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rejetées, mais qu'ils s'amuseront peut-être à faire valoir.

III.

COMMENTAIRE.

J'ai dit plus haut qu'en me décidant à revoir le texte d'Horace, j'avois en quelque sorte déterminé le genre du commentaire dont il devoit être accompagné. En effet, la critique devoit dès-lors y jouer un grand rôle; car je ne pouvois me permettre de donner une récension nouvelle sans la motiver, sans rendre compte des raisons qui me faisoient préférer telle leçon à telle autre. Cette exactitude, ce soin particulier du texte, me commandoit d'y conformer ma traduction autant qu'il seroit possible, et de produire dans les notes mes raisons et mes excuses, lorsque je serois forcé de m'en écarter notablement; cette partie apologétique devoit d'autant moins être négligée qu'elle m'offroit en même temps l'occasion de rendre souvent par mes notes à ma traduction en vers la fidélité d'une version en prose, et de faire sentir les beautés de mon auteur. Mais on sent que ces premiers points, traités avec quelque étendue, devoient déjà donner un certain volume à mon commentaire : je devois craindre de le rendre trop long; et cependant je ne pouvois le borner à la partie critique : il en est d'autres que l'on peut se dispenser de rendre aussi complettes, mais qu'il n'est pas permis de négliger tout-à-fait dans l'interprétation d'un auteur ancien, à moins de travailler exclu

sivement pour les littérateurs et les philologues. Un traducteur d'Horace doit surtout à la majorité des lecteurs qu'il se flatte d'obtenir, des notes explicatives de certains points de mythologie, d'histoire, de géographie et de mœurs, dont la connoissance n'est pas généralement répandue. Il est même de mode aujourd'hui de commenter tout ce qui peut avoir rapport à l'histoire naturelle; et il est enfin un troisième genre d'illustrations dont un traducteur d'Horace peut encore moins se dispenser, en ce qu'elles sont de nature à plaire également aux gens de lettres et aux gens du monde. Je veux parler de la discussion de tout ce qui concerne le sujet, l'intention, le plan de chacun de ses ouvrages, l'époque où il fut écrit, les personnages dont l'auteur y fait mention, et celui surtout auquel il l'adresse. Cette partie du commentaire étant d'un intérêt plus général, peut même être regardée comme la plus importante de toutes.

Mais, je dois encore le répéter, si j'avois prétendu, en éclaircissant tant d'objets divers, épuiser toutes les sources qui s'offrent à l'érudition, toutes les ressources qu'à son défaut peut fournir l'art des conjectures; si j'avois voulu y joindre les imitations d'Horace qui se trouvent dans nos poètes, et même dans ceux de ses compatriotes qui ont fait des vers après lui, j'aurois excédé toutes les bornes, Ne pouvant mettre en œuvre tant de matériaux, il falloit choisir, il falloit adopter pour leur emploi un plan calculé sur le goût du public combiné avec leur importance, et voici comment j'ai essayé d'y parvenir :

1.o A l'exemple de plusieurs savans respectables, j'ai rassemblé, sous la forme d'argument, à la tête de chaque Ode, les renseignemens dont j'ai parlé en dernier lieu, et qui ont rapport à son sujet, à sa date, à ses personnages, au but qu'avoit le poète en l'écrivant. J'y ai joint l'indication des sources grecques où Horace a pu en puiser le modèle, ou du moins quelques traits principaux. J'ai exposé la composition du mètre dans lequel elle est écrite, et j'ai rendu compte de ma manière de l'imiter : toutes choses qui, pour les personnes qu'elles intéressent, m'ont paru devoir précéder la lecture de l'Ode. J'ai borné autant que je l'ai pu l'étendue de ces argumens à une seule page; mais souvent, et surtout dans le premier livre, j'ai été obligé de les porter à deux et demi et à trois, en m'efforçant toutefois de n'y rien faire entrer d'inutile.

2.o Dans une autre page, à la fin de l'Ode, j'ai tâché de resserrer les deux autres genres de notes dont nous avons parlé, et dont les unes sont relatives à la critique et à l'interprétation, les autres à l'histoire, aux mœurs, à la géographie, à la mythologie. Ces notes étant d'un intérêt moins vif et moins général que les argumens, je les ai fait imprimer en plus petits caractères; et comme elles ne seront pas toutes consultées par tous les lecteurs, au lieu de les rappeler dans le texte par des astériques, des lettrines ou des chiffres qui n'auroient servi qu'à importuner ceux à qui elles ne seront pas nécessaires, j'en ai rapporté l'indication au numéro du vers latin; ce qui, m'obligeant de les faire numéroter de

cinq en cinq, m'a procuré l'avantage de rendre. la confrontation de mon texte avec celui des autres éditions beaucoup plus facile.

3.o Je m'étois d'abord flatté que ces deux pages d'argumens et de notes me suffiroient pour traiter avec brièveté les différentes parties de mon commentaire, mais je ne tardai pas à reconnoître que je

me trompois. Je m'aperçus que souvent mon opinion sur tel personnage cité dans une Ode, mon choix de telle ou telle leçon, ma manière d'expliquer tel ou tel passage (sans parler de quelques points d'histoire ou de mœurs), avoient besoin, pour être discutés convenablement, d'un espace beaucoup plus grand que celui que je destinois à l'explication de l'Ode entière. Sacrifier ou mutiler ces discussions, ma conscience de commentateur ne me permettoit pas de le faire en grossir le corps de mon ouvrage, c'étoit risquer d'effrayer et d'ennuyer beaucoup de lecteurs qui ne prennent aucun intérêt à ces matières. Cette dernière circonstance qui d'abord me décourageoit, fut bientôt ce qui me tira d'embarras. Je me déterminai à imiter beaucoup d'auteurs qui, en pareil cas, ont renvoyé à la fin de leurs volumes les notes dont la longueur nécessaire ou la sécheresse forcée les inquiétoit. Là, en effet, elles n'importunent plus personne, et l'on ne doit pas craindre de leur donner une étendue raisonnable, car elles n'en ont jamais trop au gré des lecteurs pour qui on les écrit. En mon particulier j'y trouvois un autre avantage, je me procurois un asyle pour les notes qui, bien que moins longues, avoient dù

céder la place à d'autres plus importantes dans la page unique que le corps de l'ouvrage leur accordoit; et je conciliai enfin tous les intérêts, en donnant dans cette même page le renvoi de ces différentes notes sous le numéro du vers qu'elles doivent expliquer.

Après avoir exposé le plan de mon commentaire, il me reste à parler des sources où j'ai puisé pour le remplir. Par là je rendrai aux anciens interprètes de mon auteur la justice qui leur est due, et je donnerai peut-être des notions plus justes que celles qui sont généralement reçues sur le mérite de leurs éditions.

LES commentateurs qui m'ont été le plus utiles pour la partie historique en général, et pour les argumens en particulier, sont Cruquius, Torrentius, Rodeille, Dacier, Sanadon, MM. Mitscherlich et Wetzel.

Cruquius, né à Messine, petit bourg des environs d'Ypres, et professeur à Bruges, eut l'avantage de pouvoir consulter les Mss. de l'abbaye de Saint-Pierre de Gand, qu'il nomme Blandiniens, du nom de la colline où cette abbaye est située, Mss. qui furent détruits quelques années après dans les guerres de religion qui désolèrent la Flandre. On sait qu'il tira de leur confrontation ce commentaire que l'on cite ordinairement sous le nom de scholiaste de Cruquius, quoiqu'il ne soit qu'une compilation où il est aisé de reconnoître des mains différentes. Il porta dans ce travail beaucoup de sagacité; fort instruit lui

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