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le faisant mettre à l'Index. Eh bien ! après ? ce sera une preuve de plus que l'Index est absurde, et le Correspondant sera du moins une Revue sérieuse et un drapeau autour duquel se réuniront les vrais catholiques, qui n'ont jamais séparé les droits de la raison des devoirs qu'ils ont à remplir à l'égard de l'autorité légitime. Si le Correspondant continue sa petite guerre à l'Univers, en restant ultramontain pour éviter l'Index, il ne réussira pas. Si le blason de ses rédacteurs n'imposait pas à la cour de Rome quelques ménagements, leur œuvre serait déjà censurée; mais la noblesse finira par s'éclipser devant l'influence des Veuillot, des Dulac, des Coquille, des Aubineau. Un jour viendra où MM. de Montalembert, de Broglie, de Falloux, etc., seront à l'Index. Ils peuvent y compter. Alors, l'Univers leur dira qu'ils n'ont plus qu'à mourir; que le Correspondant est proscrit par l'autorité infaillible. Si le Correspondant n'est pas gallican, que devra-t-il faire? Mourir. S'il est gallican, il dira à l'Index : Je ne vous connais pas; il continuera à vivre, et il obtiendra plus de sympathies qu'il ne peut en avoir aujourd'hui.

On a affiché, il y a quelque temps, sur les murailles, et la Semaine Religieuse a reproduit l'annonce suivante : « Dimanche 22 juin 1856, Son Éminence Mgr Constantin >> Patrizzi accorde, à l'église Notre-Dame-des-Victoires, l'insi»gne faveur de venir la visiter à 2 heures de l'après-midi. »

Le style d'une telle annonce est bien opposé au sentiment que veut de nous le Dieu qui dit à Moïse (Lévit., ch. 26): Soyez saisis de frayeur à l'entrée de mon sanctuaire: je suis le Seigneur. Quoi! la visite d'un légat qui, comme l'a dit, en parlant de lui-même, saint Paul apôtre, n'est qu'un mortel semblable aux autres hommes (Act., ch. 14), serat-elle une faveur insigne pour la majesté divine résidant dans son temple? Non. L'insigne faveur est toute pour le visiteur : rien de plus. Nous engageons le miraculeux M. Desgenettes à lire, à vérifier, dans l'Écriture sainte, les paroles que nous lui signalons. GUELON.

Paris, Imprimerie de Dubuisson et Cie, rue Coq-lléron, 5.

CATHOLIQUE

REVUE

DES SCIENCES ECCLÉSIASTIQUES ET DES FAITS RELIGIEUX.

Omnia instaurare in Christo., Eph, 1, 10.

THÉOLOGIE.

DE LA PROVIDENCE DIVINE.

Une discussion s'est élevée entre plusieurs journaux à propos du mandement de Mgr de Bonald sur les inondations. Mgr l'archevêque de Lyon, et après lui quelques autres évêques, ont prétendu que Dieu punissait, par ce fléau, la violation trop habituelle du dimanche. Le Journal des Débats a relevé avec gravité cette assertion, et a demandé pourquoi Mgr de Bonald assignait à Dieu ce motif plutôt que tant d'autres qu'il pouvait avoir; et s'il n'existait pas un nombre considérable de crimes dont la gravité, pour plusieurs, surpasse celle de la violation du repos dominical. Au lieu de réfuter le Journal des Débats et de répondre à sa question, 1 Univers a crié à l'impiété, et a prétendu qu'on niait la Providence. C'est l'habitude de ce journal de se placer ainsi à côté de la question, afin de pouvoir adresser à son adversaire de plus gros reproches, et répondre avec plus de facilité.

Le Journal des Débats nous a semblé plus chrétien et plus raisonnable que l'Univers, qui n'a vu là qu'un évêque ultramontain à défendre.

Pour nous, cette discussion nous a inspiré la pensée de présenter à nos lecteurs quelques réflexions exactes et précises sur l'action de la Providence dans le gouvernement des choses de ce monde.

Pour tout chrétien, il est certain que Dieu n'a pas abandonné le monde au hasard des combinaisons discordantes du génie humain. Au-dessus de la sphère où s'agitent les conceptions et les intérêts de l'homme, plane une grande loi providentielle, qui n'est autre chose que l'esprit de Dieu, disposant tout avec douceur, dit l'Écriture, c'est-à-dire sans gêner la liberté individuelle, mais atteignant son but avec force, c'est-à-dire avec une énergie de volonté devant laquelle disparaissent toutes les causes secondes qui auraient pu produire des obstacles. L'homme s'agite et Dieu le mène : cet adage est profondément vrai; c'est l'affirmation de la liberté et de l'activité de l'homme, sous la grande et infaillible loi de la Providence.

Rien dans le monde ne peut se soustraire à cette loi; ce qui veut dire que la Providence gouverne le monde entier. Dieu a établi, dans son éternité, les lois générales de cette providence ; il n'y a pas en Dieu d'acte successif. La succession est un attribut essentiel du temps; mais l'éternité est une; et il n'y a en elle ni passé ni futur; tout est toujours présent en Dieu. On parle donc d'une manière très vicieuse lorsqu'on applique à Dieu une succession d'actes, quels qu'ils soient, ou qu'on lui attribue, dans une circonstance donnée, un motif d'agir qu'il n'aurait pas eu à une époque différente. Tout ce qui arrive n'arrive qu'en vertu des lois générales données par Dieu au monde.

Nous ne voulons pas dire par là que tel événement n'est pas arrivé, par suite d'une volonté arrêtée de Dieu; au contraire, nous affirmons que tout événement a la volonté de Dieu pour principe, puisqu'il est une suite des lois générales

qu'il a établies, et dont il voit toutes les causes et toutes les suites dans son éternité. Mais l'homme peut-il assigner le motif pour lequel Dieu a voulu que, dans telle ou telle circonstance, tel effet résultât des lois générales? Non évidemment; car personne ne connaît les desseins de Dieu, si ce n'est Dieu et son Fils unique auquel il les a révélés. L'homme, à moins d'en avoir reçu révélation, ne peut donc dire que Dieu a eu tel ou tel motif. S'il veut le déterminer, il commet plus qu'une imprudence, il s'attribue des lumières. qu'il n'a pas, et il s'expose à insulter Dieu; car, dit Tertullien (Apolog. 40), la race humaine est acoutumée à traiter fort mal ce qui touche à Dieu : Semper humana gens malè de Deo meruit. Il faut donc user de la plus grande réserve lorsqu'il s'agit de prêter à la Providence des motifs qui pourraient bien n'être que des imaginations fantastiques. Ilfaut bien se garder surtout de prêter à Dieu des intentions contraires à celles qu'il a manifestées d'une manière générale dans les livres qui contiennent sa parole. Ainsi, il est certain que Dieu n'a pas pour but de punir par des fléaux les crimes du monde; l'Évangile nous apprend au contraire que les justes sont destinés en ce monde à la douleur, aux pleurs, aux épreuves. « Le monde se réjouira, disait Jésus-Christ, à ses disciples; vous, au contraire, vous serez dans la tristesse... malheur à ceux qui sont dans les plaisirs!... malheur aux riches!... Bienheureux ceux qui pleurent, qui sont calomniés, persécutés, qui souffrent. » Prétendre que les fléaux de ce monde sont envoyés pour punir les crimes, c'est dire, avec les amis de Job, que les gens de bien ne peuvent être punis; c'est donner raison aux Épicuriens qui niaient la Providence parce que les justes participaient aux maux qui existent dans le monde. On ne peut contester que les bons aussi bien que les méchants n'aient leur part dans les fléaux qui affligent l'humanité. Ne dites donc pas alors que Dieu les envoie pour punir les coupables; autrement vous affirmez que Dieu ne met aucune distinction entre les coupables et les innocents; vous niez indirectement la distinction du bien et

du mal; vous niez Dieu; vous appartenez à l'école de l'inté rêt ou du plaisir; vous êtes Helvétius ou Épicure.

On ne doit pas scruter les intentions de Dieu, mais se contenter d'affirmer que les justes, dans les afflictions, peuvent trouver, par leur soumission et leur patience, un moyen de salut que les coupables n'y trouveront pas. En ce sens, on peut dire que les fléaux rentrent dans le plan de la Providence qui a tout établi pour les élus. Le mal moral, seul. n'est pas une suite de la volonté de Dieu, parce qu'il n'est qu'une négation: la négation du bien ou de l'ètre. Tout ce qui est vient de Dieu, et Dieu nous a déclaré qu'en tout il avait eu en vue les justes, ou ses élus. Affirmer que, dans telle circonstance, il a voulu châtier les coupables, c'est prétendre qu'il a dérogé au plan général qu'il nous a fait connaìtre; or, n'est-ce pas là une imprudence au premier chef?

Mais, pourquoi sa Providence a-t-elle eu pour principal motif, dans l'établissement des lois générales, l'affliction des justes en ce monde? Jésus-Christ l'a dit : Votre tristesse se changera en joie. Les fléaux, les afflictions sont donc un noyen pour le juste de ranimer sa foi dans les biens éternels. de le faire aspirer avec plus d'ardeur vers la possession du souverain bien qui est la fin de son être, le but pour lequel il a été créé.

En s'en tenant à ces idées générales sur la Providence, on la surprend dans ce que ses lois ont de plus mystérieux. On dira alors avec Bossuet: « Qu'il n'est rien de mieux ordonné que les événements des choses humaines; et toutefois qu'il n'est rien aussi où la confusion soit plus apparente. »> (Serm. sur la Providence.) La confusion y existe pour ceux qui veulent prêter à Dieu les motifs que leur indique leur petite intelligence; l'ordre y règne pour ceux qui se contentent des idées générales que Dieu a bien voulu nous révéler. C'est juger Dieu en homme que de croire qu'il envoie des fléauxpour punir les coupables; mais « la sagesse profonde de Dieu, dit Bossuet, ne se gouverne pas par les préjugés, ni par les fantaisies des enfants des hommes; mais selon l'ordre

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