Obrazy na stronie
PDF
ePub

l'Instraction publique et des cultes, le 25 de chaque mois. Le prix de l'abon nement est de 20 fr. par an pour Paris et les départements. On s'abonne chez M. Paul Dupont, rue de Grenelle-Saint-Honoré, 45.

Voici le sommaire des matières contenues dans la première livraison : Avertissement. Études historiques : Des histoires provinciales, et spécialement de l'histoire de Normandie, par M. Chéruel, maître de conférences à l'École normale supérieure. - La numismatique française dans les départements, par M. Dauban, employé au département des médailles, à la Bibliothèque impériale. Livres, Mémoires et comptes rendus. - Variétés : Des visites des candidats à l'Académie française, par M. Fréd. Lock, souschef de bureau au ministère de l'instruction publique. Documents inédits: Jugements criminels rendus au treizième siècle, par M. Louandre. — Rapport de M. Prioux, correspondant du ministère de l'instruction publique, sur les dessins de la collection Gaignières, à Oxford. — Rapport de M. Ch. de Linas, membre non résidant du Comité de la langue, de l'histoire et des arts de la France, chargé d'étudier les anciens vêtements sacerdotaux et les anciennes étoffes. - Chronique.

ESSAIS CRITIQUES

SUR LES

HISTORIENS ORIGINAUX

DU RÈGNE DE CHARLES VII.

(Deuxième Essai 1.)

JEAN CHARTIER 2.

I.

VIE DE JEAN CHARTIER.

La vie de Jean Chartier et les circonstances dans lesquelles il écrivit sa Chronique sont demeurées assez obscures jusqu'à ce jour. Les recherches que nous avons faites jetteront sur ce sujet quelque lumière nouvelle. Nous espérons qu'elles ouvriront la voie à des résultats plus complets et plus satisfaisants.

Jean Chartier était frère de Guillaume Chartier, évêque de Paris, et d'Alain Chartier, le poëte le plus renommé de son époque. Ces trois frères naquirent, suivant une tradition constante, à Bayeux, dans une maison que la même tradition désigne encore de nos jours. La famille Chartier paraît avoir été au nombre de ces familles normandes que l'invasion anglaise éprouva d'une manière si remarquable. Les désastres qui vinrent, au quinzième siècle, s'abattre sur leur province avec les armes étrangères activèrent et vivifièrent au sein de ces familles, de ces hommes, le sentiment patriotique et national qui alors se confondait avec

1. Voyez Bibliothèque de l'École des Chartes, 4a série, t. III, p. 1 et suiv. 2. Ce mémoire doit être placé en tête d'une nouvelle édition que l'auteur va publier de la Chronique de Jean Chartier, pour la Bibliothèque elzévirienne.

3. Voy. Mancel, Alain Chartier, etc., 1849, in-8°, p. 14.

III. (Quatrième série.)

33

[ocr errors]

le dévouement à la monarchie. La famille Chartier s'attacha de bonne heure à la cause de Charles VII, encore dauphin, qui lui rendit en bienfaits ces gages de sympathie. Alain Chartier se vit employé par ce prince dès l'époque de la régence, vers 1419, en qualité de secrétaire. Charles VII pourvut à l'instruction de Guillaume, qui fut, selon le témoignage de Martial d'Auvergne, son escholier premier', c'est-à-dire le premier des clercs que Charles se plut à entretenir aux écoles. Introduit plus tard à la cour par son frère Alain, Guillaume y retrouva la protection durable du roi, qui lui fit sa fortune dans la carrière de la science et de l'Église.

Ces faits connus peuvent nous servir à éclairer, par induction ou par analogie, les commencements de la carrière du troisième frère, Jean Chartier, commencements sur lesquels nous manquons de notions directes et positives. Jean Chartier naquit vraisemblablement à Bayeux vers le commencement du quinzième siècle. Le premier renseignement que l'histoire nous fournisse, et qui se rattache précisément à sa personne, est le suivant: On lit dans l'Inventaire général des titres de l'abbaye de SaintDenis 2, dressé en sept volumes in-folio, au dix-septième siècle, et conservé aux Archives de l'Empire, un article ainsi conçu :

« 1435, mai, 27. Lettres accordées par frère Jehan Chertier 3, commandeur et hostellier de l'abbaye de Saint-Denis, à Guillaume Ganneron et sa femme, pour exercer le menu mestier de la ville de SaintDenis, consistant à vendre et achepter œufs, fromages, volailles et autres menues denrées appartenant audit menu mestier, dépendant dudit office d'hostelier, à la charge de lui en payer les droits acoustumez. · Original 4. »

La date de ce précieux document est particulièrement notable. Ce fut seulement le 1er juin 1435, au rapport de J. Chartier

1. Vigiles de Charles VII.

2. T. IV, p. 673.

5

3. Ou Chartier. L'identité ne saurait être douteuse. Dans sa Chronique latine, dont nous parlerons plus loin, Jean Chartier se nomme lui-même «< Johannes Cherterii ».

4. Cette pièce ne se retrouve plus aujourd'hui.

5. Chronique française, à la date.

lui-même, que le bâtard d'Orléans pénétra dans la ville de SaintDenis et entreprit le recouvrement de cette ville et de la célèbre abbaye sur les Anglais. Ainsi donc, avant que l'autorité de Charles VII fût reconnue dans la capitale et dans ce monastère, Jean Chartier y remplissait une éminente fonction; car le commandeur était le bras droit du couvent, et comme l'intendant de tout le temporel. Jean Chartier devait-il cette position considérable à la protection de Charles VII ou des amis que Chartier possédait à la cour de France, protection déjà influente dans l'intérieur du monastère? Cette position de Jean Chartier était-elle la récompense ou le fruit de services déjà longs et d'une expérience éprouvée? Voilà des doutes et des conjectures qui se présentent d'eux-mêmes à l'esprit et qu'il convient d'énoncer, bien qu'il soit difficile de les prouver ou de les résoudre. L'une et l'autre de ces solutions ne sont point d'ailleurs incompatibles.

Bientôt Paris redevint Français, et Jean Chartier reçut de nouveaux effets de la bienveillance royale.

Charles VII fit sa première entrée comme roi, dans Paris, le 8 novembre 1437. Pendant un mois de séjour qu'il consacra à cette visite, le roi partagea sa résidence entre ses hôtels ou palais de la capitale et la royale abbaye de Saint-Denis'. Le 18 novembre 1437, pendant le cours de ce voyage du roi, Jean Chartier fut nommé, par lettres patentes, historiographe en titre du royaume, à raison de deux cents livres parisis de gages annuels, et prêta serment comme tel ce jour même 2.

Guillaume de Farrechal, abbé de Saint-Denis, mourut le 16janvier 1440 (n. s.). Le 14 mars suivant, un chapitre solennel fut tenu par les religieux, afin de procéder, selon la coutume, à l'élection d'un nouveau prélat. Mais les suffrages se divisèrent entre deux candidats, et pendant les années 1440-1441 l'abbaye demeura vacante. En cette conjoncture, le parlement commit, au nom du roi, quatre religieux pour gouverner le temporel de l'abbaye pendant la vacance. Ces quatre commissaires furent << Jean Chartier, pour lors prévôt de Mareuil, » et trois autres de ses confrères 3.

1. Itinéraire de Charles VII (inédit).

2. Jean Chartier, préambule de sa Chronique latine, ms. du fonds lat. no 5959, f. 186.

3. Félibien, Histoire de Saint-Denis, 1706, in-fol., p. 352: ex act. capitul. Ces actes capitulaires se conservaient, en 1706, à partir de ceux qui remontaient à l'an 1429,

Jean Chartier devint ensuite, mais à une date que nous n'avons pu découvrir, chantre de l'abbaye de Saint-Denis. Le témoignage que Jacques Doublet, dans son Histoire de Saint-Denis, porte au sujet de notre auteur, mérite d'être reproduit. Doublet parle de l'abbé Philippe de Gamaches, qui succéda à Farrechal en 1442, et mourut le 28 janvier 1463. « De son temps, dit-il (1442-1463), estoit en bruit et renom frère Jean Chartier, religieux de Saint-Denis, frère du vénérable évesque de Paris Guillaume Chartier, chantre du lieu et chroniqueur du roy Charles VII. Lequel (Jean Chartier), par son commandement (le commandement de Philippe de Gamaches), fit les chroniques de France; non celles qui sont manuscrites et en latin, mais celles qui sont imprimées et divisées en trois tomes, qu'on appelle les Grandes chroniques de Saint-Denis 2. »

On pourrait croire que Jean Chartier, pour remplir sa charge d'historiographe, dut passer une notable portion de sa vie hors de son monastère, à la vue et sur le théâtre changeant des faits ou événements dont il était appelé à rédiger la narration authentique. Les chroniqueurs de France, ses prédécesseurs, et notamment celui à qui nous devons l'histoire de Charles VI, paraissent en avoir agi ainsi. Lui-même, il est vrai, Jean Chartier, racontant le siége de Harfleur, qui eut lieu pendant l'hiver de 1449 à 1450, s'exprime de la sorte: « Ce siége fut ainsi conduit par les seigneurs que dit est. Ce que je, frère Jehan Chartier, chantre de Sainct-Denis en France et chroniqueur de France, certifie avoir veu et esté présent, endurant de grans froidures et souffrant beaucoup de vexation, combien que j'estoiz et fuz sallarié et défrayé pour les despens tant de moy que de mes chevaux, par l'ordonnance et voulenté du roy, comme de tout temps estoit et est encores accoustumé 3. » Il est donc constant que pour cette fois Jean Chartier s'était transporté sur le théâtre des faits qu'il rapporte.

Mais il est vraisemblable, d'une part, que, dans cette occasion, Jean Chartier fit à sa conduite antérieure une sorte d'exception,

1. « Avant que d'avoir l'office de chantre qui estoit une des premières dignitez de l'abbaye, il avoit esté prévost de Mareuil... Il fut de trop bonne heure au service de Charles VII, pour n'avoir pas esté parfaitement bien informé de tout ce qui le regardoit.» (Félibien, ibid., p. 360.)

2. Paris, 1625, in-4°, p. 269.

3. Chronique française, à la date.

« PoprzedniaDalej »