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sérieux intérêt historique. On en pourra juger par les passages de cet excellent rapport que nous empruntons au cinquième volume du recueil de l'Académie.

Après avoir annoncé que le prix fondé par le conseil municipal de Toulouse n'avait pas été remporté en 1856, M. Demante s'exprime en ces

termes :

<«< La question consistait à rechercher quelles modifications ont été apportées aux règles de droit romain sur la constitution de la famille, soit par la jurisprudence du parlement de Toulouse et des parlements voisins, soit par les principales coutumes du midi.

<<< Le droit romain est le fonds commun de la législation de toutes les nations européennes. Son influence est surtout demeurée vivace dans les pays méridionaux, où dans le droit, dans le langage et dans les mœurs subsiste l'empreinte ineffaçable du génie romain. Mais là même le droit, comme la langue et les mœurs, a subi des altérations profondes.

<< Comment et sous quelles influences ces modifications se sont-elles produites? Voilà ce que l'Académie s'est proposé d'éclaircir, en ce qui concerne la constitution de la famille dans notre France méridionale.

« Le cadre était vaste, trop vaste, sans doute, pour être convenablement rempli dans l'espace d'une année,

« En remettant la question au concours ', l'Académie en a modifié la rédaction, en vue de restreindre et, par là même, de préciser le travail des concurrents.

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Le programme exigeait la recherche des modifications apportées au droit romain... soit par la jurisprudence du parlement de Toulouse et des parlements voisins, soit par les principales coutumes du Midi.

« Pour ce qui est des coutumes du Midi, des explorations récentes, dont l'Académie est heureuse d'avoir reçu les premières communications, ont mis en lumière l'étendue et la complexité du sujet. Il a paru que la matière était trop vaste pour être traitée incidemment, avec une telle généralité ; que même, en ce qui concerne la jurisprudence des parlements, sujet dont • les matériaux sont plus faciles à réunir, il y avait inconvénient à laisser planer la question sur le parlement de Toulouse et les parlements voisins. La question a donc été rédigée en ces termes : Quelles modifications ont été apportées aux règles du droit romain sur la constitution de la famille par la jurisprudence des parlements de Toulouse, de Bordeaux et d'Aix.

<< Les coutumes de ces trois ressorts devront être nécessairement abordées, mais seulement dans leur contact avec la jurisprudence, en tant que les parlements en auront appliqué ou modifié les règles. Moyennant cette rédaction nouvelle, l'Académie espère que les travaux des concurrents gagneront en profondeur ce qu'ils perdront en étendue. »

Un peu plus loin, notre confrère annonce un second sujet de prix : La

1. Prix de 300 francs. Le concours est ouvert jusqu'au 30 avril 1857.

féodalité et le droit civil français. (Prix de 300 francs; concours ouvert jusqu'au 30 avril 1857.)

« La féodalité, ce nom éveille communément l'idée d'une institution politique et guerrière, tout imprégnée de poétiques légendes et de traditions. chevaleresques. Mais ce caractère grandiose avait depuis longtemps disparu dès le temps de la dernière rédaction des Coutumes; et celui-là se préparerait un étrange désenchantement qui irait directement du Roman de la Rose au titre des Fiefs de la coutume de Paris et aux commentaires de Charondas et de Brodeau.

<< Tout n'est pas à dédaigner cependant dans les écrits trop décriés des feudistes des trois derniers siècles. Il ne s'agit pas sans doute d'adopter et de défendre leurs imaginations sur les antiquités de notre histoire, là où Dumoulin, leur maître à tous, s'est lui-même étrangement égaré; mais si l'on considère tout ce que la féodalité avait conservé de puissance dans l'ordre civil, même après avoir perdu son caractère politique, il n'est pas indigne de l'historien d'étudier cette institution dans son dernier état, alors qu'elle ne règne plus du haut des vieux donjons, mais qu'elle est confinée tout entière dans les papiers terriers et la poudre des greffes des justices seigneuriales. Or, ce que l'Académie propose spécialement, c'est une question sur les origines féodales de notre droit civil. La garde et la tutelle, la saisine héréditaire, la théorie du partage, l'avancement d'hoirie, les démissions de biens, certaines règles des contrats, spécialement en matière de vente, voilà (sans engager d'ailleurs aucunement ni l'opinion de l'Académie, ni l'entière liberté des concurrents), voilà des points où notre droit actuel conserve encore, quoique un peu effacée, l'empreinte du droit féodal.

« Un jurisconsulte trop tôt ravi à la science, Championnière, a montré sur plusieurs de ces points tout le parti que l'on pouvait tirer de la doctrine des feudistes, non pas seulement pour l'application actuelle des droits d'enregistrement (la partie la moins attrayante peut-être, et cependant, j'ose le dire, la plus scientifique du droit français), mais encore pour l'éclaircissement des origines et l'explication des textes du Code Napoléon '.

« Les concurrents trouveront dans ses écrits des indications précieuses, tout en se gardant contre l'entraînement d'un esprit ardent et parfois systématique à l'excès.

« Pour le prix du conseil municipal, l'Académie propose une Étude sur la vie et les travaux de Dufaur de Saint-Jory, premier président du parlement de Toulouse 2.

« Pierre Dufaur de Saint-Jory fut un des premiers disciples de Cujas, un des premiers aussi dans l'estime du maître qui disait de lui avec orgueil Petrus Faber nunquam satis laudatus. Dans sa vie publique, au

1. Voy. particulièrement ses Études historiques sur l'art. 883 du Code civil (Revue de législation, années 1837-38, t. VII, p. 405, et t. VIII, p. 161). 2. Prix de 300 francs. Le concours est ouvert jusqu'au 30 avril 1858.

sein des guerres civiles, il montra la force et la constance du magistrat. Il fut un des chefs de l'honorable émigration du parlement à Castelsarrasin, et dans toute sa conduite il semble avoir pris pour règle cette maxime du chancelier l'Hospital : « Faut être modéré! » Comme écrivain, il a laissé des travaux dans lesquels on retrouve, avec la science du jurisconsulte et l'érudition de l'historien, la pureté de cette belle langue latine, trop négligée peut-être aujourd'hui.

« Pour le prix du conseil général du département', l'Académie propose la question suivante, dont le seul énoncé indique le haut intérêt :

« Rechercher et caractériser les attributions respectives que les Etats provinciaux, le parlement de Toulouse et les intendants du Languedoc ont exercées en matière d'administration publique, jusqu'à la révolution de 1789.

« La pondération des pouvoirs et la parfaite délimitation de leurs attributions respectives, voilà l'idéal de la science politique.

« Mais cet idéal est bien loin de la réalité des faits.

« Les conflits d'attributions sont fréquents dans notre histoire nationale; ils se rencontrent aussi dans l'histoire des provinces et surtout dans ce pays, à raison même de sa forte constitution et du nerf particulier qu'y avaient conservé les éléments de l'individualité provinciale. Cependant, comme ces luttes sont engagées au nom du droit, que des différentes parts on y invoque ou des principes ou des traditions respectables, le tableau n'en peut être présenté sans profit. Celui qui d'une main ferme, et sans épouser aucune des passions du moment, saura tracer ce récit, celui-là fournira un chapitre instructif à la science administrative, et il ajoutera un précieux monument à l'histoire déjà si riche de ce pays de Languedoc.

>>

LES ŒUVRES D'ÉGINHARD, traduites en français, par A. Teulet. Paris, Firmin Didot, 1856. - In-12 de XCI et 340 pages.

La traduction que nous annonçons a déjà été publiée dans l'édition complète des œuvres d'Eginhard, donnée par M. Teulet, sous les auspices de la Société de l'histoire de France. Cet ouvrage obtint, en 1843, la première médaille au concours des Antiquités nationales, et nous croyons devoir rappeler les termes dans lesquels M. le rapporteur apprécia le travail de notre confrère. « Tout n'était pas fait sur Eginhard, même après les « admirables travaux de M. Pertz, dans sa collection des Ecrivains de la « Germanie. On n'avait pas rassemblé dans un corps d'ouvrage spécial « tout ce qui nous reste des écrits du biographe de Charlemagne; à un « texte épuré par une critique habile et patiente on n'avait pas joint une de << ces versions scrupuleusement fidèles que les savants eux-mêmes consul<< tent avec fruit. M. Teulet a rempli cette double tâche avec un soin consciencieux, nous dirions presque une admirable honnêteté, etc. »

Prix de 600 francs. Le concours est ouvert jusqu'au 30 avril 1858.

La nouvelle publication de M. Teulet, faisant partie d'une collection destinée à populariser nos historiens originaux, ne se compose que de la traduction des œuvres d'Eginhard, précédée d'une notice biographique trèsétendue. L'auteur ne s'est pas contenté de reproduire et de résumer dans cette étude tous les travaux dont Éginhard a été l'objet, il a su mettre à profit un assez grand nombre de textes peu connus ou négligés, qui lui ont fourni de nouveaux détails sur la vie et les ouvrages de cet historien : la plupart de ces textes ont été publiés à la suite de la notice comme pièces justificatives. Une révision complète de son premier travail a permis à notre confrère d'apporter de nombreuses modifications à sa traduction, et de donner aux renseignements topographiques qui y sont joints l'exactitude et la précision qu'on aime à rencontrer dans ce genre d'annotations.

J. T.

JOHANNIS DE GARLANDIA de triumphis Ecclesiæ libri octo. A latin poem of the thirteenth century. Edited by Thomas Wright. London, Nichols and sons, 1856. — In-4o de XII et 166 pages.

On ne connaît qu'un manuscrit du De Triumphis Ecclesiæ de Jean de Garlande. Il est conservé au musée Britannique, fonds Cotton, Claudius, A, 10. M. Le Clerc, dans un des derniers volumes de l'Histoire littéraire de la France, avait déjà longuement analysé ce poëme, dans lequel on remarque quelques détails sur la guerre des Albigeois, sur la fondation de l'université de Toulouse, sur l'expédition de saint Louis dans l'ouest de la France, en 1242, et sur la croisade de 1248. Quoique le poëme de Jean de Garlande ne présente pas un bien grand intérêt, nous devons savoir gré à M. Thomas Wright d'en avoir donné une splendide édition. Malheureusement elle ne sera guère consultée par nos compatriotes, car elle a été imprimée pour le Roxburghe-club, et c'est à peine si quelques exemplaires des publications de cette société parviennent en France.

NOTES et documents relatifs à Jean, roi de France, et à sa captivité en Angleterre. Londres, impr. de C. Whittingham. Petit in-4° de

190 pages.

Ce recueil, dont l'auteur s'est fait connaître par la signature H. D'ORLÉANS mise au bas de la dernière page, a primitivement paru dans le second volume des Mélanges des Philobiblion.

Il se compose principalement d'un journal de la recette et de la dépense du roi Jean, en Angleterre, depuis le 25 décembre 1358 jusqu'au 1er juillet 1359. La suite de ce compte, depuis le 1er juillet 1359 jusqu'au 8 juillet 1360, a été publiée par M. Douët d'Arcq, en 1851, d'après un manuscrit de la Bibliothèque impériale '. Le morceau publié par le duc d'Aumale, d'après le manuscrit original qui lui appartient, complète à plus d'un égard

1. Comptes de l'argenterie des rois de France, p. 193 et suiv.

la publication de notre confrère. C'est ainsi qu'il peut servir à combler une lacune de l'itinéraire du roi Jean pendant sa captivité. On y voit que du 25 décembre 1358 au 4 avril 1359, le roi résida à Londres; il y habitait l'hôtel de Savoie, sur la paroisse de Saint-Clément. Il en partit le 4 avril pour se rendre à Hertford, où il était encore le 1er juillet. — Entre tous les articles de ce compte, nous avons remarqué le suivant (p. 105), qui se rapporte peut-être à un sceau secret du roi : « Thènes de la Brune, pour une pierre jaune achetée de li pour le roy, dont l'on a fait un signet pour li, lequel signet est d'un creissant semé d'estoiles. »

A la suite du journal se trouvent: 1o (p. 145) une lettre du roi Jean, datée de Calais, au mois d'août 1360, pour l'approbation des comptes de Denis de Collors; 2o (p. 150) une lettre de Charles V, datée de Paris, le 4 mai 1364, pour donner à Denis de Collors décharge des bijoux que le roi Jean lui avait confiés; — 3o (p. 153) un inventaire de la vaisselle du roi Jean en 1363; M. Douët d'Arcq l'avait déjà publié (p. 330) d'après un manuscrit différent; 4o (p. 156) un inventaire intitulé: « Inventoire de plusieurs choses qui furent de la royne Jehanne de Bouloigne, fait..... le 28* jour de mars 1361 ; » — 5° (p. 160) une notice et des extraits du poëme de Gaces de la Buigne sur la chasse; l'éditeur s'est servi de deux manuscrits conservés dans la collection de Condé, et dont l'un porte la signature autographe de Jean, duc de Berri.

L'éditeur ne s'est pas borné à publier des textes dont la copie avait été préparée par notre confrère M. Bertrandy. Il y a joint un intéressant travail sur la cour du roi Jean, sur la nature de ses recettes et de ses dépenses, et sur les principaux épisodes de sa captivité et de sa délivrance.

COLLECTION de chroniques, mémoires et autres documents pour servir à l'histoire de France depuis le commencement du troisième siècle jusqu'à la mort de Louis XIV, mise en ordre et accompagnée de préfaces, notices, explications et dissertations historiques, par M. Jean Yanoski. FROISSART. Paris, F. Didot, 1853. In-18; prix : 3 francs.

Nous venons de transcrire avec exactitude l'intitulé qui se lit en tête de ce volume. C'est un devoir pour nous d'ajouter immédiatement qu'il ne s'agit ici, ni d'une collection complète, ou même suivie, de mémoires relatifs à l'histoire de France, ni d'une édition complète de Froissart. Il s'agit d'un abrégé de collection et d'une édition abrégée. Le nouvel éditeur ou compilateur de Froissart déclare, dans sa préface, qu'il s'en tient, comme texte, à l'édition de M. Buchon; travail estimable, en effet, et le plus satisfaisant, dans son ensemble, de tous ceux que nous possédons jusqu'à ce jour sur l'excellent raconteur du quatorzième siècle. Quant à la réduction de Froissart que M. Yanoski, le regrettable auteur, a cru devoir présenter au public, voici dans quels termes i justifie sa tentative: « Je ne me suis pas proposé, dit-il, d'être utile aux hommes profondément versés dans ce genre d'érudition, mais uniquement à ceux qui, dans un but littéraire ou

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