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suivi sans relâche par sa conscience, ne pourra se souffrir soi-même; et il cherchera le néant, et il ne lui sera pas donné. O mes Frères, que la teinture de cette honte, si je puis parler de la sorte, sera inhérente alors! O qu'il nous est aisé maintenant de nous en laver pour jamais! Allons rougir, mes Frères, dans le tribunal de la pénitence. Hé! ne désirons pas qu'on y plaigne toujours notre foiblesse. Qu'on la blâme, qu'on la reprenne, qu'on la réprime, qu'on la châtie.

Le temps est court, dit l'apôtre (1), et l'heure n'est pas éloignée. Je ne dis pas celle du grand jugement; car le Père s'est réservé ce secret; mais je dis l'heure de la mort, en laquelle sera fixé notre état. En tel état que nous serons morts, en cet état immuable nous serons représentés au grand jour de Dieu. O quel renversement en ce jour! O combien descendront des hautes places! O combien chercheront leurs anciens titres, regretteront vainement leur grandeur perdue! O quelle peine de s'accoutumer à cette bassesse! Fasse le Dieu que j'adore que tant de grands qui m'écoutent, ne perdent pas leur rang en ce jour!

Que cet auguste Monarque ne voie jamais tomber sa couronne qu'il soit auprès de saint Louis qui lui tend les bras et qui lui montre sa place. O Dieu! que cette place ne soit point vacante! Que celui-là soit haï de Dieu et des hommes qui ne souhaite pas sa gloire, même sur la terre, et qui ne veut pas la procurer de toutes ses forces par ses

(1) I. Cor. VII. 29.

fidèles services. Dieu sait sur ce sujet les vœux de mon cœur. Mais, Sire, je trahis votre Majesté et je lui suis infidèle, si je borne mes souhaits pour vous dans cette vie périssable. Vivez donc heureux, fortuné, victorieux de vos ennemis, père de vos peuples. Mais vivez toujours bon et toujours juste ; vivez toujours humble et toujours pieux, toujours prêt à rendre compte à Dieu de cette noble partie du genre humain qu'il vous a commise. C'est parlà que nous vous verrons toujours Roi, toujours auguste, toujours couronné, et dans la terre et au ciel; et c'est la félicité que je souhaite à votre Majesté, au nom du Père, et du Fils, et du SaintEsprit. Amen.

EXORDE

D'UN AUTRE SERMON

POUR LE MÊME DIMANCHE.

Gloire qui doit suivre les humiliations volontaires du Sauveur.

Tunc videbunt Filium hominis venientem in nube, cum potestate magnâ et majestate.

Alors ils verront le Fils de l'homme venir sur une nuée, avec une grande puissance et une grande gloire. Luc. XXI. 27.

IL

Il y a cette différence, parmi beaucoup d'autres, entre la gloire de Jésus-Christ et celle des grands du monde, que la bassesse étant en ceux-ci du fond même de la nature, et la gloire accidentelle et comme empruntée, leur élévation est suivie d'une chute inévitable et qui n'a point de retour au lieu qu'en la personne du Fils de Dieu, comme la grandeur est essentielle et la bassesse empruntée, ses chutes qui sont volontaires, sont suivies d'un état de gloire certain et d'une élévation toujours permanente. Ecoutez comme parle l'Histoire sainte de ce grand roi de Macédoine, dont le nom même semble respirer les victoires et les triomphes. En ce temps, Alexandre, fils de Philippe, défit des armées pres

que invincibles, prit des forteresses imprenables, triompha des rois, subjugua les peuples, et toute la terre se tut devant sa face, saisie d'étonnement et de frayeur (1). Que ce commencement est superbe, auguste! mais voyez la conclusion. Et après cela, poursuit le texte de l'historien sacré, il tomba malade, et se sentit défaillir, et il vit sa mort assurée; et il partagea ses Etats que la mort lui alloit ravir, et ayant régné douze ans il mourut. C'est à quoi aboutit toute cette gloire : là se termine l'histoire du grand Alexandre. L'histoire de Jésus-Christ ne commence pas à la vérité d'une manière si pompeuse; mais elle ne finit pas aussi par cette nécessaire décadence. Il est vrai qu'il y a des chutes. Il est comme tombé du sein de son Père dans celui d'une femme mortelle, de là dans une étable, et de là encore par divers degrés de bassesse jusqu'à l'infamie de la croix, jusqu'à l'obscurité du tombeau. J'avoue qu'on ne pouvoit pas tomber plus bas : aussi n'est-ce pas là le terme où il aboutit; 'mais celui d'où il commence à se relever. Il ressuscite, il monte aux cieux, il y entre en possession de sa gloire; et afin que cette gloire qu'il y possède soit déclarée à tout l'univers, il en viendra un jour en grande puissance juger les vivans et les morts.

C'est cette suite mystérieuse des bassesses et des grandeurs de Jésus-Christ, que l'Eglise a dessein de nous faire aujourd'hui remarquer, lorsque dans ce temps consacré à sa première venue dans l'infirmité de notre chair, elle nous fait lire d'abord

(1) 1. Machab. 1.

202 EXORDE SUR LES HUMILIATIONS DE J.-C.

l'Evangile de sa gloire et de son avénement magnifique; afin que nous contemplions ces deux états dissemblables dans lesquels il lui a plu de paroître au monde; premièrement le jouet, et ensuite la terreur de ses ennemis : là jugé comme un criminel; ici juge souverain de ses juges mêmes. Suivons, Messieurs, les intentions de l'Eglise avant que de contempler combien Jésus-Christ est venu foible, considérons aujourd'hui combien il apparoîtra redoutable; et prions la divine Vierge, dans laquelle il s'est revêtu miséricordieusement de notre foiblesse, de vouloir nous manifester le mystère de sa grandeur, en lui disant avec l'ange: Ave.

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