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de l'arbre, il tombe, et chacun alors peut constater son état de dépérissement et de mort.

Tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu. Il n'est pas dit ici: qui porte de mauvais fruits, mais celui qui ne porte pas de bon fruit. Que de gens disent: Je puis mourir sans crainte; je n'ai jamais fait de tort à personne! Mais ceux qui parlent ainsi oublient que la religion chrétienne ne consiste pas uniquement à s'abstenir du mal; il faut plus, selon elle; il faut faire le bien, "porter de bons fruits», vivre pour le Seigneur.

11. Pour moi, je vous baptise d'eau, pour vous porter à la repentance; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de lui porter les souliers; c'est lui qui vous baptisera du Saint-Esprit et de feu.

Jean-Baptiste établit ici nettement la différence qui existe entre le symbole et la chose signifiée, entre le baptême d'eau extérieur et le baptême du Saint-Esprit, qui est la régénération intérieure. Il savait qu'une puissance supérieure à la sienne pouvait seule rendre ce baptême d'eau efficace. Loin de nous la pensée de déprécier le baptême. Il a été institué par Jésus-Christ, qui a commandé de «baptiser au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit». Or, partout où nous voyons un commandement de Dieu, nous trouvons en même temps une promesse et une bénédiction. Le Seigneur ne prescrit jamais de vaines cérémonies. Le baptême est donc tout à la fois un devoir aussi bien qu'un privilége. L'erreur est de confondre deux choses parfaitement distinctes: le symbole et la réalité. L'erreur est d'attribuer au sacrement du baptême une vertu illusoire, et dont les faits attestent chaque jour l'impuissance, puisque des milliers d'âmes qui ont reçu le baptême, selon toutes les formalités extérieures, n'en quittent pas moins la vie sans Dieu et sans espérance.

Cette expression de «feu» a été diversement interprétée. Les uns l'expliquent comme signifiant les grâces spirituelles

promises à tous les croyants indistinctement; d'autres n'y voient que les langues de feu qui se posèrent sur les apôtres, au jour de la Pentecôte, et les dons miraculeux accordés à la primitive Église. On trouve textuellement la même expression dans l'Évangile selon saint Luc. Ces termes «Saint-Es«prit» et «feu», n'étant séparés par aucun article dans la langue originale, ne forment en quelque sorte qu'un seul mot: nous voyons donc là un double baptême simultané, à la fois vivifiant et purifiant, qui est le partage de tous les enfants de Dieu.

12. Il a son van dans ses mains, et il nettoiera parfaitement son aire, et amassera son froment dans le grenier; mais il brûlera la balle au feu qui ne s'éteint point.

Le van dont on se sert en Orient pour nettoyer le blé est composé de deux instruments: l'un est muni de longues dents, dont l'office est de lancer le blé au vent, afin que toute la menue paille soit emportée; l'autre sert à produire de l'air par un temps lourd et calme. Ce verset établit nettement cette grande vérité de la séparation du froment ou des chrétiens, d'avec la paille ou les incrédules; deux classes d'hommes parfaitement distinctes l'une de l'autre, dont inévitablement les uns seront recueillis dans le grenier céleste, les autres jetés au feu qui ne s'éteint point. Quoi qu'en puissent dire ces prétendus philosophes, qui dans leur philanthropie veulent se faire plus miséricordieux que Dieu, il n'y a pas de moyen terme. Ou l'on est froment, ou l'on est paille; ou l'on est sur le chemin du ciel, ou l'on est sur celui de l'enfer. Satan disait à Ève dans le jardin d'Éden: Vous ne mourrez point; et jusqu'à la fin du monde il séduira les âmes par le même moyen.

Il nettoiera parfaitement son aire. En ce temps-là le peuple juif était l'aire de Dieu. Mais ce qui, au premier coup d'œil, paraissait être du froment, n'était souvent que de la paille vide et légère. Le van de Jésus, c'est-à-dire sa Parole, devait purger cette aire de tous les hypocrites et de

ces hommes à fausse profession, «ayant l'apparence de la «piété, mais en ayant renié la force».

Le Seigneur Jésus se sert aussi de son van dans des vues de miséricorde, pour expulser du cœur des croyants la paille du péché. Alors il leur envoie des épreuves; leurs idoles sont brisées, leurs plus belles fleurs fauchées par la mort; il conduit sa brebis par le chemin qu'll a suivi Luimême dans la «vallée de Baca». «Elle s'en allait après ceux "qu'elle aimait et m'oubliait, dit l'Éternel; c'est pourquoi, voici je l'attirerai après que je l'aurai fait aller dans le dé«sert, et je lui parlerai selon son cœur.» (Osée, п, 13, 14.) C'est ainsi que Jésus prépare son peuple pour les demeures célestes.

13. Alors Jésus vint de Galilée au Jourdain vers Jean, pour être baptisé par lui. 14. Mais Jean s'y opposait, disant: C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi, et tu viens à moi! 15. Et Jésus répondant, lui dit: Ne t'y oppose pas pour le présent, car c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir tout ce qui est juste. Alors il ne s'y opposu plus.

Admirons ici la profonde humilité de Jean. De solennelles prédictions avaient été faites sur lui tant par les prophètes d'Israël que par l'ange qui annonça sa naissance à Zacharie. Il avait passé de longues années dans la solitude du désert; et lorsqu'il parut sur les bords du Jourdain, de grandes foules le suivirent en lui demandant le baptême. Cependant Jean aperçoit Jésus, le vrai Messie, dont lui n'était que le Précurseur. Il lui cède aussitôt la place qu'il avait occupée un instant; il s'avoue pécheur, puisqu'il reconnaît qu'il a besoin de recevoir le baptême du Saint-Esprit. Les mots traduits ici par "s'y opposait» ont bien plus d'énergie dans la langue originale, où ils indiquent une sorte de résistance physique de la part de Jean.

Il était tout naturel qu'il ne comprît pas pourquoi l'Agneau de Dieu, le Saint et le Juste, voulait s'unir à tous ces pé

cheurs et se soumettre au baptême. Jésus n'avait point de confession à faire, puisque, n'ayant jamais péché, Il n'avait pas à se juger d'après la loi, qu'Il n'avait jamais violée.

Mais il a fallu qu'Il fùt semblable en toutes choses à ses «frères», et c'est pourquoi Il s'humilia volontairement. Il jeta «comme un voile sur la splendeur de sa sainteté et prit place parmi les Israélites contrits et croyants qui venaient se faire baptiser en confessant leurs péchés.

Ne t'y oppose pas pour le présent. Ces paroles indiquent qu'en réalité Jean avait raison, et qu'il avait besoin d'être baptisé par Christ. Mais le temps n'était pas encore venu, puisque Jésus se présentait pour accomplir la loi, dont Jean était alors le ministre.

16. Et quand Jésus eut été baptisé, il sortit incontinent de l'eau, et à l'instant les cieux s'ouvrirent sur lui, et Jean vit l'Esprit de Dieu descendant comme une colombe et venant sur lui.

On a voulu parfois spiritualiser ce récit, en supprimant la colombe, qui ne serait alors qu'un symbole de la douceur du Christ. Mais les trois Évangiles synoptiques, en racontant le même fait à peu près dans les mêmes termes, lui ont donné une grande importance, accrue par la déclaration de Jean-Baptiste, dans l'Évangile selon saint Jean, que c'était à ce signe qu'il devait reconnaître le Fils de Dieu, le Messie. Il est donc évident que l'Esprit Saint, la troisième Personne de la Trinité, avait pris la forme visible d'une colombe, pour se poser sur Jésus-Christ.

C'était sur le Sauveur comme homme, que l'Esprit de Dieu était ainsi descendu sous une forme matérielle. Jésus s'était mêlé aux Israélites repentants qui étaient venus confesser publiquement leurs péchés. Ce fut dans cette manifestation de renoncement, d'obéissance et de sainte humilité, qu'Il reçut le sceau du «bon plaisir» de Dieu le Père sur son œuvre et sur sa personne. Lorsque les cieux s'ouvrirent aux regards d'Étienne, le premier martyr, «il vit la gloire de

« Dieu et Jésus à la droite de Dieu ». Mais le «Fils de l'homme » n'avait pas besoin de ce spectacle pour soutenir sa foi. Les cieux ne s'ouvrent ici que pour contempler Jésus sur la terre. Ses rapports avec le Père, qui existaient de toute éternité, sont hautement proclamés, et le Saint-Esprit, en descendant sur Lui, ne modifie en aucune manière la nature humaine du Christ, mais confirme ce qui avait été dit par l'ange à Marie «Le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé le «Fils de Dieu.

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17. En même temps une voix vint des cieux, qui dit: C'est ici mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affec

tion.

L'homme inconverti ne voit en Jésus qu'une «racine qui "sort d'une terre sèche», sans beauté, sans attrait. Mais quand la véritable repentance a germé dans nos cœurs, par la puissance du Saint-Esprit, une harmonie parfaite s'établit entrenos pensées et celles de Dieu à l'égard du Sauveur. Christ, le méprisé du monde, devient l'objet de notre ardente contemplation, le but de nos désirs, Celui en qui nous avons mis toute notre affection. S'il n'en est pas ainsi, nous avons lieu de penser que nous ne sommes point «venus à Lui pour "avoir la vie», et que nous n'avons pas compris ces paroles de saint Paul: «Qu'll éclaire les yeux de votre esprit, afin "que vous connaissiez quelle est l'espérance à laquelle vous "ètes appelés, et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints; et quelle est l'infinie grandeur de "sa puissance envers nous qui croyons, par l'efficace de sa « vertu toute-puissante.» (Éph., 1, 18, 19.)

Remarquons, avant de terminer, que dans ce récit d'une majestueuse simplicité, l'Évangéliste inspiré nous met en présence des trois Personnes de l'adorable Trinité. Dieu le Père, qu'aucun regard n'a jamais contemplé, fait entendre sa voix et appose le sceau de sa parfaite approbation sur l'œuvre rédemptrice que Jésus est venu accomplir sur la terre. Le Fils éternel, Dieu manifesté en chair, commence

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