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qu'on doit donner à ceux qu'elles affligent, est de les mépriser, de ne point s'en inquiéter, de n'en faire aucun état, d'agir comme si on n'en étoit pas travaillé, et d'implorer le secours de Dieu. Si ces pensées ont quelque cause, il faut remédier à cette cause, selon les règles de la prudence. On peut lire ce que nous avons dit sur cette matière, en parlant des scrupules.

Souvent les doutes contre la foi sont accompagnés de raisons fausses, mais apparentes, qui frappent l'esprit s'ils ont pris leur source dans des entretiens libres, ou trop curieux, sur la religion, ou par la lecture des mauvais livres, il faut en demander pardon à Dieu, s'humiliant profondément devant lui; et y ajouter des actes de foi, sur les vérités qui sont l'objet de ces doutes.

S'ils n'ont point d'autre cause qu'un esprit qui s'égare, et qui n'est pas maître de lui-même, on doit les mépriser, en soumettant cet esprit à l'autorité de l'Eglise, par un acte de foi implicite, qui renferme tout ce que l'Eglise croit et enseigne: mais il faut se donner bien de garde d'entreprendre de réfuter les raisons de douter, par d'autres raisonnemens; ce parti seroit d'autant plus dangereux, qu'on n'auroit jamais fini, et que dès qu'on auroit examiné un acte de foi, par la raison, on s'engageroit insensiblement et aussitôt après à l'examen d'un autre : ce qui n'aboutiroit qu'à troubler davantage et déranger la tête, à jeter une âme dans de nouvelles et cruelles inquiétudes, et enfin dans le désespoir. Il faut donc que la foi se moque de tous les raisonnemens que la raison n'est pas capable de démêler. C'est être superbe comme les hé― rétiques, dit saint Augustin (in ps. 10.), lorsque l'esprit ne peut comprendre la lumière intérieure de la vérité, de ne se pas contenter de la simple foi catholique, qui est le seul salut des petits.

Lorsqu'on néglige de rejeter les doutes que l'on a sur quelque vérité de foi, il y a plus ou moins de péché, selon que la négligence est plus ou moins

grande. Mais si l'on s'arrête volontairement dans ce doute, et qu'on y consente de propos délibéré, c'est un péché mortel; et si l'on sait alors que l'Eglise tient pour article de foi, la vérité sur laquelle on est en suspens, on devient hérétique; parce qu'alors on est ceusé juger avec opiniâtreté, que cet article de foi est incertain dubius in fide, infidelis est. Cette hérésie n'étant qu'intérieure, n'est pas un cas réservé.

Lorsqu'il naît dans l'esprit quelque doute sur la foi, soit par la suggestion du démon, soit par quelque raison trompeuse qui vient dans la pensée; si on en ressent de l'ennui et du chagrin, par l'aversion qu'on a pour l'erreur, et par l'amour qu'on conserve pour la vérité; et si on s'efforce de s'élever au-dessus du doute, et de le combattre, le doute est alors involontaire, quoiqu'il demeure longtemps dans l'esprit : dans ce cas, bien loin de pécher, on peut tirer avantage de la tentation; et on doit se consoler en se rappelant cette vérité que nous enseigne saint Paul: Dieu est fidele, et il ne permettra point que vous soyiez tentés au-dessus de vos forces; mais il vous fera méme tirer avantage de la tentation, en sorte que vous la puissiez soutenir. C'est à quoi les confesseurs doivent faire attention pour ne pas fomenter les scrupules des àmes timorées.

Il arrive quelquefois qu'un pénitent ne peut expliquer si ses doutes ont été involontaires, parce que les- tentations contre la foi causent le trouble et la confusion dans l'esprit; alors le confesseur, pour connoître quelles étoient les dispositions de ce pénitent dans le temps de la tentation, lui demandera ce qu'it auroit répondu à celui qui, lorsqu'il étoit agité, l'auroit interrogé sur l'article de foi qui lui faisoit de la peine. S'il dit, sans hésiter, qu'il auroit répondu sur-lechamp qu'il croyoit cet article, ou qu'il croyoit tout ce que l'Eglise propose de croire, on doit juger que le doute n'a pas été volontaire; mais si ce pénitent paFoit incertain de ce qu'il auroit répondu dans le mio

ment, parce qu'il étoit alors trop chancelant, on peut prendre cette réponse pour un signe que le doute a été volontaire, surtout si cet état de trouble ne lui faisoit pas beaucoup de peine.

Les doutes involontaires sur la foi, sont censés volontaires dans leur cause, et par conséquent criminels, lorsqu'on en a été soi-même la cause; par exemple, lorsqu'on y a donné occasion par la lecture faite sans nécessité des mauvais livres, par des discours trop libres sur les matières de foi, par la fréquentation des hérétiques.

De l'obligation de professer extérieurement la Foi.

Nous avons dit que pour satisfaire au précepte de la foi, il ne suffit pas d'en faire des actes intérieurs; qu'il faut encore, pour être sauvé, la professer extérieurement, et que cette obligation renferme un double précepte, l'un affirmatif et l'autre négatif : nous allons donner quelques détails sur ce sujet important.

1o Le précepte affirmatif, qui nous commande de professer extérieurement notre foi, n'oblige pas toujours et en tout lieu, mais seulement lorsque la gloire de Dieu ou le salut du prochain y sont intéressés et le demandent. Telle est la doctrine de saint Thomas (2. 2. q. 3. a. 2.): Confiteri fidem, non semper, neque in quolibet loco, est de necessitate salutis; Sed in aliquo loco et tempore: quandò scilicet, per omissionem hujus confessionis, subtraheretur honor debitus Deo, aut etiam utilitas proximis impendenda. On y seroit donc obligé, si le silence ravissoit à Dieu l'honneur et la gloire qui lui sont dus, s'il donnoit lieu au prochain de penser que nous ne croyons pas ce que nous devons croire, ou que la foi de l'Eglise est vaine, et que l'on n'est point tenu de la confes

ser. In hujusmodi casibus, ajoute saint Thomas, confessio fidei est de necessitate salutis. C'est un devoir que la foi exige de notre langue comme de notre cœur, dit saint Augustin (de fid. et symb. c. 1.): Fides officium exigit à nobis, et cordis, et linguæ. Car, ajoute ce saint docteur (Serm. 24.), que nous sert de croire de cœur pour obtenir la justice, si la bouche désavoue les sentimens du cœur, et n'ose les confesser pour obtenir le salut? Et comment pourroit-on douter de cette importante vérité, après la menace terrible que Jésus-Christ fait à quiconque le renoncera devant les hommes, de le renoncer aussi devant son Père qui est dans le Ciel?

Ainsi, lorsqu'on est interrogé sur la foi par un juge dépositaire de l'autorité publique, on est indispensablement obligé d'en faire hautement profession, dûton s'exposer par-là à la perte de sa vie. Se taire alors, c'est trahir la vérité, c'est rougir de Jésus-Christ et de ses paroles. Aussi, le pape Innocent XI a-t-il condamné la proposition suivante : Si à potestate publicá quis interrogetur, fidem ingenuè confiteri, ut Deo et fidei gloriosum consulo; tacere, ut peccaminosum per se non damno. Proposition que le clergé de France en 1700 a jugée scandaleuse, hérétique, et ouvertement opposée au précepte de l'Evangile et des apôtres.

Il n'importe que la personne publique qui interroge soit ou ne soit pas le juge légitime de celui qui est interrogé, ni que l'interrogation se fasse en secret ou en public; parce que ne pas professer sa foi dans ces circonstances, c'est refuser à Dieu l'hommage qui lui est dû, rougir de sa religion, s'exposer au péril de renoncer sa foi, et scandaliser son prochain. On est encore obligé de professer extérieurement sa foi, lorsqu'on a lieu d'appréhender, en se taisant, de passer pour impie; ou d'être censé au jugement des personnes prudentes, nier implicitement la foi,

et adhérer aux sentimens des infidèles et des hérétiques. C'est n'être Chrétien que de nom, et être indifférent pour la gloire de Dieu, que de ne pas s'opposer hautement à l'audace d'un paien ou d'un hérétique, qui publiquement se moqueroit de la foi de l'Église, vomiroit des outrages et des impiétés contre JésusChrist, déchireroit ou fouleroit aux pieds les images des Saints. On est alors indispensablement obligé de professer la foi, quand il en devroit coûter la vie. Il est cependant nécessaire d'observer ici, que si le zéle pour la défense de la foi ne devoit aboutir qu'à lui attirer de plus grandes persécutions, il faudroit plutôt se taire que de les occasionner en s'opposant à ses ennemis; c'est ainsi que l'Eglise approuve la conduite que ses enfans tiennent aujourd'hui à Tunis, à Alger, à Constantinople, et dans les pays de la domination des infidèles et des hérétiques.

Enfin, on doit professer sa foi lorsqu'on a des raisons fortes de croire que par cette confession on opérera la conversion de quelque infidèle ou héréti— que qui auroit persisté dans l'erreur, ou qu'on pourra confirmer dans la foi, des Catholiques qui l'auroient abandonnée. Si telle est alors l'obligation que la charité exige des simples fidèles, quelle doit être à plus forte raison celle que la justice demande des pasteurs,. qui doivent donner leur vie même pour leurs brebis !

2o Le précepte négatif qui nous défend de nier notre foi, oblige en tout temps; en sorte qu'il n'est jamais permis, même pour conserver sa vie, de nier sa foi et sa religion, ou de feindre d'être d'une autre.

Nier exterieurement sa foi, est un péché trèsgrief; car, si le coeur est alors d'accord avec la bouche, on devient infidèle, apostat, ou hérétique si l'on conserve la foi dans le coeur, lorsque la langue ne veut plus la reconnoître, on fait outrage à Dieu par ce détestable déguisement; on déshonore l'Eglise et sa religion; on scandalise son prochain.

On nie la foi, non-seulement lorsqu'on refuse de

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