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NOTES.

Ι

Sur la publication des trois premiers Livres des Odes (Renvoi des argumens des Odes I et 20 du Liv. I, et des Odes 9 et 13 du Liv. II.

Tour ce que les anciens nous apprennent sur l'ordre daus

lequel Horace publia ses Odes, se borne à un passage de sa Vie attribuée à Suétone, où il est dit que le quatrième livre fut ajouté par l'ordre d'Auguste aux trois premiers, après un long intervalle (ex longo intervallo). Ce passage, comme on voit, ne décide rien quant à la publication des trois premiers, et l'on ne sera point étonné que le champ restant libre aux conjectures, les savans aient proposé diverses opinions. J'en distingue trois principales: 1° celle de Bentley, qui veut que ces trois livres aient été publiés séparément et l'un après l'autre; 2.o l'opinion vulgaire qui les suppose publiés tous les trois en même temps; 3.o l'hypothèse très-bien défendue par l'abbé Galiani (Mél. de litt., tom. V, p. 195), que les deux premiers livres furent publiés ensemble, et le troisième séparément. Cette dernière opinion me paroît la plus vraisemblable: examinons d'abord celle de Bentley.

Ce savant anglais fonde d'abord son sentiment sur une supposition au moins singulière. Il veut qu'Horace n'ait écrit pendant quelques années que des Satires, pendant quelques autres que des Épodes, puis des Odes, puis des Épîtres, puis encore des Odes, et il en établit même la chronologie de la manière suivante, en accordant au poète quelques années de repos. Horace commença, dit-il, par le premier livre des Satires,

qui fut l'ouvrage des années dé sa vie 26, 27 et 28 (de Rome 714, 715 et 716). Trois ans après, il commença le second livre, qui lui coûta encore trois années (de sa vie 31, 32 et 33; de Rome 719, 720 et 721 ). Il s'occupa ensuite des Épodes, sans intervalle, sans intervalle, et les composa en deux ans (de sa vie 34 et 35; de Rome 722 et 723). Aux Épodes succéda le premier livre des Odes pendant les années de sa vie 36, 37 et 38 (de Rome 724, 725 et 726). Le second suivit le premier, après un repos de deux années : il occupa le poète pendant les années de sa vie 40 et 41 (de Rome 728 et 729), et fut suivi immédiatement du troisième (années d'Horace 42, 43; de Rome 730, 731). Horace eut alors besoin d'un repos plus long; il n'écrivit rien pendant trois ans, et ne commença ses Épitres qu'en l'an de Rome 734; il en acheva le premier livre en 735, ce qui comprend les années 46 et 47 de son âge. Après un nouvel intervalle de deux ans, il entreprit le quatrième livre des Odes, qu'il composa, ainsi que le Poëme séculaire, dans les années de sa vie 49, 50 et 51 (de Rome 737, 738, 739); et ses derniers travaux furent enfin le second livre des Epîtres et l'Art poétique, dont les dates ne sont pas fixées par notre commentateur.

On voit déjà tout ce qu'il y a de gratuit dans son hypothèse, et je l'aurois traitée plus légèrement si Gessner ne l'avoit approuvée, s'il ne déclaroit même qu'en examinant l'un après l'autre les différens morceaux de notre poète (dum recenseo singulas Eclogas), il n'a rien trouvé qui la détruisît. L'examen de Gessner n'aura pas été sans doute aussi sévère que le nôtre, qui nous a fourni, sans beaucoup de peine, d'invincibles objections. On peut voir, en effet, dans mes argumens, que les Odes 2, 3, 12, 24 du Liv. I.er sont de beaucoup postérieures aux Odes 4, 6 et 7 du Liv. II. Les premières sont des années de Rome 731, 733, 730, 729, et ne peuvent, par conséquent, avoir été publiées en 726, comme Bentley le suppose; et parmi les secondes, il en est deux (Septimi Gades, O sæpe mecum) qui sont antérieures à la publication du Liv. II des Satires, ce qui détruit encore mieux ses suppo

sitions. D'autres raisons tirées des Satires pourroient aussi lui être opposées. L'Ode 6 du Liv. II, par exemple, est antérieure à la Satire 3 du Liv. II, puisque dans l'Ode il ne possède pas encore sa maison de Tibur, dont il parle dans la Satire; et je pourrois encore trouver dans lesÉpodes de nouvelles difficultés. Mais je dirai en son lieu ce que je pense de ce livre; ce n'est point ici le moment de parler des Épîtres ni des Satires, et l'hypothèse de Bentley me paroît d'ailleurs suffisamment réfutée par les faits que je viens d'exposer.

La seconde opinion, que j'appellerois volontiers l'opinion vulgaire, car elle est en général celle des gens qui n'examinent point, n'a en quelque sorte pour elle que leur grand nombre. On peut cependant alléguer en sa faveur que deux Odes du Liv. III (la 14.° et la 19.), dont nous parlerons bientôt, sont antérieures à quelques-unes des deux premiers. Mais en revanche, les deux premiers n'ayant à eux deux qu'un Prologue (Mæcenas atavis), et un Épilogue ( Non usitata); tandis que le troisième a pour lui seul un Prologue et un Epilogue (Odi profanum et Exegi monumentum), il paroit naturel d'en conclure que les deux premiers parurent ensemble, et le troisième séparément; c'est en effet de cette raison que l'abbé Galiani s'appuie; et je puis y ajouter encore le témoignage du vieux scholiaste que j'ai rapporté à l'occasion de l'Ode 19 du Liv. II. En voilà sans doute assez pour nous faire pencher vers cette troisième hypothèse; mais cela ne doit pas nous empêcher de l'examiner, en concurrence avec la seconde, avant de nous y ranger, et je crois que le meilleur moyen de rendre sensibles au lecteur les résultats de l'examen, sera de l'y mener par la route même que j'ai suivie.

Deux choses me parurent nécessaires pour prouver que les deux premiers livres avoient été publiés avant le troisième : 1.o déterminer par la date de l'Ode la moins ancienne de ces livres, l'époque de leur publication; 2.o montrer que le troisième n'en contenoit aucune qui fût antérieure à celles qui sont renfermées dans les deux premiers.

L'intérêt de ma cause demandoit que je fisse remonter le

er

plus haut que je pourrois la publication des deux premiers livres, et je crus d'abord en trouver la date d'une manière très-favorable dans l'Ode 12 du premier (Quem virum aut heroa). Il est clair par les vers 45 et suiv. que cette Ode est antérieure à la mort du jeune Marcellus; je pensai que sa publication dans le livre dont elle fait partie avoit dù aussi précéder cet événement, qui est de l'an de Rome 730, et par conséquent aucune des Odes des deux premiers livres ne devoit être postérieure à cette date. Mais l'examen ne tarda pas à me détromper. En effet, l'Ode 3 du Liv. 1. (Sic te Diva) est probablement de 733. Il est vrai qu'en chicanant, en subtilisaut (voy. l'Argum. de cette Ode), on peut l'antidater de quelques années, mais il seroit difficile de la faire remonter jusqu'à l'an 729; et je fus bientôt conduit à renoncer à mes conjectures par le rapprochement inattendu qui s'offrit à moi entre les Odes Vile potabis (Lib. I, Od. 20), Ille et nefasto (Lib. II, Od. 13), Cur me querelis (Lib. II, Od. 17), et Martiis cælebs (Lib. III, Od. 8). Quoique j'aie ensuite abandonné l'hypothèse qui en étoit née, je crois devoir l'exposer ici, ne fût-ce que pour empêcher qu'elle n'en séduise d'autres. Voici comment je raisonnois Horace, dans l'Ode 20 du Livre 1.or, dit à Mécène qu'il lui fera boire du vin de son crû, scellé dans l'année où Mécène avoit reçu au théâtre les applaudissemens du peuple charmé de le revoir après le danger qu'il avoit couru. Ce danger, disois-je, est encore rappelé par notre poète dans l'Ode 17 du Liv. II, avec la chute de cet arbre qui avoit failli l'écraser lui-même : il est donc probable que ces deux événemens sont de la même date, et les commentateurs trouvent aisément celle du dernier. Ils observent qu'Horace en célèbre l'anniversaire dans l'Ode 8 du Liv. III; cette Ode est généralement reconnue pour être de l'an 733; et l'on en conclut que la chute de l'arbre est de l'année précédente. J'en concluois à mon tour que le danger de Mécène étoit de cette même année (732). Or, le vin du crû qu'Horace offre à son protecteur devant être au moins de quelques feuilles, j'en tirois, pour dernière conséquence, que

l'Ode 20 du Liv. I ne pouvoit être que des années 735 ou 736, et par conséquent postérieure de beaucoup à la mort du neveu d'Auguste.

On voit que cette conclusion renversoit toute l'hypothèse que j'avois adoptée; mais en même temps elle me flattoit d'une espèce de découverte, et par conséquent l'on peut croire que je mis une impartialité parfaite dans le nouvel examen que j'en fis. Je m'aperçus alors que l'Ode 8 du Liv. III ne doit pas nécessairement donner la date de la chute de l'arbre. Car, quoiqu'Horace en célèbre l'anniversaire dans cette Ode, rien ne prouve que ce fût le premier : tout, au contraire, porte à croire que l'accident datoit alors de plusieurs années; sans quoi Mécène, qui, au bout d'un an, n'en avoit pas perdu la mémoire, ne demanderoit point à Horace à quoi tendent ses préparatifs (v. 1-4). A cette raison déjà très-forte, il s'en joignit bientôt une autre qui l'est encore plus. C'est que la coïncidence d'époque que j'établissois entre le danger de Mécène et celui d'Horace étoit tout-à-fait gratuite, puisqu'elle n'étoit point nécessaire pour que le poète citât ces deux événemens à Mécène comme une preuve de la ressemblance de leurs destins.

Débarrassé de cette difficulté, j'achevai l'examen du premier livre sans en trouver d'autre, mais je fus arrêté de nouveau par l'Ode 9 du Liv. II (Non semper imbres). Les meilleurs commentateurs sont d'accord à voir dans les deux dernières strophes la remise des enseignes de Crassus par Phraate, l'an 733, et la défaite des Scythes par Lentulus, vers la même année. Cependant, cette dernière circonstance n'étant pas clairement exprimée dans l'Ode, j'essayai d'incidenter sur le premier événement. Il me sembla que tropaa ne signifioit pas nécessairement les enseignes rendues par les Parthes, et qu'on pouvoit appeler trophée tout gage d'un avantage remporté sur l'ennemi, J'étois d'autant plus autorisé à ne pas prendre ce mot dans le sens littéral, qu'il seroit absurde d'entendre ainsi la conquête du Niphate et de l'Euphrate, dont il est parlé dans les vers qui suivent, et j'essayai de rapporter l'Ode à l'an 730,

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