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LIVRE CINQUIÈME.

CHAPITRE I.

Les Belges qui avaient échappé à la destruction, sont, sous certaines conditions, rappelés dans leur pays.

HUGUES DE TOUL.

APRÈS la destruction du royaume et des cités belges par Jules César, ainsi que nous l'avons raconté dans le livre précédent, une foule de Belges fugitifs se cachèrent, comme ils purent, dans les marais de l'Océan, dans les bois, les antres et les cavernes, et y restèrent plusieurs années, laissant leur pays sous la domination romaine. Pendant ce tems-là, les horreurs de la famine, la mortalité, les tempêtes, la rage des loups et des ours, celle des différentes espèces de bêtes fauves et d'oiseaux, des serpens et des autres animaux malfesans, désolèrent toute la contrée. Les chiens et les chats changèrent leurs habitudes domestiques en une méchanceté semblable à celle des vipères; la terre resta inculte; on ne semait plus, on n'émondait plus les arbres, les champs n'étaient plus cultivés, et les vignes n'étaient plus taillées; enfin le sol paraissait converti en une terre

ginis silvestris conversum penitùs videbatur. His igitur jàm annis pluribus se sic habentibus, circà annum quintum imperii Octoviani, Crispus et Galba cæterique Romani in fortalitiis quondam Belgorum commorantes hujusmodi tempestates ferre diutiùs non valentes, concorditer decreverunt Octoviano imperatori, qui Julio Cæsari immediatè in imperio successerat, significare quòd, nisi Belgi dulciter ad propria revocarentur, verisimiliter timebant suorum atquè regni perditionem imminere. Octovianus hæc audiens decrevit edicto imperiali Belgos ad propria reversuros, conditionibus suppositis: prima, quòd nec arma tenerent neque fabricarent; item quòd fortalitia, munitiones aut defensiones in suis civitatibus aut villis de cætero quoquomodo non construerent, sine imperatoris assensu; item quòd quodlibet caput censum determinatum, annis singulis, Romanis exhiberet; item quòd ritus, leges, cæremonias et idiomata Romanorum susciperent; item quòd infrà castra Romanorum, sub pœnâ capitis, non intrarent. Hôc autem edicto divulgato, plures nolentes Romanis tributarios effici, Treberim recesserunt; alii verò secundùm cognationes turmatim collecti, parvas villulas, humiles casellas, exigua domicilia, hincindè construxerunt, et sic terram paulativè excoluerunt. Paucis evolutis annis, populo aliquantulùm multiplicato, de beneplacito Crispi atquè Romanorum, cœperunt Belgi antiquæ Belgis ruinas atquè macerias excolere, palatium minimè approximando: et imperaverunt ut ibidem casellas de bitumine, nullo modo

aride et de sel. Plusieurs années s'étant ainsi écoulées, vers l'an cinquième de l'empire d'Auguste, Crispus et Galba et tous les autres Romains qui tenaient garnison dans les anciens châteaux des Belges, ne pouvant supporter plus long-tems de pareilles calamités, convinrent entre eux d'informer l'empereur Auguste, qui avait succédé immédiatement à Jules-César, que si les Belges n'étaient rappelés avec douceur dans leur pays, la perte de leurs troupes et du royaume leur paraissait imminente. Auguste, ayant appris cela, rendit un décret impérial pour rappeler les Belges dans leurs anciennes propriétés, sous certaines conditions: d'abord, qu'ils n'auraient et ne fabriqueraient aucune arme; ensuite, qu'ils ne bâtiraient point de châteaux, de fortifications ni de remparts dans leurs villes ou leurs bourgs, sans le consentement de l'empereur; de plus, qu'ils paieraient tous les ans une capitation aux Romains; qu'ils adopteraient les rits, les lois, les cérémonies et la langue des Romains; enfin, qu'ils n'entreraient pas, sous peine de mort, dans les châteaux des Romains. Lorsque cet édit fut publié, plusieurs Belges, ne voulant pas devenir tributaires de Rome, se retirèrent à Trèves; les autres, réunis par familles, bâtirent çà et là en commun de petites fermes, d'humbles chaumières, d'étroites demeures, et se mirent peu à peu à cultiver la terre. Peu d'années après, le nombre des habitans s'étant multiplié, ils commencèrent, avec la permission de Crispus et des Romains, à relever les murailles et les ruines de l'ancienne Belgis, sans toutefois s'approcher du palais, et firent élever sur l'emplacement de cette ville de petites maisons de briques, mais non de pierres. Néanmoins ils bâtirent plusieurs hameaux et métairies, qu'ils désignèrent par leurs anciens noms. Ainsi à la

de lapidibus, fabricarent. Undè plures villulas atquc rura ibidem construxerunt, nomina eis, juxtà antiquam denominationem imponentes; undè et principaliori ruri, collocato inter palatium et montem Castrorum Cæsaris, denominationem antiquæ civitatis imposuerunt, videlicet Belgiez; undè usquè in hodiernum diem, corrupto idiomate nostro, Beliguies (1) vocitatur. Alia verò rura infrà dictas ruinas ædificata, juxtà antiquas denominationes, sortita sunt vocabula, utpotè : Louvignies (2), sic dicta à quâdam portâ Lupinâ antiquitus vocitatâ; item Huignies (3), à palatio in honorem victoria Hunnorum aliàs constructo; Breaugies (4), et sic de singulis, quæ brevitatis causâ, prætermittimus. Et sic aliquantulùm quievit terra et paulatim multiplicabatur populus. Qualiter autem civitas Tornacensis ac villæ sub eâdem contentæ restaurata fuerunt, et qualiter sub Galbâ, duce romano, deguerunt, clariùs habetur in libello, qui intitulatur Restauratio Tornacensis per Galbam.

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(1) Bellignies, village à une lieue environ au nord-est de Bavai.

(2) Village au sud et tout près de Bavai: il ne faut pas le confondre avec le village de Louvignies qui est à une lieue environ au sud du Quesnoi.

(3) Heugnes, hamenu à une lieue et demic au nord de Bavai.

(4) Breaugies ou Bleaugies, village à une demi-lieue environ au nord-ouest de Bavai.

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