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immuable des temps et des lieux, qu'elle a éternellement disposé. » « C'est pourquoi, dit Tertullien, Dieu ayant remis le jugement à la fin des siècles, Il ne précipite pas le discernement qui en est une condition nécessaire. En attendant, il se montre également à tous miséricordieux et sévère, et il a voulu que les étrangers eussent part aux biens, et que les siens eussent part aussi aux maux. » « Remarquez, continue Bossuet, cette excellente parole: Il ne précipite pas le discernement. Précipiter les affaires, c'est le propre de la faiblesse qui est contrainte de s'empresser dans l'exécution de ses desseins... Mais Dieu, qui est l'arbitre de tous les temps, qui sait que rien ne peut échapper à ses mains, il ne précipite pas ses conseils. »

Il nous semble que Mgr de Bonald a prêté à Dieu un peu trop de précipitation humaine. Il s'est, en outre, éloigné des pensées de Dieu, révélées dans les livres saints, en donnant les fléaux comme la punition directe des péchés. Il eût mieux fait de reconnaître que les justes et les coupables sont confondus dans ces maux physiques dont nous ne connaissons pas la cause immédiate, et de dire aux justes avec Bossuet :

« Donc, ô justes, consolez-vous dans toutes les disgrâces qui vous arrivent; et quand la terre tremblerait jusqu'aux fondements, quand le ciel se mêlerait avec les enfers, quand toute la nature serait renversée; que votre espérance demeure ferme! Le ciel et la terre passeront, mais la parole de celui qui a dit que notre tristesse sera changée en joie sera éternellement immuable; et quelque fléau qui tombe sur vous, ne croyez jamais que Dieu vous oublie. Le Seigneur sail ceux qui sont à lui, et son œil veille toujours sur les justés. Quoiqu'ils soient mêlés avec les impies, désolés par les mêmes guerres, emportés par les mêmes pestes, battus enfin des mêmes tempêtes, Dieu sait bien démêler les siens de cette confusion générale. Le même feu fait reluire l'or et fumer la paille. »>

Voilà bien la doctrine chrétienne éloquemment exprimée par le théologien le plus sublime de l'Église catholique. Que

l'on mette en présence de ces paroles les faibles mandements de quelques-uns de nos évêques à propos des inondations, et l'on verra de quel côté se trouve la haute intelligence des choses révélées.

PARENT DU CHATELET.

Chaque jour, dans les discussions théologiques, on cite, à l'appui de l'autorité des papes, les mots de saint Augustin : Causa finita est : la cause est finie. On les fait précéder de ces paroles qui ne se trouvent pas dans le saint docteur : Roma locuta est: Rome a parlé, et l'on en conclut que la parole ou le jugement du pape est absolu, infaillible, et que c'est être hérétique que de ne pas l'admettre. On a fait sur le texte de saint Augustin plusieurs dissertations fort savantes. Nous croyons très utile, dans les circonstances où nous sommes, d'en reproduire une, en l'actualisant un peu. Nos lecteurs nous sauront gré de reproduire ce travail devenu POULAIN.

très rare.

DISSERTATION SUR LE MOT DE SAINT AUGUSTIN : La Cause est finie.

ARTICLE PREMIER.

État de la question.

Une des plus grandes ressources des ultramontains pour appuyer leurs opinions touchant l'autorité des papes en matière de foi, c'est le célèbre passage de saint Augustin (1): « Jam de hâc causâ duo Concilia missa sunt ad Sedem Apos» tolicam inde etiam rescripta venêrunt. Causa finita est : >> utinam aliquando finiatur error! -Voilà la décision de deux » conciles qui a été envoyée au Saint-Siége; il est venu de » Rome un rescrit. La cause est finie: plût à Dieu que l'er»reur le fût aussi ! »

:

(1) Serm. 131 de Verb. Évang.

Voilà, dit-on, par où ce saint Docteur ferme la bouche aux disciples de Pélage et de Célestius. Ces hérétiques avaient été condamnés par deux conciles d'Afrique, et par une lettre du pape saint Innocent, adressée à ces mêmes conciles, vers le commencement de l'année 417. Pélage et Célestius, mécontents de cette première condamnation de leurs erreurs, cherchaient encore à se défendre et à remuer dans l'Église. Saint Augustin, dans un sermon qu'il fit cette même année, les attaque sur la fin de son discours, et les renvoie à ces deux jugements de l'Église d'Afrique et au rescrit venu de Rome, comme s'il n'en fallait pas davantage pour terminer leur affaire en dernier ressort. D'où l'on conclut que, dans les principes de ce Père, le jugement d'une église particulière comme celle d'Afrique, confirmé par le Saint-Siége, ou, ce qui revient au même, le jugement d'un pape accepté par une assemblée particulière d'évêques, doit être regardé comme une règle de foi qui met fin à toute contestation.

Ce n'est pas tout on remarque que saint Augustin fait usage de ce même principe contre les Pélagiens, même après leur appel au concile général. Julien, à la tête de dix-huit évêques d'Italie, refuse de souscrire à la condamnation de Pélage et de Célestius, portée par le pape Zozime. Il envoie au pape une longue profession de foi qui renfermait une espèce d'appel interjeté au concile général. Or, saint Augustin, dans le troisième livre qu'il écrivit contre Julien vers l'an‍421, et par conséquent depuis l'appel des dix-huit évêques Pélagiens, emploie contre ces évêques appelants les mêmes principes qu'il avait employés contre les disciples de Pélage, condamnés en 417 (1). « Votre cause a été finie, leur dit-il, par >> un jugement compétent et canonique d'évêques. Il n'est >> donc plus question de la revoir. Il ne vous reste maintenant >> autre chose à faire qu'à vous soumettre au jugement qui » est intervenu. Si vous refusez de le faire, vous pouvez vous >> attendre de voir réprimer vos mouvements inquiets et tur

(1) L. 3, c. Jul. num. 5.

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>> bulents.-Vestra verò apud competens judicium communium episcoporum modò causa finita est: nec ampliùs agendum, >> nisi ut prolatam de hâc re sententiam cum pace sequamini; quod si nolueritis, à turbulentâ inquietudine cohibeamini.»> N'est-ce pas là, nous dit-on, décider clairement que les Pélagiens n'avaient pas pu appeler de la condamnation portée contre eux par l'Église d'Afrique, conjointement avec le Saint-Siége? n'est-ce pas marquer bien nettement la nullité de tout appel interjeté après le jugement d'un pape?

Voilà le grand argument des ultramontains. Je crois l'avoir mis dans tout son jour et lui avoir donné tout ce qu'il peut avoir de force en apparence.

Mais, plut à Dieu, que ceux qui font tant valoir sur ce point deux mots de saint Augustin mal entendus, fussent aussi religieux à suivre ses sentiments et à conserver ses expressions sur tant de points importants sur lesquels ils le contredisent!

Je me propose, dans cet écrit, de chercher le vrai sens de ce passage célèbre de saint Augustin dans l'affaire du Pélagianisme, causa finita est, la cause est finie; et d'examiner si on peut lui donner le sens que tant d'écrivains lui ont donné, et en particulier Mgr Sibour, dans son mandement en faveur du nouveau dogme, proclamé cependant par lui non définissable.

ARTICLE II.

Réflexions préliminaires.

Avant que d'entrer en matière, il est à propos de faire quatre réflexions importantes sur cette parole de saint Augustin. Elles serviront à nous convaincre que son argument du causa finita est, a besoin d'explication.

Première réflexion.

Le causa finita est de saint Augustin n'est pas, dans l'esprit de ce saint Docteur, un principe général qu'on puisse appliquer indifféremment à toutes sortes de cas. Car, si c'était une règle universellement sûre, selon ce Père, de regarder comme fini et terminé tout ce qui est décidé par le pape,

pourquoi aurait-il dit aux Donatistes que saint Cyprien n'était point obligé de quitter son sentiment sur le baptême des hérétiques pour prendre celui du pape saint Étienne qui avait parlé; que les raisons qui auraient pu le porter à le faire n'étaient pas suffisantes pour déterminer un esprit aussi sage que le sien; que sans l'autorité du concile général et la décision unanime de toute l'Église, il n'oserait pas lui-même parler si affirmativement sur cette matière (1)?

Le langage de saint Augustin, en cet endroit, sera d'autant plus surprenant qu'il suppose que le pape Étienne avait pour lui la plus grande partie de l'Église, et que saint Cyprien n'avait qu'un petit nombre de personnes dans son sentiment (2).

Voilà certainement contre saint Cyprien une autorité aussi forte que le pouvait être contre les Pélagiens le jugement de deux conciles d'une église particulière et la lettre d'un pape. Cependant, saint Augustin dit : la cause finie, dans le second cas, et assure au contraire, pour le premier, que la question. n'était pas encore décidée et qu'elle ne le pouvait être que par l'autorité du concile général.

Il est donc clair que, selon saint Augustin, le sentiment d'un pape, appuyé du consentement même du plus grand nombre, ne donne pas droit en toute rencontre et dans toute hypothèse d'assurer que l'affaire est finie.

Faut-il une nouvelle preuve à l'appui de cette réflexion? nous la trouvons dans l'affaire des Donatistes. Si l'appel au concile général est toujours interdit après que le pape a parlé avec quelques évêques, pourquoi saint Augustin dit-il (3)

(1) Defensiones non tales afferrent, quibus illa talis anima moveretur... Nec nos ipsi tale aliquid auderemus asserere, nisi universæ Ecclesiæ concordissimâ auctoritate firmati, cui et ipse (Cyprianus) sine dubio cederet, si jam illo tempore quæstionis hujus veritas eliquata et declarata per plenarium Concilium solidaretur. L. 2, de Bapt. c. Donat, c. 4 et 8. (2) Duo erant eminentissimarum Ecclesiarum Romanæ scilicet et Carthaginensis Episcopi, Stephanus et Cyprianus... multi cum illo, quidam cum isto sentiebant. L. de unico Bapt. c. Petil, c. 14.

(3) Epist. 43, num. 19.

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