Obrazy na stronie
PDF
ePub

du christianisme dans la poésie. Dans un livre qui traite du génie de cette religion, comment pourrions nous omettre l'in fluence de ce génie sur les lettres et sur les arts? Influence telle, qu'elle a, pour ainsi dire, changé l'esprit humain, et créé dans l'Europe moderne des peuples tout différens des peuples antiques.

ནཱ

Le douze livres que nous avons consacrés à ces recherches composent, comme nous l'avons dit, la seconde et troisième partie de notre ouvrage et sépa rent les six livres du dogme des six livres du culte.

Les lecteurs aimeront peut-être à s'é garer sur Oreb et Sinaï, sur les sommets de l'Ida et du Taigete, parmi les fils de 7 Jacob et de Priam, au milieu des dieux et des bergers. Quelle que soit notre estime pour les autres nations de l'antiquité, les peuples chantés par Moïse et par Homère seront toujours les favoris de la Muse, Une voix poetique s'élève des ruines qui couvrent la Grèce et l'Idumée, et crie de loin au voyageur : « Il n'est que deux » belles sortes de noms et de souvenirs « dans l'histoire, ceux des Israélites et des » Pélasges.

[ocr errors]

Nous jeterons d'abord un coup-d'œil sur les poemes, où la religion chrétienne tient la place de la mythologie; et s'il nous est permis de hasarder ici notre sentiment nous pensons, qo'en traitant à

[ocr errors]

fond de l'Epopée, c'est en mème-temps traiter du drame. Quel que soit notre respect pour Aristote, nous ne concevons pas comment ce grand homme a pu dire que le drame est la première des compositions, poétiques et l'Epopée est toute entière dans le drame. Ne pourroit-on pas croire, au contraire, que c'est le drame qui est tout entier dans Epopée ? Les adieux d'Hector et d'Andromaque, Priam dans la tente d'Achille, Didon à Carthage, Enée chez Evandre, ou renvoyant le corps du jeune Pallas, Tancrède et Herminie, Adam et Eve, sont des tragédies toutes faites, où il ne manque que la division des scènes et le nom des interlocuteurs. N'est-ce pas même l'Iliade qui a donné naissance au drame, comme le Margitès à la comédie? Mais si Calliope se pare de tous les ornemens de Melpomène, cette première Muse a des charmes que la seconde ne peut emprunter. Le merveilleux, les descriptions, les épisodes, ne sont point du ressort dramatique. Toute espèce de tons, même le ton comique toute harmonie poétique, depuis la lyre jusqu'à la trompette, trouvent place dans l'Epopée. L'Epopée a donc des parties qui manquent au drame; il demande donc un talent plus universel; il est donc une œuvre plus. complète que la tragédie? En effet, on pourroit supposer, avec quelque vraiseınblance, qu'il est moins difficile de faire

[ocr errors]

9

les cinq actes d'un dipe-roi, que de créer les vingt-quatre livres d'une Iliade et qu'autre est de produire un ouvrage de quelques mois de travail; autre d'élever un monument qui demande les labeurs de toute une vie. Sophocle et Euripide étoient, sans doute sans doute, de beaux génies; mais ils n'ont pas obtenu dans les siècles cette admiration, cette hauteur de renommée, dont jouissent si justement Homère et Virgile. Enfin, si le drame est la première des compositions, et que le poëme épique ne soit que la seconde, la seconde, comment se fait-il que depuis l'origine des sociétés, on ne compte que quatre Epopées, deux antiques et deux modernes, tandis qu'il n'y a pas de nations qui ne se vantent de posséder plusieurs bonnes tragédies?

CHAPITRE II.

Vue générale des poëmes où le merveil leux du christianisme remplace la mythologie. L'Enfer du Dante, la Jérusalem délivrée.

POSONS d'abord quelques principes.

1o. Dans toute Epopée, les hommes et leurs passions, sont fait pour occuper la première et la plus grande place.

D'où il résulte :

2o. Que tout poëme où une religion est employée comme sujet et non comme accessoire où le merveilleux est le fond et non l'accident du tableau, péche essentiellement par la base.

[ocr errors]

و

Si Homère et Virgile avoient établi leurs scènes dans l'Olympe, sans jamais descendre sur la terre, il est douteux, malgré tout leur génie qu'ils eussent pu soutenir jusqu'au bout l'intérêt dramatique. D'après cette remarque, dont il est difficile de contester la justesse, il ne faut plus attribuer au christianisme la langueur qui règne dans les poëmes entièrement chrétiens; le vice en est dans la composition. Nous verrons, à l'appui de cette vérité, que plus le poëte, dans l'Epopée, a gardé un juste milieu entre les choses divines et les choses humaines, plus il est devenu divertissant,

J

pour parler comme Despréaux. Divertir afin d'enseigner, est la première qualité requise en poésie.

[ocr errors]

Sans rechercher quelques poëmes écrits dans un latin barbare, le premier ouvrage qui s'offre à nous. est la divina comedia du Dante. Les beautés de cette production bisarre découlent presqu'entièrement du christianisme, et ses défauts tiernent aú siècle et au mauvais goût de l'auteur. Dans le pathétique et dans le terrible, le Dante a égalé et peut-être surpassé tous les poëtes. Son ouvrage, étant de nature toute épisodique, soutiendroit mal une analise régulière. Nous reviendrons ailleurs sur les détails.

[ocr errors]

Il n'y avoit dans les temps modernés que deux beaux sujets de poëme épique, les Croisades et la découverte du NouveauMonde M. de Malfilâtre avoit entrepris de traiter le dernier. Les Muses regrettent encore que ce jeune poëte ait été surpris par la mort, avant d'avoir exécuté" son dessein (1). Toutefois ce sujet a, pour un Français, le défaut d'être étranger. Or, c'est un autre principe de toute vérité en critique qu'il faut travailler sur un fond " antique, ou que si l'on choisit une his

T

(1) Il est douteux cependant, que M. de Malfilâtre eût réussi dans les vers héroïques.

« PoprzedniaDalej »