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CHAPITRE XIX.

De la Conception de la bienheureuse vierge Marie.

L'AUTEUR.

COMME, dans les livres précédens, j'ai traité selon mes moyens, de la nature, des figures et des fêtes des dieux et des idoles que le peuple belge ou de Hainaut reconnaissait alors, il me paraît juste et opportun de parler, mais avec crainte et respect, et après avoir protesté contre toute maligne interprétation, de l'humaine origine et du progrès de notre Sauveur JésusChrist, à qui le pays de Hainaut est heureusement soumis maintenant. Vers la vingt-sixième année environ de l'empire d'Auguste, seconde de la 190 olimpiade, la bienheureuse vierge Marie, mère de notre Seigneur Jésus-Christ, fut conçue de Joachim et d'Anne, par l'intervention de la grâce du Saint-Esprit. Saint Jérôme en traitant historiquement de cette conception particulière, dans le livre intitulé Histoire de Joachim et d'Anne: «Marie,» dit-il, « descendant de la maison de David, naquit à Nazareth, et fut élevée dans le temple de Jérusalem. Son père se nommait Joachim, et sa mère Anne. La famille de l'un était de Nazareth, et celle de l'autre de Bethleem. Joachim et Anne vivaient dans la simplicité, la justice et la piété. Ils divisèrent tout leur patrimoine en trois parts, dont l'une était 29

III.

stirpe David oriunda, in Nazareth nata, Hierosolymis in templo nutrita. Pater ejus Joachim, mater autem Anna dicebatur: domus paterna ex Nazareth,maternum genus ex Bethleem erat. Vita eorum simplex et recta et pia; omneinque substantiam suam trifariè diviserunt : unam partem templo et templi servitoribus impendebant; aliam peregrinis et pauperibus erogabant; tertiam sibi et familiæ suæ usibus reservabant. Ità Deo justi, hominibus pii, per annos circiter viginti, castum domi conjugium sine procreatione liberorum exercebant. Voverunt tamen, si Deus daret eis sobolem, eam se ipsiûs servitio mancipaturos. Cujus rei gratiâ templum Domini singulis per annum festis frequentare solebant. Cùm autem in encæniis Hierosolymam Joachim ascendisset, Isachar pontifex videns eum inter concives suos cum oblatione ascendentem, sprevit eum cum muneribus suis, dicens ejus munera Deo non digna posse videri, quem ipse indignum prole judicaret, maledictumque esse qui non genuisset semen in Israel. Cujus ille opprobrii objectu pudore confusus, ad pastores qui cum pecoribus suis in pascuis erant, secessit: non enim domum repedare voluit, ne fortè à contribulibus, qui hoc à sacerdote audierant, eodem opprobrio notaretur. Cùmque ibi aliquandiù esset, quâdam die dùm esset solus, angelus Domini ei astitit cum immenso lumine, ejusque visione perterritum compescuit, dicens : « Noli <«< timere, Joachim; quia ego sum angelus Domini, «< missus ab eo ut annuntiem tibi orationes tuas exauditas, et eleemosynas ascendisse in conspectu Do

destinée au temple et aux serviteurs du temple, et la seconde aux pèlerins et aux pauvres : ils réservèrent la troisième pour leurs besoins et ceux de leur famille. Ce fut ainsi qu'en se montrant justes aux ieux de Dieu, et pieux à l'égard des hommes, ils vécurent environ vingt ans, en conservant leur chasteté dans le mariage, et sans avoir d'enfans. Néanmoins ils firent vou, si le Seigneur leur accordait une postérité, de la consacrer à son service. C'est pourquoi ils avaient coutume de fréquenter le temple à toutes les fêtes de l'année. Mais un jour qu'on célébrait la fête de la Dédicace, Joachim étant monté à Jérusalem, le pontife Isachar, qui le vit s'avancer avec son offrande au milieu de ses concitoyens, le méprisa ainsi que ses présens, disant qu'ils ne pouvaient être agréables au Seigneur, qui le jugeait indigne d'avoir des enfans, et que celui-là était maudit qui ne pouvait obtenir de postérité dans Israël. Joachim, honteux de s'entendre objecter ce déshonneur, se retira auprès des bergers qui gardaient leurs troupeaux dans les pâturages; car il ne voulut pas rentrer dans sa maison, dans la crainte d'essuyer le même outrage de la part des hommes de sa tribu qui avaient entendu les paroles du grand-prêtre. Il se tenait depuis quelque tems caché dans cette retraite, lorsqu'un jour qu'il se trouvait seul, un ange du Seigneur se présenta devant lui au milieu d'une immense lumière, et apaisa la frayeur que cette apparition lui causait, en lui disant: « Ne crains rien, Joachim, car je suis l'ange du Seigneur, » envoyé par lui pour t'annoncer que tes prières ont été exaucées, et que tes aumônes sont montées jusqu'à » lui. Il a vu ta honte, et entendu l'outrage qu'on te » fesait en te reprochant injustement ta stérilité. Anne, » ton épouse, te donnera une fille, et tu lui donneras le

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« mini. Vidit quippè pudorem tuum, et audivit ste« rilitatis opprobrium non rectè objectum. Et eccè « Anna uxor tua pariet tibi filiam, vocabisque nomen ejus Mariam. Hæc erit, ut vovisti, ab infantiâ suâ « Deo consecrata, et Spiritu Sancto replebitur adhuc << ex utero matris suæ. Omne immundum non comedet << nec bibet, nec inter populares forinsecùs, sed in << templo Domini erit conversatio ejus. In ætate pro<< cedente sicut ipsa mirabiliter ex sterili nascetur, <«< ità incomparabiliter virgo generabit Altissimi « filium, qui, vocatus Jesus secundùm nomen suum, << salvator erit omnium gentium. » Discedens ab eo angelus apparuit et Annæ uxori ejus eadem annuntians. Ità, juxtà angelicum præceptum, uterque de locis in quibus erant promoventes, ascenderunt in Jerusalem; et ad portam auream sibi invicem obviantes, de mutuâ visione suâ lætati, et promissæ prolis certitudine securi, debitas Deo humilium exauditori gratias retulerunt.

OBSERVATION. Tous ces détails se trouvent dans l'Évangile de la naissance de Marie, Evangelium de nativitate Mariæ, imprimé par Jean-Albert Fabricius, dans son Codex apocryphus novi testamenti, Hamburgi, 1719, tome I, p. 19. Les notes de l'éditeur sont curieuses pour ceux qui voudront examiner la vérité ou la fausseté de ces faits. F.

» nom de Marie. Celle-ci sera, ainsi que tu en as fait le » væu, consacrée dès son enfance à Dieu, et sera remplie de l'Esprit-Saint dès le ventre de sa mère. Elle › ne mangera ni ne boira rien d'impur, et fuyant les entretiens du monde, elle ne conversera que dans le > temple du Seigneur. Lorsqu'elle avancera en âge, de même qu'elle reçut le jour dans un sein stérile, de même, vierge incomparable, elle engendrera le fils › du Très-Haut, qui, recevant le nom de Jésus, sera » le sauveur de toutes les nations. » A ces mots, l'ange s'éloigna de lui, et apparut aussi à son épouse Anne, pour lui annoncer les mêmes choses. De sorte que, d'après le précepte de l'ange, l'un et l'autre sortant des lieus où ils se trouvaient, montèrent à Jérusalem, et se rencontrèrent à la porte dorée; joyeux de la même vision qu'ils avaient eue, et pleins de confiance dans la promesse qui leur avait été faite d'une postérité, ils rendirent des actions de grâces au Dieu qui exauçait les prières des humbles.

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