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n'est pas. Par exemple, Pierre promet de faire dire un certain nombre de messes, si son frère n'a pas été blessé dans le dernier combat, ou dans celui qui se donne actuellement son vœu n'est conditionnel, que parce qu'il ne sait pas encore ce qui s'est passé, ou ce qui se passe ailleurs; les premières nouvelles qu'il recevra de son frère, lui apprendront ce qu'il aura à faire.

Le voeu qui dépend d'un événement futur, mais nécessaire, est aussi regardé comme absolu. Dire qu'on se fera chartreux, si le soleil se couche, c'est dire qu'on veut absolument l'être.

Le vœu qui dépend d'un événement futur, mais contingent, est suspendu, et n'obligera que quand cet événement sera arrivé; il faut même qu'il arrive dans toute l'étendue qui lui a été donnée par celui qui a fait le vœeu. Un homme promet de donner quatre écus aux pauvres, si son frère revient en bonne santé d'un voyage; ce frère revient, mais très-infirme; le vœu n'oblige pas, parce que la condition n'est pas remplie dans sa totalité.

Mais il faut bien remarquer, que quand une fois un vœu est fait et parfait sous une seule condition, on ne peut, ne fût-ce qu'un moment après, y en ajouter une seconde. Ainsi, si celui dont nous ve→ nons de parler, avoit fait vou de donner tant aux pauvres, en cas que son frère vint à bon port; et que par un acte différent du premier, il eût ajouté la nouvelle condition de la bonne santé de ce même frère, il seroit obligé d'exécuter son vou, quand même son frère seroit revenu infirme; parce qu'il ne dépend pas de nous de modifier et de restreindre les promesses que nous avons une fois faites à Dieu.

Dans le doute, si c'est après coup, ou tout de suite, qu'on a ajouté une condition à un vou absolu, ou, ce qui revient au même, une deuxième condition à un voeu qui n'en a peut-être qu'une, il faut prendre le parti qui expose le moins à violer

son vou.

On demande à quoi seroit obligé celui dont nous parlions ci-dessus, si dans le temps qu'il a fait son vou, son frère étoit déjà arrivé. Il semble qu'il ne seroit obligé à rien, parce qu'il n'avoit fait son vou que pour obtenir de Dieu la conservation de son frère dans un voyage qui étoit déjà terminé; et qu'ainsi il y avoit ce qu'on appelle error circà causam finalem. Il y a cependant des cas qui paroissent assez semblables à celui-ci, où un tel voeu subsisteroit; et c'est lorsque ce vou n'est pas pris comme un moyen d'obtenir une chose; mais que cette chose, à laquelle on ne prend point d'intérêt, n'est qu'une pure condition du voeu. La raison en est, que le vœu n'a alors d'autre sens que celui-ci Si telle chose, par exemple (que je ne demande pas à Dieu) arrive, je donnerai tant aux pauvres or, dans ce cas, dès que la chose arrive, en quelque temps que ce soit, la condition est remplie; le voeu doit donc être exécuté.

Quoique le vœu conditionnel n'oblige qu'après que la condition est accomplie, on doit cependant, en attendant l'événement de la condition, être attentif à éviter ce qui peut mettre hors d'état d'accomplir ce vou, quand la condition sera arrivée.

Les théologiens demandent si la condition apposée à un vœu, est censée remplie par son équivalent. Par exemple, Paul a fait voeu de se faire religieux, si une sœur qui a besoin de lui, trouve un mari qui la mette en état de se passer de ses services; elle meurt, ou elle entre en religion; et par-la Paul en est déchargé sa mort, ou sa profession équivalent-elles pour Paul à son établissement dans le siecle; et Paul est-il tenu d'accomplir son vou, comme si elle étoit mariée ?

Les casuistes sont partagés sur ce point. Sans examiner ici les raisons de ceux qui soutiennent que le vœu de Paul est nul, dès que la condition sous laquelle il l'a fait, n'est pas remplie in propriá formá,

nous croyons qu'on doit lui conseiller d'accomplir sou vou, ou d'en demander dispense, parce que c'est le parti le plus sûr. En effet, s'il a eu une intention virtuelle de se donner à Dieu en cas qu'il se trouvât en état de le faire, il y est certainement obligé dès qu'il est en état. Le doute même, s'il y en avoit, devroit le déterminer au parti le plus sûr or, pour peu que Paul veuille examiner son coeur, il verra qu'il étoit dans le dessein de se donner. à Dieu dans la religion, en cas que rien ne le retînt dans le siècle, et que sa sœur n'eût pas besoin de lui. C'est moins aux termes qu'à l'intention, qu'on doit s'attacher dans les affaires de la nature de celle que nous traitons ici.

Une condition impossible, ou honteuse, annule le vœeu. Ainsi, celui qui seroit assez insensé, ou assez impie, pour faire vœu d'une chose, s'il lui arrive de voler comme un oiseau, ou de tuer son ennemi, n'est pas tenu à ce voeu; parce que quand on promet une chose sous telle ou telle condition, cette condition est regardée ordinairement comme une fin qu'on se propose d'obtenir par le moyen du vœu or, on ne peut se proposer pour fin, ni ce qui est impossible, ni ce qui est criminel. Si ces sortes de conditions sont regardées comme non avenues dans les mariages et dans les actes de dernière volonté, c'est que le droit l'a ainsi réglé pour d'importantes raisons; et il n'a rien réglé de pareil par rapport

aux voeux.

l'an

Une condition contraire à l'essence du vou, l'annule. Ainsi il faut regarder comme nul, le vœu d'entrer en religion qui a été fait à cette condition, qu'on restera maître de se retenir un bien, et d'en disposer.

Il faut remarquer que les conditions qui sont apposées pour marquer que le vou est fait dans le dessein de se punir d'un péché, ou de s'en abstenir, n'annulent point le vou; il en est de même du ser

ment,

ment, auquel il faut appliquer tout ce que nous di sons ici du voeu. C'est pourquoi si un homme a fait vou de donner une certaine aumône aux pauvres, en cas qu'il lui arrive de jurer ou de mentir; des qu'il a juré, o qu'il a menti, il est obligé d'ac complir sa promesse. Elle est bonne et sainte, puisqu'il ne se propose que de réparer des offenses faites à Dieu.

Un homme qui a fait un vou sous une condition dont il est le maître, n'est pas toujours tenu à mettre cette condition. Celui qui s'est engagé, par exemple, à donner l'aumône toutes les fois qu'il sortira, peut ne pas sortir. La raison en est, qu'il n'a pas fait vou de sortir de chez lui, mais seulement de faire l'aumône au cas qu'il sorte.

Mais faudroit-il raisonner de même pour celui qui auroit fait vou d'entrer en religion dans le cas où Dieu le préserveroit pendant une année de tout péché mortel? Il est certain qu'il est tenu à accomplir son vou, s'il tombe pendant cette année dans le péché mortel par malice, et in fraudem voti, afin de n'être pas obligé d'entrer en religion; parce que, quand nous faisons à Dieu une promesse sous condition, le moins qu'il puisse exiger de nous, c'est que nous n'empêchions ni par fraude, ni par malice, l'accomplissement de cette condition.

Mais les théologiens sont partagés sur la question de savoir ce qu'il doit faire, s'il n'est tombé dans le péché mortel que par pure fragilité. Les uns soutiennent qu'il est obligé aussi à accomplir son vou; d'autres le nient. Si le cas arrivoit, il seroit plus sûr d'avoir recours à l'évêque, lequel dans le doute peut ou dispenser, ou commuer un vœu de

celte nature.

Si on a fait vœu sous une condition qui dépend d'une autre personne, par exemple, sous le bon plaisir d'un père, 1. on est obligé à ne se servir ni de dol, ni d'artifice, pour l'empêcher de I

Tome 17:

donner son consentement; quoiqu'on puisse, et qu'on doive même quelquefois en pareil cas, lui exposer les raisons qui, survenues au vou, sembleroient s'opposer à l'exécution. 2. Il paroît que le silence d'un père doit passer pour un consentement, selon cette règle du droit Qui tacet consentire videtur; à moins qu'on eût eu intention en faisant ce vou, d'obtenir un consentement formel. 3. On ne peut rien faire au préjudice de son vou, avant que de savoir à quoi s'en tenir sur l'événement de la condition: ainsi, dans le cas où quelqu'un auroit fait vou d'entrer en religion, sous la condition du consentement de son père, il ne pourroit se marier, sans être assuré que celui-ci trouve mauvais qu'il prenne le parti de l'Eglise, ou de la religion.

11 y a plus de difficulté à définir si le vou d'entrer en religion seroit nul, dans le cas qu'un père, sous le bon plaisir duquel on a fait ce vou, refusât d'abord son consentement, mais qu'il l'accordât dans la suite. Il y a des théologiens qui croient que ce premier refus annule totalement le vou. Cependant nous pensons qu'il est plus sûr pour la pratique, si les choses sont encore dans le même état, d'accomplir son væeu, dès qu'on en a obtenu la permission; à moins qu'on ne croie devoir en demander la dispense: car celui qui promet à Dieu de se consacrer à lui, si son père y consent, n'a assurément d'autre dessein, s'il agit sincèrement et qu'il aille droit à Dieu, que celui de prendre le parti de la retraite, au cas qu'il le puisse faire sans contrister celui dont il a reçu la vie; il doit même tâcher de l'engager par toutes sortes de bonnes raisons, à ne lui pas refuser un agrément d'où peut dépendre son salut éternel. Il est bien difficile, son vœu ayant été fait avec sincérité, qu'il reste tranquille, si son père le refuse d'abord, comme il arrive d'ordinaire pourroit-il même se contenter d'une simple proposition, et ne seroit-il pas obligé à faire

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