Obrazy na stronie
PDF
ePub

n'y aurait rien à en conclure contre les démonstrations de la première partie, consistant dans la démolition des récits évangéliques, et les preuves de la fausseté de ces récits n'en subsisteraient pas moins dans toute leur force.

Donnons un exemple. Les deux généalogies de Jésus se contredisent d'une manière visible: elles ne concordent pas avec les documents tirés de l'Ancien Testament; elles aboutissent toutes deux à Joseph, qui, d'après les deux évangiles où elles se trouvent, n'était pas le père de Jésus, et, par conséquent, ne peuvent servir à prouver la filiation de Jésus; elles doivent donc être rejetées. Voilà la partie critique, le rôle de la négation. Maintenant commence la tâche du mythologue. Parmi les traditions confuses et quelquefois divergentes qui régnaient chez les Juifs sur le futur Messie, les unes voulaient qu'il descendit de David; d'autres, s'appuyant sur un texte d'Isaïe, voulaient qu'il fût fils d'une vierge. Jésus ayant été accepté comme Messie par une partie de ses compatriotes, on voulut voir en lui la réalisation complète de toutes les prophéties et de toutes les traditions que l'opinion publique appliquait à ce grand libérateur du peuple israélite; à mesure que la secte chrétienne prenait des développements, on sentait le besoin. de grandir de plus en plus la personne de son fondateur, on ajoutait chaque jour de nouveaux traits dont s'emparait la légende; dès qu'il était admis que le Messie avait dù faire une chose, on en concluait sans hésiter que Jésus, étant le Messie, avait fait cette chose; puis l'enthousiasme populaire se chargeait de compléter par des détails l'anecdote qui devait contribuer à faire de Jésus la vivante image du Messie attendu. Ainsi, l'on commença par affirmer qu'il descendait de David, puis on se mit à dresser des généalogies qui, d'après un usage général, aboutissaient à son père connu, à Joseph; et comme ce travail s'exécutait dans divers groupes éloi

gnés les uns des autres, et ne s'appuyait sur aucuns documents sérieux, il n'est pas étonnant qu'il y ait eu divergence entre les généalogies ainsi fabriquées. D'un autre côté, on voulut faire réaliser par Jésus la condition messianique d'être fils d'une vierge; de là les légendes d'une con eption miraculeuse et les récits, sinon absolument contradictoires, du moins inconciliables de Matthieu et de Luc. Les évangélistes qui se mirent à recueillir par écrit les traditions, accueillirent sans discernement tout ce qui leur ton ba sous la main, sans songer à mettre d'accord les éléments contradictoires; de là nos deux généalogies destinées, primitivement à s'appliquer à Jésus considéré comme fils de Joseph, mais qui n'avaient plus d'objet dès qu'on faisait naître Jésus d'une vierge. Les compilateurs maladroits, dans leur zèle à coudre ensemble des lambeaux hétérogènes, n'ont pas mème eu l'idée de transporter à Marie l'une ou l'autre des généalogies de Joseph. Cette partie des Evangiles ne peut être considérée que comme mythique. Et ce n'est pas là un jugement porté à la légère, c'est le résultat d'un examen sérieux de tous les élénients de la po

sition.

Nous tirons textuellement le second exemple de l'introduction de Strauss: « L'histoire des Mages et le massacre des Innocents concordent, il est vrai, d'une manière frappante avec les idées juives sur l'étoile du Messie prédite par Balaam et avec le précédent de l'ordre sanguinaire donné par Pharaon; mais cela ne suffirait pas pour qu'on regardât avec certitude ces deux récits comme mythiques. Or, il s'y joint que ce qui est dit de l'étoile, contredit les lois naturelles, et ce qui est attribué à Hérode, les lois psychologiques; que l'historien. Josèphe, qui donne tant de détails sur Hérode et qui luj est très-défavorable, garde, avec les autres documents historiques, le silence sur le massacre de Bethleem: e1 que la visite des Mages avec la fuite en Egypte, selon un

des évangiles, et la présentation dans le temple, selon un autre évangile, s'excluent réciproquement. Quand, de cette façon, tous les critérium du mythe concourent, le résultat est certain; et, dans tous les cas, il l'est d'autant plus que l'on découvre des critérium plus nombreux et plus caractéristiques. » Strauss, dans le cours de son ouvrage, prouve rigoureusement que ni l'adoration des Mages, ni le massacre des Innocents, ni la fuite en Egypte ne peuvent être acceptés commé événements historiques, et que ce ne sont que des mythes, dont il donne l'explication d'après les traditions et les préjugés du peuple où ces récits ont éú cours.

Sa méthode est irréprochable, et ce n'est pas par de futiles conceptions, comme celle dont nous avons rendu compte, qu'on peut faire brèche dans une argumentation aussi solidement construite.

Strauss a trouvé des contradicteurs passionnés, nonseulement dans le camp des chrétiens, ce qui devait être, mais malheureusement aussi dans celui des libres-penseurs, dont plusieurs ne l'ont pas compris; il a été l'objet d'attaques amères, de diatribes haineuses. On ne lui a pas encore opposé de réponse sérieuse, et son ouvrage passera à la postérité comme un chef-d'œuvre de critique et de logique; il a fait justice de la mythologie chrétienne. MIRON.

BIOGRAPHIE Jésus réduit à sa juste vale ». par

Miron.

Nous avons la satisfaction d'annoncer à nos lecteurs que le nouvel ouvrage de Miron : Jésus réduit à sa juste valeur, est en vente, au prix de 4 fr., à l'Imprimerie rationaliste, à Carouge, près Genève, et qu'ils n'ont qu'à en faire la demande pour le recevoir immédiatement. Nous ne craignons pas de les engager ouvertement à

[ocr errors]

faire l'acquisition de cet ouvrage, qui ne peut manquer de devenir un livre classique, dans toute la force de l'expression, pour tous les vrais rationalistes.

Il ne fera pas, sans doute, autant de bruit dans le monde que certains autres livres qui affichent de hautes prétentions comme œuvre de science ou de Jittérature; mais il produira des effets infiniment plus solides que les uns, plus universels que les autres. L'auteur ne s'y livre pas à des recherches profondes sur les origines du christianisme; il n'attaque pas l'authenticité des monuments qui contiennent les premiers éléments de son histoire; il ne discute même pas la vérité des faits qui composent les Evangiles : il prend Jésus tel que nous le donnent les traditions des premiers chrétiens, il accepte les faits et les paroles qu'ils lui attribuent; seulement, il ne les voit pas à travers le prisme que l'on a eu sur les yeux depuis dix-huit siècles; il a pu écarter le nimbe d'illusions que l'imagination de ses adorateurs a accumulées autour de lui pendant ce long espace de temps, et il l'a saisi dans sa pure réalité, autant du moins qu'elle peut se dégager des écrits légendaires qui font la base de son histoire. Au moyen de ces documents, Miron étudie Jésus dans ses dogmes, dans sa morale et dans ses actes personnels.

Quant aux dogmes, il prouve de la manière la plus évidente que Jésus n'avait pas de Dieu une idée plus sublime que celle qui se trouve dans les livres de l'Ancien Testament. Il aimait à le représenter comme plein de miséricorde et prêt à pardonner au pécheur repentant; mais il n'en préchait pas moins un enfer composé de flammes dévorantes, où les malheureux devaient se livrer éternellement aux pleurs et aux grincements de dents. Il partageait tous les préjugés de son temps et de son pays sur les démons et sur l'habitude qu'ils avaient de posséder les hommes et même les animaux. Bien plus, il ajoutait à cette croyance la prétention de pouvoir les chasser des corps.

qu'ils étaient censés occuper. En cela était-il d'une bonne foi qui s'expliquerait par un certain dérangement d'esprit, ou faisait-il acte d'imposture? voilà ce qu'il serait difficile de déterminer. Nous n'avons pas besoin d'ajouter qu'il admettait la possibilité des miracles, puisqu'il se mélait lui-même d'en opérer, toutes les fois qu'il n'y avait pas trop d'incrédulité dans son entourage.

[ocr errors]

C'est une opinion universellement admise, que le principal objet de sa mission avait été de substituer au mosaïsme une religion nouvelle, plus pure et plus digne de Dieu il y là une erreur profonde que Miron met dans tout son jour. Jésus déclare formellement qu'il est venu, non pas pour abolir la loi de Moïse, mais pour lui donner son complément. Du reste, il n'apporte aucun dogme nouveau : il serait impossible de découvrir dans ses discours des traces de ceux qui composent la religion chrétienne, tels que la chute de l'homme et la nécessité de la rédemption; ces idées ne sont entrées dans les doctrines de cette religion que bien des années après la mort de celui à qui on les attribue.

Le seul et unique objet de la prédication de Jésus, était ce qu'il appelait lui-même a la bonne nouvelle, c'està-dire l'avénement prochain du royaume de Dieu. La plupart de ses contemporains étaient pénétrés de cette croyance; mais il lui donnait une forme particulière, qui en rendait l'attente plus vive et plus émouvante. Suivant lui, avant la fin de la génération actuellement existante, Dieu devait briser l'univers, le purifier par le feu, le créer de nouveau pour en faire un délicieux séjour, ressusciter tous les hommes qui avaient paru sur la terre depuis Adam, jeter les réprouvés dans les ténèbres extérieures, c'est-à-dire dans l'espace sans consistance et sans lumière dont il supposait la terre entourée, et éta blir ses élus sur cette terre transformée, où il viendrait établir sa résidence au milieu d'eux. Jésus, qu'il avait adopté pour son fils, était particulièrement chargé de

« PoprzedniaDalej »