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massue d'Hercule pour écraser la tête de ce chien enragé. Il est vrai qu'il sentit bientôt dans le combat la puissance de notre Nazaréen, ou, comme il l'appelait par mépris, du Galiléen; car il fut percé d'un coup de lance, juste punition de ses impiétés et de ses blasphèmes.

Josèphe, qui a si bien défendu l'antiquité du peuple juif, a écrit deux livres contre Appion d'Alexandrie surnommé le Grammairien, où il cite un si grand nombre de passages tirés des auteurs profanes, que je ne saurais comprendre comment un homme, Juif de nation, et qui s'était appliqué dès ses plus tendres années à l'étude de l'Écriture sainte, a pu lire tous les ouvrages des auteurs grecs. Que diraije de Philon que les savants regardent comme le Platon des Juifs? Continuons à parcourir tous les auteurs qui citent les profanes dans leurs ouvrages. Quadratus, disciple des apôtres et évêque de l'église d'Athènes, n'offritil pas à l'empereur Adrien, dans le temps qu'il allait au temple de Cérès, un livre pour la défense de la religion chrétienne, où la force et l'élévation de son génie parurent avec tant d'éclat, qu'il s'attira l'admiration de tout le monde, et fit cesser une cruelle persécution qui s'était élevée contre l'Église ? Le philosophe Aristides, homme très-éloquent, mit sous les yeux du même empereur une apologie pour les chrétiens toute remplie de passages tirés des philosophes. Justin, qui était aussi philosophe, suivit son exemple, et présenta à l'empereur Antonin, à ses fils et au sénat un livre qu'il avait composé contre les Gentils, où il défend hautement l'ignominie de la croix, et confesse avec une liberté véritablement chrétienne la résurrection de Jésus-Christ. Que dirai-je de Méliton, évêque de Sardes? d'Apollinaire, évêque d'Hiérapolis? de Denys, évêque de Corinthe? de Tatien, de Bardesane, et d'Irénée successeur de saint Pothin martyr, qui tous ont écrit plusieurs volumes, pour faire voir à quels philosophes Origène avait emprunté le venin de son hérésie? Pantène, philosophe de la secte des stoïciens, fut envoyé aux

Indes par Démétrius, évêque d'Alexandrie, qui connaissait sa profonde érudition, afin d'annoncer Jésus-Christ aux Brachmanes et aux philosophes de ces contrées. Clément, prêtre de l'église d'Alexandrie, qui à mon sens est le plus habile de tous ceux qui ont écrit sur la religion, a fait huit livres intitulés Stromates, et huit autres qui ont pour titre Expositions, un contre les Gentils, et trois autres intitulés du Pédagogue, ou de l'instruction des enfants. Qu'y a-t-il dans tous ces ouvrages qui ne soit plein d'érudition et de tout ce que la philosophie renferme de plus curieux et de plus recherché? Origène à son imitation a écrit huit livres de Stromates, où il compare la doctrine des chrétiens avec celle des philosophes, et où il confirme tous les dogmes de notre religion par l'autorité de Platon, d'Aristote, de Numénius, et de Cornutus. Miltiades a écrit lui-même un livre fort savant contre les Gentils. Hippolyte et Apollonius, sénateur romain, ont donné aussi quelques ouvrages au public. Nous avons encore les livres de Jules l'Africain, qui a écrit l'histoire des temps; de Théodore, qui depuis fut appelé Grégoire, homme égal aux apôtres en miracles; de Denys d'Alexandrie, d'Anatolius de Laodicée; comme aussi des prêtres Pamphile, Piérius, Lucien et Malchion; d'Eusèbe de Césarée, d'Eustathe d'Antioche, d'Athanase d'Alexandrie, d'Eusèbe d'Émèse, de Triphille de Cypre, d'Astère de Scitople, et du confesseur Sérapion; de Tite, évêque de Bostres; de Basile, de Grégoire et d'Amphilochius, tous trois de Cappadoce. Tous les ouvrages de ces auteurs sont tellement remplis de passages et de sentences des philosophes, qu'on ne sait ce que l'on doit le plus admirer en eux, ou de la science de l'Écriture sainte, ou de la connaissance profonde qu'ils ont eue des auteurs profanes.

Venons maintenant aux écrivains de l'Église latine. Où trouve-t-on plus d'érudition et de subtilité que dans Tertullien? Son Apologétique et ses livres contre les Gentils contiennent ce qu'il y a de plus sublime et de plus

délicat dans les lettres humaines. Les auteurs profanes ont-ils quelque trait remarquable que Minutius Félix, ce célèbre avocat de Rome, n'ait fait entrer dans son livre qui a pour titre Octavius, et dans un autre qu'il a composé contre les astrologues? (si toutefois il en est l'auteur, comme le titre le porte). Arnobe a écrit sept livres contre les Gentils. Lactance son disciple en a écrit autant, sans compter deux autres volumes intitulés, l'un de la colère, et l'autre de l'ouvrage de Dieu. Si vous voulez vous donner la peine de les lire, vous trouverez que ce n'est presque qu'un abrégé des dialogues de Cicéron. Pour ce qui est du martyr Victorin, s'il n'y a pas beaucoup d'érudition dans ses ouvrages, il paraît cependant qu'il n'a rien épargné pour être érudit. Quelle brièveté, quelle profonde connaissance de l'histoire, quelle beauté, quelle éloquence ne trouve-t-on pas dans les ouvrages que saint Cyprien a composés pour prouver que les idoles ne sont point des dieux? Hilaire, ce grand évêque, qui de nos jours a confessé avec tant de zèle la divinité de Jésus-Christ, a imité dans son Traité de la Trinité les douze livres de Quintilien, et pour le nombre et pour le style. Dans le petit écrit qu'il a rédigé contre le médecin Dioscore, il montre assez jusqu'où allait la connaissance qu'il avait des belleslettres. Le prêtre Juvencus, sous le règne de Constantin, a raconté en vers l'histoire de notre Sauveur, sans craindre que la poésie diminuât quelque chose de la majesté de l'Évangile. Je passe sous silence une infinité d'autres auteurs, tant morts que vivants, qui témoignent assez par leurs ouvrages qu'ils ne manquaient ni de savoir, ni de la volonté de s'en servir.

Mais de crainte que vous ne tombiez dans une autre erreur, en vous imaginant qu'il n'est permis d'invoquer l'autorité des auteurs profanes que contre les Gentils, il faut que vous sachiez qu'il n'y a presque aucun écrivain, si vous en exceptez ceux qui n'ont jamais plus cultivé les belles-lettres qu'Epicure, dont les livres ne soient

pleins d'une science et d'une érudition profonde. Au reste je ne saurais vous dissimuler ici ce qui me vient présentement en pensée, c'est que je suis convaincu que vous n'ignorez pas la manière dont tous les habiles écrivains en ont usé: mais je m'imagine que quelqu'un vous a inspiré de me faire cette question, et que ce pourrait bien être Calpurnius surnommé Lanarius, à cause qu'il aime à lire l'histoire de Salluste. Je vous prie donc de lui dire de ma part, que s'il n'a point de dents pour manger, ilne porte point envie à ceux qui en ont encore de bonnes; et qu'étant aussi aveugle qu'une taupe, il ne doit point se moquer de ceux qui ont des yeux de chèvre. J'aurais ici, comme vous voyez, libre carrière pour discuter, si je ne craignais de dépasser les bornes d'une lettre.

(Saint Jérôme, Lettre LXXIX®).

II. DES DIFFÉRENTES ESPÈCES D'ÈTRES.

AUGUSTIN A CÉLESTIN.

Oh! qu'il y a un conseil que je voudrais vous pouvoir donner sans cesse! C'est qu'il faut vous décharger de tous les soins inutiles, et leur faire succéder ceux qui sont véritablement utiles et salutaires; car de vivre ici-bas exempts de toutes sortes de soucis, c'est ce que nous ne devons pas prétendre.

Je vous ai écrit sans avoir eu de réponse, et vous ai envoyé ce que j'avais de prêt et de mis au net des livres que j'ai rédigés contre les manichéens, sans que vous m'ayez rien mandé de ce que vous en pensez. Présentement je crois qu'il est temps que je vous les réclame, et que vous me les renvoyiez. Je vous prie de le faire incessamment, et de m'apprendre en même temps comment vous vous en servez, et de quelles armes vous croyez encore avoir besoin pour ruiner cette erreur.

Voici quelque chose de court, mais de grand, et qui, comme je vous connais, vous convient parfaitement. Il y a une nature muable par rapport au lieu, aussi bien qu'au temps, et c'est le corps.

y a une nature muable par rapport au temps, mais non pas au lieu, et c'est l'âme.

Et enfin, il y a une nature qui n'est pas plus muable par rapport au lieu que par rapport au temps, et c'est Dieu.

Ce qui est donc muable, de quelque manière que ce puisse être, est créature, et ce qui est immuable, c'est le Créateur.

Or, comme les choses ne sont qu'autant qu'elles subsistent et qu'elles sont unes, et que l'unité est le principe

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