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CHAPITRE XXXVIII.

Belgis est en proie à toutes les horreurs de la famine pendant son dernier siège.

BELGIS fut bientôt désolée par une si grande famine, qu'on vit des mères dévorer leurs enfans. Les habitans de Famars lui fesaient passer toutes les provisions et les vivres qu'ils pouvaient se procurer; mais qu'étaitce pour tant de monde, après le ravage et l'épuisement de toute la province? Alors Andromadas décréta, de l'avis de tous les citoyens, qu'on ferait sortir de la ville une partie des femmes et tous les enfans d'au-dessous de vingt ans. On renvoya donc seize mille femmes ou enfans, sous la conduite des fils d'Andromadas, dont l'aîné, âgé de seize ans, se nommait Flaminéus, et sous celle des fils d'Ursarius, dont le plus âgé avait le nom de Flandebert; mais il fut réglé, d'un consentement unanime, que chaque duc fournirait deux centurions avec quelques-uns de leurs soldats les moins robustes, tirés du corps de la nation qu'il commandait, pour accompagner ceux qu'on renvoyait. Ils furent conduits sur les bords de la mer, au milieu des marais et dans les bois du domaine des Morins, non dans les mêmes lieus où leurs prédécesseurs s'étaient réfugiés, car le même pays n'aurait pu suffire à leur subsistance, mais plus près, de l'autre côté de la Lis.Dans

ultrà Lisam. Hi, successione temporis, illùc fundaverunt juxtà montes civitatem quam Belgim (1) postmodum appellaverunt, prout recitat Hugo.

CAPITULUM XXXIX.

Qualiter Andromadas informavit populum suum, et de morte ejus.

ANDROMADAS videns famis inediam in civitate et adversariorum potentiam extrà civitatem, tactus dolore cordis intrinsecùs, in publicum proposuit : « Viri,>> inquit,« potentes et nobiles, animadvertere potestis >> statum civitatis et nostrum, et qualiter periculis >> gravibus obvolvimur : nullum habemus recursum, >> nisi ad deos omnipotentes, sed patres nostri ipsos >> irritaverunt, et nos iniquitates eorum portamus. >> Clamemus ad ipsos ut propitientur nobis, et si » defuerint, non speremus in auxilium vicinorum aut >> amicarum civitatum, quia undiquè circumclusi su» mus, neque in potentiam nostram, quia super omnes » debilitati et annulati nos concernimus, neque spe» randum est in Cæsaris misericordiâ, cùm non sit >> deorum nostrorum cultor. Speremus igitur in deo

(1) Je ne vois pas de lieu qui se rapproche plus de celui décrit par l'auteur, que la ville de Bergues, à une lieue de la mer et de Dunkerque.

la suite des tems ils fondèrent, au pié des montagnes, une ville à laquelle ils donnèrent le nom de Belgis, suivant ce que rapporte Hugues de Toul.

CHAPITRE XXXIX.

D

Discours d'Andromadas à son peuple, et mort de ce prince.

ANDROMADAS, Voyant la famine dans la ville, et la puissance de ses ennemis au-dehors, et le cœur déchiré par ce spectacle, fit en public la proposition suivante : « Nobles et puissans seigneurs,» dit-il, « vous pouvez » considérer l'état de notre cité et le nôtre, et les grands » dangers qui nous entourent de tous côtés : nous n'a»vons plus de ressource que dans les dieux tout-puis» sans; mais nos pères ont excité leur courroux, et » nous portons la peine des iniquités de nos pères. » Conjurons les dieux de nous être propices; et s'ils ⚫ nous abandonnent, cessons d'espérer dans le secours » de nos voisins et des villes amies, car nous sommes › enfermés de toutes parts, et n'attendons aucun bien » de notre faiblesse, car nous sommes épuisés et » presque anéantis; ne comptons pas non plus sur la » clémence de César, car il n'adore pas les mêmes » dieux que nous. Espérons donc en la miséricorde » divine; car nous ne valons pas mieux que nos ancê» tres qui sont morts en combattant pour leurs lois, » leur culte, l'honneur et le bien commun de ce

>> rum pietate; neque enim meliores sumus quàm

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antiqui patres nostri, qui pugnando pro legibus et >> deorum nostrorum, honore et bono communi regni » atque civitatum mortui sunt. Moriamur igitur glo» riosè; meliùs est mori quàm videre mala gentis >> nostræ et civitatis. Si quis formidolosus aut timidus >> exstiterit, ecce via subterranea publicè aperietur; >> exeant civitatem omnes qui exire voluerint, et dùm >> ad pacificam devenerint terram, pro nobis sacrificia >> diis immortalibus offerant. Primus igitur corpus » meum offero contrà adversarios, et qui mecum >> mori voluerit me sequatur. » Ad cujus vocis sonitum tantus fuit populi clamor, ut omnes contrà adversarios exire conabantur: sed temperatè elegit quos voluit; cæteros pro civitatis aliquali tuitione dereliquit. Andromadas igitur cum viginti millibus pugnatorum civitatem exiens, ad modum cunei ipsos ordinans, ad aciem Cæsaris accersivit. Qui velut catuli leonum, ad prædam ascendentes, facie primariâ, totam Cæsaris aciem per medium diviserunt, et usquè ad ejus tentorium devenerunt. Andromadas verò ad Cæsarem applicans, bipenne quo utebatur percutiens, ipsum cancellare coegit; sed Cæsar virtuosè se defendens, et à circumstantibus fulcitus, post multos et feroces insultus et multorum occisionem et diversos belli eventus, Andromadas tandem à Cæsare interimitur; et omnes qui cum ipso exierant, antè solis occasum, post strenuos actus et magnanimos insultus, paucis exceptis, non sine gravi damno Romanorum, morte functi sunt. Cæsar, nocte illâ, cum acie suâ totâ, lo

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et

» royaume et de nos cités. Mourons avec gloire : il est » mieux de mourir que de voir les maux de notre nation et de notre ville. S'il est parmi vous des gens » timides et lâches, voici le souterrain qui est ouvert » à tout le monde : que ceux qui veulent abandon» ner la ville sortent, et qu'ils offrent pour nous » des sacrifices aux dieux immortels, lorsqu'ils seront » arrivés sur une terre hospitalière et amie. Quant à » moi, je m'offre le premier pour combattre nos en> nemis : quiconque veut mourir avec moi, me suive. » A ces mots, le peuple s'écria tout d'une voix, qu'il voulait marcher à l'ennemi; mais le roi choisit tranquillement ceux qui devaient l'accompagner, et laissa le reste à la garde de la ville. Il sortit alors à la tête de vingt mille combattans, rangés en forme de coin, marcha contre les Romains. Ses soldats, tels que des jeunes lions qui poursuivent leur proie, enfoncent, au premier choc, l'armée de César, et s'avancent jusqu'auprès de sa tente. Andromadas s'attachant à ce général, le frappe de sa hache à deux tranchans, et le fait chanceler; mais César se défend avec courage; soutenu des soldats qui l'environnent, il presse à son tour son adversaire, et, après des attaques nombreuses et meurtrières qui coûtent la vie à une foule de guerriers, et tiennent long-tems la victoire en suspens, il l'accable et le tue. Tous les compagnons d'Andromadas, à l'exception d'un très-petit nombre, restèrent sur-le-champ de bataille, après avoir fait des efforts et des actes magnanimes, et avoir forcé une foule de Romains à mordre la poussière. La nuit suivante, César s'éloigna avec toutes ses troupes à mille pas du lieu du combat, pour ne pas être incommodé par les cadavres, et fit prendre du repos à son armée. Lorsque la nou

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