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Notes pour la Vie d'Horace par

Suétone.

(1) Le sentiment le plus probable sur l'auteur de cette Vie d'Horace me paroît être celui de M. Mitscherlich, savoir que le fonds en appartient à Suétone, mais qu'elle a été défigurée par les copistes dans tous les Mss. que nous possédons. En effet, le témoignage d'Isidore de Séville et celui de Porphyrion prouvent que Suétone avoit écrit une Vie de notre poète, et Porphyrion cite même cet historien à l'appui d'un fait qui se trouve rapporté dans celle-ci, dont le style a d'ailleurs beaucoup de ressemblance avec celui de Suétone. D'un autre côté, les interpolations des copistes y sont évidentes, et en particulier celle du fameux passage sur la chambre tapissée de miroirs. M. Mitscherlich ajoute que les copistes, non contens de leurs interpolations, ont aussi fait des retranchemens à l'ouvrage de Suétone, et je crois en avoir acquis la preuve dans mon Ms. I: quoiqu'il ne donne qu'un abrégé de cette Vie, les passages suspects d'interpolations y sont soigneusement conservés.

Les autres Mss. que j'ai consultés pour la rédaction du texte de ce morceau, le contiennent en entier. Ce sont ceux que je désigne par les lettres E,, P. Les deux premiers sont au nombre des meilleurs, comme on peut le voir dans leur description à la fin du volume. J'en donne, dans mes notes, les variantes les plus curieuses; et l'on peut être sûr que, lorsque je m'écarte du texte vulgaire sans en donner les raisons, c'est que j'ai trouvé dans mes Mss. la confirmation des leçons adoptées par MM. Wetzel et Mitscherlich.

(2) Le texte de cette Vie mutilée par les copistes n'étant pas aussi respectable que celui d'Horace, j'ai cru pouvoir adopter la correction de Gessner, exauctionum au lieu d'eractionum. Elle fait du père d'Horace un huissier aux ventes publiques, au lieu d'un sergent collecteur d'impôts : les premières fonctions semblent s'accorder mieux avec celles de præco, huissier-priseur, juré-crieur dans les ventes, qu'Horace attribue lui-même à son père (Sat. I, 6, 86), et qui lui sont également attribuées par d'autres Vies d'Horace trouvées dans de vieux Mss., et nommément par celle que l'on va lire.

(3) Ce passage, renfermé entre deux crochets, ne peut être qu'une interpolation; la plaisanterie qu'il contient, bien qu'assez mauvaise, aura tenté le copiste, et il l'aura prise de la rhétorique à Herennius, où elle est à sa place (IV, 54), pour la transporter ici.

(4) Scriptus est là pour scribatus, la charge de scribe, de secrétaire, scriba. Dacier cite, sur ce passage, Tite-Live, IX, 46, et AulûGelle, VI, 9. Voyez ce qu'en dit Dacier lui-même, sur le v. 36 de la Sat. 6 du Liv. II.

(5) Tous mes Mss. portent testatur, et non demonstratur comme les éditions ordinaires.

(6) Il seroit trop long de rapporter ici toutes les leçons que l'on a données du second et du troisième vers de cette épigramme; j'ai cru devoir préférer celles qu'ont suivies MM. Wetzel et Mitscherlich. Le célèbre Vossius prétend avoir découvert qu'il existoit à Rome, du temps d'Horace, un poète nommé Ninnius Crassus, dont la maigreur avoit passé en proverbe ; et l'on trouve au moins dans Tite-Live (XXIII, 8) qu'il existoit, en Campanie, une famille Ninnia. La plaisanterie de Mécène me paroit, ainsi qu'à M. Mitscherlich, beaucoup meilleure si l'épithète strigosus, qui appartient proprement aux bètes, est appliquée à un homme, que si on la donne à un mulet, comme ont fait beaucoup d'éditeurs. Je dois dire, au reste, que tous mes Mss. lisent, au vers 2, tutum sodalem au lieu de tu tuum sodalem, et que dans le vers 3 ils offrent les variétés suivantes: E nimio ou ninao, ninio, I mimo ou minio, P mimo ou ninno. La multiplicité de ces différences, et en particulier la double leçon de trois Mss. sur quatre, viennent de ce que les anciens copistes ne mettoient pas de points sur les i. Il n'est pas étonnant que ces vers aient fait naître tant de conjectures; et toutes peuvent s'appuyer au moins d'un Ms., à l'exception de celle de Gronovius, qui lit ginno, car aucun Ms. n'a de g; et de celle de Baxter, qui lit minno, car il faut pour ce mot huit jambages avant l'o, et les Mss. n'en ont que sept au plus. Le Ms. P explique strigosiorem par litigiosiorem.

(7) Je ne sais d'où venoit l'ancienne leçon ridicule Esquiliis; tous mes Mss. lisent judiciis.

(8) Le Ms. lit a te abducere.

(9) Le Ms. P lit veniat.

(10) Et c'est l'homme capable de refuser un tel emploi dans l'intimité du maître du monde, apres avoir porté les armes contre lui, que Voltaire ose traiter d'adroit esclave! Mais Voltaire n'avoit probablement jamais lu cette Vie d'Horace; car il n'auroit pu s'empêcher de sentir combien le refus du poète et la facilité d'Auguste à le pardonner font d'honneur à l'un et à l'autre.

(11) M. Mitscherlich observe que cette transition Et rursus décèle la main d'un moine, et qu'elle est prise du xai man qui revient

fréquemment dans les écritures. Il croit même que la citation qui suit et celle qui précède ont passé de la glose dans le texte, mais il ne les en croit pas moins authentiques, et les attribue à quelque ancien grammairien.

(12) Le Ms. lit voluit.

(13) Ce Septimius paroit être celui à qui Horace adresse l'Ode 6 du Livre II, et qu'il recommande à Tibère dans l'Epitre 9 du Livre I.

(14) Mes Mss. portent la leçon avdunepnqavouμer, plus ou moins corrompue; elle donne le même sens que celle que j'ai suivie, comme étant adoptée par le plus grand nombre des éditeurs.

(15) J'ai suivi la leçon de mes Mss. purissimum; putissimum a un vernis d'antiquité qui lui a valu la préférence dans un grand nombre d'éditions dans un certain sens, purus et putus sont en effet la même chose, mais je doute que ce soit dans ce sens qu'Auguste l'entendoit ici. On m'excusera sûrement de n'avoir traduit en français ni cette épithète ni le mot auquel elle se rapporte; je donnerai quelque idée du sens littéral, en disant qu'on pourroit traduire en italien l'un et l'autre par un pretto cotalino, et j'avouerai ensuite franchement que je n'en ai pas assez bien saisi l'esprit pour en chercher l'équivalent dans notre langue.

(16) La manière dont j'ai traduit ce passage s'accorde avec le sens de M. Mitscherlich, et je crois avec lui que Dacier a tort d'y voir seulement deux libéralités d'Auguste; unaque et altera est une expression trop vague pour indiquer un nombre déterminé. Quant à Valart, qui y trouve le don de deux terres, il se trompe grossiement. Ce fut Mécène qui fit présent à Horace de sa maison de Tibur, et il ne s'agit ici que de simples gratifications.

(17) Lib. IV, Odes 4 et 14.

(18) En combinant la traduction de Luc de Laporte avec celle d'un auteur désigné par les lettres G. P. P., qui se trouve dans le même volume (Paris, 1584), on peut donner, de ces vers, une version qui plaira peut-être aux amateurs de notre vieux langage:

Veu que seul tu soutiens tant et si grands affaires,
Qu'Itale du defends par beaux faits militaires,
Que tu l'ornes de mœurs et l'amendes de loix,
Contre le bien commun, César, je pécherois
Si par le long propos d'un escrit poétique
J'enlevois tes loisirs à la chose publique.

(19) Le Ms. E porte Onisius, les trois autres Onysius. On ne sait rien du personnage que ce nom ou celui de Dionysius désigue.

(20) La leçon de ce passage la plus généralement reçue est quem ego, ne accusem brevitatem, quantuluscumque est boni consulo; Je ne sais quelle en est l'origine. M. Mitscherlich, qui l'adopte, ne cite aucun Ms. en sa faveur; il croit seulement que celui qu'il nomme Regius codex avoit une lacune qui permettoit seulement de lire ne accus... alem, quoique les éditeurs qui l'out cité disent qu'on y lisoit ut accusantem. Cette leçon est en effet celle de mes quatre Mss., et je ne vois pas pourquoi on l'a rejetée. J'avoue cependant qu'elle ne présente aucun sens raisonnable en lisant quantuluscumque est, comme dans mes Mss. E, P,I; mais il me semble que l'objection cesse en lisant, avec le Ms., quantuluscumque es. Ce changement d'est en es ne fût-il appuyé d'aucune autorité, on avouera que, puisqu'il se borne à supprimer une seule lettre dans un mot souvent écrit en abrégé (÷), on doit le préférer à une leçon qui, à deux mots, ut accusantem, en substitue trois, ne accusem brevitatem, dont le dernier est dû tout entier à la munificence des critiques.

(21) Aucun de mes Mss. ne porte le si qui se trouve dans toutes les éditions.

(22) C'est à Gessner que l'on doit la véritable explication de ce passage. La plaisanterie d'Auguste se rapporte à la manière dont les anciens rouloient leurs Mss. sur une baguette plus ou moins longue. Le sexlarius ( sexlier) étoit la sixième partie du congius; le sextariolus, son diminutif, devoit être une mesure plus petite : la forme cylindrique qu'on lui donnoit permet de penser qu'il étoit très-court, et que son diamètre égaloit au moins son axe. Auguste dit donc à Horace : « Je te permets de donner à ton volume assez peu de hauteur pour qu'il tienne dans un demi-sextier, pourvu qu'il en remplisse la circonférence.» On dira peut-être que j'aide à la lettre en traduisant ut par pourvu que, et j'avouerai, de plus, que je ne trouve ut que dans le Ms. I. Mais les autres portent cum, et l'on sait que la substitution de cum à dum n'est pas une chose très-rare.

(23) J'ai suivi la leçon vulgaire de ce mot, lequel est corrompu dans tous mes Mss., quoiqu'écrit en capitales: l'omicron et l'omega s'y supplantent tour à tour, et le r est remplacé par le T, erreur non moins facile à commettre en copiant des capitales.

(24) C'est ici que se trouve, dans la plupart des éditions, un passage obscène que Dacier et Baxter ont les premiers supprimé sans en dire les raisons. On a très-bien montré depuis que ce fragment, qui a valu tant de calomnies à notre poète, n'étoit qu'une interpolation maladroitement empruntée d'un endroit de Sénèque (Nat. quæst.,

I, 16), connu sous le nom du miroir. C'est à un riche avare, nommé Hostius, que Sénèque attribue les honteux raffinemens dont il rend compte, et la ressemblance des noms Hostius et Horatius aura trompé les interpolateurs. J'ai cru devoir baunir ces détails du texte, où ils n'auroient jamais dû entrer; mais, comme ils se trouvent dans mes quatre Mss., je les transcrirai dans cette note, en faveur de ceux qui veulent tout avoir. «Ad res Venereas intemperantior traditur. Nam « speculato cubiculo scorta dicitur habuisse disposita ut quocumque « respexisset, ibi ei imago coïtus referretur. » Je ne dis rien de la mauvaise latinité qui se fait remarquer dans ce peu de lignes; je me bornerai à observer qu'il falloit avoir les immenses richesses d'Hostius pour se procurer de pareilles jouissances, et qu'Horace, ne sortit jamais des bornes d'une honnête médiocrité.

(25) Tous les Mss. connus portent, comme ici, nonum et quinquagesimum; mais, en conservant leur leçon, je dois conserver aussi l'avertissement des interprètes qui en ont démontré l'erreur. Ce n'est pas à cinquante-neuf ans, mais à cinquante-sept que mourut Horace. Cela est prouvé par les désignations que l'on vient de lire de l'année de sa vie et de celle de sa mort. L. Cotta et L. Torquatus furent consuls l'an de Kome 688; C. Martius Censorinus et C. Asinius Gallus, l'an 745. Le calcul est facile à faire.

Notes pour la Vie d'Horace tirée du Ms. V.

(1) JE suis loin de m'exagérer la valeur de ce morceau ; il est à peine écrit en latin; il fourmille d'erreurs et de répétitions fastidieuses qui trahissent, dans sa rédaction, la main d'un copiste ignorant : mais il contient aussi des notions curieuses qui ne se trouvent point ailleurs, et qui n'ont pu être puisées que dans quelque ancien scholiaste. Voilà ce qui m'a engagé à le tirer de l'oubli où on l'a laissé pendant si long-temps.

(2) Voyez, sur ce mot præco, la note 2 de la Vie attribuée à

Suétone.

(3) Ces premières lignes, jusqu'au mot studio, se retrouvent presque mot pour mot dans une autre Vie d'Horace, publiée par Cruquius, ex tribus Codd. Blandinianis, et réimprimée par M. Mitscherlich. Mais on n'en doit pas moins regarder celle-ci comine inédite, car elle differe dans tout le reste de celle de Cruquius.

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