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tes du côté des habitans de Tournai et de Mercure, qu'il n'avait pu réduire, il résolut d'élever en face de Chièvres, au milieu des bois et des marais, et sur le chemin du temple de Pan, un château fort, qui porterait son nom, et qui s'appelle encore aujourd'hui Herchies. De ce point d'appui il dirigea ses attaques sur Chièvres, dont les habitans, secourus par les Ner viens, les Mercuriens et les Ruthènes, se défendirent avec courage, et, sans se mettre en peine de la garnison d'Herchies, sauvèrent leur ville et leurs biens. Enfin les Ruthènes, les Belges, les Nerviens, les Rhétiens et toutes les autres nations voisines, ne pouvant supporter davantage les insultes et la tirannie d'Héricinus, se rassemblèrent en une seule armée, et forcèrent ses troupes à s'enfuir du Hainaut pour se retirer dans les bois et les lieus déserts. Ces fugitifs remplirent toutes les forêts, depuis Herchies jusqu'au Rhin, et, s'étant construit des forts sur plusieurs montagnes, devinrent par la suite une grande nation. Héricinus, leur chef, qui donna son nom aux Herciniens, ayant rassemblé tous les Albaniens qu'il trouva dans la Phétie (1) et ailleurs, peupla une contrée fort étendue, qui prit le nom d'Albanie et qui porte maintenant celui de Hasbain. Un grand nombre d'autres se fixa dans le Liégeois, l'Anhalt et la Bathuanie, et, adoptant les lois et les usages des Belges, ils commencèrent à connaître et à respecter la justice mieux qu'ils ne fesaient auparavant.

(1) Le Brabant.

CAPITULUM LXXVIII.

De Hercynia silvâ et natura Gallorum.

DE Hercyniâ loquitur Julius Celsus de bello Casaris contrà Germanos. « Gallorum, inquit, subita sunt et repentina consilia. Nam omnes ferè novis rebus student, et ad bellum mobiliter celeriterque excitantur. Itaque ea quæ fortissima sunt Germaniæ loca, circà Hercyniam silvam, Rectusages (1) occupaverunt (Rectusages græcè Belgi latinè dicuntur) (2), et ibì consederunt. Quæ gens summam habet justitiæ et bellicæ laudis opinionem. Hujus Hercyniæ silvæ longitudo novem dierum iter expedito patet. Multa in câ genera ferarum nasci constat, quæ reliquis in locis visa non sunt ex quibus sunt boves unicornes (3) et alces (4) et uri (5). » Hæc Julius Celsus. (6) ACTOR.

(1) Au lien de Rectusages, lisez : Volca Tectosages.

(2) Cette étrange interprétation ne mérite pas d'être réfutée, et ne nous donne pas une haute opinion des lumières de Lucius de Tongres, son auteur, sur l'expédition des Tectosages. Voy. la préface du second volume. F.

(3) Les rennes, suivant Buffon. (4) Les élans, suivant le même.

(5) Notre texte écrit à tort ursi. (6) C. J. Cæs. Comment., vi, 4.

CHAPITRE LXXVIII.

De la forêt Hercinie et du caractère des Gaulois.

JULIUS-CELSUS parle de la forêt Hercinie dans la guerre de César contre les Germains. « Les Gaulois, dit-il, prennent des résolutions promtes et subites : car ils s'étudient presque tous à amener un nouvel ordre de choses, et courent à la guerre avec une mobilité et une célérité surprenantes... Les Volces Tectosages (c'est ainsi que les Belges se nomment en grec) s'emparèrent de la contrée la plus fertile de la Germanie, et se fixèrent aux environs de la forêt Hercinie. Ce peuple s'est fait une grande réputation par sa justice et ses exploits... La forêt Hercinie a, de largeur, neuf jours d'une marche rapide... Il est certain qu'il y nait plusieurs espèces de bêtes farouches que l'on n'a pas vues ailleurs, tels que des bœufs unicornes, des élans et des aurochs. » Voilà ce que rapporte JuliusCelsus. L'AUTEUR. Ici on peut demander si la forêt Hercinie est en-deçà du Rhin, comme le dit clairement Lucius, ou au-delà de ce fleuve, comme Julius Celsus nous paraît de prime abord le croire. A cette question, je réponds, sauf meilleur jugement, que cette forêt, ainsi que le montre clairement Lucius, qui a écrit son histoire dans la ville de Tongres, est située en-deçà du

Hic potest oriri quæstio, utrùm hæc silva Hericinia sit citrà Rhenum, proùt clarè ostendit Lucius, aut ultrà Rhenum, proùt primâ facie videtur sentire Julius Celsus eximmediatè recitatus (1). Ad quam quidem quæstionem, salvo meliori judicio, respondeo, quòd dicta silva, proùt ostendit Lucius tungrensis, qui in Tungrensi civitate suam condidit historiam, dicta silva citrà Rhenum situatur, et incipit ab oppido Hericinio, juxtà villam Serviæ, in Hannoniâ, et tunc continuabatur per silvas Ardennæ, usquè ad Rhenum et Alpes Juræ, qui Sancti-Gothardi nunc dicuntur. Et tunc ad auctoritatem Julii Celsi respondeo, dicendo quòd Julius Celsus romanus in Româ suas condidit historias (2); et illis temporibus, ab aliquibus partibus dicta silvæ non erat via aut aditus ad Romam, nisi pertranseundo fluvium Rheni: et tunc Julius locum dicta silvæ specificando, dicebat ipsam ultrà Rhenum collocari; et valdè benè dixit, quià illud quod erat sibi ipsi in Româ existenti ultrà Rhenum, illud idem erat Lucio ipso existenti in Tungrim, citrà Rhenum (3).

(1) Voyez les Commentaires de César à l'endroit cité.

(2) J. de Guyse, en attribuant à Julius Celsus les Commentaires de César, suit l'opinion de son siècle, qui a encore trouvé des défenseurs dans ces derniers tems; mais il se trompe quand il le dit Romain: il était de Constantinople et vivait dans le septième siècle de notre ère. Ses Commentaires sur la vie de Jules-César ont été réimprimés dans la collection de M. Lemaire, en 1820. Voyez la préface sur Julius Celsus. F.

(3) Cette explication est bien loin d'être satisfesante. Il serait mieux de dire que la forêt Hercinie était si étendue, que des bois sur la gauche du Rhin ont pu être considérés comme en fesant partie.

Rhin, et commence au village d'Herchies, près de Chièvres en Hainaut, se prolonge par les Ardennes jusqu'au Rhin et aux Alpes du Jura, qui sont aujourd'hui nommées le Mont Saint-Gothard. Et alors j'oppose à l'autorité de Julius Celsus cette circonstance qu'il était Romain, et qu'il a composé ses histoires à Rome; j'ajoute que, de son tems, on ne pouvait traverser certaines parties de la forêt Hercinie qui étaient impraticables, et qu'on était obligé de passer le Rhin pour se rendre à Rome. C'est pourquoi Julius, en spécifiant la situation de cette forêt, disait avec raison qu'elle était située au-delà du Rhin: en effet, ce qui était pour lui, qui habitait Rome, au-delà de ce fleuve, était en deçà, pour Lucius, qui habitait Tongres.

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