Obrazy na stronie
PDF
ePub

sujet un mémoire qui n'a été imprimé que par extrait dans ceux de l'Académie des inscriptions(1). Cet extrait suffit pour connaître ses motifs, quoique l'impression en soit très-défectueuse, parce que la plupart des citations en sont fausses, quant à l'indication des pages. Il m'a été facile de les rectifier en consultant les auteurs cités.

L'historien Flavius Joseph, sur lequel il s'appuie avec raison, puisque c'est le plus ancien auteur qui ait bien connu l'histoire d'Hérodes, nous dit (2) qu'Hérodes avait près de soixante-dix ans lorsqu'il fut attaqué de la maladie dont il mourut, après trente-sept ans de règne (3), à compter du sénatus-consulte par lequel Octave et Antoine lui conférèrent le titre de roi, mais seulement trentequatre ans après qu'il eut été possesseur tranquille du trône par la déposition et par le supplice d'Antigone, dernier roi des Asmonéens.

Le tems précis de la naissance d'Hérodes étant inconnu, c'est par les deux derniers caractères chronologiques qu'il faut déterminer l'époque de

sa mort.

Le sénatus-consulte qui nomma Hérodes roi dės Juifs est du second consulat de Cnéus Domitius Calvinus, qui avait pour collègue Caïus Asinius Pollio, par conséquent de l'an 40 avant l'ère

(1) Tome XXI, page 178 des Mémoires.

(2) Antiquités juives, livre XVII, chap. 6; et non livre XVIII, chapitre dernier, comme le disent les Mémoires de l'Académie. (3) Ibid. chapitre VIII.

vulgaire, et même des six premiers mois de cette année, puisque Flavius Joseph (1) le fait concourir avec la cent quatre-vingt-quatrième olimpiade, qui finit le 13 juillet de cette année 40 (2). La prise de Jérusalem par Sosius et la mort d'Antigone sont du consulat de Marcus Agrippa et de Canidius Gallus (3), ou de l'an 37 avant la même ère vulgaire, la cent quatre-vingt-cinquième olimpiade, dont la troisième année finit le 10 juillet de l'an 37, qui se compose ainsi de la troisième et de la quatrième année de cette olimpiade (4). Les deux différentes durées du règne d'Hérodes, comptées de ces deux époques, s'accordent à donner la quatrième année avant l'ère vulgaire pour celle que l'historien Flavius Joseph a voulu marquer; et par conséquent la mort de ce prince est arrivée dans le courant de cette année (5). Telle est du moins la conclusion qu'en a tirée Fréret, qui reconnaît n'avoir fait en cela qu'adopter l'opinion soutenue par les plus habiles chronologistes, par le père Pétau, par le père Pagi, par le cardinal Noris et par plusieurs autres écrivains (6).

Comment se fait-il donc qu'Eusèbe, dont l'autorité ne me paraît guère moins grande que celle

(1) Antiquité's juives, livre XIV, chap. 14; et non livre XVIII, chapitre 10.

(2) L'Art de vérifier les dates avant l'ère chrétienne, III, 224. (3) Antiquités juives, livre XIV, chapitre 16.

(4) L'Art de vérifier les dates avant l'ère chrétienne, III, 224. (5) Mémoires de l'Acad. des inscript. XXI, 179.

(6) Id. page 178.

de Flavius Joseph, ne soit pas d'accord avec lui et avec les chronologistes modernes? Il donne aussi 37 ans de règne à Hérodes, et les commence comme lui à l'alliance d'Antoine et d'Auguste, qui précéda la nomination d'Hérodes (1), mais il met ce commencement sous l'an 1984 d'Abraham, qui, dans sa manière de compter (2), répond à l'an 32 avant notre ère. Les consuls de cette année étaient Cnéus Domitius Ahénobarbus et Caïus Sosius (3). Cette conformité du nom de Domitius pour le premier consul est peut-être ce qui a donné lieu à l'erreur. Une différence de huit ans est difficile à comprendre entre deux auteurs que l'on peut regarder presque comme contemporains; car Flavius Joseph mourut peu après l'an 95 de notre ère (4), et Eusèbe mourut vers l'an 339 (5). La différence est à la vérité de 244 ans; ce qui est quelque chose, mais pas assez pour qu'Eusèbe n'ait aussi droit à notre croyance, d'autant plus qu'il a connu l'histoire de Flavius Joseph, et qu'il s'en est servi. On pourrait donc croire qu'il a eu quelque raison que nous ne connaissons pas pour s'écarter de son opinion. Il faut nécessairement, pour décider cette question, un auteur intermé

(1) Eusebii chronic. Mediolani, 1818, page 384.

(2) Tableau chronologique des événemens rapportés par Tacite,

page 107.

(3) Theod. Jansonii Fast. hom. Amstel., 1740, page 103.

(4) Biographie universelle, XXII, 31, article Josèphe.

(5) Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, par dom Cellier. IV, 212.

vérité il ne se trompe plus ici que de 4 ans au lieu de 8, et son époque de la mort d'Auguste est exacte. Toutes ces dates intermédiaires n'ont vraisemblablement pas été mises par Eusèbe, mais par saint Jérôme, qui l'a traduit en latin.

Quant à saint Luc, il n'avait jamais vu JésusChrist. Son Évangile est écrit en grec (1), et peutêtre y a-t-on oublié un chiffre. Il vaut mieux le croire que de penser qu'il s'est trompé sur l'âge de Jésus-Christ, ce qui au reste ne change rien aux dogmes de la religion. L'erreur qui se trouve dans son Évangile est fort ancienne, et en a entraîné beaucoup d'autres: ce qui prouve qu'en chronologie on n'est pas obligé de s'en rapporter aveuglément à nos livres saints, dont le témoignage peut être discuté sous ce rapport. L'histoire est une science comme la géométrie, et a ses règles desquelles on ne peut s'écarter.

Mais si Eusèbe ou plutôt saint Jérôme, et longtems après lui Jacques de Guyse, se sont trompés en cette occasion, ils sont assurément bien excusables, puisqu'ils ont suivi l'Évangile de saint Luc

tel

que nous l'avons encore aujourd'hui, et qu'ils regardaient comme ne pouvant les induire en erreur. Les sciences ont leurs progrès presque insensibles, et la chronologie, encore dans l'enfance de leur tems, ne pouvait être alors ce qu'elle est devenue après la découverte de l'impression, entre

(1) Voyez l'article Luc dans la Biographie universelle, t. XXV, page 331.

les mains de Scaliger, du père Pétau et du cardinal Noris.

Les Annales du Hainaut ne nous apprennent donc pas seulement l'histoire de cette contrée : elles nous font connaître l'état des sciences dans le quatorzième siècle; elles nous développent l'histoire de l'esprit humain à cette époque, et leur auteur nous instruit, même lorsqu'il se trompe.

Ce qui résulte véritablement de son texte, c'est que saint Jean-Batiste commença l'exercice de son ministère la quinzième année du règne de Tibère, l'an 30 avant notre ère. C'était, parmi les Juifs, celle d'un jubilé, dont l'ouverture se fesait le dixième du mois thirsi, par un grand jeûne appelé le jeûne d'expiation. On croit que ce fut ce jour même que Jean choisit pour ouvrir sa mission, dont l'objet était d'annoncer un jubilé d'une espèce nouvelle, figuré par les précédens, et qui devait être salutaire non-seulement aux Juifs, mais à toutes les nations (1). Tout le peuple de Judée accourant pour recevoir le batême de Jean, Jésus vint se présenter aussi à lui pour être batisé. Jean ne l'avait jamais vu; mais l'ayant alors connu par une lumière surnaturelle : « C'est à moi, » lui dit-il, « à recevoir de vous le batême. » Jésus insisté, et il obéit. Au sortir de l'eau, comme il fesait sa prière, le Saint-Esprit descendit sur lui en forme

(1) L'Art de vérifier les dates depuis la naissance de Notre-Seigneur. Paris, 1818. Chronologie historique du Nouveau-Testament, II, 174.

b

« PoprzedniaDalej »