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n'a pas besoin de recourir à la ruse pour exciter à la révolte; son centre principal est à Paris, la ville catholique entre toutes, où le zèle religieux est toujours prêt à des excès qu'il réprime d'une main vigoureuse, en digne dépositaire de l'autorité souveraine.

Si l'illustre président Jeannin, son partisan dévoué, son bras droit en Bourgogne, devint, après sa soumission, le sage ministre de Henri IV, c'est que Mayenne conduisait son parti en roi, aussi éloigné par sa nature que par ses principes, de flatter la populace. Il a sans doute les défauts de son temps, et on ne doit le juger qu'en le comparant avec ses contemporains. Mais placé à la tête de l'opinion nationale, il comprit en grand un pareil rôle, et il y persévéra invariablement, sans qu'une longue suite de revers ait jamais pu le décourager, jusqu'au moment où l'absolution du pape rendit incontestahle à tous les catholiques la conversion de Henri IV. Alors il fait son traité, dans la forme comme sujet, en réalité comme chef de la Ligue, stipulant pour lui et son parti.

Quant au duc de Mercœur, il avait certaines qualités qui le distinguaient de ses contemporains. La pureté de ses mœurs contrastait non-seulement avec les dérèglements du roi Henri III, son beau-frère, mais avec tout le libertinage de Henri IV et de sa cour. Après la soumission de la Bretagne, il s'en alla vaillamment guerroyer en Hongrie, à la tête d'une brillante noblesse, et y périt en héros chrétien. Mais ses apologistes, qui en ont voulu faire le type le plus complet du héros chrétien, n'ont pas tenu compte de sa conduite politique en Bretagne, de tout ce qu'il déploya de ruses, de violences, pour y fomenter et y prolonger autant qu'il put la guerre civile. Il s'appuya de tout ce qu'il y a de pis dans les instincts populaires : soif de pillage, haine des supériorités. Il put ainsi perpétuer durant dix ans en Bretagne une autorité calculée sur la terreur des excès d'une guerre civile d'alors. On vient d'en voir un échantillon.

L'action très-directe qu'il exerça notamment sur cette prise de Tréguier, est prouvée, dans les termes les plus formels, par des lettres de garantie qu'il délivra sept ans après à Guillaume de Coetrieu, sieur de la Rivière Kartoudic, « pour avoir assisté, y est-il dit, les sieur de Carné et deffunct sieur de Carhir, par nos

1. Le 27 septembre 1596.

A ces

tre expres commandement, à la premiere prinse de Lantreguier.» Comme ce M. de la Rivière, auquel un habitant de Tréguier réclamait quarante mille écus, qui lui avaient été enlevés alors, demandait au duc un aveu de tout ce qui avait été fait, causes, ajoute le duc de Mercœur, avons, en réiterant nostre precédant adveu par ci-devant accordé au dit sieur de Carné, commandant pour lors en nostre absence en ladite prinse, advoué et par ces presentes advouons tout ce qui a esté faict; que ce fut par nostre expres commandement et pour le bien et advancement du sainct parti de l'Union des catholiques 2. »

C'est pourtant sur de telles bases que le duc de Mercœur prétendait asseoir l'édifice d'une ambition démesurée. On a souvent cité sa réponse à un conseiller au parlement de Rennes, qui lui demandait, vers la fin de sa domination, s'il n'avait jamais songé à se faire duc de Bretagne : « Je ne sais, dit-il, si c'est un songe, mais voilà dix ans qu'il dure. » A peu de temps de là, il eut la preuve de ce qu'un tel songe avait de chimérique. Il s'était maintenu dans sa révolte, contre tous prétextes spécieux, un an après l'absolution prononcée solennellement par le pape Clément VIII. Le Roi se décide à entrer lui-même en Bretagne, au printemps de 1598; et dès qu'il s'avance, son voyage n'est qu'une promenade triomphante. La fière duchesse de Mercœur vient solliciter une audience de Gabrielle d'Estrées; son mari la suit de près pour venir se jeter aux pieds du Roi; et c'est de Nantes que le monarque, désormais incontesté, de la France entière, put dater l'édit, si peu agréable aux ligueurs, qui établit régulièrement les droits de la religion dissidente.

1. Mém. pour servir à l'histoire de Bretagne, par D. Morice, t. III, col, 1645. La pièce y est en entier.

B. DE XIVREY,

de l'Institut.

DE

PIÈCES INÉDITES'.

I.

IDYLLE DU CINQUIÈME OU SIXIÈME SIÈCLE.

Les latinistes du moyen âge ont fait souvent de longues tirades, voire même des poëmes entiers, composés uniquement de vers ado niques. Ce mètre sautillant leur plaisait. Mais, autant il a de grâce lorsqu'il arrive comme un refrain au bout de la strophe saphique, autant il est monotone par la répétition. Il aurait fatigué l'oreille délicate des anciens. Aussi, quoique Terentianus Maurus donne la formule d'une stance adonique, n'y a-t-il guère d'apparence qu'on s'en soit servi, au moins dans la poésie relevée, tant que le sentiment du rhythme subsista. Les seuls exemples que mon frère en ait trouvés 2 sont de Boèce et d'Ennodius, deux auteurs du temps de Théodoric. C'est vraisemblablement à quelqu'un de leurs contemporains qu'il faut attribuer le petit morceau qu'on va lire. Il est à la fois d'une invention qui ne saurait appartenir au moyen âge, et d'un latin qui n'a pu charmer que des barbares.

L'idée est jolie. Un berger s'adresse à sa flûte pour la mettre en train. Il est triste; il avait fait de belles guirlandes qu'on lui a cassées. Toute consolation cependant ne lui a pas a été ravie. Il lui reste de ces friandises au miel, qui étaient le nectar des bergers. Mais la flûte répond que, pour lui donner de l'accent, il faudrait autre chose, à savoir, la présence de Bacchus. Et le berger fait une prière afin que le vœu de l'innocente soit exaucé.

Cette pièce est écrite en caractères extrêmement fins et en manière

1. Voy. plus haut, p. 45 et 160.

2. L. Quicherat, Traité de versification latine (XIe édition), ch. 35.

de glose dans la marge d'un manuscrit du dixième siècle. Elle a l'air de n'être pas complète. A moins d'une réticence, qui se concevrait à la rigueur, mais qui serait trop peu ménagée, il manque quelque chose dans l'apostrophe du berger.

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1. N° 8069 (fol. 1, verso) du vieux fonds latin, à la Bibliothèque impériale. Ce manuscrit, qui a appartenu à de Thou, est un Virgile, précédé de quelques épigrammes de Martial et d'autres auteurs.

2. Scieta dans le ms.

3. Ms. fracmina.

4. Ms. clana.

5. Ms. queque.

III. (Quatrième série.)

24

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II.

CHARTE-NOTICE DE LA DONATION DE L'ÉGLise de gometz-LE-CHATEAU A L'ABBAYE DE SAINT-FLORENT DE SAUMUR.

1081.

Si on se conformait à l'analogie, on écrirait Gomay et non Gometz, puisque la forme latine est Gometum ou Gomedus. Ce nom est celui de deux villages situés à sept lieues de Paris, sur l'ancienne route de Chartres. L'un est Gometz-le-Château, l'autre Gometz-la-Ville. La Ville est sur le plateau qui précède Limours; le Château commande un col par où l'on arrive au plateau, au fond de l'un des embranchements de la vallée de Chevreuse. Il n'y a plus de château à Gometz, mais seulement une motte très-bien conservée, qui indique qu'un donjon fut élevé en cet endroit dès les premiers temps de la féodalité. A la situation de l'église, qui est tout près de la motte, on reconnaît qu'elle fut jadis enfermée dans l'enceinte du château. C'est aujourd'hui un pauvre édifice gothique du seizième siècle, en maçonnerie de meulière avec des membrures de grès. La seule curiosité qu'elle renferme est un reliquaire d'un travail grossier et peu ancien, en forme de chef, dans le socle duquel est enchâssé le crâne de saint Clair, patron du lieu. La relique se voit par une ouverture qui est garnie d'un verre.

L'abbé Lebeuf a éclairci, comme il savait le faire, les origines de l'un et de l'autre Gometz 1; mais une pièce de première importance lui a manqué. Comme les églises des deux villages appartenaient à Saint-Florent de Saumur, il s'était adressé aux religieux de cette abbaye pour savoir d'eux sur quel titre se fondait leur possession. Ceux-ci ne surent lui fournir autre chose qu'un passage de je ne sais quel de leurs cartulaires, où il était dit que Geoffroi, évêque de Paris, leur avait fait ce don vers l'an 1070. C'est de là que l'ingénieux critique dut prendre son point de départ; mais si la recherche avait été mieux faite, on lui aurait trouvé dans les archives de Saint-Florent le document que je vais faire connaître, et qui lui aurait permis d'introduire dans son récit plusieurs faits intéressants et féconds en conséquence, à la place d'une allégation sèche, qui d'ailleurs n'est vraie qu'à demi.

1. Histoire du diocèse de Paris, tom. VIII et IX.

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