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- Le Bien public de Gand prétend que nous n'avons de catholique que l'enseigne. Tous les ultramontains s'empruntent mutuellement cette jolie phrase. Ils feraient mieux de prouver ce qu'ils avancent. L'Observateur Catholique parle assez franchement pour que ses doctrines ne soient un mystère pour personne; ses travaux sont assez sérieux pour qu'on y réponde autrement que par une accusation banale. Puisque les docteurs de l'Univers et du Bien public de Gand sont si orthodoxes et si savants, qu'ils nous réfutent. Nous attaquons pour le moment leur grand homme, le comte Joseph de Maistre, et nous les attaquons tous en lui; qu'ils réfutent nos articles, s'ils le peuvent. Ils prouveront ainsi qu'ils savent répondre autrement que par des accusations niaises et gratuites.

- Le vénérable P. Morgaez nous écrit qu'il ne peut se rendre en France, parce qu'il doit rester sur le champ de bataille à Madrid pour combattre ses adversaires. Le gouvernement lui a alloué une pension qu'il trouve suffisante. Les dons recueillis par l'Observateur Catholique lui ont été d'un grand secours, et il adresse de vifs remercîments à ceux qui lui sont venus en aide. En quelques jours, l'Observateur Catholique a reçu plus de huit cents francs.

-Les principes gallicans sur la validité du mariage ont été confirmés par les tribunaux dans l'affaire Pescatore, dont nous avons parlé précédemment. Le mariage à l'ultramontaine de Pescatore a été déclaré invalide au double point de vue religieux et civil.

Il paraît que M. l'abbé Sisson reste à la tête de la rédaction de l'Ami de la Religion. Mais, de par Sa Grandeur Mgr Ross, évêque de Strasbourg, il ne lui est plus permis d'attaquer l'Univers.

Les hommes forts de l'Univers ne veulent pas être contredits. Ils se flattent, à cette condition, de remporter une victoire complète.

On nous écrit de Lyon que, le jour de la nativité de la

sainte Vierge, dans l'église métropolitaine, et en présence de M. le cardinal-archevêque de Bonald, le prédicateur s'est livré à de tels écarts de doctrine qu'il eût bien mérité une admonition publique de Son Éminence. Outre les erreurs communes aux marianistes sur la puissance de la Vierge, son intervention directe dans l'incarnation, sa supériorité sur Jésus-Christ, son autorité pour le gouvernement du monde, etc., M. le prédicateur lyonnais a soutenu certaines erreurs particulières. Nous signalerons celle-ci : il affirme que Marie n'est pas descendue de David par Salomon, mais pår Nathan; et la raison qu'il en donne, c'est qu'il n'était pas convenable qu'elle eût parmi ses ancêtres un homme dont la vieillesse avait été entachée par l'idolâtrie. Saint Matthieu a bien compté Salomon parmi les ancêtres de JésusChrist, mais M. le prédicateur veut quelque chose de mieux pour Marie que pour l'Homme-Dieu.

Si nous l'en croyons encore, Marie eût été plus favorisée que Jésus-Christ du côté de l'intelligence. On lit dans l'Évangile que Jésus « avançait en sagesse, en âge et en grâce, devant Dieu et devant les hommes,» tandis que Marie, selon M. le prédicateur lyonnais, a joui, dès le sein de sa mère, de la plénitude de sa raison et de son intelligence.

Lorsque les fidèles sont nourris d'une telle doctrine, dans l'église métropolitaine d'une grande ville et en présence d'un archevêque qui approuve par son silence, ne doit-on pas gémir des malheurs qui accablent l'Église; déplorer que la science ne se trouve plus sur les lèvres du prêtre; dire hautement que le clergé catholique trahit la vraie doctrine et la foule aux pieds?

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Paris. - Imprimerie de Dubuisson et Cie, rue Coq-lléron, 5.

CATHOLIQUE

REVUE

DES SCIENCES ECCLÉSIASTIQUES ET DES FAITS RELIGIEUX.

Omnia instaurare in Christo. Eph., 1, 10.

THÉOLOGIE.

RÉFUTATION

DES ERREURS DE JOSEPH DE MAISTRE,

Touchant le pape et l'Église gallicane.

De l'Infaillibilité;

Quatrième article (1).

M. de Maistre traite de l'infaillibilité dans le premier chapitre de son livre Du Pape.

Voici l'idée qu'il en donne :

L'infaillibilité, dans l'ordre spirituel, et la souveraineté, dans l'ordre temporel, sont deux mots parfaitement synonymes. (P. 2.)

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Quand nous disons que l'Église est infaillible, nous ne demandons pour elle, il est bien essentiel de l'observer, aucun

Voir les nos des 16 août, 1er septembre et 1er octobre.

privilége particulier; nous demandons seulement qu'elle jouisse du droit commun à toutes les souverainetés possibles. qui toutes agissent nécessairement comme infaillibles. " (P. 2.)

Voilà deux principes parfaitement clairs : l'infaillibilité de l'Église n'est pas d'une autre nature que la souveraineté dans un gouvernement quelconque. Si cette souveraineté ne peut être identifiée avec l'infaillibilité proprement dite, il s'ensuivra qu'il n'y a dans l'Église aucune infaillibilité, d'après M. J. de Maistre; or, il est facile de démontrer que la souveraineté n'est pas infaillible.

Dans toute société, il faut une autorité qui prononce sans appel, soit dans l'ordre politique, soit dans l'ordre judiciaire; mais de ce qu'elle prononce sans appel s'ensuit-il qu'elle ne se trompe pas? Chaque membre de la société doit, dans l'intérêt commun, se soumettre à l'autorité qui prononce sans appel, mais il ne doit pas à sa décision une adhésion intime, comme si elle ne pouvait se tromper. M. de Maistre n'a pas aperçu cette distinction fondamentale; c'est pourquoi il a établi une théorie qui ne résiste pas à la plus simple réflexion.

« La souveraineté a des formes différentes, ajoute M. de Maistre (P. 2); elle ne parle pas à Constantinople comme à Londres; mais quand elle a parlé de part et d'autre, à sa manière, le bill est sans appel comme le fetfa. » C'est-à-dire que ces actes, quoique contradictoires, doivent être acceptés comme émanant d'une autorité infaillible.

De ce que le bill en Angleterre soit sans appel comme le fetfa à Constantinople, M. de Maistre conclut que les deux gouvernements qui parlent par ces actes sont infaillibles; cette infaillibilité est de la même nature que celle qu'il réclame pour l'Église, puisqu'il ne veut pour elle aucun privilége particulier. Cet étrange principe est purement et simplement absurde. En effet, un bill d'Angleterre, un fetfa de Constantinople et une bulle de Rome, rendus sur une même question religieuse, seront nécessairement contradictoires : l'anglican et le mahométan ne s'accorderont point entre eux,

:

et tous les deux contrediront le pape. Ou la vérité n'existe pas et n'est qu'un mot, ou il faut avouer que l'un ou l'autre des actes contradictoires pourra être faux. Quoique faux, il sera rendu par un gouvernement absolu, et par conséquent infaillible selon M. de Maistre. Si chacun de ces gouvernements est infaillible, aucun ne se trompe, et cependant leurs actes sont contradictoires, et deux sur trois au moins seront faux voilà donc deux infaillibilités sur trois qui se trompent. Si l'Église n'a pas de privilége particulier, elle n'est pas plus infaillible que tel ou tel gouvernement temporel; ses actes ne demandent qu'une soumission purement extérieure et d'ordre public, et non une adhésion intérieure, qui ne peut être accordée qu'à ce qui est nécessairement dans la vérité. L'infaillibilité véritable, telle que les théologiens la réclament pour l'Église, n'existe pas et n'est qu'une chimère; les promesses faites à l'Église par Jésus-Christ sont vaines; toute la tradition catholique s'est trompée en voyant dans ces promesses ce privilége particulier nié par M. J. de Maistre.

Non-seulement le principe fondamental de M. J. de Maistre détruit radicalement l'idée même d'infaillibilité; mais il est la négation de la vérité. L'intelligence ne peut admettre que ce qui est conforme au vrai ; si elle est obligée de se soumettre à une autorité parce qu'elle est souveraine, et non parce qu'elle enseigne selon la vérité, cette intelligence n'existe plus; l'homme n'est plus un être raisonnable, mais un animal qui doit marcher sous le bâton; tout raisonnement, toute objection est une révolte. Le droit est dans la main du plus fort l'homme doit voiler les yeux de son intelligence et se traîner sous la souveraineté, sans se préoccuper si l'autorité qui lui commande est ou non dans la vérité.

La souveraineté et l'infaillibilité étant parfaitement synonymes, la première est infaillible dans son domaine, au même titre que la seconde dans le spirituel; et cette dernière n'a ni plus ni moins, dans le cercle religieux, que la première, dans le cercle politique. La bulle pontificale et le fetfa du GrandSeigneur sont parfaitement identiques. Mais si le bill d'An

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