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» sitôt près de la mère du Seigneur, reçut sa bénédiction et » pleura abondamment.

>> Pierre, pendant ce temps, avait terminé le saint sacrifice; » il avait consacré et reçu le corps du Sauveur, puis il l'avait » donné aux apôtres et aux disciples présents. La sainte » Vierge ne pouvait pas voir l'autel; mais, pendant la sainte » cérémonie, elle était assise sur sa couche, dans un profond >> recueillement. Quand Pierre eut communié et donné la >> communion aux autres apôtres, il porta à la sainte Vierge le >> saint-sacrement et l'extrême-onction.

>> Tous les apôtres l'accompagnèrent en procession solen» nelle. Thadée marchait en avant avec un encensoir. » Pierre portait la sainte Eucharistie devant lui, dans la » pyxide en forme de croix dont j'ai parlé précédemment. » Jean le suivait, portant un petit plat, sur lequel était le ca» lice avec le sang précieux et quelques boîtes. Le calice était » petit, massif et de couleur blanche. Le pied en était si court » qu'on ne pouvait le prendre qu'avec deux doigts. Il avait » du reste la forme de celui de la sainte Cène. Dans l'oratoire, » qui était près du lit de la sainte Vierge, un petit autel avait » été dressé par les apôtres. La servante avait apporté une » table avec une couverture rouge et blanche. Dessus étaient » des flambeaux allumés; je crois que c'étaient des cierges et » des lampes. La sainte Vierge, pâle et silencieuse, était cou» chée sur le dos. Elle regardait fixement le ciel, ne parlait » à personne, et semblait ravie en extase. Elle était comme » illuminée par le désir; je pouvais ressentir ce désir qui » l'emportait hors d'elle-même. Ah! mon cœur voulait aller » à Dieu avec le sien.

» Pierre s'approcha d'elle et lui administra l'extrême-onc» tion, à peu près de la même manière qu'on le fait aujour» d'hui. Il l'oignit avec les saintes huiles prises dans les boîtes » que tenait Jean, sur le visage, sur les mains, sur les pieds » et sur le côté, où son vêtement avait une ouverture; en » sorte qu'on ne la découvrit pas le moins du monde. Pendant » ce temps les apôtres récitaient les prières, comme on le fait

>> au chœur. Ensuite Pierre lui présenta le saint-sacrement. >> Elle se redressa, sans s'appuyer, pour le recevoir; puis elle >> retomba. Les apôtres prièrent pendant quelque temps, et, » s'étant un peu soulevée, elle reçut le calice de la main de » Jean. Je vis, lors de la réception de la sainte Eucharistie, » une lumière éclatante entrer dans Marie; après elle retomba » comme ravie en extase, et ne dit plus rien. Les apôtres por» tant les vases sacrés retournèrent en procession à l'autel où >> ils continuèrent le service divin, et alors Philippe reçut >> aussi la sainte communion. Il n'était resté que deux femmes » près de la sainte Vierge. >>

N'avons-nous pas raison de dire que rien n'est oublié dans les révélations de la sœur Emmerich?

Une chose surtout nous a frappé en lisant ce fastidieux et ridicule fatras, c'est le soin que l'on met à recommander, au nom du ciel, certaines reliques plus ou moins apocryphes, certaines dévotions de date récente, et que les marianistes nous donnent sans cesse comme les sources du salut; on dirait que les méditations de la sœur Emmerich n'ont été inventées que pour donner un caractère surnaturel aux superstitions que les marianistes veulent mettre à la place de la vraie piété, et accréditer toutes les fausses légendes; ce but des auteurs se révèle à chaque page. Ils mettent en même temps sur le compte de Dieu, de la sainte Vierge ou des anges, toutes les interprétations des passages de l'Écriture sainte que l'on ne peut appliquer à la sainte Vierge que par un abus véritable du texte sacré. Il n'y a peut-être pas un excès des marianistes qui ne trouve sa consécration dans ce mauvais livre auquel M. l'abbé de Cazalès n'a pas craint de mettre

son nom.

Nous ne craignons pas de dire que sa Vie de la sainte Vierge est une œuvre de ténèbres, plus détestable que les évangiles apocryphes, dont elle reproduit les rêveries. considérablement augmentées; qu'elle n'est qu'une injure ontinuelle à la majesté divine, à la sainte Vierge, aux sain

tes Écritures; enfin qu'elle est plus digne d'un habitant de Charenton que d'un grand-vicaire de Montauban.

POULAIN.

COURS

D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE A LA SORBONNE

Par M. l'abbé LAVIGERIE.

Observations sur la troisième leçon.

(Jeudi 29 janvier 1857.)

En commençant ces Observations sur la troisième leçon de M.l'abbé Lavigerie, nous devons constater qu'il prend un ton de plus en plus dégagé à l'égard de la théologie et des théologiens. En revanche, les philosophes et la philosophie sont traités par lui avec une révérence qui tient presque de l'adoration. M. Cousin est le Père de l'Eglise dont il invoque le plus souvent l'autorité. Le célèbre éclectique s'est efforcé, depuis quelque temps, de dissimuler sous les dehors de l'orthodoxie, et même de l'ultramontanisme, dit-on, le panthéisme clairement enseigné dans ses ouvrages; mais il n'en est pas moins certain qu'il ne sait pas son catéchisme catholique.

Nous pouvons donc nous étonner d'entendre un professeur de la Faculté de théologie en appeler à son témoignage, sur les questions de la grâce et du libre arbitre, sur lesquelles M. Cousin peut avoir des systèmes, mais qu'il ignore complé tement, au point de vue catholique. Il y a tout lieu de croire que M. Lavigerie nous citera souvent encore M. Cousin, qui a publié, comme on sait, des ouvrages fort légers sur quelques femmes qui ont eu des rapports avec Port-Royal; mais nous devons déclarer que nous ne sommes pas plus décidés à nous rendre devant la science historique que devant les connaissances théologiques du Père de l'éclectisme. Des faits

bien prouvés nous iraient mieux que les appréciations de ce petit grand homme.

Pour en revenir à la théologie, M. Lavigerie nous a semblé tout à fait brouillé avec elle. Il ne veut voir dans les théologiens que des ergoteurs toujours prêts à vous opposer des distinguo, même sur les questions les plus claires. M. Lavigerie, lui, n'est pas théologien, c'est bien entendu, quoiqu'il soit professeur de la Faculté de théologie. Il n'avait pas besoin, du reste, de se moquer des vieux docteurs et de leurs distinguo pour nous en convaincre. Il suffit de l'entendre un quart d'heure pour être intimement persuadé que la théolo gie n'a jamais été son étude favorite.

Il nous en a surtout donné des preuves dans sa troisième leçon.

Il avait à compléter l'exposé du jansénisme, tel qu'il l'entend. Donc, après s'être demandé, jeudi dernier, ce que devenait la raison, il s'est posé aujourd'hui cette question : que devient la liberté dans le système janséniste?

Il a répondu: La liberté, comme la raison y est complétement réduite à néant.

Cette seconde réponse est fausse comme la première, et pour la même raison. M. Lavigerie part toujours de son homme abstrait, c'est-à-dire, sans Dieu et sans révélation. Or, il soutient que, sans Dieu, sans révélation, sans grâce, l'homme peut faire le bien, aussi facilement qu'il peut arriver à la connaissance de la vérité.

Pélage soutenait la même chose; et, par une conséquence nécessaire de sa doctrine, il niait le péché originel. M. Lavigerie, qui croit n'avoir pas oublié sa logique, doit raisonner comme Pélage, s'il veut être conséquent; il ira même plus loin, en suivant toujours les règles d'une logique exacte: il niera la nécessité du Rédempteur, la nécessité de la révélation; il se proclamera rationaliste. Arrivé là, s'il veut encore respecter la logique, il sera panthéiste et ne croira qu'à la Nature; il ne reconnaîtra pour morale que l'intérê et hiera la distinction essentielle du bien et du mal.

La Philosophie, se plaçant en dehors de Dieu et des données traditionnelles de la révélation, a obtenu ce résultat dans l'antiquité aussi bien que de nos jours. Le Panthéisme est le dogme nécessaire de tous ceux qui savent raisonner et qui veulent raisonner en dehors de la révélation; l'intérêt ou l'égoïsme est la seule morale possible du panthéiste.

L'histoire de la philosophie atteste qu'il en a toujours été ainsi. Les plus grands philosophes de l'antiquité, et ceux qui, de nos jours, se distinguent par le génie le plus vigoureux, surtout en Allemagne, qui est la patrie de la pensée et de la logique, tous confirment, ou par leurs aveux formels, ou par leurs œuvres, que l'esprit humain, sans autre guide que lui-même, ne peut arriver, sous le rapport intellectuel, qu'au Panthéisme, et sous le rapport moral, qu'à l'égoïsme, la morale de l'intérêt.

M. Lavigerie blâme les philosophes qui sont arrivés à cette doctrine ou qui la trouvent logique.

Sont-ce ces philosophes qui ont tort, ou bien, est-ce M. Lavigerie qui n'a pas assez de puissance dans l'esprit pour les suivre ? Voilà la question. Libre à chacun de répondre comme il le jugera à propos. Pour nous, il nous semble plus naturel de nous en rapporter aux œuvres de la philosophie pour apprécier sa puissance, qu'aux paroles de notre jeune professeur. Dans sa candeur il nage en pleine révélation, sans s'en apercevoir, et il attribue à la philosophie et à la raison ce qui vient de Dieu. Il suit les données traditionnelles, tout en ayant la prétention de s'en affranchir et d'en affranchir la philosophie. Son illusion nous fait peine.

C'est donc à tort que M. Lavigerie a blâmé Pascal et les écrivains de Port-Royal d'avoir nié, d'une manière plus ou moins formelle, la puissance de la raison, pour arriver à la connaissance de la vérité, et la puissance du libre arbitre pour la pratique du bien. Ces écrivains avaient, non-seulement d'excellents motifs et un but excellent, comme il l'a reconnu, mais ils étaient dans le vrai.

En proclamant l'impuissance de la raison et de la liberté,

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