Elles doivent donc renoncer à la domination générale des esprits et des cœurs le seul droit qu'elles puissent réclamer désormais, est celui de terminer en paix leur existence caduque dans l'ombre de leurs sanctuaires: on le leur accordera de grand cœur, à la condition, toutefois, qu'elles ne prétendront plus se miler aux affaires de ce monde, et qu'elles laisseront la civilisation poursuivre librement sa marche triomphante.

Bibliographic

La Bible de l'humanité, par J. Michelet. 1 vol. in-8'.

Tous les livres de M. Michelet ont une haute portéc philosophique soit que l'illustre écrivain étudie les grandes phases de l'humanité, soit qu'il observe un détail de la nature, toujours son profond coup d'œil le conduit à des résultats nouveaux qui dépassent quelquefois les tendances progressives de l'esprit moderne. On comprend, dès lors, ces colères et ces injures dont

l'accueillent les hommes cramponnés à un passé ver moulu, et le juste enthousiasme, mèlé pourtant de certaines réserves, qu'il excite parmi les hommes préocupés de l'avenir.

Mais

Cette fois, embrassant dans leur ensemble les grandes civilisations de la terre, il en a composé un tout harmonieux, une Bible générale où chaque peuple semble avoir écrit un verset imprégné de ses sentiments, de ses idées, de son caractère, de son génie propre. loin d'appliquer à cette Bible l'arrêt définitif et irrévocable que Moïse appliquait à la sienne : « Vous n'en retrancherez et n'y ajouterez rien! », M. Michelet la présente uniquement comme un tableau des premières étapes de l'humanité dans le champ illimité du progrès. Une énorme lumière, dit-il, foudroyant le passé en tous ses sens, montre à la place l'accord victorieux de la science et de la conscience pour laisser rayonner la justice. C'est le sujet de ce livre, dont le genre humain est l'auteur. »

Voici d'abord l'Inde, dont les monuments samscrits ont été la source de la langue et des idées de l'Europe. Les Vedas sont les chants religieux d'une société naissante. Le Ramayana, le Mahabharata, le Code de Manou expriment les mœurs, l'état politique, civil et religieux de cette même société une fois bien assise. M. Michelet en admire le côté moral : l'amour pur, la tendresse maternelle, le dévouement conjugal, la pitié pour tous les ètres érigée en devoir religieux: mais tout cela gáté par l'absence du droit, l'institution des castes traçant des lignes de démarcation fatale entre les hommes.

Chez les Perses pas de castes : le père était le roi de la famille, comme Ormuzd était le roi du monde. Ce dieu est bon d'une bonté immense, car il conjure son ennemi Ahriman, l'auteur du mal, à se convertir, à faire son salut, à être heureux. Jean Reynaud remarque que

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