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» entre la fleur de la jeunesse et la maturité de la vieillesse. Cependant, ceux qui aujourd'hui sont vieillards sont les » mêmes qui furent jadis adolescents, et le même homme, en changeant d'état et de manière d'être, conserve toujours » sa même nature, reste toujours la même personne.

» Que la religion suive ces mêmes lois de progrès, qu'avec >> les années elle devienne plus forte, qu'elle se développe » avec le temps, qu'elle grandisse avec l'âge, mais qu'elle » se maintienne pure et sans tache ; qu'elle reste en pleine » et parfaite possession de toutes ses parties qui sont comme >> ses membres et ses sens; qu'elle ne souffre aucun change» ment, ne perde rien de sa nature, ne subisse aucune va»riation dans sa doctrine. Nos pères ont semé dans l'Église » le pur froment de la foi; que la culture donne à cette » semence une nouvelle beauté, mais n'en changeons pas

l'espèce ; que les rosiers du sens catholique ne deviennent » pas des ronces et des épines; que jamais, dans ce paradis >> spirituel, l'ivraie et les plantes vénéneuses ne sortent des >> racines du baume et du cinnamome! Ce qui a été semé » par nos pères, il faut le cultiver, l'entretenir : il faut que » par nos soins il croisse, fleurisse et arrive à sa maturitě. » Il est permis de soigner, de polir, de limer avec le temps >> ces dogmes antiques d'une philosophie qui nous est venue » du ciel ; mais il est défendu de les changer, de les tron» quer, de les mutiler. Qu'on les entoure d'évidence, de » lumière, de clarté, mais qu'ils gardent leur plénitude, » leur intégrité, leur essence. Si, une fois, on se permet une » fraude impie, je frémis du péril que courra la religion. >> Une partie quelconque du dogme catholique rejetée, on en >> rejettera une autre, puis une autre et encore une autre ; ce » sera bientôt une chose licite et habituelle. Or, en rejetant, » les unes après les autres, toutes les parties, où arrivera-t» on enfin ? A rejeter le tout.

» D'un autre côté, si aux dogmes anciens on mêle des >> opinions nouvelles, aux choses sacrées des choses profanes, » on comprend que, de toute nécessité, s'établira la cou

>> tume générale de ne rien laisser, dans l'Église, d'intact, ‣ d'inviolable, d'intègre, de pur. On n'aura plus qu'un cloa» que d'erreurs honteuses et impies, au lieu d'un sanctuaire >> de chaste et pure vérité.

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L'Église du Christ, gardienne vigilante et soigneuse des >> dogmes qui leur ont été confiés, n'y change rien, n'en >> retranche rien, n'y ajoute rien; elle ne tronque pas les >> choses nécessaires, n'en introduit pas de superflues; elle ne >> laisse rien perdre de ce qui est à elle et n'usurpe rien d'au» trui. Elle met toute son industrie à conserver avec sagesse >> les choses ancienmes, à façonner et à polir ce qui fut autre>> fois commencé, ébauché; à consolider et affermïr ce qui fut » exprimé, éclairci; à garder ce qui fut confirmé et défini. >> Quel fut le but de ses efforts dans les conciles? De faire >> croire plus fermement ce qui, auparavant, était déjà cru: » de faire prêcher avec plus de zèle ce qui, auparavant, était » prêché plus paisiblement; de faire vénérer avec plus de » soin ce qui déjà était l'objet d'une vénération non con» testée. L'unique but que l'Église, troublée par les nou» veautés hérétiques, s'est proposé dans les décrets de ses » conciles, a été de transmettre par écrit à la postérité ce >> qu'elle avait reçu des anciens par la seule tradition, en ren» fermant beaucoup de choses en peu de mots, et désignant >> sous un nom nouveau une vérité qui n'était pas nouvelle. » et cela pour aider l'intelligence. >>

Voilà bien une règle de foi digne du nom de catholique. Tertullien raisonne comme saint Vincent de Lérins. Voic comment on peut résumer sur le même sujet la doctrine d ce docteur du troisième siècle :

« Il en faut venir à savoir qui sont ceux à qui appartien la foi? de qui, par qui, quand et à qui est venue la doctrin qui fait les chrétiens? Quoi qu'il en soit de Jésus-Christ e! de sa doctrine, il est certain qu'il l'a enseignée à douze hommes qu'il a envoyés par tout le monde après sa résurrection: qu'ils ont fondé des Églises, premièrement en Judée, ensuite chez les autres nations, dans certaines villes, d'où les autres

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ont pris la semence de la doctrine et la prennent tous les jours à mesure que les Églises se forment. C'est pourquoi on les compte aussi comme Églises apostoliques, comme filles des premières et tenant la même doctrine : et toutes ensembles ne font qu'une même Église, par la communication de la paix fondée sur l'unité de doctrine.

» Donc on ne doit recevoir que ce que les apôtres ont enseigné, et on ne le doit prouver que par les Eglises que les apôtres ont fondées et qu'ils ont eux-mêmes instruites de vive voix, et ensuite par leurs lettres. C'est aux hérétiques à montrer l'origine de leurs Églises, l'ordre et la succession de leurs évêques. »

Tertullien ne voyait donc de règle de foi que dans le témoignage des Églises. C'est à ce docte écrivain qu'appartient cet adage si souvent cité par les théologiens:

« Ce qui est trouvé un chez un grand nombre, ne doit pas » être réputé erreur, mais tradition (1). »

Saint Augustin disait des évêques : « Ils conservèrent ce qu'ils ont trouvé dans l'Église. Ils ont enseigné ce qu'ils » ont appris ; ils ont transmis aux fils, ce qu'ils avaient reçu » des pères (2). »

Tous les saints Pères parlent de la même manière.

Que les ultramontains remontent à la source du christianisme, et ils verront qu'alors tout était appuyé sur le caractère catholique ou d'universalité; que l'on ne fait aucune mention de cette infaillibilité romaine qu'ils posent comme base de leur système anticatholique, antichrétien. On dirait que les ultramontains repoussent ce titre de catholique qui fait notre gloire; car ils affectent de s'appeler romains, et essaient ainsi de faire dégénérer en parti, en coterie, cette Église chrétienne dont l'universalité a toujours été la gloire et la force; de circonscrire dans l'étroite province de Rome cette belle Église qui a su jusqu'ici se faire toute à

(1) Tertull., De præscript., c. xxvIII. (2) Aug., Cont. Julian., lib. II, c. x.

tous, s'accommoder aux coutumes des nations pour les gagner toutes à Jésus-Christ.

Que l'on approfondisse l'histoire des dix premiers siècles de l'Église, et l'on ne trouvera aucune preuve en faveur du système ultramontain. Tous les docteurs ne parlent que de l'autorité catholique ou universelle des Églises, pour mettre un terme aux discussions touchant la doctrine; les conciles œcuméniques où chaque évêque est convoqué, où un grand nombre viennent attester la foi de leurs Églises, sont seuls reconnus comme témoins et interprètes infaillibles de la révélation. Dans les écrits nombreux, dans les faits éclatants qui remplissent ces dix siècles de l'histoire du christianisme, les ultramontains ne peuvent glaner que quelques mots vagues, sans portée, qui n'ont de valeur pour eux que séparés de leur contexte. En revanche, ils en trouvent dans les fausses décrétales et dans les écrits des papes du moyen âge. Il faut avouer que les règles de la logique et du sens commun sont renversées, si, pour connaître la constitution véritable de l'Église chrétienne, il faut préférer à l'histoire entière des dix premiers siècles, quelques écrits d'une authenticité au moins contestable, ou les assertions de certains papes, élevés par les circonstances au faîte d'une souveraineté temporelle et absolue; intéressés à faire envisager cette souveraineté comme une des prérogatives de leur dignité spirituelle.

Abordons maintenant, après avoir posé les principes généraux, la réfutation des erreurs de M. de Maistre.

(La suite à un prochain numéro.)

PARENT-DUCHATELET.

Chronique Religieuse.

Il faut bien parler un peu de l'Univers jugé par luimême (1), ou Études et Documents sur le journal l'Univers de 1845 à 1855. Puisque M. L. Veuillot a dénoncé cet écrit aux tribunaux, nous devons attendre respectueusement la sentence, qui nous dira si les textes sont exactement cités dans cet écrit, si les doctrines de l'Univers (si toutefois il en a) sont exposées avec impartialité. Mais nous pouvons toujours, à l'occasion de l'ouvrage dirigé contre le journal des frères Veuillot, faire quelques réflexions.

D'abord, nous sommes étonnés que l'Univers se soit s promptement adressé aux tribunaux pour obtenir justice d'un écrit dirigé contre lui. M. L. Veuillot et ses collaborateurs ne peuvent vraiment se faire illusion au point de n'être pas persuadés que, si tous les écrivains insultés par eux avaient été aussi prompts à faire intervenir la justice, l'Univers compterait presque autant de procès que de numéros. Nous voulons croire que c'est un saint zèle qui dirige la pieuse pléiade dont M. L. Veuillot est le patron; mais enfin, à part les excellentes et surnaturelles intentions de ces messieurs, on peut croire qu'ils sont ordinairement tellement zélés contre les écrivains qu'ils considèrent comme hétérodoxes, qu'ils s'emportent fort souvent jusqu'à l'injure. On reconnaît en eux les apôtres encore néophytes qui voulaient faire tomber le feu du ciel sur la ville de Samarie, et qui méritaient cette admonestation du Maître : «Vous ne savez pas quel esprit vous pousse. » L'esprit des frères Veuillot et Ce pourrait bien n'être pas l'esprit de Jésus-Christ, qui est un esprit de douceur, de charité et d'humilité. M. L. Veuillot se pose bien en victime. «Il nous est devenu, dit-il, depuis

(1) Paris, Dentu, libraire-éditeur, Palais-Royal, galerie d'Orléans, 13.

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