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dans l'acception rigoureuse du mot, elle a donné l'être non pas seulement à Jésus-Christ homme, qui est Dieu en vertu de l'union hypostatique du Verbe, mais à la divinité ellemême. Dieu n'est donc plus l'être nécessaire qui a en luimême la raison de son existence; c'est Marie qui l'est: Dieu n'est plus l'être tout-puissant, c'est Marie qui est souveraine et maîtresse absolue du monde et de ses lois. La preuve que M. Mullois entend rigoureusement les mots de mère du Créateur, c'est qu'il tire les conséquences qui découlent de son principe. La dévotion de M. Mullois envers la sainte Vierge le rend donc athée. C'est un beau résultat. Qu'il ne se récrie pas il nie Dieu positivement. Il reconnaît, en outre, que Marie a eu une mère, sans doute; il en fait donc une créature, tout en la déifiant. Alors, où est le Dieu de M. Mullois?

Si l'Observateur était un journal quotidien ou même hebdomadaire, il nous serait facile de relever les erreurs, les excentricités, les aberrations qui remplissent les colonnes de l'Univers; notre revue paraît seulement deux fois par mois, et les matériaux sont si abondants, que nous devons nous borner à une réfutation rapide des principales erreurs de la feuille ultramontaine.

Elle incrimine un discours prononcé par M. Guizot à la Société biblique. Qu'un journaliste qui s'intitule le Sacristain de Rome ne se fasse pas l'écho des doctrines protestantes, nous le comprenons et sommes les premiers à l'en féliciter; mais il faut avouer que le docte rédacteur n'a pas été inspiré pour sa critique: il cite les passages suivants parmi ceux qui l'ont le plus choqué :

« Nous avons pleine foi, d'une part, dans la divine ori» gine, l'inspiration divine des livres saints; de l'autre, dans >> leur action efficace, dans leur salutaire puissance sur l'âme » humaine.... Comment ne pas croire à l'efficacité morale » de l'Ancien et du Nouveau Testament, quand on croit à » leur inspiration divine? Comment ne pas se confier dans » leur action sur l'homme, quand on croit qu'ils viennent de >> Dieu ? >>

L'Univers voit, dans ces phrases pompeuses, des allusions cachées contre l'Eglise catholique, du vague, de la banalité, des charades dont le mot est la négation de l'Église catholique; enfin, la pensée d'entretenir contre elle le fanatisme des sectes protestantes; donc, d'après le théologien Léon Aubineau, l'Église défend de lire l'Écriture sainte, et c'est être rebelle à ses lois, fanatique, hérétique, schismatique, voué à une damnation certaine de lire ou d'étudier ces saints livres, de soutenir qu'à leur lecture est attachée une grâce spéciale. Voyons un peu : le théologien susdit ignore sans doute que l'Écriture sainte a toujours été le pain quotidien des fidèles; les premiers chrétiens préféraient s'exposer aux tourments, souffrir le martyre plutôt que de livrer les saintes Écritures. Ils voulaient que ces livres, après avoir été pendant la vie leur consolation et leur force, fussent placés sur leur poitrine dans le tombeau. Les Pères de l'Église : saint Jérôme, saint Augustin, saint Basile, saint Chrysostôme et tant d'autres, n'ont cessé d'en recommander la lecture aux àmes confiées à leurs soins; les instructions pastorales, les homélies de ces Pères ne sont que l'explication, la paraphrase de l'Ancien et du Nouveau Testament.

Nous ne prétendons certes pas que l'Ecriture puisse seule, et par elle-même, guider les particuliers; nous ne croyons pas à l'inspiration individuelle, et la tradition constante et unanime de l'Église est un guide nécessaire pour l'interprétation des saintes Écritures; mais s'ensuit-il que les saints livres ne soient pas une source de lumières pour ceux qui les lisent avec esprit de foi et avec piété? que leur âme ne reçoive pas de ce pain de vie une force divine? Le vrai fidèle, en lisant l'Écriture sainte, est instruit par Jésus-Christ même ; il découvre des sens cachés sous l'écorce de la lettre; il étanche sa soif à ces eaux qui rejaillissent jusqu'à la vie éternelle; il y trouve du courage pour s'exercer à la pratique des vertus chrétiennes; il devient humble, modeste, pacifique, charitable, car les livres divinement inspirés ont d'immenses avantages pour nous faire pratiquer tous nos

devoirs, selon la doctrine de saint Paul et du pieux auteur de l'Imitation, qui reconnaît deux choses nécessaires à la vie de l'âme l'Eucharistie et la sainte Écriture. Voilà comment nous comprenons la lecture de l'Écriture sainte, comment tout chrétien doit en faire usage; nous voudrions savoir ce qu'elle a de répréhensible. Abstraction faite de l'idée de l'interprétation individuelle, nous persistons, n'en déplaise au docte Aubineau, à trouver la phrase de M. Guizot plus catholique, plus orthodoxe que sa critique de journaliste.

On eût aimé, poursuit le même docteur, que M. Guizot sortit des assertions générales et désignât les peuples où la foi chrétienne a trouvé des défenseurs, où le bras séculier est venu en aide afin de réduire les Albigeois, qu'il vantât la Belgique et l'Espagne, ces heureux pays où la sagesse du gouvernement, docile aux inspirations de l'Église, préserva les peuples du plus grand des périls: l'oubli de Dieu. Si c'est par le fer, les tortures, le chevalet, les prisons; par l'inquisition, la Saint-Barthélemy et autres mesures analogues que M. Léon Aubineau comprend la fidélité à l'Église. nous concevons que lui et ses adeptes ne veuillent pas de la lecture de l'Écriture sainte, car on n'y trouve rien de semblable. Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. Aimez votre prochain comme vous-même. Celui qui frappe de l'épée périra par l'épée. Morale sublime! paroles dignes d'un Dieu et qui seraient profanées en figurant dans les colonnes du journal le plus anti-religieux qui existe, quoiqu'il s'intitule Univers, Union catholique.

Dimanche 1er juin, on fera, à Sainte-Marguerite, rue Saint-Bernard, mémoire aux offices, et après vêpres, chantées à deux heures et demie, procession en action de grâces de la guérison miraculeuse de la dame Lafosse, constatée par information soigneuse, et publiée par mandement du cardinalarchevêque de Paris, du 10 août 1725.

GUÉLON.

Paris. Imprimerie de Dubuisson et Cie, rue Coq-Héron, 5.

L'OBSERVATEUR

CATHOLIQUE

REVUE

DES SCIENCES ECCLÉSIASTIQUES ET DES FAITS RELIGIEUX.

Omnia instaurare in Christo., Eph., 1, 10.

Recherches historiques sur le symbolisme du cœur, au point de vue religieux, et, en particulier, sur le sacré cœur de Jésus et de Marie.

Un de nos abonnés, M. le D' F. Andry, nous communique l'extrait suivant d'un ouvrage actuellement sous presse. et ayant pour titre Le Symbolisme du Cœur, ou Etudes sur le Cœur, aux points de vue littéraire, médico-historique, archéologique et plastique.

Nous voici arrivés au XVIIe siècle. Indépendamment de ses applications profanes qui s'y perpétuent, et dont nous pourrions retrouver de nombreux exemples, le symbolisme plastique du cœur va nous y présenter, surtout dans ses applications religieuses, de singulières proportions. J'ai dit qu'au XVIIe siècle nous avions subi l'influence artistique et littéraire de l'Espagne, et voici que précisément j'ai sous les yeux un livre espagnol intitulé: Historia de la sagrada

Orden de predicadores en los remotos regnos de la Etiopia, et qu'à la tête de ce livre, daté de 1611, la bienheureuse Imata, fondatrice d'un monastère en Éthiopie, est représentée tenant un crucifix dans sa main gauche et un cœur posé sur un livre dans sa main droite. A pareille date, ce cœur ne saurait être qu'un emblème de ferveur et de piété.

Des cœurs percés de flèches et alternant avec des écus fleurdelisés ornaient les poutres transversales de l'église des Petits-Augustins, construite à Paris en 1617 (1). Pourquoi ces cœurs, symboles probables de douleur ? Ne serait-ce pas en mémoire de la malheureuse reine Marguerite de France, qui, répudiée par Henri IV et revenue à Paris après une longue absence, avait fondé ce couvent, où elle avait désiré que son cœur reposat? En parsemant cette église de cœurs percés de flèches, on fit peut-être ainsi pour cette reine infortunée ce qu'avait fait pour elle-même une autre Marguerite non moins malheureuse, Marguerite d'Autriche, qui avait fondé en 1505 l'église de Brou et en avait chargé les murailles de la devise adoptée par elle Fortune infortune fort une, c'est-à-dire : Fortune accable fort une femme (2).

C'est au XVIIe siècle qu'appartient, comme chacun sait, la découverte de la circulation du sang par Harvey (1619). L'éclat de cette découverte, et le bruit qui ne tarda pas à se produire autour d'elle, n'étaient pas faits pour atténuer l'importance du cœur au point de vue où nous sommes placés. Donc, nous ne serons pas étonnés si, en feuilletant les iconologies dont les types nous paraissent remonter plus spécialement à cette époque, nous retrouvons l'effigie du cœur à tout propos. Ici par exemple, ainsi dans l'iconologie de César Ripa, l'Amour divin, la Concorde, la Conscience, la Sincérité, la Charité, etc., ont pour emblème essentiel un cœur d'aspects ou de manières d'être divers, et parfois plus ou moins étranges; là, ainsi dans l'iconologie de Boudard,

(1) Voy. Hist. de Paris, par Félibien, t. II, p. 1273. (2) Voy. Rev. archéolog. du 15 avril 1850, p. 34 à 40.

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