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il n'entre pas dans mon projet de raconter comment Drusus, à la tête de ses Romains, vengea, dans les deux premières années de son gouvernement, les Rémois des Tréviriens, ni comment il détruisit Verdun et plusieurs autres villes. Quant à Claudius il fit réparer la ville des Morins, Arras, Cambrai, Tournai et Tongres, et résida, comme nous l'avons dit ci-dessus, à Bavonie et à Famars, qu'il regardait comme ne formant qu'une seule ville.

CHAPITRE XVII.

Du poète Virgile.

CHRONIQUES D'Eusèbe.

En l'année vingt-cinquième d'Auguste, seconde de la 190 olimpiade, Virgile meurt à Brindes, pendant le consulat de Sentius Saturninus et de Lucrétius Cinna. Ses ossemens, transportés à Naples, furent ensevelis à deux milles de la ville, et l'on mit sur son tombeau cette inscription: Mantoue m'a donné le jour; la Calabre m'a enlevé, Naples me possède aujourd'hui. J'ai chanté les pâturages, les champs et les guerriers. Hélinand, livre XX, parle beaucoup de ce poète : « Il est certain, dit-il, que Virgile occupe le premier rang parmi les poètes. » Macrobe assure qu'il posséda toutes les sciences. Juvénal le compare à Homère, lorsqu'il dit « On chantera l'auteur de l'Iliade et les

<< Constat, inquit, Virgilium inter omnes optimum fuisse poetarum. » Macrobius dicit eum nulliûs scientiæ fuisse expertem. Juvenalis eum Homero comparat, dicens :

Conditor Iliados cantabitur atque Maronis

Altisoni dubiam facientia carmina palmam (1).

Tamen de intemperantiâ libidinis ipsum redarguit. Augustinus, in primo libro de Civitate Dei (2), sic ipsum recommendat : « Virgilium, inquit, proptereà parvuli legunt, ut poeta magnus omniumque præclarissimus atque optimus: teneris ebibitus annis non facilè oblivione possit aboleri.» Ab hoc Virgilio multa dicuntur mirabiliter actitata. In portâ Neapolitanâ Campania (3) dicitur fecisse muscam æneam quæ omnes muscas ab urbe expellebat. Item in eâdem urbe dicitur macellum sic construxisse, ut nulla ibi caro putresceret. Dicitur etiàm campanile quoddam sic construxisse, ut turris ipsa lapidea eodem modo moveretur quo campana compulsabantur. Sed hoc mihi non videtur verum, cùm tunc usus campanarum nondùm inventus fuisset (4), nisi fortè usus earum priùs fuerit apud paganos quàm apud christianos. Item hortum quemdam sic ordinasse dicitur, ut in eo nullo modo plueret. De balneis quoque ab eo com

(1) Sat. XI, v. 178.

(2) Cap. 3.

(3) Voyez sur les choses merveilleuses opérées par ce Virgile, différent du prince des poètes, les notices des manuscrits de la bibliothèque du roi, t. V, p. 253, et le livre manuscrit intitulé: l'Image du monde, par Brunetto Latini.

(4) Cette remarque appartient à Vincent de Beauvais.

poëmes du sublime Virgile qui lui dispute la palme. »> Cependant il l'accuse d'avoir eu des mœurs extrêmement déréglées. Saint Augustin, dans son premier livre de la Cité de Dieu, fait ainsi l'éloge de ce poète : « Voilà pourquoi les enfans lisent Virgile, ce grand auteur, le plus célèbre et le meilleur de tous les poètes. Lorsqu'on s'est nourri de ses chef-d'œuvres dès l'âge le plus tendre, il n'est guère facile de les oublier. » On raconte un grand nombre de merveilles opérées par lui. Il fabriqua, dit-on, à Naples, une mouche d'airain qui chassait toutes les autres mouches de la ville. Il y construisit aussi un marché où les viandes ne se corrompaient jamais. On rapporte de plus qu'il bâtit un clocher d'une telle manière que sa tour de pierre se mouvait comme les cloches quand on les sonnait. Mais ce récit me parait peu digne de foi, attendu que l'usage des cloches n'était pas encore établi; à moins cependant que les païens ne s'en soient servi avant les chrétiens. On dit encore qu'il avait ordonné un jardin de telle sorte qu'il n'y pleuvait jamais. On raconte beaucoup d'autres choses surprenantes au sujet des bains qu'il avait construits; et grand nombre de personnes croient qu'il est l'auteur de cette merveille que l'on appelait le Salut de Rome, et qui passait pour la première des sept merveilles du monde. On y avait consacré toutes les statues, qui portaient chacune écrit sur sa poitrine le nom du peuple dont elle tenait l'image chacune avait aussi une clochette à son cou. Elles étaient gardées par des prêtres qui veillaient continuellement jour et nuit; et lorsqu'une nation se disposait à se révolter contre l'empire romain, la statue à laquelle elle appartenait se mouvait et agitait la clochette qu'elle portait à son cou. De plus, suivant

positis mirabilia multa narrantur. Creditur etiàm à multis ab eo factum illud miraculum quod dicebatur Salvatio Romæ, quod inter septem miracula mundi primum computatur. Erat autem ibi consecratio om. nium statuarum. Quæ statuæ scripta nomina in pectore gentis cujus imaginem tenebant, gestabant, et tintinnabulum uniuscujusque statuæ. Erantque sacerdotes die ac nocte semper vigilantes qui eas custodiebant. Et quæ gens in rebellionem consurgere conabatur contrà imperium romanorum, statua illius commovebatur, et tintinnabulum ipsius movebatur in collo ejus. Et, ut quidam addunt, statua ipsa mox versùs illam gentem digitum indicem protendebat, et versùs nomen ipsius gentis quod in eâ erat scriptum. Quod nomen inscriptum continuò sacerdos principibus deportabat, et mox exercitus ad eam gentem reprimendam mittebatur. Multa alia mirabilia scribuntur fecisse, quæ, brevitatis causâ, non conscribo. Beatus Augustinus, in libro X° de Civitate Dei (1) dicit quamdam prophetiam esse à Virgilio de Christo, ut illa

Jam nova progenies cœlo demittitur alto...

Te duce, si qua manent sceleris vestigia nostri,
Irrita perpetuâ solvent formidine terras (2).

Quibus Virgilii versibus hæc Augustinus addit: quod, inquit, non à seipso se dixisse in eglogæ ipsius quarto fermè versu indicat, ubi ait

(1) Cap. 27. (2) Ecl. IV.

quelques personnes, la statue elle-même étendait aussitôt le doigt index vers cette nation, et ensuite le dirigeait sur le nom du peuple qui était inscrit sur elle. Alors le prêtre s'empressait de porter ce nom aux princes, et bientôt l'on fesait marcher une armée pour contenir la nation menaçante. On a écrit beaucoup d'autres merveilles qu'on attribue à Virgile, mais que je passe sous silence, pour être plus court. Saint Augustin dit, livre X de la Cité de Dieu, qu'on trouvait dans Virgile une prophétie sur le Christ, que voici : Le ciel nous envoie d'en haut une nouvelle race de mortels.... S'il reste encore quelques traces de nos crimes, par toi elles seront effacées, et la terre sera délivrée de ses alarmes. Saint Augustin accompagne ces vers d'un commentaire : « Virgile, dit-il, nous indique, par le quatrième vers de la même églogue, que ces paroles ne sont pas de lui; en effet, nous y lisons: Le dernier âge prédit par la sibille de Cumes est arrivé : une grande révolution de siècles commence toute nouvelle. La vierge Astrée revient, et le règne de Saturne revient aussi. Le ciel nous envoie d'en haut une nouvelle race de mortels. Voilà ce qui prouve, selon saint Augustin, que Virgile a emprunté les vers précédens à la sibille de Cumes. L'AUTEUR. On croit que ce poète n'a composé que trois ouvrages, comme d'ailleurs on le voit par son épitaphe, dans laquelle on lit ces mots : J'ai chanté les pâturages, les champs et les héros; par ces trois choses sont désignées les Bucoliques, les Géorgiques et l'Eneide. Ainsi donc les poëmes sur le Moucheron et sur l'Etna, qui portent le nom de Virgile, et que les Orléanais promènent avec jactance et ostentation, doivent être relégués parmi les livres apocriphes. Virgile vécut, suivant la chronique, cinquante-trois ans.

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