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Voici encore un festin merveilleux et splendide, que le prophète Isaïe décrit avec la pompe ordinaire de son langage, et dans lequel je trouve aussi un rapport marqué avec le banquet de la Communion. Il faut lire en entier cette belle élévation dans le Prophète lui-même, et l'entendre s'écrier: « Seigneur, vous êtes mon Dieu je vous glorifierai : je bénirai votre nom, parce que vous avez fait des prodiges, et que vous avez montré au grand jour la vérité de vos desseins éternels. Amen'. » Il faut le voir peindre à grands traits la ruine des superbes, et le secours donné aux humbles pour les relever et les affermir: magnifique tableau, que l'auguste Mère du Verbe incarné résumait plus tard dans cette courte et sublime parole: <«< Il a arraché les grands de leur trône, et il a élevé les petits 2. » Puis, il faut l'entendre décrire, avec une complaisance visible, la richesse du festin qui doit couronner cette victoire « Et le Seigneur des armées préparera à tous les peuples, sur cette montagne, c'est-àdire dans l'Eglise catholique, un festin de viandes délicieuses, un festin de vin exquis, de viandes pleines de suc et de moëlle, d'un vin tout pur et sans aucune lie 3.

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Is. c. 25, 1

= * Luc. c. 1, 52

=

3 Is. c. 25, 6.

Effectivement, « tout est prêt ',» les serviteurs ont ordre de le dire aux invités. Mon Dieu, ne permettez pas que, comme ceux-ci, nous cherchions des excuses pour nous dispenser de venir nous asseoir à votre table 2. Ce serait repousser notre bonheur, et renoncer à notre perfection et à notre salut. J'apprends, en effet, d'un autre Prophète, qui a entrevu, lui aussi, les délices de ce festin, tous les fruits de grace qu'il peut produire en nous si nous savons en bien profiter. « Qu'est-ce que le Seigneur a de bon et d'excellent à donner à son peuple, s'écriait le prophète Zacharie, sinon le froment des élus et le vin qui fait germer les vierges ? » Quelle parole, mon Dieu! et pourrait-on imaginer quelque chose de plus propre à nous attirer vers votre saint autel?

«Le froment des élus! Ce n'est sans doute pas celui dont «< abondent nos vallées *» et qui se transforme en pain, sur nos tables, car il est aussi le froment des réprouvés, et le Père céleste, « qui fait lever son soleil sur les bons et les méchants, et fait pleuvoir sur les justes et les injustes, » le donne également à tous. Ah! ce froment des élus, c'est-à-dire, ce fro

1 Parata sunt oinnia. =

17

Ps. 64, 14. =

2 Luc. c. 14, 8 = 3 Zach. c. 9, 5 Matt. c. 5. ŷ 45.

ment par excellence, cette nourriture exquise entre toutes, qui est le partage des « hommes de choix,» selon l'expression si énergique de l'hébreu ', ce ne peut être que l'adorable Eucharistie. C'est elle qui ajoute sans cesse au courage et à la force des vrais soldats de JésusChrist. C'est d'elle que leur âme était engraissée, quand leur corps se livrait avec tant d'héroïsme aux bourreaux, dans les saintes horreurs du martyre. C'est ce froment auquel je veux, moi aussi, demander ma force et ma vie. Mon Dieu, si jamais vous aviez à me punir, privez moi plutôt de tous les biens de la terre; mais ne << reprenez jamais ce froment' » divin, que vous me donnez à la sainte table avec tant de bonté.

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Et « le vin qui fait germer les vierges, >> ironsnous le chercher dans les vignes qui couvrent nos coteaux? Hélas! trop souvent cette liqueur précieuse, mais dont l'abus touche de si près l'usage, enfante les « dissolutions 3» et les désordres qui en sont la suite. Cherchons ailleurs; demandons à Celui qui a dit, «Je suis la vraie vigne ; et il nous donnera, non pas ce << sang de la vigne » qui coulait si riche pour

1 Dogon béourim, frumentum seligatorum.

2 Osé. c. 2 y 9.

3 Eph. c. 5, y 18 = Ego sum vitis. = 5 Deut. c. 32, † 14.

les enfants d'Israël, mais un autre sang, celui qui a inondé le Calvaire, d'où il a rejailli jusque sur nos autels pour venir enivrer nos âmes des plus chastes délices. Ah! le voilà, le vin qui fait germer les vierges (car les vierges ne germent point dans les sectes religieuses qui, en se séparant de l'Eglise, ont perdu l'Eucharistie); le voilà, le vin mystérieux qui, après les avoir enfantées, les conserve, les soutient, les nourrit, les fait grandir dans cette virginité qui leur est si chère, et leur procure des consolations et des joies que ne soupçonne même pas «l'homme terrestre et animal, à qui les choses de Dieu paraissent une folie 1,» parce qu'il ne peut ni les goûter ni les comprendre.

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Mais si ce vin fait germer les vierges, il fait germer aussi tout ce qui est saint. Venez donc, dans quelque condition que vous soyez, vous qui désirez atteindre la perfection de votre état, venez; «< ce vin se donne surtout à ceux qui souffrent et qui sont dans l'amertume du cœur ; afin qu'ils boivent, et qu'ils oublient leur pauvreté, et qu'ils perdent pour jamais la mémoire de leurs douleurs 2. » Il y a tant à souffrir dans cette vie, et surtout au milieu du monde! Venez; une communion bien faite, si elle n'enlève pas

I Cor c. 4, † 14 = a Prov. c. 31, † 6, 7.

les peines, les adoucit, au moins, et les rend plus supportables, car elle nous unit intimement à Celui qui a été la force de tous les saints et leur ineffable consolation.

SECONDE ELEVATION

Encore les oracles des Prophètes.

Nous avons vu le Sacrement; voici maintenant le Sacrifice. Les Prophètes ont tout aperçu, tout annoncé, par rapport à cet auguste mys

tère.

Isaïe, dans les dernières pages de ce livre divin, où il semble être moins un prophète que l'historien des humiliations et des grandeurs du Messie, de son règne sur les âmes et du passage de son Eglise à travers les siècles; Isaïe voit déjà le Seigneur choisir ceux qu'il doit prendre pour en faire « des prêtres et des lévites'. » Il leur crie de sa voix puissante : « Vous serez appelés les prêtres du Seigneur; vous serez nommés les ministres de notre Dieu 2. >>

Mais quel est donc le sacrifice qu'ils auront à offrir? Apprenons-le du dernier des petits pro

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