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en Dieu, et d'attendre les biens qu'il nous promet si nous lui sommes fidèles, doit faire sentir quel est le danger de l'illusion des faux mystiques, qui croient que c'est un sacrifice fort agréable à Dieu, de rcnoncer à toute espérance de la vie éternelle, par le motif d'un amour pur et désintéressé. Cette doctrine a été condamnée par le pape Innocent XII, et par le clergé de France.

Si l'on a vu des Saints pénétrés d'amour, dire daus leurs transports qu'ils s'abandonnoient à Dieu, pour le temps et pour l'éternité, leur abandon étoit un abandon de confiance; abandon à la sage tendresse d'un Dieu tout-puissant dont ils savoient qu'ils avoient tout reçu, et qu'ils devoient tout espérer. Ils étoient pleinement convaincus avec saint Augustin, que notre Salut n'est jamais tant en sûreté, que lorsque nous remettons notre sort entre les mains de notre Père céleste. Tutiores vivimus, si totum Deo damus. Voilà l'abandon que saint Pierre nous recommande lorsqu'il nous dit: Omnem sollicitudinem vestram projicientes in eum; quoniam ipsi cura est de vobis. Mais cet abandon des Saints n'a jamais été un abandon de désespoir. Et comment peut-on imaginer qu'ils aient cru donner à Dieu des marques de leur amour pour lui, en renonçant au sort de ses enfans? Les Chrétiens qui ont du zèle pour leur salut, regardent avec horreur la simple pensée qu'un Dieu infiniment bon les veuille réprouver.

L'apôtre saint Jean étoit bien éloigné d'approuver ce pernicieux désintéressement des faux mystiques. Je vous écris ces choses, disoit-il à ceux qu'il instruisoit (Ep. 1. c. 5. v. 13.), pour vous apprendre que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu; à cause de l'espérance que votre foi vous donne de l'obtenir un jour, cette vie, par sa grâce et par ses mérites. La confiance que nous avons en Dieu, et l'espérance de rece— voir de lui cette vie glorieuse, est fondée sur ce

qu'il nous exauce dans tout ce que nous lui demandons de conforme à sa volonté.

Des Péchés contre l'Espérance.

ON péche contre l'espérance, par défaut, ou par excès. Par le défaut d'espérance, on tombe dans le désespoir; par l'excès, on se rend coupable de présomption.

Le même précepte qui, comme affirmatif, nous ordonne de produire en certains temps des actes d'espérance, nous défend, comme négatif, de nous laisser aller en quelque temps que ce soit, au désespoir et à la présomption. Il est également dangereux, quoique par des raisons et des dispositions contraires, de trop espérer, ou de ne pas espérer assez de la bonté de Dieu, dit saint Augustin (Tract. 33. in Joan.).

1. On péche par désespoir en plusieurs manières: 1° quand on désespère d'obtenir le pardon de ses péchés, à cause de leur nombre et de leur énormité. Sic time Dominum, ut speres in misericordia ejus, dit saint Augustin (in Ps. 146. n. 20.), si.... times Deum quia peccator es, à quo accepturus es auxilium adversùs Deum? quò iturus es? quid facturus? Vis ab illo fugere? ad ipsum fuge. Vis fugere ab irato? fuge ad placatum. Placabis autem eum, si speres in misericordiá ipsius; atque ità de cæterò peccare caveas, ut de præteritis depreceris ut tibi dimittantur à Domino. 2° Quand on désespère de pouvoir se corriger de ses mauvaises inclinations, à cause de la force de l'habitude, et de l'expérience que l'on fait tous les jours de sa foiblesse; ce qui cause la paresse et l'endurcissement dans le crime, ainsi qu'il arriva à ces Gentils dont parle saint Paul (Eph. 4. 19.), qui n'ayant point

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d'espérance, s'abandonnèrent à l'impureté, et se portèrent avec une une ardeur insatiable à toutes sortes de dissolutions. Tels étoient encore ces pécheurs qui répondirent au prophète Jérémie (Cap. 18. v. 12.): Nous avons perdu toute espérance au Seigneur; nous ne pouvons plus changer de conduite nous nous abandonnerons, comme auparavant, à nos pensées, et chacun de nous suivra l'égarement et la dépravation de son cœur. 3° Quand on manque de confiance et de soumission à la Providence de Dieu, et qu'on craint toujours de manquer du nécessaire. 4° Quand, au lieu de mettre sa confiance en Dieu, on la met en soi-même, en son industrie, ou en quelque créature, comme lorsqu'on ne compte que sur ses propres efforts, sur son crédit, sur ses protecteurs. Heureux celui, dit le prophète (Ps. 39. 5.), qui n'espère qu'au nom du Seigneur, et qui n'a point d'attention sur les vanités et les illusions du siècle. Et au contraire, maudit celui qui s'appuie sur un bras de chair.

Il peut arriver que le désespoir sqit hérétique, comme si en désespérant de son salut, on croyoit le salut impossible, ou que l'Eglise n'a pas le pouvoir de remettre les péchés, ou du moins certains péchés. Cette circonstance doit être déclarée en confession, parce que, outre le péché contre l'espérance, il y a encore le péché contre la foi.

2. On péche contre l'espérance par présomption, ce qui se fait en deux manières par témérité, ou par hérésie. La présomption est téméraire, lorsqu'on espère ce qu'on ne doit pas espérer; par exemple, lorsqu'on attend une grâce aussi grande que celle dont les plus grands Saints ont été favorisés, ou lorsqu'on persévère dans le péché, en comptant sur une grâce de conversion à l'heure de la mort; ou enfin, lorsqu'on se livre à toute la fureur des passions sans leur opposer la moindre résistance, sous prétexte que Dieu est bon.

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La présomption est hérétique, lorsqu'elle est fondée sur des principes contraires à la foi; par exemple, 1o lorsqu'une personne espère les biens surnaturels et la beatitude par ses propres forces, ou par l'appui de quelque créature comme cause principale, et non pas de Dieu : c'est ainsi que pensoient et espéroient les Pélagiens; 2 lorsqu'une personne attend la rémission de ses péchés et le salut, sans pénitence, ni aucune bonne œuvre, mais seulement de la miséricorde de Dieu, et des mérites de Jésus-Christ, regardant les bonnes œuvres comme inutiles : c'est ainsi qu'espèrent les Calvinistes. Ces différentes sortes de présomptions doivent être déclarées en confession.

De la Charité.

La charité est une vertu théologale par laquelle nous aimons Dieu pour lui-même par-dessus toutes choses, et le prochain comme nous-mêmes par rapport à Dieu. Quant à ce dernier point, comme le précepte de la charité envers le prochain est la base des sept derniers commandemens, nous en traiterons suffisamment lorsque nous parlerons de ces commandemens. Ainsi, il ne s'agit ici que de la première partie de la charité, qui a Dieu pour objet.

La charité est la plus grande et la principale des vertus théologales, dit saint Paul, parce que sa durée est éternelle. La foi n'aura pas lieu dans le ciel, où toutes les vérités seront à découvert; l'espérance finira, parce que l'on possédera pendant l'éternité ce que lon avoit espéré dans le temps; mais la charité sera la vertu des bienheureux, et le lien qui les unira à Dieu comme à leur principe et à leur fin, et qui les unira entre eux, comme les membres d'un même corps. Nous avons dit que la charité est une vertu qui nous fait aimer Dieu pour lui-même, par-dessus

toutes choses. On l'aime pour lui-même, quand on T'aime à cause de sa propre excellence, de sa beauté et de sa bonté infinie; en sorte qu'on désire la gloire de Dieu comme sa dernière fin; c'est ce que les théologiens appellent amour objectif. On l'aime par-dessus toutes choses, ou d'un amour appréciatif, lorsqu'on l'aime plus que soi-même et plus qu'aucune chose qui soit au monde; en sorte qu'on aime mieux renoncer à tout ce que l'on a de plus cher au monde, que de l'offenser; qu'on est prêt à vouloir, à faire, à souffrir tout, plutôt que de perdre l'amour de Dieu. Telles doivent être nos dispositions à l'égard de Dieu; autrement nous n'avons pas la charité, et nous ne remplissons pas le premier précepte qui nous oblige à aimer Dieu de tout notre coeur. Celui qui aime son père, sa mère, sa fille et son fils plus que moi, n'est pas digne de moi, dit Jésus-Christ (Matth. 10. 37.). Aussi l'apôtre défioit-il hautement toutes les créatures de le séparer jamais de l'amour de Dieu.

Quand on dit que nous devons aimer Dieu de tout notre cœur, cela ne veut pas dire que nous devions l'aimer d'un amour intense, c'est-à-dire, avec le plus grand effort, avec la plus grande ardeur, avec la plus grande véhémence qu'il est possible d'avoir; cet amour ne convient qu'aux bienheureux, qui, voyant son essence à découvert, se portent vers Dieu avec d'autant plus d'ardeur qu'ils ont plus de connoissance de ses perfections adorables. Pour nous, qui ne le voyons que dans ses ouvrages et par la foi, nous l'aimons selon notre portée : de tout notre coeur, lorsque nous sommes dans la disposition habituelle de lui rapporter tout; de tout notre esprit. lorsque nous lui soumettons notre esprit et nos lumières; de toute notre áme, lorsque nous réglons nos désirs suivant sa volonté; de toutes nos forces, lorsque nous lui soumettons toutes nos actions; en un mot, lorsque notre cœur n'est point partagé entre

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