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FRAGMENT

D'UN DISCOURS SUR LE MÊME SUJET,

Où à l'occasion de la solennité des bienheureux, it est parlé des fidèles qui achèvent de se purifier dans le purgatoire. Comment leur sainteté est-elle confirmée.

PUISQUE l'Eglise unit de si près la solennité des bienheureux qui jouissent de Dieu dans le ciel, et la mémoire des fidèles qui, étant morts en notre Seigneur sans avoir encore obtenu la parfaite rémission de leurs fautes, en achèvent le paiement dans le purgatoire; je ne les séparerai pas par ce discours, et je vous représenterai en peu de paroles quel est l'état où ils se trouvent. Je l'ai déjà dit en deux mots, lorsque je vous ai prêché que leur sainteté étoit confirmée, quoique non consommée encore. Mais encore que ces deux paroles vous décrivent parfaitement l'état des ames dans le purgatoire, peut-être ne le comprendriez-vous pas assez, si je ne vous en proposois une plus ample explication.

Disons donc, Messieurs, avant toutes choses ce que veut dire cette sainteté que nous appelons confirmée et afin de l'entendre sans peine, posez pour fondement cette vérité, qu'il y a une différence notable entre la mort considérée selon la nature, et la mort considérée et envisagée selon les connoissances que la foi nous donne. La mort considérée

selon la nature, c'est la destruction totale et dernière de tout ce qui s'est passé dans la vie : In illá die peribunt omnes cogitationes eorum (1), « En ce » jour-là toutes leurs pensées périront ». [ Le Psalmiste] regardoit la mort selon la nature; mais si nous la considérons d'une autre manière, c'est-àdire selon les lumières dont la foi éclaire nos entendemens, nous trouverons, chrétiens, que la mort, au lieu d'être la destruction de ce qui s'est passé dans la vie, en est plutôt la confirmation et la ratification dernière. C'est pourquoi le Sauveur (*) a dit : Ubi ceciderit arbor, ibi erit (2): « Où l'arbre sera » tombé, il y demeurera pour toujours ». C'est-àdire, tant que l'homme est en cette vie, la malice la plus obstinée peut être changée par la pénitence, la sainteté la plus pure peut être abattue par la convoitise. Gémissez, fidèles serviteurs de Dieu, de yous voir en ce lieu de tentations, où votre persévérance est toujours douteuse, à cause des combats continuels où elle est exposée à tous momens.

Mais quand est-ce que vous serez fermes et éternellement immuables dans le bien que vous aurez choisi? Ce sera lorsque la mort sera venue confirmer et ratifier pour jamais le choix que vous avez fait sur la terre de cette meilleure part qui ne vous sera plus ôtée : grand privilége de la mort qui nous affermit dans le bien, et qui nous y rend immuables. Que si vous voulez savoir, chrétiens, d'où lui vient cette belle prérogative, je vous le dirai en un mot (1) Ps. CXLV. 3.— (3) Eccles. xl. 3.

(*) C'est l'Ecclésiaste qui dit ce que Bossuet attribue au Sauveur. Edit de Déforis.

1

par une excellente doctrine de la divine épître aux Hébreux. Saint Paul nous y enseigne, mes Frères, que la nouvelle alliance que Jésus-Christ a contractée avec nous, n'a été confirmée et ratifiée que par sa mort à la croix (1). Et cela pour quelle raison? C'est à cause, dit ce grand apôtre, que cette mort est un testament: Novum testamentum (2). Or nous savons par expérience que le testament n'a de force qu'après la mort du testateur: mais quand il a rendu l'esprit, aussi le testament est invariable: on n'y peut ni ôter ni diminuer: Nemo detrahit (*) aut superordinat (3). Et c'est pour cela, chrétiens, que notre Sauveur nous apprend lui-même qu'il scelle son testament par son sang: Novum testamentum in meo sanguine (4). Jésus-Christ fait son testament; il nous laisse le ciel pour notre héritage, il nous laisse la grâce et la rémission des péchés; bien plus il se donne lui-même. Voilà un présent merveilleux. Mais il meurt sans le révoquer au contraire il le confirme encore en mourant. Cette donation est invariable, et éternellement ratifiée par la mort de ce divin testateur. Reconnoissez donc, chrétiens, que la mort de notre Seigneur est une bienheureuse ratification de ce qu'il lui a plu de faire pour nous : mais il veut aussi en échange que notre mort ratifie et confirme ce que nous avons fait pour lui. Il a confirmé par sa mort le testament par lequel il se donne à nous; il ne s'y peut plus rien changer; et il demande aussi, chrétiens, que nous confirmions (3) Galat. 11. 15.

(1) Hebr. 1x. 15, 16, 17. — (2) I. Cor. x1. 25. · — (4) Luc. XXII. 20.

(*) Bossuet suit ici la leçon du grec. Edit. de Déforis.

par la nôtre le testament par lequel nous nous sommes donnés à lui. Ce qui se pouvoit changer avant notre mort, devient éternel et irrévocable aussitôt que nous avons expiré dans les sentimens de la foi et de la charité chrétienne. C'est pourquoi, ô morts bienheureux, qui êtes morts en notre Seigneur, dans la participation de ses sacremens, dans sa grâce, dans sa paix et dans son amour; j'ai dit que votre sainteté étoit confirmée. Votre mort a tout confirmé; et en vous tirant du lieu de tentations, elle vous a affermis en Dieu pour l'éternité toute entière. Mais pourquoi donc disons-nous que leur sainteté si bien confirmée, n'est pas encore consommée ? Cela dépend d'une autre doctrine qu'il faut encore que je vous explique, pour vous renvoyer bien instruits de la foi de la sainte Eglise touchant le purgatoire.

SERMON

POUR LE JOUR DES MORTS (a),

SUR LA RESURRECTION DERNIÈRE.

Deux sortes de mort, deux sortes de résurrection: celle de l'ame doit précéder celle du corps: comment l'une et l'autre s'opèrent.

Novissima inimica destruetur mors.

Le dernier ennemi qui sera détruit sera la mort. I. Cor. xv. 26.

QUAND l'ordre des siècles sera révolu, les mystères de Dieu consommés, ses promesses accomplies, son Evangile annoncé par toute la terre; quand le nombre de nos frères sera rempli, c'est-à-dire quand la sainte société des élus sera complète, le corps mystique du Fils de Dieu composé de tous ses membres, et les célestes légions, où la désertion des anges rebelles a fait vaquer tant de places, entièrement rétablies par cette nouvelle recrue; alors il sera temps, chrétiens, de détruire tout-à-fait la

(a) On ne voit pas précisément pour quel jour l'auteur avoit destiné ce sermon : il nous a paru qu'il n'y en avoit pas auquel il pût mieux convenir qu'à celui des Morts, d'autant plus que nous n'en avons point trouvé de direct pour leur Commémoration. Edit. de Déforis.

mort,

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